jeudi 12 septembre 2019

The Star Screwer n° 1 (1972) page 18 Poème d'Allen Ginsberg



Allen Ginsberg
dans Countdown 2, avril 1970

Rues de NewYork crânes vides
Fantômes faméliques peuplant la ville
Poupées de cire en marche dans Park Avenue,
Miroitement de lumière dans l’œil de verre
Échos de voix dans les Microphones
Arrivées de Marins à Grand Central 2 décades en retard touchés par la mélancolie
Nostalgie de l’innocente Seconde Guerre Mondiale
Un million de cadavres traversant en courant la 42ème rue
Les buildings de verre s’élevant de plus en plus haut, arbres artificiels en aluminium transparent, voitures robots « sofas, ignorant »
Rue en sens unique vers la façade de brique rouge de l’Obscur Institut du Paradis.

Traduction Lucien Suel 6 septembre 2019

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jeudi 22 août 2019

The Star Screwer n° 1 (1972) page 4 Allen Ginsberg


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mardi 20 août 2019

The Star Screwer n° 1 (1972) couverture exergue sommaire

Bernard Froidefond (1948-2007) fut le créateur de ce magazine dont il édita 6 numéros entre 1972 et 1973. Voir la fiche Wikipédia.







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mardi 10 avril 2012

D'un clic, ailleurs

Nouveaux liens à propos de "Blanche étincelle" :

Mauricette est de retour... , article de Françoise Objois sur Blanche étincelle dans Sortir.
Blanche étincelle sur Babelio, critiques et citations.
Blanche étincelle, le troisième roman de Lucien Suel, bel article de Christian Defrance sur le site Echo 62, Le Pas-de-Calais en ligne.
Sur le site de Jacques Trovic, l'artiste brut, heureux de se trouver dans Blanche étincelle, (cliquer sur Actualités).

Autres liens

Le sommaire de Revue et corrigée en septembre 2001.

Gilles Weinzaepflen raconte (en anglais) la soirée poésie à la Briqueterie, Amiens, mars 2012.

Le début de Mort d'un jardinier sur le blog « ça a débuté comme ça »

Sur le blog « Par notre silence, la voix des choses parle », du mystérieux D.S., un ensemble de citations particulières, extraites de mes livres, Petite Ourse de la Pauvreté, D'azur et d'acier, Blanche étincelle, …

A découvrir en pdf, la revue numérique Runbook sur le thème des paysages (ma participation page 8)

Sur Remue-net, un texte sarcastique inédit « Vuxe-Palme-Locupté », ready-made très aidé.

Sur Ubuweb, bande-son pour accompagner Lipstick Traces de Greil Marcus et par la même occasion, la page 184 de Blanche étincelle.

Trois de mes traductions de poèmes d'Allen Ginsberg datant de 1979 réapparaissent sur le blog « Poésie, Muzik, etc... »

Dans l'anthologie permanente de Poézibao, un long extrait de « Petite Ourse de la Pauvreté ».

Une curiosité : les poèmes en vers justifiés de Strofka (il les appelle « vers isocèles »)

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samedi 10 septembre 2011

Hommage à la Beat Generation

Un long poème en hommage à Kerouac, Ginsberg et Burroughs lu le 16 mars 2011 à la Maison de la poésie de Saint-Quentin-en-Yvelines, accompagné par le musicien Philippe Dourneau qui improvise en découvrant mon texte. Film de Pierre Lamassoure. Durée 9'23".

Ce texte fait partie d'un ensemble intitulé "Anges d'un nouvel ailleurs" à découvrir dans les archives du Silo.
Anges d'un nouvel ailleurs (Kerouac Ginsberg Burroughs) 1/7– Collaboration poétique entre Arnaud Mirland, Lucien et Thomas Suel -
Anges d'un nouvel ailleurs (Kerouac Ginsberg Burroughs) 2/7

Anges d'un nouvel ailleurs (Kerouac Ginsberg Burroughs) 3/7
Anges d'un nouvel ailleurs (Kerouac Ginsberg Burroughs) 4/7
Anges d'un nouvel ailleurs (Kerouac Ginsberg Burroughs) 5/7
Anges d'un nouvel ailleurs (Kerouac Ginsberg Burroughs) 6/7
Anges d'un nouvel ailleurs (Kerouac Ginsberg Burroughs) 7/7

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vendredi 8 février 2008

Wholly Communion

J'ai passé ce matin 31 merveilleuses minutes à regarder le film de Peter Whitehead, A Wholly Communion, tourné en 1965 au Royal Albert Hall à Londres. Ce film exhumé par François Bon de la fosse à bitume de Tiers Livre est visible ici.
Ci-dessus la couverture de l'ouvrage édité la même année par Grove Press à New York. Il m'a été offert en cadeau il y a quelques années. Je présenterai plus avant ce livre en complément du film dans les jours qui viennent. A suivre donc...

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dimanche 23 décembre 2007

Merci Christian Bourgois

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jeudi 28 juin 2007

Trois poèmes courts d'Allen Ginsberg

POUR L’OREILLE DE CREELEY

Le poids
total de
toutes choses
c’est trop

dans le métro
mon cœur
martelant
précis

mal à la tête
de fumer
moment
de vertige

descendant
en ville pour voir
Karmapa
Bouddha ce soir.
13 décembre 1976

GOLDEN COURT

Attendant le juge, respiration silencieuse
Prisonniers, témoins, policiers –
La dactylo baille dans ses paumes.
9 août 1978


D’APRES BASHO

La vieille mare –
une grenouille saute dedans,
kerplunk !
22 août 1978

Ces trois poèmes d’Allen Ginsberg sont extraits du recueil POEMS ALL OVER THE PLACE – MOSTLY SEVENTIES publié par Charles Plymell aux Cherry Valley Editions. Traduction Lucien Suel.
Première publication en France en 1979 dans le N° 7/8 de la revue
Sphinx
dirigée par Patrick Mounier.

