vendredi 15 septembre 2023

Mauricette à bicyclette

 Sur la route à la brune entre Haverskerque et Guarbecque.

Traverse des effilochures de brume respiration du marais.

Mains serrées autour des poignées de plastique bleu pétrole.

De la force des mollets le cerveau transmet aux pédales pédalier chaîne dents de la roue libre moyeu jante et pneu.

 

Le caoutchouc frottefrotte la molette crantée de la dynamo.

Shhuintronronnement mécaniquement produit d'énergie humaine.

Lumière jaune devant rouge petit point tremblotant derrière.

La selle de cuir dur enveloppée dans un torchon à carreaux noué sous les ressorts pour améliorer le confort du siège.

 

Au bord de la jupe genoux ronds se frôlent au-dessus du cadre.

Tout le mouvement des muscles jumeaux des mollets fabrique transportsécurité rendementefficacité déplacementlumière.

Vélocité de la lumière au carré multipliée par poids du corps.

Lumière avance accélère ralentit en même temps que le vélo.

 

Rayon jaune danse sur le bas-côté de la route transperce déchiquette colorévèle les flaques grises du brouillard.

L'ombre déhanchée projetée par la lune s'esquinte à coller à la roue passe silencieusement au-dessus des profonds fossés.

Fraîcheur inodore sur la peau sur les gares debout du vélo.

 


Sur le pont de bois tout à coup d'un coup tout hoquette tout tout toutoutout tressautesausaute clicliclicqueticlette vévélolo cacatadioptre momolélé bouboudédénénénéné de Mauricette.

Dans la nuit qui vient les silhouettes des vaches et veaux plongés dans l'herbe haute de la nouvelle pâture ruminant.

 

Voici lune au fond de l'eau aperçue par-dessus la rambarde.

Vol silencieux d'une chouette paquet de viscères au bec.

Friss-chairdepoule-sson rapide chevilles tricotent le trajet.

Prisonnière Mauricette dans les phares de longue portée avec le vacarme du camion qui se rue vers la petite lumière rouge.

 

Gifle énorme du vent accumulé derrière le monstre et bbarrkk bouffée de diesel brûlé aspiré vaporisé au fond des narines.

Gros yeux rouges s'éloignent traînée de gaz et de poussière.

Corpsvélo titubant pour retrouver stabilité et régularité.

Oreille tendue chaîne et roulement route sous les roues.

 

De chaque côté du vélo maisons fenêtres bleuies par la maladie de télévision incurable cancerahlzeimer d'enfance à mort.

Voitures stationnées jusqu'à l'aube prochaine se pelliculant fin voile de buée et de molécules chimiques carbone et plomb.

Vélo immobile c'est le macadam un tapis autour de la terre.

 

Debout sur les pédales cheveux soulevés par la brise à l'aube à la nuit tombante au soleil en route infiniment direction paricilà droit devantderrière en rond en ronde toutoujours rouleroute parfum de sueur odeur d'éther retour en route sans fin sur soi-même éternel là-bas à rebours sur la route erout al rus…

Lucien Suel

Ce poème a été publié pour la première fois dans le recueil "Je suis debout" aux Éditions de La Table Ronde en mars 2014

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mardi 5 septembre 2023

Quitter la littérature

2666 (Folio) 

[…] J'ai été écrivain, j'ai été écrivain, mais mon indolent cerveau vorace dévorait mes entrailles. Vautour de mon propre Prométhée, ou Prométhée de mon propre vautour, un jour je me suis aperçu que je pouvais réussir à publier d'excellents articles dans les revues et les journaux, et même des livres qui ne gâchaient pas le papier sur lequel ils étaient imprimés. Mais j'ai aussi su que jamais je ne parviendrais à approcher ou à pénétrer une œuvre maîtresse. Vous me direz que la littérature ne consiste pas uniquement en œuvres maîtresses, mais qu'elle abonde en œuvres qu'on appelle mineures. Moi aussi je croyais cela. La littérature est une grande forêt, et les œuvres maîtresses sont les lacs, les arbres immenses ou très étranges, les éloquentes fleurs précieuses ou les grottes cachées, mais une forêt est aussi constituée d'arbres normaux, de fourrés, de flaques, de plantes parasites, de champignons et de petites fleurs sylvestres. Je me trompais. Les œuvres mineures n’existent pas en réalité. Je veux dire : l'auteur d'une œuvre mineure ne s'appelle pas Machin ou Truc. Machin et Truc existent, il n'y a pas de doute sur ça, et souffrent et travaillent et publient dans des journaux et des revues et de temps en temps ils publient même un livre qui ne gâche pas le papier sur lequel il est imprimé, mais ces livres ou ces articles, si vous faites attention, ne sont pas écrits par eux.

