jeudi 30 avril 2015

Niveau Huit par Mimosa (4)



l’esprit bouffi par sa jeunesse
le garçon siffle une bière puis
une autre en attendant son plat
de golonka un grigri en golonka
autour du cou ses cheveux de la
paille collée à son front rouge
plutôt rose ses yeux bleus tels
la vitre persiflages de taverne
avec son voisin de table sur le
thème de la séductrice exotique

il ne fallait pas nous demander
si nous étions catholiques pour
s’assurer que nous n’étions pas
espions des âmes ou sondeurs de
puits pour sucer toute la terre
tous les chalets du Pape avalés
dans un trou noir fermé par une
fine braguette de porte monnaie

les enfants ont été réunis dans
la salle paroissiale et ils ont
fait des dessins sur de grandes
feuilles avec plein de couleurs
la salle chaude comme un ventre
des dames leur ont offert de la
joie et des tartines avec de la
confiture ça a duré trois jours
arc-en-ciel avec le soleil dans
le dos et on les a emmenés loin
les oiseaux qui s’envolent vers
la fin du ciel rose-orange-gris

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posted by Lucien Suel at 07:22 0 comments

mardi 28 avril 2015

DÉTOURNEMENT(S)



Une brève définition du détournement :
Le détournement, c'est l'utilisation d'un objet manufacturé par un tiers, dans un sens et/ou un contexte différent de celui pour lequel il avait été conçu à l'origine.
Tout objet peut être détourné, depuis le simple tournevis jusqu'à l'avion de ligne, en passant par la bande-son d'un feuilleton télévisé, un discours de Joseph Staline ou la photographie de Johnny Halliday.

Pourquoi le pratiquez-vous ?
Essentiellement pour deux raisons :
1. parce que le résultat produit par est très souvent efficace, drôle et générateur d'autres idées de détournements.
2. parce que c'est un moyen d'exercer ma liberté face à la pléthore d'objets que l'industrie (qu'elle soit lourde, culturelle ou artistique) lance tous les jours sur le marché.

Comment le pratiquez-vous ?
1. Pour ce qui est du pur travail manuel, le détournement d'objet a lieu par nécessité, sous le coup d'une illumination, dans le souci de faire gagner du temps, et éventuellement de recycler des objets. Par exemple, construisant de mes mains ma maison depuis 3 ans (c'est presque terminé), j'ai été amené à utiliser des vieilles paumelles pour en faire des pattes de scellement, à me servir d'un pied de biche pour gratter un mur (!), etc...
2. Pour ce qui est du travail littéraire (ou artistique), le détournement est aussi à la base un travail manuel, j'utilise principalement les ciseaux et la colle. Pour le détournement littéraire, l'apparition de l'ordinateur permet de travailler plus rapidement et sans se salir les mains (à partir d'un réservoir inépuisable comme internet !). Je continue néanmoins à travailler la vraie matière, notamment pour mes poèmes express confectionnés à partir de pages arrachées à des romans de gare.

Quelle place occupe-t-il dans votre travail ?
Le détournement représente dans mon travail la part de récréation par la recréation.

Quelle est la place du détournement dans la création littéraire et artistique aujourd'hui ?
Les œuvres (objets) créés (produits) aujourd'hui le sont en si grand nombre et avec une si grande vitesse que j'ai l'impression qu'elles sont faites directement pour la corbeille. Il ne reste plus qu'à les récupérer, à leur donner une touche personnelle en les détournant. C'est ce qu'on appelle la valorisation des déchets.

Lucien Suel,
 La Tiremande,
13 septembre 2002

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posted by Lucien Suel at 07:41 2 comments

lundi 27 avril 2015

Collage de Claude Pélieu (40)

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vendredi 17 avril 2015

Poème express n°572

posted by Lucien Suel at 07:21 0 comments

jeudi 16 avril 2015

Niveau Huit par Mimosa (3)



c’est une curieuse posture
mais c’est ainsi que je me
dois tenir pour abriter le
merle blanc qui niche dans
mon ventre sous le plafond
de mon diaphragme qui clôt
la charpente de mon thorax
et maintient les vertèbres
de ma cage thoracique pour
ne pas qu’elle enferme les
songes de mon ami le merle
blanc qui pâlirait d’ennui
jusqu’à s’enfoncer dans la
transparence sans souvenir

je ne puis me contenter d’
une telle silhouette et de
l’inconfort qu’elle génère
pour autant il est hors de
question d’hasarder la vie
du merle blanc j’ai besoin
d’un gros Saint-Bernard ou
de l’analyse experte d’une
spécialiste en pathologies
de silhouette et c’est par
conséquent de biais que je
pousse la porte du cabinet
animé d’une démarche toute
en prudence et contrariété
le pas du crabe de Columbo