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mardi 30 janvier 2007

Peter Orlovsky : lettre à Allen Ginsberg (6/6)


alors mer solitaire-
ne gémis plus dans mon oreille-
ne dérange plus mon ventre-
plus de rêves sur tes vagues-
répète ton bruit dans mon
dos - il faut que je trouve un moyen
d'arrêter de fumer - merde aux
cigarettes - pas de rêve ce
matin-
les bonds imaginatifs de la conversation
quand j'épuise une image comme
la statue de la liberté
et les barrages - les barrages de retenue-
est-ce que quelqu'un a déjà écrit
sur une image d'eux-
le charbon est toujours dans un poème
enterré au milieu d'un
gros livre à couverture bleue dans
une pile de la bibliothèque municipale
là où aucune lumière lumière électrique ne l'atteint
depuis des dizaines d'années - jamais - sur-
bateau à vapeur - signal - fumée-
cachalots - n'en ai pas
vu - canards - ongles sur cette page
colorés en rose - le pamplemousse
que Salvador Dali commande était
rose dans le restaurant russe
moi fou - oui-
parce que mes dents dans mon
cerveau sifflent des codex
à des yeux bandés de l'autre côté de la
rue - J'ai l'estomac qui gargouille
à l'idée d'être sur terre - 6 jours sans terre-
qui suis-je - les vagues contre
mon lit la nuit sur mes
draps - je ferme les yeux -continue
d'écrire pendant des heures
quelque chose de chouette finira bien par émerger
dans ton esprit pour l'amour du trésor-
jusqu'à ce que le coucher de soleil ne soit plus que poussière qui
se disperse aussitôt si bien que toutes
les couleurs se fondent en noir ou blanc-
l'heure du thé ici stylo bleu-
des lunettes pleurent tu sais
du bruit des cris et de la musique-
les dents poussent os du crâne-
Le mariage avec la mort-
la mort dort sur le doigt de l'oncle Tom-
toutes les basses pensées s'envolent-
quand les gens me regardent écrire
je continue d'écrire tout ce qui
me passe par l'esprit - et à toute
vitesse - pour avoir l'air
occupé et malin en écrivant,
un voyage en mer de 6 jours
17 janv - 23 janv 59 embarqué à 7:00h
quitté Le Havre à 12:00h minuit
Peter Orlovsky


traduction : Lucien Suel & Henry Meyer

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lundi 29 janvier 2007

Peter Orlovsky : lettre à Allen Ginsberg (5/6)

oui, mon amour - envoie-moi un baiser du bout
des doigts - partage avec moi l'intimité
de ma queue - j'ai grand besoin
de baiser - cette chaleur
qui fait les bébés arc-en-ciel cambrés
le stylo va bientôt être vide-
il faut que je coure manger je me sens
aussi grand que la statue de la liberté-
la mer m'encercueille-
pas trace d'oiseau en hiver
pas d'appels de mouettes
pas d'armée de statues de la liberté sur
la mer-
Que tombent les mains sanguinaires
que la France libère la terre des Arabes
que l'angleterre libère Johannesbourg
où les noirs sont mes frères
et que l'amérique arrête de fournir de l'argent
et une aide économique avec des coupons
comment appelle-t-on une telle liberté ?
Pour chaque goutte de sang qui coule
sous terre que la cloche de Notre-Dame
sonne et fasse un voeu de vie-
j'aime mon pays et tous
les gens - c'est toi, qui lis
mon poème que j'aime & je ne me battrai
jamais contre toi
Les visages sévères qui se pressent dans
la rue ignorent mon
amour - ils ont l'esprit
hypnotisé par les lumières
clignotantes qui passent derrière la prunelle
pour pénétrer les parties onduleuses du cerveau
et créer plus d'ondulations qu'il n'y en a
jusqu'à ce que le crâne
se mette à ondoyer pour lutter-
la mer change,-
le temps roule sur 5000 mille
années avant a dit Melville-
J'ai mal à la tête - le trac - je vais
mettre pied à terre, accoster dans 5 heures
j'espère - voir New York après
un an d'absence - des nouveaux bâtiments auront
poussé - vais-je jamais reconnaître
new york - il y a une nonne
à côté de moi - sapristi comme j'aimerais
lui poser toutes les questions que j'ai dans la
tête-
Poème-
OH nonne - qui te promènes dans la rue
vous toutes, nonnes en noir ou en blanc-
vous ignorez que je
ne vous aime pas-
j'ai l'impression
que vous prêchez
comme une robe noire
au monde-
et le tissu noir de vos lèvres c'est la mort
pour les enfants comme moi-
continuez à vous promener dans
la rue personne ne vous arrêtera
et je voudrais vous poser
toutes les questions qui me
passent par l'esprit mais je ne l'ai
jamais fait-
il y a des nonnes qui ressemblent
à des pingouins - mais la plupart sont
totalement noires-
et presque toutes ont une sale
gueule - et sont très timides-
par exemple dans un train en présence
d'hommes- mais les nonnes ne peuvent pas
se marier et c'est à cause de ça
qu'elles deviennent timides-
comment peuvent-elles connaître
la bonne vie alors qu'elles n'ont
pas l'expérience pour faire tomber
la voiture du mariage par-dessus la falaise ?
Est-ce que les nonnes sont mes soeurs ?
Je pense - elles m'aiment
alors je les aime-
mais elles ne parlent pas-
elles ne font que marcher en noir-
mais les nonnes sont plus seules que la statue de
la Liberté
.../...