Toute œuvre mineure a un auteur secret, et tout auteur secret est, par définition, un écrivain d’œuvres maîtresses. Qui a écrit telle œuvre mineure ? Apparemment, un écrivain mineur. La femme de ce pauvre écrivain peut en témoigner, elle l'a vu assis à sa table, penché sur les pages blanches, se tordant et faisant glisser sa plume sur le papier. Elle a l'air d'être un témoin irréfutable. Mais ce qu'elle a vu, ce n'est que la partie extérieure. La coquille de la littérature. Une apparence, dit le vieillard ex-écrivain à Archimboldi et Archimboldi se souvient d'Ansky. Celui qui en vérité est en train d'écrire cette œuvre mineure est un écrivain secret qui n'accepte que la dictée d’une œuvre maîtresse.

Notre bon artisan écrit. Il est absorbé par ce qu’il est en train de mettre en forme bien ou mal sur le papier. Sa femme, sans qu'il le sache, l'observe. En effet, c'est lui qui écrit. Mais si sa femme avait une vision aux rayons X, elle s'apercevrait qu'elle n'assiste pas réellement à un exercice de création littéraire, mais bien plutôt à une séance d'hypnose. À l'intérieur de l'homme qui est assis en train d'écrire il n'y a rien. Rien qui soit lui, je veux dire. Comme ce pauvre homme ferait mieux de se consacrer à la lecture. La lecture est plaisir et joie d'être vivant ou tristesse d'être vivant et surtout elle est connaissance et questions. L'écriture, en revanche, est d'ordinaire vide. Dans les entrailles de l'homme qui écrit il n’y a rien. Rien, je veux dire, que sa femme, à un moment, puisse reconnaître. Il écrit sous la dictée. Son roman, ou son recueil de poèmes, convenables, très convenables, sortent, non par un exercice de style ou de volonté, comme le pauvre malheureux le croit, mais grâce à un exercice d’occultation. Il est nécessaire qu’il y ait beaucoup de livres, beaucoup de beaux sapins, pour qu’ils veillent du coin de l'œil le livre qui importe réellement, la foutue grotte de notre malheur, la fleur magique de l'hiver.

Pardonnez ces métaphores. Parfois, je m’emporte et je deviens romantique. Mais écoutez. Toute œuvre qui n’est pas une œuvre maîtresse est, comment vous dire, une pièce d'un vaste camouflage. Vous avez été soldat, j'imagine, et vous savez déjà de quoi je parle. Tout livre qui n'est pas une œuvre maîtresse est chair à canon, infanterie vaillante, pièce sacrifiée puisqu'elle reproduit, de multiples manières, le schéma de l'œuvre maîtresse. Lorsque j'ai compris cette vérité, j'ai arrêté d'écrire. Mon esprit, cependant, n'a pas cessé de fonctionner. Au contraire, il fonctionne mieux sans écrire. Je me suis demandé : pourquoi une œuvre maîtresse a-t-elle besoin d'être occulte ? Quelles forces étranges l'entraînent vers le secret et le mystère ?

Je savais déjà qu'écrire était inutile. Ou que cela ne valait la peine que si l'on était disposé à écrire une œuvre maîtresse. La plus grande partie des écrivains se trompe, ou bien joue. Peut-être que se tromper ou jouer, c'est la même chose, les deux côtés de la même pièce de monnaie. En réalité, nous ne cessons d’être des enfants, des enfants monstrueux pleins de boutons de fièvre, de varices, de tumeurs et de taches cutanées, mais des enfants en fin de compte, c'est-à-dire que nous ne cessons jamais de nous accrocher à la vie, puisque nous sommes vie. On pourrait aussi dire : nous sommes théâtre, nous sommes musique. De la même manière, ils sont peu nombreux les écrivains qui renoncent. Nous jouons à nous croire immortels. Nous nous trompons en jugeant nos propres œuvres et en jugeant, toujours de manière imprécise les œuvres des autres. Rendez-vous au Nobel, disent les écrivains, comme qui dirait : Rendez-vous en enfer.

Une fois j'ai vu un film américain de gangsters. Il y avait une scène où un inspecteur tuait un malfaiteur et il lui disait, avant d'appuyer sur la gâchette fatale : Rendez-vous en enfer. Il est en train de jouer. Le flic est en train de jouer et de se tromper. Le malfaiteur, qui le regarde et l'insulte juste avant de mourir, lui aussi est en train de jouer et de se tromper, même si son terrain de jeux et son terrain d'erreurs se sont réduits presque au zéro absolu, puisque, au plan  suivant, il sera mort. Le réalisateur lui aussi joue. Le scénariste, pareil. Rendez-vous au Nobel. Nous avons fait de l'histoire. Le peuple allemand nous en est reconnaissant. Une bataille héroïque qui restera dans le souvenir des générations à venir. Un amour immortel. Un nom gravé dans le marbre. L'heure des muses. Même une phrase aussi apparemment innocente que celle-ci : des échos de la prose grecque ne contiennent que du jeu et de l'erreur.

