mercredi 28 mars 2007

"Z" par Philippe Castellin

Un second texte de Philippe Castellin, après Diétét(H)ique parue en avril 2006.
« z »

a) elle me dit qu’elle est lente, qu’elle est une lente mais que là elle «commence à décoder»
b) elle me dit que je vais trop vite, que les choses vont trop vite, elle me dit que je joue avec « 2 coups d’avance »
c) elle me dit « ça c’est toi », « ça c’est ta vie »
d) elle me dit qu’elle a le sentiment d’être tombée dans un piège, elle me parle d’une « toile d’araignée »
e) elle me dit « tu comprends ? »
f) elle me dit que ce dont elle a besoin c’est de temps
g) elle me dit que j’arrive toujours dans sa vie quand elle est faible, mais qu’au fond elle n’a besoin de personne
h) elle me dit qu’il n’est pas question que je lui devienne indispensable
i) elle me dit que si elle a envie de baiser avec un mec elle peut en trouver un tout de suite dans la rue ou ailleurs, il suffit qu’elle siffle et le lendemain ciao, basta, et c’est parfait
j) elle me dit que juste avant que je ne survienne elle avait 2 amants, que c’était génial
k) elle me dit que c’est sa manière de voir les choses et qu’elle se sent bien, très bien ainsi
l) elle me dit qu’il faut que je comprenne
m) elle me dit qu’elle n’a pas envie de coucher avec moi
n) elle me dit qu’elle ne peut pas faire une croix sur sa vie sexuelle, que c’est très important pour elle
o) elle me dit « tu comprends, ça ? »
p) elle me dit qu’avec les autres ça se passe très bien
q) elle me dit qu’avec moi elle ne sait pas
r) elle me dit qu’elle se sent « bloquée »
s) elle me dit qu’il fallait que les choses soient dites, elle se sert du mot « clarté »
t) elle me dit que moi je n’arrive pas à intégrer le point de vue de l’autre
u) je lui dis que je ne vois pas très bien ce que je fais là
v) je me lève et je prends mes affaires
w) elle me dit « pourquoi tu t’en vas ?»
x) je lui dis parce que tu me jettes
y) elle me dit que non, qu’elle a jamais dit ça, elle me dit « reste »
z) je lui dis que moi j’ai un peu la tête qui tourne et que c’est sans doute parce que j’ai trop bu

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lundi 26 mars 2007

Archives retrouvées

En furetant dans l'emmaüs du web, je suis tombé sur un collage oublié de 1980 (un hommage à Schwitters) et un poème de 1981, paru dans "Le jeu des tombes" n° 1. Merci à Philippe Pissier qui a entrepris, à l'instar de Thierry Tillier ou de Didier Moulinier, de mettre en ligne ses archives des années 80. Voilà qui devrait intéresser Hortense et Philippe Boisnard.



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vendredi 23 mars 2007

Silo (39) Christopher Cook

Il les avait suivis un moment par curiosité, écoutant le professeur décrire les vers marins qui vivaient sous la plage, fabriquant leurs tubes, les crevettes d’eau douce dans les silos souterrains, les mollusques sécréteurs de mucus et les étranges escargots qui sucent le jus des clovisses. p 166

Christopher Cook, Voleurs, Rivages thriller, 2002.

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mercredi 21 mars 2007

Alexey Myakishev

Mon ami Alexandre Ikonnikov avec qui j'étais en résidence à la Villa Yourcenar m'a fait découvrir les photographies d'Alexey Myakishev dont voici trois exemples pris dans trois portfolios différents.