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vendredi 26 janvier 2007

Peter Orlovsky : lettre à Allen Ginsberg (4/6)

Ma Liberté sait que je l'aime-
dans les rêves elle me tient
par la main - son baiser est brûlant-
Oh, elle n'est pas touchée par la fortune-
elle est très seule
Pourquoi est-ce que ceux qui t'ont faite
n'ont pas ajouté un amant (à la justice)- la vie est plus gaie
quand on a un compagnon ?
que diront mes enfants
en passant à côté de toi ?
ils seront jeunes quand ils passeront
devant toi
embrasse-les aussi-
Je te connais - tu es mon
diable - et tu me parles-
et je t'écoute-
et je pense que tu n'es réelle
qu'en moi et ce n'est pas à toi
que je veux parler mais à tous
les gens du monde parce que je ne le peux pas
je dois leur substituer
un diable-!
Oh Diable Liberté Embrasse-moi-
sache que je t'aime-
que j'ai besoin de toi - et qu'il faut
que je te possède
pour que des propriétés s'élèvent
dans les vignes-
Es-tu née de la mer
par un matin
brumeux ?
Vas-tu rester ici pour toujours
ou seulement des centaines
d'années ?
As-tu déjà appris à jouer
aux échecs - es-tu la championne internationale
d'échecs-
vraiment?- Hourrah, Hourrah!
Embrasse-moi - encore-
Je m'appelle Peter-
Je veux te donner un nom-
Je vais t'appeler - prends un laurier-
seigneur------- ou autre chose
plus tard - c'est pas les noms
qui manquent-
Suis simplement le cours de ton esprit
comme ça, quand tu as un
pressentiment ou que tu vois
une image qui s'est déjà exprimée
dans l'esprit, laisse donc
sortir cela mais non pas une quelconque
pensée fugace ou une idée qui
s'est glissée au milieu-
écris simplement tes
impressions les plus vives du moment
et tu ne peux pas te tromper
parce que tu peux écrire comme ça
éternellement - la plume connaît son
métier-
La liberté adulte blasée
solitaire - elle tremble de froid comme moi
sur le bateau et qui la regarde-
elle connaît ma langue et
ma plume - et ma vie
je n'ai rien à lui cacher-
elle connaît la
chierie de cruauté des heures
blêmes devant les portes
d'entrée à Noël-
Les promesses que je t'ai faites-
à l'avenir les nuages descendront
se replier derrière
ton dos pour te faire
un fauteuil - parce que la justice
a besoin de se reposer-
les bombes ne te toucheront
jamais -elles ne feront que
te traverser - c'est seulement le ciment
sous tes pieds qui sera
pulvérisé, car les bombes
n'aiment pas beaucoup le ciment-
et les vagues grossiront
pour te laver complètement
et surtout sous les aisselles-
les pattes griffues des aigles te peigneront
les cheveux---- et tous les jours un bébé ange
attachera un ruban rose frais autour de tes cheveux-
et ta torche prendra
de l'altitude - elle éclipsera
les étoiles en lumière-
elle flanquera une raclée à tous les méchants-
une bonne raclée pour
qu'ils deviennent bons-
.../...

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mercredi 24 janvier 2007

Peter Orlovsky : lettre à Allen Ginsberg (3/6)

une bonne femme vient me demander
quelque chose "pas d'enveloppes ici" qu'elle dit - dans le
lounge, ici il y a des bureaux-
des somnambules qui crient l'heure
du thé avant le déjeuner, des lunettes sur
une table rose ;- je peste - contre La Vigne-
la famille - la nonne de Dieu - mais
aujourd'hui le remorqueur va vaincre ce
bateau - attraper sa fumée au lasso-
Le prêtre n'a pas apprécié ça-
pourquoi tu as l'air
fâché contre moi- j'avais envie
de lui dire mais je me suis retenu - j'ai simplement
discuté en imagination avec quelqu'un d'autre
que le bateau - on était tous là
à regarder la carte marine - de la route du bateau
sur la mer nombril et je
n'arrêtais pas de répéter encore 200
miles à faire et les remorqueurs
vont attraper notre fumée au lasso et nous amener
à quai ce qui prendra 20 minutes
et puis ensuite il faut encore une heure on glissera devant
la Statue de la Liberté que nous connaissons
tous - OH Liberté - descends
et va dans nos cours de justice
Comme tu es verte-
Oh ma Liberté, ma Liberté
verte - je vois ton feu-
et les têtes que tu pèses
sur ta balance - oui
une tête équilibre l'autre
c'est ça la justice-
oh marche tu es plus grande que
l'eau - plus haute que l'Empire
state building - Oh viens
dans ma chambre dans la nuit
orientale - Oh viens - Oh viens
Ma Liberté ma terre verte
je sais que tu n'es que de pierre et
incapable de bouger et c'est pour cela que je
vais bouger à ta place-
donne-moi ta torche &
ta balance - la Justice est de mon côté-
la Justice & le vert-
le vert & la Justice
venez - rêves pour les
Palais de Justice-
Oh ma Liberté, danse pour moi
Je te vois au sommet
de l'empire state building
et dans mon lit - ton corps
mort depuis mille ans-
et toi à mes côtés qu'ai-je
à perdre dans la vie
viens - écarte tes lèvres-
parle-moi
chante pour moi-
danse pour moi-
toi, toi, toi, toi-
Je t'appartiens tout entier-
et maintenant une fois de plus je vais passer
à côté de toi - moi américain-russe
sur un grand bateau blanc - en hiver
vas-tu me faire un clin d'oeil-
vas-y, vas-y, vas-y-
Laisse-moi Halluciner à toi-
et ce petit morceau de terrain
qui t'es alloué - ce n'est pas assez grand
pour que la Justice puisse s'y ancrer-
et le ciel par-dessus-
il te verdit sans arrêt - continue
ma jolie-
Souris avant qu'une autre rose ne meure !
Parle toute seule OH Liberté
As-tu des gosses ?
Où est ta mère, ton père ?-
As-tu des rapports sexuels en dehors du mariage ?
Oh, Liberté tu as des oranges dans les
yeux, des poires dans les oreilles-
et des raisins dans le nez-
OH visage d'ange plein de fruits-
ramasse des pastèques
et bricole-toi une cascade
pour ton seul plaisir-
Je veux te voir
t'amuser - OH embrasse-moi
balance-moi des melons-
montre que tu vis un peu-
comme je le fais pour toi - porte mes
enfants - quand j'aurai mes
enfants, je leur dirai
de te tenir la main - Oh embrasse-moi,
nous avons, tous, besoin de toi-
ce qui est à toi est à nous - où est ton
instrument de musique - qu'y a-t-il dans
ta balance - qu'as-tu aux pieds-
qu'as-tu sous les pieds - ou mieux
tes jambes - j'ai besoin de toi-
je pleurerais si tu me prenais
dans tes bras - ce poème
pleure - ou ce qui défile dans mon
esprit pleure - pleure - pleure-
mer - mer - pas de terre -mer - pleure
As-tu une bague au doigt ?
Es-tu déjà mariée-?
est-ce que je peux te demander ta main ?
Je suis bon cuisinier-
Est-ce que les vagues de la mer te lavent
bien toute entière ? as-tu froid en
hiver ? Certainement que oui avec
cette robe de voile pour tout vêtement-
on dirait que tu vas aller te coucher-
oui voilà ce que je vais dire quand
mon bateau passera devant toi-
on dirait que tu vas aller te coucher-
mais ta main pleine de feu-
tes dents pleines de feu-
tes nichons pleins de feu-
tes jambes pleines de feu-
toute en feu - des flammes rouges ou des flammes vertes-
parle - crie - hurle - marche-
va jusqu'aux marchés comme
le christ - flanque l'argent à
la mer - coupe les bâtiments
en deux et envoie les moitiés dans
les coins les plus éloignés du monde
où des ventres affamés
rampent par terre en léchant les pierres
Volatilise l'armée dans les
nuages - pisse sur les fusils
de l'armée et fais-les rouiller-
Oh, ma Liberté ne me marche pas sur les pieds-
Oh Liberté habille-toi moderne