Le jeu et l'erreur sont le bandage et le ressort des écrivains mineurs. Et aussi : ils constituent la promesse de leur bonheur futur. Une forêt qui pousse à une vitesse vertigineuse, une forêt à qui personne ne met de frein, pas même les Académies, au contraire, les Académies se chargent de ce qu'elle pousse sans problème, et les entrepreneurs et les universités (pépinières de clochards), les bureaux de l'Etat, les mécènes, les associations culturelles, les déclamatrices de poésie, tous contribuent à ce que la forêt pousse et cache ce qu'elle doit cacher, tous contribuent à ce que la forêt reproduise ce qu’elle doit reproduire, puisqu'il est inévitable qu’elle fasse, mais sans jamais révéler ce qu'elle reproduit, ce qu'elle reflète doucement.

Un plagiat, direz-vous ? Oui, un plagiat dans le sens où toute œuvre mineure, toute œuvre issue de la plume d'un écrivain mineur, ne peut être qu’un plagiat d'une œuvre maîtresse quelconque. La petite différence est qu'ici nous parlons d'un plagiat consenti. Un plagiat qui est un camouflage qui est une pièce dans une scène bigarrée qui est une charade qui probablement nous conduira au vide.

En un mot : ce qu'il y a de mieux, c'est l'expérience. Je ne vous dirai pas que l'expérience ne s'acquiert pas par la relation constante avec une bibliothèque, mais l’expérience l'emporte sur la bibliothèque. L'expérience est la mère de la science, a-t-on l'habitude de dire. Lorsque j'étais jeune, et que je pensais encore que je ferais carrière dans le monde des lettres, j'ai connu un grand écrivain. Un grand écrivain qui avait probablement écrit une œuvre maîtresse, et même, pour moi, toute sa production était une œuvre maîtresse.

Je ne vais pas vous dire son nom. Ça n'est pas intéressant pour vous, et pour l'histoire, il n'est pas indispensable de le connaître. Contentez-vous de savoir qu’il était allemand et qu'un jour il est venu à Cologne donner quelques conférences. Évidemment, je n'ai pas raté un seul des trois exposés qu'il présenta à l’université de notre ville. Lors de la dernière conférence, j'avais réussi à trouver un siège au premier rang, et je me suis appliqué, davantage qu'à l'écouter (en réalité, il répétait des choses qu'il avait déjà dites au cours des première et deuxième conférences), à l’observer minutieusement, à observer ses mains par exemple, des mains énergiques et osseuses, son cou de vieil homme, pareil au cou d'un dindon ou d'un coq déplumé, ses pommettes légèrement slaves, les lèvres exsangues, des lèvres qu'on pouvait entailler avec un couteau et dont on pouvait être certain qu'il ne coulerait pas une goutte de sang, ses tempes grises comme une mer démontée, et surtout ses yeux, des yeux profonds et qui, à certains légers mouvements de sa tête, prenaient parfois l'apparence de deux tunnels sans fond, deux tunnels abandonnés, sur le point de s’effondrer.

Évidemment, sa conférence une fois terminée,  il fut accaparé par les notables de la ville et je n'ai même pas pu lui serrer la main et lui dire combien je l’admirais. Le temps a passé. Cet écrivain est mort et moi, comme c'est logique, j'ai continué à le lire et à le relire. Est arrivé le jour où j'ai pris la décision de quitter la littérature. Je l'ai quittée. Ce n'est pas un traumatisme que l'on ressent en franchissant ce pas, mais plutôt une libération. Entre nous, je vous avouerai que c'est comme cesser d’être vierge. Un soulagement, quitter la littérature, c'est-à-dire cesser d'écrire et se limiter à lire !

 

Extrait du roman de Roberto Bolaño « 2666 », Folio Gallimard, pages 1189 à 1194. 
Traduit de l’espagnol (Chili) par Robert Amutio.

Ce texte est prononcé par un vieillard, en réponse à Hans Reiter (Benno von Archimboldi) qui souhaite lui emprunter une machine à écrire.