La province russe (Yalta, 1996)

L'enfance (Serov, région de Sverdlov, 2001)

Pélerinages (Vyatka—Velikoretskoe, 1994—2005)



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lundi 19 mars 2007

Eszalo (Les saules)

eszalo

chészap ekjalpuker jesza toudi ravizé
aveukgramin dtindrech memkankjétojonn
izétott facilagrimpé é yavokor souvin
déjonnmuchlo kiféjott leuni dinchétro
asteur chépuparel jénsumipu acésuptil
poumontéaszap mem edszalo épichémonio
jlélechtrankil dinleuni méyacorkitkos
ackeszalo echsu toudi finbénach kanké
jninvouin chépontanchéfeul chéssurkal
sonbélott aszarsonn adé tiott zépinok
épiya chbonsintimin kankonpassindzeur
méchkrouksi keusza ker chetakos kizon
pon ennformnaturel chéchlomm kiléform
ché sur chéli chéchlomm kileudonn enn
tett enn gross tett plennedboch mimem
jennafé dzalo eszaplanté ichioboudmin
gardin yadja kikzané tévou ifo printt
enn jonnbrankdalo ifolintiké dinlterr
chafétoudidéfeul édérachenn épitélkop
éyarfé débrank totin o lanédapré ébin
tzarkop téfékomchatouszan telfé méton
pindinchenksizan aforch eltett asform
aprételkoppu sisouvin tel lechgrochir
ackeszalo tenn gaspilpon mirin tédiro
klalo chélpourcho dechgardin touyébon
chéfeul chédufi-in chétitt zéramur in
léprin pouchétiopo é chélonkbrank ché
pouszarikoaram kankinna dévrémingross
téléprin poutkofé épikankchlalo i vi-
in viu kiéamitanpouri chafédutéro tel
médinché jéraniom mécor chakia dpubio
ackeszalo chékizonleutett almem oteur
kti é mi kankechsuakoté denn alo jenn
peuponfer otremin kedpassé touduchmin
em-min sustett jli karess esgrosstett
Lucien Suel

Photo Josiane Suel

les saules

ce sont mes arbres préférés je les ai toujours regardés
avec beaucoup de tendresse même dans ma jeunesse
on pouvait y grimper aisément et souvent
de jeunes moineaux y faisaient leur nid dans les trous
maintenant les choses ont changé je ne suis plus assez souple
pour grimper dans les arbres même les saules quant aux moineaux
je les laisse en paix dans leur nid mais il reste quelque chose
avec les saules je suis toujours content quand
j’en aperçois un ça n’est point tant à cause des feuilles c’est sûr qu’elles
sont jolies on dirait des petites épinoches
et il y a aussi cette bonne odeur lorsqu’on passe en dessous
mais je crois que si j’aime tant les saules c’est parce qu’ils n’ont
pas une forme naturelle c’est l’homme qui les forme
c’est sûr c’est lui c’est l’homme qui leur donne une
tête une grosse tête pleine de bosses j’ai moi-même
formé des saules je les ai plantés ici au bout de mon
jardin voilà déjà quelques années vois-tu il te faut prendre
une jeune branche de saule il faut l’enfoncer dans la terre
ça fera toujours des feuilles et des racines ensuite tu coupes
et d’autres branches repoussent au sommet l’année suivante eh bien
tu les coupes encore tu procèdes ainsi tous les ans tu fais ça disons
pendant cinq ou six ans à la fin la tête se forme
ensuite il ne faut plus couper aussi souvent tu laisses grossir
avec les saules on ne gaspille rien on pourrait dire
que le saule c’est le cochon du jardin tout est bon chez lui
on composte les feuilles on utilise les rameaux
pour tuteurer les plants de petits pois on prend les plus longues branches
pour les haricots à rames quand elles sont vraiment grosses
on peut s’en servir pour le chauffage et quand le saule
vieillit qu’il est à moitié pourri il se transforme en terreau
tu en mets dans les géraniums mais ce qu’il y a de vraiment bien
avec les saules c’est qu’ils ont leur tête à la même hauteur
que toi et pour ma part quand je suis à côté d’un saule je ne
peux pas m’empêcher de passer tout doucement
ma main sur sa tête je lui caresse sa grosse tête
Lucien Suel
(traduit du picard par l’auteur)

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vendredi 16 mars 2007

Bukowski (supplément 2)

Après la publication de la nouvelle de Charles Bukowski, nous sommes heureux de vous présenter ce poème reçu de Jean-Marc Froidure.