j’ai eu tout le temps pour
revenir dans mes traces et
prendre toutes les marches
à rebours jusqu’à la porte
d’entrée jusqu’à ce que la
sonnette ravale son timbre
mais j’étais sur le palier
comme dans un ventre je me
trouvais donc en communion
avec le merle blanc il n’y
aurait pas d’autre rendez-
vous symétrique à ce point
j’étais devenu le merle de
mon ventre et je me tenais
assis dans l’attente douce

s’en suivit une discussion
une prise de renseignement
ponctuée d’indication pour
ménager la mutualité de la
rencontre afin d’éviter la
noyade s’écoulant du tuyau
pointant dans la direction
du patient qui finit quand
même humecté jusqu’en haut

ce n’est qu’ensuite que le
bras de fer débute un bras
face à la carcasse du type
puis une carcasse appuyant
de sa belle inertie sur un
genou au veau l’eau au mou
de cartilage qui se craque
comme un (une ?) élastique
fossile de Danièle Gilbert

il ne ressort pas de bruit
aucune réaction de douleur
pas le moindre signe d’une
détente salvatrice qui est
l’ordinaire de la pratique
d’apposition des mains sur
le corps névrosé de toutes
parts cette issue n’a rien
d’un dénouement tant et si
bien que la thérapeute qui
ne s’y résout pas en rosit
en raison des gros efforts

elle ne se montre pas pour
autant vaincue à l’instant
de prendre congé son cadre
souriant ne me renvoie qu’
à la ligne cisaillée qu’on
dirait devenue mienne pour
les siècles des siècles de
résignation sans fondement

les jours qui suivent sont
marqués par un soulagement
progressif qui suffit à me
persuader de la sagesse de
sa thérapeutique j’accepte
donc d’observer les gestes
qu’elle me prescrit par le
truchement d’une séance de
communication téléphonique

le dos par terre les pieds
au mur les fesses au creux
de l’équerre les jambes le
long de la paroi pas tenir
son souffle écouter ce qui
se passe en respirant dans
le calme ça tire l’arrière
des jambes et le ventre se
replie sur lui-même sur le
pauvre merle blanc enfermé
dans la cage qui s’enfonce
or il n’en est rien aucune
plainte pas de froissement
d’aile pas le moindre coup
de bec dans la muraille de
viande du ventre pour dire
stop le merle blanc ne dit
rien car le merle blanc ne
niche plus au creux de mon
ventre il a pris son envol
plus besoin de marcher tel
Aldo Maccione pour masquer
la prévenance de Madeleine
plus d’orphelin à protéger
de la face du monde il est
tout partout dans l’infini
bleu amen mon ami le merle
blanc est devenu l’air que
je respire dans mes tuyaux



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posted by Lucien Suel at 07:37 0 comments

mercredi 15 avril 2015

Une autre poignée de liens



Trois textes inédits
Non-sens obligatoire, en vitrine à St-Amand-Les-Eaux sur le blog « Paroles d’Hucbald »
Le coussinier (texte et photos), dans le n°3 de la revue numérique "Archimou".
Ossuaire (version augmentée) dans "Lendemains de fête", aux éditions Publie.net.
Critiques
Mort d’un jardinier
L’article de Romain Verger sur le site "Membrane".
La conférence de Jean-Pierre Bobillot à l’Université de Grenoble
Blanche étincelle
Après La patience de Mauricette, K. rend compte de sa lecture enthousiaste de Blanche étincelle sur son blog "Interférences".
Je suis debout
Jacques Demarcq a beaucoup aimé cette anthologie et il le dit dans le "Cahier Critique de Poésie" du CIPM.
Aunryz propose des lectures ralenties de Je suis debout sur le site "Mots liés". Il parle aussi de ce livre sur le site de "Babelio".
Joël Jegouzo célèbre Je suis debout sur son blog « Du texte au texte ».
Antoine Maine écrit un poème après m’avoir entendu lire des extraits de Je suis debout dans l’émission « A quoi ça rime » sur France-Culture.
Patismit
A la Médiathèque de Clisson, on aime Patismit ! On le dit sur "Addict-Culture".
Poèmes express
Le poème express affiché au Mur Saint-Martin :
Autre photo à Cherbourg à l’ESAM, avec la "Revue du Mur St Martin". Toujours à Cherbourg, photos de l’accrochage et du vernissage.
L’auteur devant son œuvre, 185 rue St Martin (photos J.C. Agboton-Jumeau).
Sur le blog "Archéologie du quotidien, archéologie du futur", le poème express devient du street-art (3 photos).
Quelques poèmes express inédits sur le site de la revue "Décharge".
Poèmes express par les étudiants à Cergyland, à partir d'un livre d'Annie Ernaux, atelier, article et reportage photos par François Bon.
Parution
Poèmes à dessiner et à colorier, collection Petit Va, édition du Centre de Créations pour l'Enfance de Tinqueux
Archives sonores et vidéos
Lecture du poème « Orage approchant » au collège Paul Langevin de Couëron, 2mn30, 31 mars 2015, vidéo d’Estelle Gaucher, Maison de la Poésie de Nantes.

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posted by Lucien Suel at 13:55 2 comments