.../...

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lundi 22 janvier 2007

Peter Orlovsky : lettre à Allen Ginsberg (2/6)

Nous reprenons la publication de la lettre de Peter Orlovsky à Allen Ginsberg (le début se trouve ici). Cette lettre figurait au catalogue de la Station Underground d'Emerveillement Littéraire. Le tirage initial de 211 exemplaires est aujourd'hui épuisé. Nous mettons en ligne le texte intégral .
Peter Orlovsky était le compagnon d'Allen Ginsberg depuis 1954. Cette lettre écrite sur le bateau qui le ramenait à New York après un séjour en Afrique et en Europe, (cf Les anges vagabonds de Jack Kerouac) a été publiée en 1971 aux Etats-Unis par Allen de Loach, Intrepid Press, Buffalo, N.Y. sous le titre : Dear Allen : Ship Will Land Jan 23, 58. La traduction que nous en avons faite ne respecte pas vraiment le texte original dans la mesure où Peter Orlovsky, jeune immigrant d'origine russe, employait à cette époque un anglais appproximatif constellé de fautes et coquilles diverses (traduction Lucien Suel & Henry Meyer).
Conversations ou rêves-
sommeil ou maux de têtes
bite ou couille - verre ou eau-
je vais dans la salle de bains pour m'asseoir
sur les toilettes j'ouvre la
porte mais avant que j'arrive aux
toilettes il y a une autre porte
et puis une autre porte, et je
l'ouvre et rentre mais
il y a encore une autre porte
et à chaque fois la pièce rétrécit
un peu jusqu'à ce qu'en fin de compte j'aie l'impression d'être un
nain dans cette course de portes
dans une salle de bains minuscule, qu'est-ce qui s'est passé
tout ce que je veux c'est des bonbons - pas de toilettes-
laissez-moi tranquille - voulez-vous
danser, peut-être êtes-vous
amoureux de moi - est-ce que j'en vaux la peine ?
Il n'y a personne qui m'aime----
je recommence à vomir, ce bateau balance de trop,
c'était pas comme ça sur
le bateau yougoslave qui m'emmenait
en Afrique avec Allen-
tanger, casablanca
Je m'aperçois que je commence à écrire
beaucoup - c'est la lettre la plus bizarre
que j'aie jamais écrite à Allen où à qui que ce soit-
qu'y a-t-il de bon en moi -qui veut que
je sois bon - est-ce que tu connais tous
les gens qui t'aiment en
ce monde ? combien y en a
t-il, je me souviens maintenant, ma
mère et moi on était à
Bayside on regardait une maison-
ma mère voulait la louer-
c'était une maison sensass (grande) - je
me souviens de la clé, avec la chaînette
de la porte dessus et la petite lumière
clignotante à pile
qu'elle avait - elle m'a tapé dans l'oeil
(ça me restera toujours)
J'avais envie de la toucher, je la voulais-
la maison était grande - planchers brillants,
on était pauvre et
une baraque pareille aurait
dépassé tout ce à quoi ma mère aurait pu rêver-
c'était en hiver-
ma mère n'avait emmené
que moi pour visiter
la maison - remarque que finalement
on ne l'a pas eue - question d'argent
comme dirait ma mère
Mais elle m'a emmené - comme si on était
marié - j'étais son mari-
et elle ma femme alors que je n'avais
qu'environ 10 ans à l'époque-
quel beau sourire ma mère avait quand elle voulait-
moi aussi quand j'avais 10 ans-
Je ne me souviens pas à quoi
ressemblaient les alentours de la maison
mais c'était l'automne à l'époque où les feuilles
étaient brunes et jaunes - j'avais
les cheveux bruns, ma mère
aussi - et donc on a
visité les pièces ensemble
et chaque fois qu'on trouvait
un bureau je voulais foncer
dessus pour l'ouvrir car je raffolais
du mystérieux -en fait nous les 3 frères
quand on était jeune on piquait dans les villas
de vacances au cours de longues promenades loin
de la maison le long de la baie - la baie gelée-
on traversait la baie sur la glace
on laissait le vent nous pousser jusqu'au
jour où mes frères et moi on a eu droit
au spectacle d'une mouette gris-blanc morte
toute recroquevillée sur la glace blanche écumeuse - et puis
une mince plaque de glace a cédé
accidentellement sous mon pied - la trouille maintenant
finies les promenades sur la glace - jamais
plus - par contre
on a continué à piquer dans les maisons
et on s'est jamais fait prendre
remarque on n'a jamais piqué grand chose, en
fait on n'a piqué pratiquement rien
et donc ma mère n'a jamais su
cette aventure secrète de
ses 3 gosses - on avait tous les trois
des bouilles si innocentes, les vieilles femmes nous filaient
des sucettes - tu te souviens
de ces sucettes rouges dans la
boutique ou dans les mains d'un enfant - à Bayside
Long Island près du lac Oakland
c'est tout sale et vert depuis
J'avais 10 ans à
l'époque- et j'en ai maintenant 24 sur ce bateau
où j'écris,
.../...