Libellés :

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vendredi 25 août 2023

Du même auteur, de 1986 à 2023

 Éditions du Dernier Télégramme

Livre des poèmes express, 2023

Arithmomania, 2021

Les Vers de la Terre, (journaux 2007-2017), 2018

Petite Ourse de la Pauvreté, 2012

Les Versets de la bière (journal 1986-2006), 2010, 2016

Patismit, 2008, 2019

Nous ne sommes pas morts (avec Hélène Leflaive), 2008

Ouvrage épuisé Transport visage découvert, 2006

 

Éditions Cours toujours

Rivière, roman, 2022

Angèle ou le Syndrome de la wassingue, roman, 2017

 

Éditions Pierre Mainard

Ourson les neiges d’antan ? (avec William Brown), 2019

Un Trou dans le monde, 2006

Têtes de porcs Moues de veaux (avec Patrick Roy), 1999, 2009

 

Éditions de La Table Ronde

Ni bruit ni fureur (Prix Nunc de poésie française), 2017

Je suis debout, 2014

Blanche étincelle, roman, 2012

Livre des esquisses de Jack Kerouac (traduction), 2010

La Patience de Mauricette, roman, 2009, Folio Gallimard, 2011

Mort d’un jardinier, roman, 2008, Folio Gallimard, 2010

 

Éditions du Téètras Magic

À la recherche du taon perdu, dessins, 2016

Ouvrage épuisé Les aventures de la limace à tête de chat, dessins, 2014

 

Éditions Qazaq

Livres numériques

Sombre Ducasse, 2015

Express, 2015

 

Éditions de La Contre allée

Le lapin mystique, roman, 2014

D’azur et d’acier, 2010

 

Éditions de L'âne qui butine

L'avis des veaux, (avec Audrey Dewet), 2013

Ouvrage épuisé N'est-ce-pas ?, collection Pamphlet, 2007

Ouvrage épuisé Bestiaire en carton (avec Pierre-Yves Renkin et Christoph Bruneel), 2005

Ouvrage épuisé Duodâne (avec Christoph Bruneel), 2004

 

Éditions Publie.net

Livres numériques

Théorie des orages, 2011

Coupe carotte, 2008

La Poussière (avec Josiane Suel), 2008

 

Éditions de la Vachette alternative

Ouvrage épuisé Poèmes vi(suel)s, 2009

Ouvrage épuisé Spicilège septique, 2009

Ouvrage épuisé 18° à Paris 18° à Marseille 36° à Parseille, dessins, 2008

 

Éditions Derrière La Salle De Bains

Ouvrage épuisé Le sang du don, 2008

Ouvrage épuisé Coupe Carotte, 2002

 

Centre Historique Minier

Ouvrage épuisé Les terrils : ombre et clarté (avec Patrick Devresse), 2007

Ouvrage épuisé Le Mastaba d'Augustin Lesage, 1995

 

Éditions du Marais du Livre

Ouvrage épuisé Canal Mémoire, 2004

Ouvrage épuisé Une simple formalité (avec Sylvie Granotier), 2001

Ouvrage épuisé Visions d'un jardin ordinaire (avec Josiane Suel), 2000

 

Éditions de l'Attente

Ouvrage épuisé Lettre T, 2003

Ouvrage épuisé Les coups, 2001

Ouvrage épuisé Sous-bois standard (les idiots) 1999

 

Station Underground d'Émerveillement Littéraire

Ouvrage épuisé Le nouveau bestiaire (avec William Brown), 1997

Ouvrage épuisé Le Mastaba d'Augustin Lesage, 1996

Ouvrage épuisé Colonnes dénudées, 1994

Ouvrage épuisé Propylée de glace, 1993

Ouvrage épuisé Les dérivées, 1992

Ouvrage épuisé Anthologie de la Poésie Visuelle Nord-Américaine, 1990

Ouvrage épuisé Sombre Ducasse, 1988

Ouvrage épuisé Memento Matamore, 1988

Ouvrage épuisé Croquis Gnôlés (dessins),1988

 

Les Contemporains favoris

Ouvrage épuisé Morceaux Choisis, 1991

Ouvrage épuisé 2.3 souvenirs de lecture, Collection Tuyau, 1987

Ouvrage épuisé Les filles de papier, Collection La Poire d'Angoisse, 1986

Ouvrage épuisé Rêver Suel, Collection La Poire d'Angoisse, 1986

 

Collection Plis

Ouvrage épuisé Dernière Neige, 1987

Ouvrage épuisé Éternelle Rafale, 1987

 

Chez d’autres éditeurs

La Justification de l’abbé Lemire, Éditions Faï fioc, 2020

D’ù qui sont chés viaux ? / Où sont les veaux ?, Librairie du Labyrinthe, 2019

Sur ma route, Éditions Henry, 2018

Poèmes à dessiner et à colorier, Centre de Créations pour l'Enfance, 2015

Ouvrage épuisé Visions du détroit, Éditions Saint-Omer en toutes lettres, 2014

Ouvrage épuisé Apocalypse justifiée, La Belle époque, Collection Or, 2013

Flacons, flasques, fioles…, Éditions Louise-Bottu, 2013

La retraite de l'aumônier, Éditions Invenit, 2011

Ein gartnar doyr (Mort d’un jardinier), Solum Forlag, 2011

Ouvrage épuisé Rose devant, rose derrière, Contre-mur, 2009

Journal du Blosne, Éditions Apogée, 2010

Poèmes express, Redfoxpress, 2007

Ouvrage épuisé Sombre ducasse, Éditions Le Mort-Qui-Trompe, 2007

Ouvrage épuisé Zoographie, Éditions du soir au matin, collection timbrée, 2007

Poèmes marcottés des quatre saisons, Éditions Contre-allées, 2005

Ouvrage épuisé La Formule (avec Stéphane Benault), Éditions Berline-Hubert-Vortex, 2005