BUK

Hier au soir, assis devant la télévision, et regardant ce visage à nul autre pareil, ce visage cabossé comme un vieux tank,
Et pleurant comme un gosse sur le cadavre de son père,
Je me disais que plus rien ne serait pareil désormais.

Que grâce et humour disparaissaient de nos vies
Petit à petit,
comme les derniers papillons
Ou la neige en hiver
Et que l’époque ressemblait de plus en plus à ce fil de soie
qu’un vent glacial bouscule
jusqu’à l’épuisement,
Jusqu’à la rupture.

Buk tu manques à cette vie.
ton RIRE manque
Ta FOLIE nous manque,
Ta poésie débridée comme une claque superbe envoyée au destin
Avait cette magie des possibles,
Cette magie de faire jaillir le feu partout,
Et de dire mieux que n’importe qui la beauté unique de cette putain édentée
Qui cligne de l’œil sur le tabouret d’un bar sordide, au fin fond de West avenue,
Un soir de demi dèche.

Un endroit hors du temps

Comme un citronnier planté en plein désert
Comme un jeune chiot frétillant sous la pluie chaude d’un été finissant
Comme des torrents de boue et de lave mêlés se jetant dans la mer
Comme la première lueur du jour sur une plage dévastée

Tes livres représentaient tout ça pour nous
Et tant d’autres choses encore.

Tu étais comme ce dieu des mythologies nordiques brandissant son marteau pour pulvériser les têtes molles
Rien ne te plaisait du spectacle des hommes
Des larmes sortaient parfois de tes yeux quand tu avais trop bu
Et tu disais qu’avec l’âge on devenait plus sensible.
Au fond, ceux qui t’ont détesté n’ont rien compris.
Tu ressemblais bien à ces vieux chiens
qui ont tant combattu
Tant aimé
Tant souffert
Que les Dieux les portent en des rivages perdus où personne n’accoste.

Tu restes unique à mes yeux.
Tu as su dire en quelques mots simples la vérité de toute vie :
Croire en soi, et s’acharner contre le bon sens, les lieux communs, l’ambition, la course à tout posséder.

Tu avais raison bien sûr.

Il faut braver la multitude
Et disparaître sous un torrent de mots
Sans se soucier des autres,
Et sans un bruit.

Comme un voleur presque

Oui, comme un putain de voleur dans une putain de nuit.

Et c’est bien dommage tout ça.

Pas vrai mec ?
Jean-Marc FROIDURE

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mercredi 14 mars 2007

Bukowski (supplément 1)

A propos de la nouvelle de Charles Bukowski “Bouffe la poussière, chien menteur !” publiée récemment dans Silo.

En 1977, Carl Weissner était l’agent européen de Charles Bukowski. C’est lui qui m’a communiqué ce texte que Bukowski venait de lui envoyer et qui était encore inédit aux Etats-Unis. C’est également Weissner qui m’a suggéré de traduire « CRAWL, YOU LYING DOG ! » par «aBouffe la poussière, chien menteur ! ». Le tout premier titre, raturé par Bukowski sur le manuscrit original, était « YOU KISSED LILLY ».
Cette nouvelle a été écrite d’après le compte-rendu d’un fait divers paru dans le Los Angeles Times. Je suis heureux en complément à la publication de vous présenter cet article. (L.S.)

HOMEWOOD, Ill. (AP) - A depressed and jealous wife shot her husband while he slept, but he revived nearly 20 hours later and the couple then took turns shooting each other with her gun, police said. It began in bed and went on as they crawled bleeding from room to room.
It ended after police arrived. They said the woman, who had turn the gun on herself by that point, fired a final shot at her husband, collapsed and died.
Her husband was hospitalized in critical condition.
Police gave this account of the bizarre episode in a condominium in the suburb of Homewood, south-west of Chicago.
Margaret Radovich, 50, shot her husband, Theodore, 56, twice in the chest while he slept Tuesday morning and later, for some unexplained reason, returned to the bed.
When he regained consciousness early today, he found his wife next to him in bed, pulls the gun out of her hand and shot her once in each leg. He also fired a shot out of the window to attract attention and tried to throw the gun through a closed window. The window broke, but the gun fell back inside the room. Mrs Radovich found it and reloaded it.
Radovich managed to crawl to another room, followed by his wife, who then shot him in the mouth. He still was able to make his way to another bedroom, where he broke a window in another attempt to attract attention.
Meanwhile, Mrs Radovich shot herself just before police arrived.
Before they could reach Mrs Radovich, she took one more shot at her husband through the doorway. The bullet missed, she fell unconscious and was dead on arrival at a hospital.
Authorities found notes apparently written by Mrs Radovich that "said such things as life being tough and difficult, and one note made reference to another woman."