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mercredi 5 avril 2006

Peter Orlovsky : lettre à Allen Ginsberg

Voici le début d'une longue lettre que Peter Orlovsky écrivit à Allen Ginsberg en 1958, alors qu'il se trouvait sur le bateau le ramenant à New York, après un séjour au Maroc.
Cette lettre a été publiée pour la première fois aux Etats-Unis sous le titre
"Dear Allen: Ship will land Jan 23, 58" par Allan De Loach, Intrepid Press, "The Beau Fleuve Series", en 1971, avec en dos de couverture une photographie du couple par Richard Avedon.











La traduction française (par Lucien Suel & Henry Meyer) fut publiée en 1981 dans un n° spécial du magazine Starscrewer.

Cher Allen : Le Bateau accostera le 23 janv. 58

dans 6 heures, Terre, Terre, Terre - mes pieds,
mon estomac surexcité à l'idée de
retrouver la famille toute ta famille, Lucien Carr
Joyce & Jack s'il est là-
Que le diable emporte ce bateau - tout le temps malade
mais enfin chez moi maintenant - que puis-je
demander de plus ? Une terre couverte de roses-
plus pleurer sur mon sort, je vais être
gentil, travailler dur, mettre de l'argent de côté-
ne plus me masturber - me laver les dents tous les soirs
je discuterai avec les clodos dans la rue, toujours discuter avec eux
plus je vais plus je suis
seul - le bateau tangue mon
écriture est toute tremblotante - je suis là
à écrire simplement tout ce qui me passe par la
tête parce que ça vaut mieux que de
rester à rien branler sur ma couchette - seul
je rêve éveillé de la terre dans le ciel
des gosses qui chialent maintenant, un que sa mère
attrape et fait disparaître derrière la porte-
de la musique, la 6ème symphonie de Beethoven
dans le restaurant - on va servir le fromage
d'une minute à l'autre -c'est fou
le nombre d'Hindous sur ce bateau - mais
je n'ai adressé la parole à aucun-
et maintenant, peux pas parce que la musique est plus
prenante, les violons connaissent leur chemin dans les ténèbres- ?
maintenant une musique triste, une musique sur laquelle je pleure-
Je sens que j'emploie toujours les mêmes mots-
comme pleurer, ça n'a pas
de sens, quoi faire, qui m'aime
encore ? - Allen où es-
tu ? pourquoi n'es-tu pas
avec moi ici maintenant - ? pourquoi ?
A quoi penses-tu en ce moment ?
si loin l'un de l'autre, on ne peut pas se parler
qui nous entendra-
ton père est ici sur ce bateau-
Noël - et pas de cadeaux
sauf celui qu'allen m'a donné
et celui que Gregory
m'a donné mais c'était seulement
Provisoire - la brume soulève
son voile - la mer s'ébroue - amulettes
pour les étoiles - dansent dans un pot-
font l'amour dans un lit tunnel
qui conduit à l'imagination stellaire
Ce stylo est quasiment vide-
la pendule va sonner l'heure du déjeuner pour nous
autres passagers en classe Touriste-
J'ai oublié de mettre classe touriste sur
l'étiquette de mon sac de couchage
et maintenant peut-être qu'on va se tromper
et je ne vais pas le reconnaître
il va être égaré - et je ne peux rien
faire à part
pisser un coup car l'océan est propre
et la jungle ne connaît pas de rivière où
les périls reposent sur des carpettes noires (chantant)
des os qui escaladent le mur de Mahomet
et sur l'amazone
des points verts couvrent des crocodiles
qui ouvrent les yeux après avoir perdu contact avec
l'eau - il y avait la mer en photo
la mer dans le jukebox-
et enfin la mer dans le sable-
sache que je t'aime
pleure sur mes os
mais surtout pisse donc
sur ma tombe - car le temps
est une feuille qui change de couleur tant
de fois en une seconde

.../... lire la suite ici...