Regarde un jardin, Éditions du Silence, 2003

Ouvrage épuisé Ultime arithmogramme pour Ivar Ch'Vavar, Éditions de l'Agneau, 2003

L'envers du confort, Voix Éditions, 2001

Ouvrage épuisé 20 poèmes express, Collection PoésiExpress, 2001

De dood in duplicaat voor Cosmik Galata, Éditions Leskimo de Zierikzee, 2001

Ouvrage épuisé Semailles, Éditions Sansonnet, 2000

Ouvrage épuisé Théorie des orages, Collection La Main Courante, 1998

Ouvrage épuisé La Justification de l'abbé Lemire, Éditions Mihàly, 1998

Ouvrage épuisé Lulu (dessins), VR/SO Éditions, 1997

Ouvrage épuisé Chapelet, Ecbolade Éditions, 1996

Ouvrage épuisé Le Mastaba d'Augustin Lesage, Brandes, (extraits), 1992

Ouvrage épuisé Tout Partout, Studio Veracx, 1992

Ouvrage épuisé Prose du Ver, Collection Histoires grotesques n°9, 1991

Ouvrage épuisé 77 poèmes express, Collection Cordialité de la Rouille, 1990

Ouvrage épuisé Tamponnages, Collection S2L'ART?, 1990

Ouvrage épuisé 10 textes pour 10 dessins de Piotr Aakoun, Peter Moreels éditeur, 1989

Ouvrage épuisé Moteur : Épouillage (journal de voyage 1979-1986), Collection La Duc d'Aumale, 1986

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mercredi 23 août 2023

Des années 70 aux années 20

Lucien Suel est né en 1948 à Guarbecque dans la vallée de la Lys. Il a publié de nombreux ouvrages de poésie et plusieurs romans.

Autobiographie résumée

Années 70 : Éditeur du magazine The Starscrewer, il traduit et publie Burroughs, Orlovsky, d.a. levy, Bukowski...
Il commence une longue correspondance avec Claude Pélieu qui vit aux Etats-Unis.
Il découvre le Mail Art dans la revue Doc(k)s créée par Julien Blaine.

Années 80 : Création et direction de Radio-Banquise à Isbergues.
Collaborations à La Poire d’Angoisse (textes, poèmes, graphismes, dessins, collages, chroniques) et à L’Invention de la Picardie avec l'écriture justifiée ou arithmogrammatique (vers comptant chacun le même nombre de signes typographiques).
Création de la Station Underground d'Emerveillement Littéraire.
Première performance à base de poésie et de béton : « POESIE/CONCRETE ».
En 1989, lancement de Moue de Veau, mini-revue dada-punk qui présente poèmes express, poèmes trouvés, dessins idiots, poèmes visuels, collages instantanés (plus de 150 poètes produiront un numéro de la Moue, une sorte d’anthologie de la poésie élémentaire, 1111 numéros publiés).

Années 90 : Édition de 23 volumes par la Station Underground d'Emerveillement Littéraire (de Claude Pélieu à Ed Sanders et Christophe Tarkos).
Publications en revues (Java, Action Poétique, L’Odyssée, Poézi Prolétèr, Le Jardin Ouvrier, Le Corridor Bleu...).
Collaboration avec le peintre et graveur britannique William Brown (production de portfolios). Création du groupe Potchük, rock expressionniste, pour chanter, hurler ou murmurer les poèmes (premier CD paru en janvier 1999).

Années 00 : Avec Josiane, ils construisent en trois ans leur maison dans les collines d’Artois.
Lectures publiques, performances poésie-action (Grenoble, Arras, Rennes, Strasbourg, Bruxelles, Maastricht, Lille, Lyon, Marseille, Paris, Tourcoing, Caen, Angers, Périgueux, Swansea, Cardiff, Londres, Genève, Bordeaux...).
Première résidence d’auteur à Rennes, au Triangle. Ateliers d'écriture. Participation à "cheval23" (poèmes de L. Suel, musique d'Arnaud Mirland).
En octobre 2005, il crée le blog « Silo-Académie 23 » qui ressemble rapidement à une revue littéraire en ligne avec la publication des archives, des traductions, dessins et collages accumulés depuis des années. Il ouvre son blog à d’autres auteurs.
En 2006, lauréat de la Villa Yourcenar, il rassemble son premier journal « Les Versets de la bière » et rédige « Mort d’un jardinier », son premier roman, qui sera publié en 2008 aux éditions de La Table Ronde, suivi en 2009 par « La Patience de Mauricette », roman écrit dans le cadre d’une résidence de six mois dans un service de psychiatrie générale à l’E. P. S. M. d’Armentières.

