mardi 6 mars 2007

Une nouvelle de Charles Bukowski (2/5)

BOUFFE LA POUSSIERE, CHIEN MENTEUR !
Theodore commença à ronfler. Margaret alla au tiroir du bas de la garde-robe et en sortit le revolver. Il était chargé. Elle retourna au lit près de son mari.
Margaret le secoua. « Ted, chéri, tu ronfles... »
Elle le secoua de nouveau.
« Quoi... ? » grogna Ted.
Elle ôta la sécurité du revolver, poussa le canon dans les côtes de son mari et pressa la détente. Le lit vibra et elle recula le revolver. Ted fit avec la bouche comme un bruit de pet. Il n'avait pas l'air de souffrir. Le trou était petit et il n'y avait pas beaucoup de sang. Margaret dirigea le revolver de l'autre côté de la poitrine de Theodore. Elle appuya sur la détente. Cette fois, il n'émit aucun son. Mais il continuait à respirer. Elle le regarda. Le sang commençait à couler. Le sang puait affreusement.
Maintenant qu'il était en train de mourir, elle ressentait presque de l'amour pour lui. Mais Lilly, quand elle pensait à Lilly... la bouche de Ted sur la sienne, et tout le reste, alors elle voulait de nouveau lui tirer dessus... Ted avait toujours fière allure avec son pull à col roulé et le vert lui allait si bien, et quand il pétait dans le lit, il se retournait toujours avant-- il n'avait jamais pété sur un endroit précieux de son anatomie. Il manquait rarement à son travail. Demain, il manquerait...
Margaret pleurnicha un moment et finit par s'endormir.
trad. : L. Suel

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posted by Lucien Suel at 08:19