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mercredi 21 décembre 2005

Anges d'un nouvel ailleurs (Kerouac Ginsberg Burroughs) 7/7

Une certaine température et un certain vent. Régulièrement, le bruit des gravillons sous les roues du vélo me rappelle que je peux déraper. J’imagine souvent l’onde de choc qui remonterait le long de la colonne vertébrale pour m’irradier définitivement le corps si une voiture me percutait par l’arrière.
Allant d’un endroit à un autre, à bicyclette, il y a seulement un doux bal cérébral, contrarié par quelques agressions, comme des coups de Klaxons, du gaz, une incompréhension totale entre deux satellites qui ne peuvent pas se croiser. Si la route est propice, pas trop grande surtout, les pesticides dans les champs et les popcorns dans l’estomac des fermiers peuvent disparaître. Le vent est ressuscité, l’air se laisse pénétrer.
Pédaler est un geste qui ne s’arrête pas. Si je suis nourri, il se nourrit lui même. Mes jambes tournent et je peux tourner la tête dans presque tous les sens. Je ne prends aucun risque. Je suis seulement menacé. Je n’y peux rien. J’essaie de rester calme. Cette histoire de vélo, c’est ma première étape, beaucoup plus modeste qu’un grand voyage à travers l’Amérique, mais je suis du coin et de l’époque. C’est de l’effort, une tentative d’endurance et parfois un début de détachement, des liens qui réunissent le mouvement de l’outil, les réflexes intellectuels et physiques du voyageur, sur son vélo, entouré, stimulé, pas nécessairement eu, et tout ce qu’il connaît, a vu, verra - qu’il l’espère ou qu’il s’y attende -. En tous les cas, ça le met à des années-lumières des collants bariolés, des gourdes en plastique, des maillots de bain pour cyclistes.
Dans de telles circonstances, Jack Kerouac, William Burroughs, Allen Ginsberg, mais aussi, par exemple, Gary Snyder, traversent quelques années de temps et quelques kilomètres d’espace pour venir exister dans l’esprit d’un jeune garçon qui veut lutter contre la perte de sens du déplacement. Ils ont acheté leur billet avant de mourir. Je les accepte sans grand problème, je les invite même.
Je peux penser à l’un ou à l’autre, ou à deux, ou trois, selon l’endroit, la ferme, le cimetière, le bruit d’un moteur ou la température.
En pensant à ces gens, en faisant un effort pour ne pas perdre de vue l’image de leur corps, de leur métabolisme, de la lenteur du temps, pour eux comme pour moi, je ressens parfois du plaisir, mais ils ne dissipent pas le malaise. Simplement des bouffées de force.
Quelquefois, c’est un souffle presque insensible, pas directement relié à eux mais qui se nourrit de leur passage au monde, et qui me fait penser aux soldats pris dans les guerres dans la plaine, autour de Laventie, de telle sorte que ce soit agréable.
Une autre fois, ce sera un souffle violent, nauséabond qui englue toutes les images et parfois mon propre corps, avec le scalpel du Docteur Benway comme gigantesque miroir réfléchissant la lumière au dessus de nos têtes.

On peut boire des bonnes bières dans une taverne belge, on peut s’inquiéter à plusieurs, on peut regarder ses amis très durement, on peut se coucher, se lever, manger, essayer de s’asseoir par terre, mais pas sur le bord de la route. Voir les virus en action tout en sachant qu’il leur manque tout ce qu’un vrai virus a de rassurant, parler d’eux, à plusieurs, entre personnes qui sont rares les unes aux autres, craindre ce déplacement de plus en plus rapide de tout ce qui entoure et fait, nécessairement, le monde, cracher, sourire, et malgré soi, froncer les sourcils.
Connaître ces trois écrivains aujourd’hui, c’est pour moi nécessairement un motif de satisfaction, la pierre de touche d’un possible début de calme. Et aussi le code d’accès à une banque d’échanges, joyeux, austères, amicaux. Comme avoir la possibilité d’aller chercher dans une cave fraîche une grande et belle-bonne bouteille de bière ou de s’offrir le plaisir de ne pas y aller.
Kerouac, Burroughs, c’est sûr. Ginsberg, c’est encore à voir mais je n’en prends pas le temps pour le moment ... Ils sont pour moi, par leur force, la mienne, celle qui passe l’océan et plusieurs générations, une pièce essentielle du moteur, qui reçoit et distribue de l’énergie, qui restera parmi les dernières, mais qui souffrira beaucoup.
(TS)
"Anges d'un nouvel ailleurs" est le fruit d'une collaboration entre Arnaud Mirland, Lucien et Thomas Suel. Cet ensemble a été composé en 1998-1999.



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mardi 20 décembre 2005

Anges d'un nouvel ailleurs (Kerouac Ginsberg Burroughs) 6/7

Le hurlement d’Allen à San Francisco est ici et maintenant une vibration de l’air dans les cheveux des enfants et les vomissements spasmodiques de Jack dans les toilettes du "Cellar" font trembler les feuilles des saules à des milliers de kilomètres et les déflagrations du flingue de William sont une caresse répétée sur la peau des adolescents éberlués. On les sent, on les entend et parfois on les voit, poètes morts et vifs, catholique zen alcoolique illuminé juif enculé enculeur merveilleux béhavioriste camé pédé penseur laser dévide prose bop spontané démystificateur exterminateur du contrôle lyrique artisan de paix bienheureux amoureux vigoureux un trio embrassé s’embrassant embrasé sous les draps blancs et craquants de New-York.
L’orchestre du bateau joue des airs de Charlie et des airs de Thelonius et l’amour suprême de John. L’orchestre du bateau est Charlie. L’orchestre est Thelonius et l’orchestre est John amour suprême. Au bar, Jack parle et boit, boit et parle. William dodeline de la tête, assis sur le siège des toilettes. Les machines ronronnent. Les cheveux de Peter caressent la queue d’Allen. Dans la tête, les autres machines crépitent, longs rouleaux sacrés des pensées dévidées sur le papier. Les dieux de l'Égypte s’agglutinent au plafond du lounge. Ils contemplent avec l’œil animal divin les écrivains au travail : coupé collé Manuscrits de la Mer Morte Codex Mayas Rouleaux de la Thora Apocalypse de Jean Sur la Route Machine Molle Sandwiches de Réalité Apocalypse d’Allen Révolution Électronique Visions de Cody Nouvelles de la Planète Apocalypse de William Docteur Sax Festin nu coupé collé Christ Bouddha Horus.
Ti-Jean agenouillé dans l’église de Lowell, Massachussetts, tu pries la Sainte Vierge, tu pries pour ton frère Gérard qui est parti au ciel, Doux Cœur de Marie, soyez son salut ! Et à Paterson, New Jersey, on le voit, c’est Allen, châle de prière sur les épaules, on le voit qui récite le Kaddish, la prière des Morts pour sa maman, pour Naomi.

