Poème express n° 951


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CARESSE DE L’ODEUR ODEUR DU SON SON DU GOÛT.
Les artistes arpentent la banlieue d'un espace dokumenta, un théâtre des rues, un happening à la con, une performance merdique, la parade de la médiocrité. Le festival du Déjà-Vu. La fierté du rien. Nihil Pride.
La paille noircit la peau nue.
Thérèse D. voudrait faire le partage musique / orgie / restaurant / pissotière. On aurait alors un râle évangélique raï dirigé par l’homme de fer, une sarabande molle, du veau à la vomissure, des pâtes à la patriotique, la peau des fesses d'un tambour, pour tout dire une histoire. Une décharge de chevrotines secoue le rosier. Les cœurs de roses explosent, les feuilles se déchirent. La rébellion gagne la campagne. Et que pètent une deux six dix douze betteraves. Le philosophe entripaillé à la mode de Caen s’exclame : « A bas l’Infâme ! A bas les brosses ! A bas les roses ! »
Le vent glisse entre les nuages .
Les syllabes s’enfilent sonnées d’elles-mêmes. Les mots s’entassent dans une file d’attente, un bus, un port. Ils se précipitent, jaillissent des fichiers, geyser d’octets crac(s)hés, brûlés sur la page. Le temps des magiciens est revenu. Les quidams se bousculent au portail. Horrorscope.com. Ils grattent. Ils perdent leur gain. Ils gagnent la perte, ils gagnent la porte. Dans le rade (speakeasy), on leur sert une potée casse-pieds de cochon, saturée. Le pasteur s’use à la poursuite du mal. Le Vieux Rocker s’emmêle les pieds dans les câbles, dans la caricature Wild Side.
Lui mange bleu.
Lui crache rouge.
Lui respire jaune.
Le gag sexe, drogue, long tall & roll est usé jusqu’à la corde de mi. C’est grave. C’est avec une vraie dérision qu’on devient tendre (love me !). Le Faune passe l’après-midi à écouter des vieux disques de Napalm Death, en regardant des divX de Linda Lovelace. Il se souvient de l’orchestre musclé de Warhol, devenu une trace de lipstick sur le miroir des toilettes. Riri, Fifi & Loulou Reed, comme des pieds nickelés dans des chaussures en daim bleu.
La Mer Rouge s’ouvre dans une aube cadmium.
Les satires suavités érotiques distillées par Clémence & Démence sont plus subtiles que leur sens de la rime, mais en fin de compte, cela reste une musique de mammaires boutonneux.
Libellés : Anthoveaulogie, Cosmik Galata, Feuilleton, Lucien Suel, Poésie, TVD, william lee
Le Livre des poèmes express paraîtra en 2023 aux éditions du Dernier télégramme
Libellés : Lucien Suel, Piero Cohen-Hadria, Poème express, Stéphane Chavaz
Nyalam
Sèche comme un coup de trique, Nyalam nous assène quelques bâtisses miteuses, dancing, casino, cinéma, tous bâtiments aux façades couvertes de carreaux blancs émaillés. Sidération des regards des tibétains coupeurs de viande, déambulation triste dans un petit matin glacé, un enfant se lave les dents, quelques vaches maigres s'éloignent en titubant. Derrière, aux frontons des rares maisons tibétaines restantes, des fronts de yaks et sur les murs les ponctuations régulières des bouses séchées sont les points séparant les phrases d'un texte inachevé. Autour d'un tcheuten une vieille femme marmonne, pose un caillou et puis s'en va.
Jean-René Lefebvre
Libellés : Jean-René Lefebvre, L'échelle de Shiva
IMAGE DE L'ODEUR ODEUR DU GOÛT GOÛT DE L’IMAGE.
Sourire bleui coulé dans l’onctuosité du fromage.
Les lyrics writers s’obstinent. Des concours éliminatoires sont organisés dans les caves. L’air se densifie (plomb, amiante, mercure, ozone en liberté). Noce de sang. C’est difficile de faire frire du cheval mort dans la graisse de moteur. La victoire en grésillant nous ouvre les barrières. Des nains courent derrière leurs cerceaux. Van Gogh fait une chute de vélo. Il ne se relèvera pas. Son oreille coule dans le caniveau.