Années 10 : Ces deux premiers romans paraissent dans la collection Folio Gallimard. En mai 2010, sa traduction du « Livre des esquisses » de Jack Kerouac paraît à La Table Ronde en même temps que l’édition du Rouleau original de « Sur la route » chez Gallimard.
Attiré par la contrainte numérique de 140 signes maximum, il ouvre un compte twitter en juillet 2011 pour y créer des formes brèves.
Parution des « Versets de la bière » au Dernier Télégramme. Nombreuses rencontres en librairies et en médiathèques.
À l’issue d’une autre résidence de trois mois dans l’ancien quartier ouvrier de Fives à Lille, les éditions de La Contre allée publient le livre « D’azur et d’acier ».
Le peintre Jean-Pierre Thomas lui propose de participer à de nombreux livres d’artiste.

Années 20 : Après une parenthèse de deux années consacrées au jardinage, à l’écriture et à la lecture, il reprend ses déplacements  avec la publication de « Rivière » aux éditions Cours toujours, un roman d’amour qui évoque la période créative de la décennie 1965-1975 tout en s’inscrivant dans l’époque contemporaine et les dérives de la modernité.
Il boucle le projet des poèmes express avec le n° 1000 et profite d’une proposition du CIPMarseille pour présenter une conférence-lecture revisitant ses cinquante années de poésie. En 2026, un numéro de la revue « Doc(k)s » pourrait lui être consacré.
En attendant, il est surtout préoccupé par le tri et le classement de ses archives. Il a complètement cessé d’animer des ateliers mais continue avec grand plaisir d’offrir des lectures publiques de ses textes poétiques…

posted by Lucien Suel at 17:46 0 comments

lundi 7 août 2023

Eszalo - Les saules - Los sauses - De knotwilgen

Mon poème Eszalo (Les Saules) a été publié par Ivar Ch'Vavar en mars 1998 dans "le jardin ouvrier" n° 16. C'est mon deuxième poème écrit en langue picarde, après Duki son chévio (Où ont les veaux ?)

Il existe à ce jour trois autres versions de ce poème : en français, en néerlandais et tout récemment une version en occitan, traduction de Bruno Peyras qui a également traduit Patismit dans sa langue occitane pour la revue "OC". Nous avons lu ces deux poèmes, en picard et en occitan, pour le public présent à Sète à l'occasion du festival Voix Vives 2023.

Voici donc les quatre versions du poème avec une photo de Josiane Suel

los sauses

son los arbres que m’agradan mai los ai totjorn agachats

plan tendrament e mai quand èri jove

èron de bon escalabrar e sovent

de passerats pichons i nisavan pels traucs

ara es pas parièr soi pas mai pro sople

per escalabrar los arbres e mai de sauses e quant als passerats

los daissi en patz dins son nis mas demòra quicòm

ambe’ls sauses soi totjorn plan content quand

ne vesi un aquò’s pas talament las fuèlhas es segur que

son polidetas semblan lo peis que se ditz espinagueta

e i a tanben aquela bona nolença quand se passa dejós

mas cresi que se los aimi tant es perqué tenon

pas una fòrma naturala es l’òme que los cepa

segur qu’es el es l’òme que lor dona un

cap una cabassa plena de bòças e mai ieu

ne cepèri de sauzes los plantèri aicí al cap de mon

òrt ja fa qualquas annadas veses te cal préner

una branqueta jove de sauze la cal enfonsar dins la tèrra

aquò farà totjorn de fuèlhas e de raices puèi ba copas

e torna far de brancas a la cima l’annada d’apuèi e ben

las tornas copar, fas atal cada an ba fas metam

pendent cinc sièis ans a fòrça lo cap se fòrma

puèi ba cal pas copar tan sovent ba daissas venir gròs

ambe’ls sauzes se degalha pas res se poiriá dire

que lo sauze es lo porcèl de l’òrt tot i es bon

ambe las fuèlhas se fa de fems, s’utiliza los ramèls

per paisselar los plants de peses cal préner las brancas mai longas

pels favòls a ramas quand son bravament gròssas

se’n pòt servir de lenha e quand lo sauze ven

vièlh qu’es a mitat poirit se càmbia en terranha

ne metes dins los geraniums mas çò que i a de pus bèl

ambe’ls sauzes es qu’an lo cap a la meteissa nautura

que tu e ieu quand soi a costat d’un alavetz

me pòdi pas empachar d’i passar tot doçament

la man pel cap li careçi son capàs.