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lundi 12 mars 2007

Une citation de Jean Baudrillard

Le bon vieux jugement critique et ironique n’est plus possible.
On pouvait dire pour en dénoncer la rhétorique : ça, c’est de la littérature !
On pouvait dire pour en dénoncer la mystification : ça, c’est du cinéma !
On ne peut pas dire pour dénoncer quoi que ce soit : ça, c’est de la télé ! parce qu’il n’y a plus d’univers de référence. Parce que l’illusion est morte, ou parce qu’elle est totale.
Le jour où nous pourrons dire de la même façon : ça, c’est de la télé ! ça, c’est de l’information ! c’est que tout aura changé.
Jean Baudrillard
lu et copié il y a bien longtemps (1983) dans Les stratégies fatales.
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samedi 10 mars 2007

Les terrils (5)

EXPOSITION
LES TERRILS, OMBRE ET CLARTE
Photographies de Patrick Devresse et calligrammes de Lucien Suel
Soirée vernissage-inauguration le jeudi 15 mars 2007 à 20 h.
Programme
Projection du court métrage de Luc Moullet La Cabale des oursins
Lecture par Lucien Suel
Parcours photographique avec Patrick Devresse
Cocktail

Un court extrait de la lecture :
...

Un trou amène un tas. Un tas peut devenir un trou. Le terril n’est pas encore un trou de mémoire dans le paysage, mais il pourrait le devenir un jour.

Parfois, le site du terril devient un petit Disneyland. C’est le loisir au nord, de la neige en plastique, du vert pour du blanc, des vessies pour une lampe de mineur. C’est l’évolution, la reconversion, l’économie, le secteur tertiaire qui prend le pas sur le secondaire, le publiciste, l’artiste et le touriste qui supplantent l’ouvrier. On recycle le paysage industriel en espace de loisir ou de culture. C’est la valorisation des déchets.

Le terril est progressivement dépecé, transporté sur les routes, enfoui dans les fondations, brûlé dans les fours des cimenteries. Parfois, on le cache, le camoufle dans le paysage aménagé.

Les machines mangent le terril. Les scrapers terminators dévorent la montagne. Ce qui fut chargé à force de bras dans les wagonnets est chargé de nouveau, mais avec des tractopelles dans les camions.
Les machines triturent la terre, décortiquent la nature et les constructions humaines. Les usines débitées en morceaux fondent dans les fours électriques. A Drocourt, la cokerie est devenue un terrain vague parsemé de flaques d'eau.

C’est une guerre continuelle, un champ de bataille. Maisons rasées, travailleurs morts et enterrés, souvenirs évanouis. Puis viendra la reconquête des friches, viendra le temps de la réhabilitation.

Le terril a été allongé sur le sol, étalé, râtelé sur le pays.

Là-haut, sur la crête, les camions de chantier, gros insectes jaunes, vrombissent. On aperçoit aussi les silhouettes des promeneurs qui s'oxygènent sur le terril.
Loisirs dans les ruines, la Deûle, les terrils tronqués, clôtures en ciment, ligne TGV, remblais de schistes, les Castors, la cité du 10. Le père de Nadine se souvient. Il a vu installer le terril, il a vu le terrain vide, les gosses jouant sur les tendeurs. Ché coulons din chés camps, le terrain de foot envahi d'herbes folles, les lampes à arc de l'autoroute.
L’atome d’uranium remplace le charbon. Les sarcophages futurs des centrales nucléaires noyées sous le béton viendront ajouter leur silhouette massive et rayonnante aux pyramides funéraires des déchets houillers.
...
Lucien Suel
L'exposition sera présentée jusqu'au 30 avril tous les jours de 9 h à 19 h 30.