A Mexico-City, William est un peu plus pâle que d’habitude, le sang sort d’un trou dans la tête de Joan. William considère le revolver posé sur la chaise. On entend arriver la voiture des flics mexicains.

Dans le ciel des Amériques, les prières se croisent au milieu du smog et des sueurs évaporées.











Et il y a aussi les murmures de Bob et les murmures de Neal et ceux de Jan, la fille de Jack et ceux de William, le fils de Bill, tous les mots murmurés des papas et des mamans, des petits frères et des petites sœurs, tous les mots conjurant le désespoir, tous les mots de l’amour du monde, tous les mots découpés dans l’amas des discours creux, tous les mots antidotes...
(LS)

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lundi 19 décembre 2005

Anges d'un nouvel ailleurs (Kerouac Ginsberg Burroughs) 5/7

20 ans, 25 ans plus tard, je relis les lettres de Burroughs à Ginsberg, Les Lettres du Yage. Quelle brutalité & quel amour ! Le regard est froid mais le stylo est brûlant. L’émotion d’entendre au mois d’octobre 1998, une comédienne de la Compagnie Hendrick Van Der Zee lire une des lettres de William, incluse dans le spectacle mis en scène par Guy Alloucherie sur le site du 11/19, à Loos-en-Gohelle. Un autre raccourci dans le temps, dans l’espace, mineurs se déshabillant, se rhabillant dans la salle des pendus, une toux noire à venir, la télépathie du yage.
Quelques semaines avant, Patti Smith en concert à Dranouter (Belgique). Elle entre en scène avec le Pocket Poets Serie publié chez City Lights, le plus célèbre, Howl ! et elle s’approche du micro et elle commence en déclamant le post-scriptum, post-scripthowl : Holy holy holy, un hommage à Ginsberg, solo déchiré à la clarinette. J’avais les larmes aux yeux, la gorge serrée. Ils étaient là sur la scène avec elle : Arthur, Jack, Bill, Allen et aussi Jan, la fille de Jack, et William, le fils de William, et Neal et Richard...
Ils ne savent pas ce que nous faisons.
Ils ne savent pas ce que nous faisons.
Ils ne savent pas ce que nous faisons.
(LS)

Dire ses mots à soi avec son rythme propre. Le souffle est la pensée. Les mots se forment dans la bouche. Reprendre des situations connues et les utiliser. Routines de l'immédiateté et urgence à faire entendre sa voix. Écouter celle des autres. Projeter son monde intérieur parce qu'il est vérité. Reprendre la parole lorsqu'on nous la confisque. Inventer des slogans et détourner ceux des mass-média publicitaires putassiers prêts à tout pour vendre. Chercher tout partout et au-delà ce qui est encore beau, simple et gratuit...
La Parole est gratuite, l'amitié est gratuite, la poésie est gratuite, la musique est gratuite. C'est pour cela qu'il faut continuer à lire - en public - à dire. J'ai mal à la langue tellement les mots se bousculent pour évoquer l'importance de ce que peut être pour moi la béate génération - toujours un mot pour regrouper les choses, les gens, surtout lorsqu'il s'agit de vendre. Je n'ai connu ce mot que bien tard, après avoir lu Sur la route, Les clochards célestes, Les anges vagabonds, et puis Junkie, Queer... Ensuite j'ai attendu un peu pour lire Le festin nu ou Howl...
(AM)

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samedi 17 décembre 2005

Anges d'un nouvel ailleurs (Kerouac Ginsberg Burroughs) 4/7

Inde 5 - Pakistan 6. Qu'aurais-tu dit Allen ? Quelle vieille histoire serais-tu allé chercher ? Quel conte ? Par quelle pirouette de vieux Juif new-yorkais bouddhiste homosexuel aurais-tu commenté ce score ?
Dans quel livre de sagesse l'Inde a-t-elle appris à construire sa bombe ? Clinton, paraît-il, aurait permis de laisser échapper quelques secrets de fabrication en échange de fonds pour sa dernière campagne électorale (1996). Peut-être lui a-t-on enseigné les grands secrets du Kamasutra ? Paix à ton âme, ô Allen, son halo entoure maintenant toute chose ici-bas. En attendant que les requins dépècent ton cadavre, vieux filou, agent littéraire, j'espère que tu as su protéger tes droits...
(AM)

Dans une librairie d’Hazebrouck, j’entends un bonimenteur interroger le public : « D’après vous, quel est le dernier grand poète disparu ? » Et je n’ai rien dit, j’ai laissé le bonimenteur subventionné déclarer que la poésie avait été tuée par les professeurs (est-ce que c’est vrai ?) et que Jacques Prévert était le dernier grand poète avec un mégot à la bouche ! Quand je l’ai entendu ajouter que la différence entre le polar et la poésie, c’était que le polar existait avec le rock and roll et pas la poésie, alors, j’ai craqué ! Et ils sont sortis de ma gorge, les trois anges du nouvel ailleurs, ils sont sortis de ma gorge desserrée, Kerouac, Ginsberg et Burroughs ! Ils sont sortis de ma gorge avec Chandler, avec Hammett, avec Charlie Parker, avec Bob Dylan, Jimi Hendrix et Ken Kesey.
Assez de discours !
Assez de boniments !
Assez de subventions !
(LS)