Adaptacion a l’occitan Bruno Peiràs
(ajudat per Josiana Ubaud pel vocabulari bontanic)

 

 

eszalo

chészap ekjalpuker jesza toudi ravizé
aveukgramin dtindrech memkankjétojonn
izétott facilagrimpé é yavokor souvin
déjonnmuchlo kiféjott leuni dinchétro
asteur chépuparel jénsumipu acésuptil
poumontéaszap mem edszalo épichémonio
jlélechtrankil dinleuni méyacorkitkos
ackeszalo echsu toudi finbénach kanké
jninvouin chépontanchéfeul chéssurkal
sonbélott aszarsonn adé tiott zépinok
épiya chbonsintimin kankonpassindzeur
méchkrouksi keusza ker chetakos kizon
pon ennformnaturel chéchlomm kiléform
ché sur chéli chéchlomm kileudonn enn
tett enn gross tett plennedboch mimem
jennafé dzalo eszaplanté ichioboudmin
gardin yadja kikzané tévou ifo printt
enn jonnbrankdalo ifolintiké dinlterr
chafétoudidéfeul édérachenn épitélkop
éyarfé débrank totin o lanédapré ébin
tzarkop téfékomchatouszan telfé méton
pindinchenksizan aforch eltett asform
aprételkoppu sisouvin tel lechgrochir
ackeszalo tenn gaspilpon mirin tédiro
klalo chélpourcho dechgardin touyébon
chéfeul chédufi-in chétitt zéramur in
léprin pouchétiopo é chélonkbrank ché
pouszarikoaram kankinna dévrémingross
téléprin poutkofé épikankchlalo i vi-
in viu kiéamitanpouri chafédutéro tel
médinché jéraniom mécor chakia dpubio
ackeszalo chékizonleutett almem oteur
kti é mi kankechsuakoté denn alo jenn
peuponfer otremin kedpassé touduchmin
em-min sustett jli karess esgrosstett
Lucien Suel

Photo Josiane Suel

les saules

ce sont mes arbres préférés je les ai toujours regardés
avec beaucoup de tendresse même dans ma jeunesse
on pouvait y grimper aisément et souvent
de jeunes moineaux y faisaient leur nid dans les trous
maintenant les choses ont changé je ne suis plus assez souple
pour grimper dans les arbres même les saules quant aux moineaux
je les laisse en paix dans leur nid mais il reste quelque chose
avec les saules je suis toujours content quand
j’en aperçois un ça n’est point tant à cause des feuilles c’est sûr qu’elles
sont jolies on dirait des petites épinoches
et il y a aussi cette bonne odeur lorsqu’on passe en dessous
mais je crois que si j’aime tant les saules c’est parce qu’ils n’ont
pas une forme naturelle c’est l’homme qui les forme
c’est sûr c’est lui c’est l’homme qui leur donne une
tête une grosse tête pleine de bosses j’ai moi-même
formé des saules je les ai plantés ici au bout de mon
jardin voilà déjà quelques années vois-tu il te faut prendre
une jeune branche de saule il faut l’enfoncer dans la terre
ça fera toujours des feuilles et des racines ensuite tu coupes
et d’autres branches repoussent au sommet l’année suivante eh bien
tu les coupes encore tu procèdes ainsi tous les ans tu fais ça disons
pendant cinq ou six ans à la fin la tête se forme
ensuite il ne faut plus couper aussi souvent tu laisses grossir
avec les saules on ne gaspille rien on pourrait dire
que le saule c’est le cochon du jardin tout est bon chez lui
on composte les feuilles on utilise les rameaux
pour tuteurer les plants de petits pois on prend les plus longues branches
pour les haricots à rames quand elles sont vraiment grosses
on peut s’en servir pour le chauffage et quand le saule
vieillit qu’il est à moitié pourri il se transforme en terreau
tu en mets dans les géraniums mais ce qu’il y a de vraiment bien
avec les saules c’est qu’ils ont leur tête à la même hauteur
que toi et pour ma part quand je suis à côté d’un saule je ne
peux pas m’empêcher de passer tout doucement
ma main sur sa tête je lui caresse sa grosse tête
Lucien Suel
(traduit du picard par l’auteur)
 
De knotwilgen betrekken de wacht langs de westgrens van de tuin. Het mooie jaargetijde zal ze weer hun zilvergroene camouflage geven. Ze hebben geen natuurlijke vorm. De mens vormt ze, het is de mens die ze een kop geeft, een dikke kop vol bulten. Aanvankelijk waren ze in de grond niet meer dan een simpele spriet, een fijne twijg, een tak die jaarlijks wordt bijgeknipt. De wonden helen en de wilg groeit koppig weer aan. Hij krijgt karakter. Dan draagt de opzwellende kop met trots een kroonluchter van bladeren in de vroege zomerlucht. Niets is verkeerd aan hem. De wilg, het varken van de tuin. Bladeren voor op de composthoop. Stokken voor de bonen en rijshout voor de erwten. Teelaarde geworden oude wilg voedt geraniums. Maar fier staat manshoog de volwassen wilg. De tuinman aait heel zachtjes over z’n dikke kop. De wilg leeft. De wilg houdt stand. Zijn blaadjes lichten op als stekelbaarsjes tussen de sterren. 
Texte néerlandais par Johan Everaers

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posted by Lucien Suel at 08:55 3 comments

vendredi 14 juillet 2023

Un poème express tout fait

Découvert par Anne Ansquer à la page  55 de "Liberté grande" par Julien Gracq, aux éditions José Corti

  Unité originairement synthétique de l’aperception.