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vendredi 9 mars 2007

Une nouvelle de Charles Bukowski (5/5)

BOUFFE LA POUSSIERE, CHIEN MENTEUR !
Quand la police eut fini d'enfoncer la porte, Margaret était encore debout l'arme à la main.
« Ça va, madame, laissez tomber le revolver ! » dit l'un des flics.
Theodore cherchait encore à s'éloigner en rampant. Elle braqua le revolver sur lui, tira et le manqua. Puis elle s'écroula sur le parquet dans sa chemise de nuit pourpre.
« Mais Bon Dieu, qu'est-ce qui s'est passé, monsieur ? » demanda un flic.
Theodore tourna la tête. Sa bouche n'était qu'une tache sanglante.
« Skeurr, » dit Theodore, « skeurr... »
« Ces scènes de ménage, ça m'écoeure, » dit l'un des flics à son pote, « vraiment dégueulasse... »
« Ouais. » dit l'autre.
« C'matin, j'ai justement eu une prise de bec avec ma bonne femme. Tu peux jamais savoir. »
« Skeurr... » dit Theodore...
Lilly était chez elle. Elle regardait un vieux film de Marlon Brando à la télévision. Elle était seule. Elle avait toujours été amoureuse de Marlon. Elle péta discrètement. Puis elle souleva sa robe et commença à se branler.
Traduction L. Suel

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jeudi 8 mars 2007

Une nouvelle de Charles Bukowski (4/5)

BOUFFE LA POUSSIERE, CHIEN MENTEUR !
Quand de nouveau il revint à lui, sa femme était debout au-dessus de lui. Elle était vraiment debout sur les deux jambes qu'il avait touchées. Elle était en train de recharger le revolver.
« J'vais t'tuer. » dit-elle.
« Margy, pour l'amour du ciel, écoute ! Je t'aime ! »
« Bouffe la poussière, chien menteur ! »
« Margy, je t'en prie...»
Theodore commença à ramper en direction de l'autre pièce.
Elle le suivait : « Comme ça, ça t'excitait d'embrasser Lilly ? »
« Non, non ! J'aimais pas ça ! Ça me dégoûtait ! »
« Je vais te nettoyer la gueule de ces saloperies de lèvres baiseuses ! »
« Margy, Mon Dieu ! »
Elle plaça le canon sur la bouche de Ted.
« Tiens, en voilà un de baiser ! »
Elle tira. La balle emporta une partie de la lèvre supérieure et un morceau d'os de la mâchoire. Il était encore conscient. Il aperçut une de ses chaussures sur le parquet. Rassemblant une nouvelle fois ses forces, il jeta le soulier dans une autre fenêtre. La vitre se brisa et la chaussure tomba dehors.
Margaret retourna le revolver contre sa poitrine. Elle tira...
Traduction : L. Suel

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mercredi 7 mars 2007

Une nouvelle de Charles Bukowski (3/5)

