Une nouvelle de Charles Bukowski (3/5)
BOUFFE LA POUSSIERE, CHIEN MENTEUR !
Quand Theodore s'éveilla, il eut l'impression d'être coincé entre deux bottes de paille et les fétus lui piquaient la peau. Il n'avait pas mal. Il ramena ses mains sur sa poitrine puis les leva à la clarté de la lune. Ses mains étaient couvertes de sang. Il en fut tout ahuri. Il regarda Margaret. Elle dormait ; à la main, elle tenait le revolver. Il lui avait appris à s'en servir pour qu'elle se sente en sécurité.Il s'assit et le sang commença à couler plus vite des deux trous qu'il avait dans la poitrine. Margaret lui avait tiré dessus pendant qu'il dormait. A cause de cette baise avec Lilly. Il n'avait même pas réussi à jouir avec Lilly.
Il pensa, je suis presque mort mais si j'arrive à m'éloigner d'elle, j'ai une chance de m'en sortir.
Theodore étendit doucement la main pour dégager le revolver des doigts crispés de Margaret. Le cran de sûreté était toujours relevé.
Je ne veux pas te tuer. Je veux juste m'en aller. Je crois que ça fait au moins 15 ans que j'ai envie de m'en aller.
Il prit le revolver et le pointa sur le haut de la cuisse de Margaret, sur sa jambe gauche. Il fit feu.
Margy hurla et il lui ferma la bouche de la main. Il attendit quelques instants puis retira sa main.
« Qu'est-ce que tu fais, Theodore ? »
Il dirigea le canon vers le haut de la cuisse de Margaret, vers sa jambe droite. Il fit feu. Il étouffa de nouveau son hurlement en plaçant sa main sur la bouche de Margaret. Il la laissa quelques instants, puis la retira.
« Tu as embrassé Lilly. » dit Margaret.
Il restait deux balles dans le revolver. Ted se redressa et regarda les trous dans sa poitrine. Le trou du côté droit ne saignait plus. Le trou du côté gauche lançait à intervalles réguliers un mince jet de sang aussi fin qu'une aiguille.
« J'vais t'tuer ! » dit Margy allongée sur le lit.
« Tu veux vraiment me tuer, n'est-ce pas ? »
« Oui, oui ! Tu peux en être sûr ! »
Ted se sentait faible et la tête lui tournait. Que foutaient donc les flics ? Ils avaient sûrement entendu tous ces coups de feu. Qu'est-ce qu'ils foutaient ? Est-ce que personne n'avait entendu les détonations ?
Il vit la fenêtre. Il tira dans la fenêtre. Il était de plus en plus dans le coton. Il tomba à genoux. Il se traîna sur les genoux vers une autre fenêtre. Il tira encore. La balle fit un trou bien rond dans la vitre qui ne se brisa pas. Un voile noir passa devant ses yeux puis s'éclaircit.
Il faut que je balance ce revolver !
Theodore rassembla tout ce qui lui restait d'énergie. Il lança le revolver contre la vitre. La vitre se cassa mais l'arme retomba dans la maison...
Traduction L. Suel
Libellés : Bukowski, Traduction
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