 .... « Ce sont de bien grands mots.Pourtant, en quittant Lucien à la sortie du théâtre, j’ai trouvé ta conduite singulière. La conversation, c’est vrai, s’était mal engagée ! Lucien est un charmant garçon. A tous points de vue. Mais tu es nerveuse. J’ai deux grands bœufs dans mon étable. Cela peut surprendre- mais après tout n’a que la valeur d’une simple constatation. »

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posted by Lucien Suel at 18:23 0 comments

samedi 8 juillet 2023

DOC(k)s - Soirée performance à Paris


 Le 22 juin 2023, dans le cadre du Marché de la Poésie, soirée "Doc(k)s en retour" performances poétiques et exposition à la Bibliothèque Marguerite Audoux de Paris 3. Événement organisé dans le cadre de la Périphérie du 40e Marché de la Poésie, avec Ent’Revues, Poésie is not dead, la Bibliothèque Marguerite Audoux et les éditions Éolienne. 

 Avec les Poètes Julien Blaine, Jean Torregrosa, Ma Desheng, Ségolène Thuillart, SNG Natacha Guiller et Lucien Suel.

Captation par "Poésie is not dead"

Dans l'ordre d'apparition :

Julien Blaine à 0 mn 40

Jean Torregrossa à 15 mn 47 

Ma Desheng à 35 mn 57

SégolèneThuillart à 40 mn 38

SNG Natacha Guiller à 55 mn 55

Lucien Suel à 1 h 09 mn 10 - lecture-performance de Fraxinus Excelsior, poème à paraître dans le nouveau Doc(k)s.

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posted by Lucien Suel at 07:19 6 comments

mardi 4 juillet 2023

Daniel Cabanis - Pense-bête idiot n° 222

 


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posted by Lucien Suel at 07:31 2 comments

vendredi 30 juin 2023

Fantaisie psychédélique

MA NAISSANCE SOUS LSD

 eut lieu le 12 août 1967

quelques jours plus tôt

le 5 août exactement

était sorti le premier disque des Pink Floyd

intitulé « The Piper at the Gates of Dawn »

dans les couloirs de l’hôpital

on entendait Syd Barrett chanter

« O Mother tell me more »

ma mère sentit à peine les premières contractions

elle était restée couchée pendant des mois

sur le canapé du salon

planant aux confins de l’univers

et dans son ventre je l’avais accompagnée

en chantonnant de ma toute petite voix fœtale

 

lors de l’accouchement qui dura toute la nuit

ma mère hurlait et riait en même temps

comme si la douleur la faisait voyager

encore plus loin

et quand finalement je sortis de son ventre

j’eus ma première révélation :

l’univers débordait de musique

il était traversé par un nombre infini de sons et de rythmes

qu’aucune oreille (sauf celle de Dieu !) ne pouvait percevoir

dans le HLM de Villeneuve-la-Garenne où nous habitions

mon père faisait tourner en boucle

« Aftermath » des Rolling Stones

« Echoes » des Pink Floyd

le premier disque de Santana

avec le lion gueule grande ouverte sur la pochette

et les dernières chansons des Beatles

à 4-5 ans je connaissais ces albums par cœur

leur musique rythmait tout ce que je percevais et pensais

ma mère et moi nous continuions nos voyages intersidéraux

toujours plus loin toujours plus vite

dans la même barre d’immeubles

des ouvriers africains passaient leur nuit à jouer des percussions

leurs rythmes nous faisaient également voyager

grâce à ma naissance sous LSD

ma connaissance de l’univers n’a cessé de se développer

au fil des années

si bien que je recommanderais à tous les parents

désireux d’ouvrir l’esprit de leurs enfants

à la musique universelle

de recourir à cette technique

Lime and limpid green, a second scene
A fight between the blue you once knew.
Floating down, the sound resounds
Around the icy waters underground.
Jupiter and Saturn, Oberon, Miranda and Titania. 
Neptune, Titan, Stars can frighten.

C’est à toi cher Lucien Suel que je dédie cette petite fantaisie psychédélique

Laurent Margantin

 

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posted by Lucien Suel at 15:21 0 comments