BOUFFE LA POUSSIERE, CHIEN MENTEUR !
Quand Theodore s'éveilla, il eut l'impression d'être coincé entre deux bottes de paille et les fétus lui piquaient la peau. Il n'avait pas mal. Il ramena ses mains sur sa poitrine puis les leva à la clarté de la lune. Ses mains étaient couvertes de sang. Il en fut tout ahuri. Il regarda Margaret. Elle dormait ; à la main, elle tenait le revolver. Il lui avait appris à s'en servir pour qu'elle se sente en sécurité.
Il s'assit et le sang commença à couler plus vite des deux trous qu'il avait dans la poitrine. Margaret lui avait tiré dessus pendant qu'il dormait. A cause de cette baise avec Lilly. Il n'avait même pas réussi à jouir avec Lilly.
Il pensa, je suis presque mort mais si j'arrive à m'éloigner d'elle, j'ai une chance de m'en sortir.
Theodore étendit doucement la main pour dégager le revolver des doigts crispés de Margaret. Le cran de sûreté était toujours relevé.
Je ne veux pas te tuer. Je veux juste m'en aller. Je crois que ça fait au moins 15 ans que j'ai envie de m'en aller.
Il prit le revolver et le pointa sur le haut de la cuisse de Margaret, sur sa jambe gauche. Il fit feu.
Margy hurla et il lui ferma la bouche de la main. Il attendit quelques instants puis retira sa main.
« Qu'est-ce que tu fais, Theodore ? »
Il dirigea le canon vers le haut de la cuisse de Margaret, vers sa jambe droite. Il fit feu. Il étouffa de nouveau son hurlement en plaçant sa main sur la bouche de Margaret. Il la laissa quelques instants, puis la retira.
« Tu as embrassé Lilly. » dit Margaret.
Il restait deux balles dans le revolver. Ted se redressa et regarda les trous dans sa poitrine. Le trou du côté droit ne saignait plus. Le trou du côté gauche lançait à intervalles réguliers un mince jet de sang aussi fin qu'une aiguille.
« J'vais t'tuer ! » dit Margy allongée sur le lit.
« Tu veux vraiment me tuer, n'est-ce pas ? »
« Oui, oui ! Tu peux en être sûr ! »
Ted se sentait faible et la tête lui tournait. Que foutaient donc les flics ? Ils avaient sûrement entendu tous ces coups de feu. Qu'est-ce qu'ils foutaient ? Est-ce que personne n'avait entendu les détonations ?
Il vit la fenêtre. Il tira dans la fenêtre. Il était de plus en plus dans le coton. Il tomba à genoux. Il se traîna sur les genoux vers une autre fenêtre. Il tira encore. La balle fit un trou bien rond dans la vitre qui ne se brisa pas. Un voile noir passa devant ses yeux puis s'éclaircit.
Il faut que je balance ce revolver !
Theodore rassembla tout ce qui lui restait d'énergie. Il lança le revolver contre la vitre. La vitre se cassa mais l'arme retomba dans la maison...
Traduction L. Suel

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mardi 6 mars 2007

Une nouvelle de Charles Bukowski (2/5)

BOUFFE LA POUSSIERE, CHIEN MENTEUR !
Theodore commença à ronfler. Margaret alla au tiroir du bas de la garde-robe et en sortit le revolver. Il était chargé. Elle retourna au lit près de son mari.
Margaret le secoua. « Ted, chéri, tu ronfles... »
Elle le secoua de nouveau.
« Quoi... ? » grogna Ted.
Elle ôta la sécurité du revolver, poussa le canon dans les côtes de son mari et pressa la détente. Le lit vibra et elle recula le revolver. Ted fit avec la bouche comme un bruit de pet. Il n'avait pas l'air de souffrir. Le trou était petit et il n'y avait pas beaucoup de sang. Margaret dirigea le revolver de l'autre côté de la poitrine de Theodore. Elle appuya sur la détente. Cette fois, il n'émit aucun son. Mais il continuait à respirer. Elle le regarda. Le sang commençait à couler. Le sang puait affreusement.
Maintenant qu'il était en train de mourir, elle ressentait presque de l'amour pour lui. Mais Lilly, quand elle pensait à Lilly... la bouche de Ted sur la sienne, et tout le reste, alors elle voulait de nouveau lui tirer dessus... Ted avait toujours fière allure avec son pull à col roulé et le vert lui allait si bien, et quand il pétait dans le lit, il se retournait toujours avant-- il n'avait jamais pété sur un endroit précieux de son anatomie. Il manquait rarement à son travail. Demain, il manquerait...
Margaret pleurnicha un moment et finit par s'endormir.
trad. : L. Suel

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lundi 5 mars 2007

Une nouvelle de Charles Bukowski (1/5)

BOUFFE LA POUSSIERE, CHIEN MENTEUR !