L'ailier attend le ballon, il va bientôt le recevoir. Il prend un peu d'élan, s'envole et le saisit. C'est le démarrage en trombe, ses jambes courtes et véloces lui permettent une accélération fantastique sur les derniers yards. Une feinte et il passe : TOUCH-DOWN. Demain les journaux titreront sur l'envol du jeune Kerouac. Celui de Lowell fera une couverture sur l'enfant prodige du pays. Demain une grande carrière de joueur de football s'offre à toi Jean Lebris de Kerouac. JACK KEROUAC... Ce sont tes jambes et ton entraîneur qui vont te trahir, ta tête aussi... Comment courir avec en tête les pages de Céline, Proust, les vers de Whitman. Depuis que tu as rencontré ce dandy/cultivé/camé, tu sens le danger. Il t'attire bien davantage que cette balle oblongue.
Il est temps de courir, mais plus en zigzags. Il est temps d'aller d'Est en Ouest. Il est temps d'embarquer... Il est temps de pratiquer l'art de la fugue... Il y a une Amérique que tu soupçonnes. Là dans cette Grosse Pomme. Une Amérique qui sue et qui vit et qui boit et qui se came et qui va au cinéma et aux concerts. Il y a un souffle de vie... à saisir... à décrire... à écrire... GO !
Le message que j'ai entendu est : « Ouvre-toi aux autres, écoute et regarde le monde et peu à peu, apprends à agir en fonction de tes sentiments profonds. Noue des amitiés, respecte les façons de penser, de concevoir ou de voir le monde, ne juge pas en fonction des critères que donne la bonne société mais considère chacun comme unique, avec ses raisons d'agir ou de partir. » Et cela parfois n'est pas simple... Parfois se noue le drame, la mort aux limites de cette vie de joie, alcool, poésie et folie... Naomi, Joan et Ti-Jean.
(AM)

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vendredi 16 décembre 2005

Anges d'un nouvel ailleurs (Kerouac Ginsberg Burroughs) 3/7

William S. Burroughs par Phil Dubois (Watercolour painting, 1973)

Lorsque je lis nombre d'auteurs européens c'est vraiment le souffle qui manque... Ici tout semble trop petit, l'horizon, lorsqu'il y en a un, nous écrase, comme si l'héritage de nos grands et glorieux écrivains morts et enterrés pesait encore sur ceux qui voudraient reprendre la langue pour s'en servir autrement qu'en noircissant des pages. « Assume tes contradictions et essaie de voir plus loin ! » me dit la voix que je m'efforce de ne pas perdre. Ceux qui voient loin font des voyages, quelquefois immobiles, quelquefois intérieurs. Ils nous en ramènent des pépites. Perles que l'on peut regarder longtemps briller au soleil, et leurs mille facettes nous apportent un peu de bonheur... Oui, un bon livre, ce n'est pas seulement une histoire, comme disait Céline..., et quand en plus, il n'y a ni sang, ni sueur...
Et toi oncle Bill ? Quelle est ta position radicale ? Parti le 3 août 1998, lendemain de mon mariage. J'étais à Gand lorsque j'ai vu ton visage sur la mire pixellisée d'un petit écran divisé en 18 parties. « Il se passe quelque chose... W. S. B, Patti Smith, D. Bowie, B. Gysin à minuit trente sur l'écran mangeur d'âme. » Le lendemain, la couverture de Libération. Toi avec ton fusil prêt à tirer. Prenais-tu la pose ? Étais-tu en train de peindre ? A qui étaient destinées ces deux cartouches ? Quel nouvel amant t'avait déçu ou quel policier t'avait empêché de t'envoyer ta came ? Merci, ô William Seward Burroughs, je n'ai pas eu à tuer le père. Tu nous as libérés de l'emprise du mot en nous inoculant ton message. Maintenant chacun est libre en te lisant/découpant de devenir un nouvel Exterminateur. Les loups sont déjà sur ton cadavre. Qu'ils te bouffent, vieille carne... Ils en crèveront tous !...
(AM)

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jeudi 15 décembre 2005

Anges d'un nouvel ailleurs (Kerouac Ginsberg Burroughs) 2/7

Kerouac, Ginsberg, Burroughs sont partis à la conquête de leur territoire, grâce à la langue - et la parole - qui est le plus merveilleux véhicule mais qu'il leur a fallu reconquérir, grâce aux voitures rapides, aux trains fantômes et aux lignes de bus..., grâce à l'herbe de Dieu et la petite fumée...
Lequel, du fils de Canadien français - catholique -, du fils de poète juif - universitaire -, ou du jeune bourgeois - WASP -, lequel fera le plus de chemin pour découvrir l'autre, pour tester l'autre, pour expérimenter l'autre, pour l'aimer ?
Ils ont eu l'impression que tout était possible et ils ont essayé de repousser les limites..., jouant, soufflant le jazz jusqu'aux confins de la nuit, lisant, hurlant des poèmes ou, découpant, détournant les messages pour lutter contre le virus. Ils ont expérimenté le langage comme un moyen de réinventer ce monde qui ne réfléchit plus, ne parle plus, ne rêve plus.
K., G., B., une organisation supranationale de transformation des esprits et de la connaissance par la réappropriation de ce qui différencie l'humain de l'animal : le langage..., ensuite chacun trouve ce qu'il veut faire avec...
Pour moi, l'importance de ces écrivains, c'est leur façon de lever le voile, d'appuyer par différents moyens là où ça fait mal, de montrer ce qu'on ne montrera pas ailleurs, en même temps, leur force, c'est de ne pas instituer cela en programme. Ils restent avant tout des chercheurs, des manieurs, des artisans de la langue. Ils reprennent possession complète et sans concession de leur territoire. Oui, l'Amérique est un rêve. Là-bas tout est vraiment plus grand. Les immeubles, les montagnes, les plaines. Alors quand on a dix-sept ans et qu'on n'est pas sérieux, on se laisse d'abord porter par le rêve..., véhiculé par l'image. Des jeunes gens beaux en chemises à carreaux qui fument avec l'air cool, qui boivent et conduisent des bagnoles à cent miles à l'heure..., ivresse et vitesse.
(A.M)

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