C'était mercredi soir. Le programme à la télé n'avait pas été fameux. Theodore avait 56 ans. Margaret, sa femme, en avait 50. Ils étaient mariés depuis 20 ans et n'avaient pas d'enfants. Ted éteignit la lumière. Ils étaient allongés dans le noir.
« Eh bien, » dit Margy, « tu m'donnes pas un baiser pour m'endormir ? »
Ted soupira et, se tournant vers elle, lui fit un baiser rapide.
« T'appelles ça un baiser ? »
Ted ne répondit pas.
« Cette femme à la télé avait un petit air de Lilly, tu n'trouves pasa
« J'en sais rien. »
« Si, tu sais. »
« Ecoute, ne recommence pas à parler pour ne rien dire. »
« Toi, tu veux jamais discuter. T'es toujours muet comme une carpe. Maintenant dis-moi la vérité. Cette femme à la télé ressemblait bien à Lilly, pas vrai ? »
« D'accord. Il y avait une ressemblance. »
« Elle t'a fait penser à Lilly ? »
« Oh, Bon Dieu... »
« Te défile pas ! Réponds à ma question ! Est-ce que ça t'a fait penser à elle ? »
« Pendant une minute, oui... »
« T'étais content ? »
« Non. Ecoute, Marge, c'est un truc qui s'est passé il y cinq ans ! »
« Le temps ne fait rien à l'affaire. »
« Je t'ai déjà dit que je regrettais. »
« Regretter ! Tu sais ce que ça m'a fait à moi ? Imagine que j'en aie fait autant avec un type ? Qu'est-ce que tu dirais ? »
« J'en sais rien. Fais-le et comme ça je l'saurais. »
« Oh, maintenant, tu le prends à la légère ! C'est devenu une blague ! »
« Marge, nous avons déjà discuté de cette histoire des centaines de fois. »
« Quand tu faisais l'amour à Lilly, est-ce que tu l'embrassais comme tu m'as embrassé ce soir ? »
« Non, je ne pense pas... »
« Alors comment tu t'y prenais ? Comment ? »
« Bon Dieu, ferme-la ! »
« Comment ? »
« Bon, c'était autre chose. »
« Comment ça, autre chose ? »
« Euh, c'était nouveau. J'étais excité... »
Marge s'assit dans le lit et se mit à hurler. Puis elle s'arrêta net.
« Et quand tu m'embrasses, moi, ça ne t'excite pas, c'est ça ? »
« On est habitué l'un à l'autre. »
« Mais l'amour, c'est ça, vivre et vieillir ensemble. »
« D'accord. »
« " D'accord " ? Qu'est-ce que ça veut dire-- " d'accord " ? »
« Je veux dire, t'as raison. »
« Tu dis pas ce que tu penses. Tu veux pas me parler. T'as vécu avec moi toutes ces années. Est-ce que tu sais pourquoi ? »
« J'en suis pas certain. Les gens s'installent dans des trucs, comme leur travail, tout ça. Les gens s'installent. C'est comme ça. »
« Tu veux dire que vivre avec moi c'est un travail ? En ce moment, c'est un travail ? »
« Et c'est reparti pour un tour. »
« Voilà ! Tu recommences ! C'est une discussion sérieuse ! »
« Entendu. »
« Entendu ? Espèce de trou du cul dégueulasse ! T'es en train de t'endormir ! »
« Margy, qu'est-ce que tu veux que je fasse ? C'est arrivé il y a des années ! »
« Bien, je vais te dire ce que je veux que tu fasses ! Je veux que tu m'embrasses comme Lilly ! Je veux que tu me baises comme Lillya!a»
« J'peux pas faire ça... »
« Pourquoi. Parce que j't'excite pas autant que Lilly ? Parce que c'est pas quelque chose de nouveau ? »
« J'ai bien du mal à me rappeler de Lilly. »
« Tu dois bien t'en rappeler assez. Bon, je ne t'oblige pas à m'baiser ! Tu n'as qu'à seulement m'embrasser comme Lilly ! »
« Oh, Bon Dieu, Margy, s'il te plaît laisse tomber, j't'en prie ! »
« Je veux savoir pourquoi on a vécu toutes ces années ensemble ! Est-ce que j'ai gâché ma vie ? »
« C'est quelque chose qui arrive à tout le monde, presque tout le monde. »
« Quoi ? Gâcher sa vie ? »
« Oui, je pense. »
« Si tu pouvais seulement te rendre compte à quel point tu m'dégoûtes ! »
« Tu veux divorcer ? »
« Si je veux divorcer ? Oh, Mon Dieu, quel culot ! Tu as tout bousillé dans ma putain de vie et maintenant tu me demandes si je veux divorcer ! J'ai 50 ans ! Je t'ai donné ma vie ! Où est-ce que j'irais ? »
« Tu peux foutre le camp en enfer ! J'en ai marre de t'entendre. J'en ai marre, pouffiasse ! »
« Suppose que j'en aie fait autant avec un type ? »
« J'aurais bien voulu. J'aurais bien voulu que t'en aies eu envie ! »
Theodore avait fermé les yeux. Margaret sanglotait. Dehors un chien aboyait. Quelqu'un essayait de faire démarrer sa voiture. Il faisait 35° dans cette petite ville de l'Illinois. James Carter était le président des Etats-Unis.
Traduction Lucien Suel
NOTE : à voir ici un extrait du film de John Dullaghan sur Bukowski.

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vendredi 2 mars 2007

Nihil, Inc. (2) (Sylvain Courtoux)

La suite du texte de Sylvain Courtoux
Extrait de Nihil, Inc., un livre à paraître...

le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Collapsing New People de Fad Gadget / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Circle of Shit de Cindy Talk / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Persephone des Cocteau Twins / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Sex Dwarf de Soft Cell / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de So This is Silence de And Also The Trees / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Tendemess of Wolves de Coil / IMPACT DANS NEUF SECONDES / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Compulsion de In The Nursery / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de 53 Miles West of Venus des B-52's / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Falling Back in The Fields of Rape de Current 93 / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Suicide Ocean de Lydia Lunch & Karl Blake / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de A Wing and a Prayer de The Mission / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Lucretia my Reflection de Sisters of Mercy / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Psychocandy de Jesus and Mary Chain / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Credit in the Straight World des Young Marble Giants / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de The killing Moon d'Echo and the Bunnymen / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Wild Boys de Duran Duran / IMPACT DANS SEPT SECONDES / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Spread The Virus de Cabaret Voltaire / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures Talk About the Weather de Red Lorry Yellow Lorry / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Romeo's Distress de Christian Death / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Uncertain Smile de The The / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Regiment de Eno/Byrne / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Teenage Kicks des Undertones / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de This Angry Silence de Television Personalities / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Sex Beat du Gun Club / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Future Days de Can / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Black Out des Swans / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Another Girl, Another Planet de The Only Ones / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Making Plans for Nigel de XTC / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Got The Time de Joe Jackson / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Contact de S.P.K. /IMPACT DANS SIX SECONDES / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Zombie Warfare de Chrome / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Falling and Laughing de Orange Juice / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de The Strange Boutique de The Monochrome Set / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de 16 Days de Modern English / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Boy Meets Girl de 8 Eyed Spy / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Sleeping Gas des Teardrop Explodes / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Something On My Mind de The Pale Fountains / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de The First Picture Of You des Lotus Eaters / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Almost d'O.M.D. / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Nausea de X / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Gary Gilmore's Eyes de The Adverts / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Blank Generation de Richard Hell / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Direct Action Briefing de 999 / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Suspended Sentence de John Cooper Clarke / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de 11'0 Clock Tick Tock de U2 / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de A Feeling de Minny Pops / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Cry in the Wind de Clan of Xymox / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Pan (So Far Away) de A Flock of Seagulls / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Adolescent Sex de Japan / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Fear In The Western World d'Ultravox / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Game Above My Head de Blancmange / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Party Fears Two de The Associates / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Perfect Game de The Thompson Twins / le signal de l'assaut final sera donné par les cinq premières mesures de Five minutes To MidNight de Heaven 17
IMPACT DANS CINQ SECONDES
IMPACT DANS QUATRE SECONDES
IMPACT DANS TROIS SECONDES
IMPACT DANS DEUX SECONDES
IMPACT DANS UNE SECONDE
IMPACT

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posted by Lucien Suel at 09:41 0 comments