Lui griffe rouge.
Lui mord bleu.
Lui touche jaune.
Des grands communicateurs rendent (vomi) la publicité responsable de la situation. La victoire en hurlant nous ouvre les frontières. Le Yankee Stadium de Téhéran accueille les Paris Dodgers. Un décret limitant désormais le nombre des mois de l’année à 10 permet de faire des économies significatives d’énergie fossile. Le Président Youri Bastard se félicite du progrès. 0% est un bon chiffre.
La main velue s’écrase au dos de l’insecte nécrophage.
Démence Doudoune redonne un coup de pompe au Président. Clémence Foufoune lui calibre ses bougies et lui fait vidange et graissage. Bastard adore ses jumelles. Il came l’une, l’autre le calme. Il paie en liquide séminal. Le Vieux Rocker se poudre le pif, éternue dans son sac en plastique. Mais c’est quasi davantage un gag, un truc d’ex-joueur, comme le vidéo-gag du veau flapi dans la mare.Libellés : Anthoveaulogie, Cosmik Galata, Feuilleton, Lucien Suel, Poésie, TVD, william lee
Zanghmu Nyalam
Ni ouvertes ni fermées, les portes du ciel sont deux miroirs face à face entre lesquels le trait d'acier du torrent fendit un jour en deux le dos de ce corps protéen bavant de mousse. Le sang caillé des forêts cède du terrain à l'os séculaire des socles montagneux. Transe des nuages, la pluie danse la tarentelle, sème les araignées de son cafard.
Jean-René Lefebvre
Libellés : Jean-René Lefebvre, L'échelle de Shiva
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GOÛT DU SON IMAGE DU GOÛT GOÛT DE L’ODEUR.
En compagnie des ex-méta-pro-anti-néos, les traumati-situ-zoulou-spontex nageaient dans le fleuve rouge, un coussinet de plastique fixé au bedon. Dans un immeuble sur Canari Wharf, se tenait un sommet de sommités envisageant la réparation obligatoire des tétraplégiques, en vue de les transformer en bombes roulantes. L’oreille du Fils de David grince et siffle.
Soleil sanguinolent dans la brume du labour.
Les ci-cons (citoyens-consommateurs) sont en manque. Ils ont droit à une seule demi-douzaine de nouveautés (console, dvd, ipode, écran totalement plat, encéphalite de St-Louis, hdi à roulettes). Dans un bar topless de Riad, la belle Miss Houri raconte au pasteur Lee les derniers entôlages, les contre-inattendues opérations du bataillon de charme, les spam-fake(s) de Clémence Foufoune et Démence Doudoune. Cosmik Galata se fait attacher à la table de mixage. On lui injecte dans les oreilles des sonneries de bombardes et des hurlements de cornemuses. C’est pire que Cannibal Corpses, et on s’en rit.
Ça coule et c’est bleu dans les sables vermillon.
Un escogriffe à bec de lièvre découpe un cheval mort en petits morceaux. La viande tombe sur la piste. Les valseuses perdent pied. Le pianiste perd les pédales. Le tampon sur le passeport a 23 ans. A cette époque, l’Apocalypse n’était pas encore la Révélation. Le concierge-maçon n’était pas encore devenu devin. Malheureusement, les musiques d'ici à là ont prospéré. Le temple de la jeunesse a été érigé au centre de l’ancien champ d’épandage d’ordures ménagères.Libellés : Cosmik Galata, Feuilleton, Lucien Suel, Poésie, TVD, william lee
Zanghmu
Supermarché ombilical, Zanghmu commerce avec pour mots d'ordre : amitié, libération, mots détournés de leur sens, livrés à la consommation avec brutalité et sans ménagement. L'hôtel sent la pierre humide et l'urine. De l'autre côté de la rue les tricoteuses ne rient pas le jour, la nuit, l'amour change la monnaie. Les quatre-quatre ont chassé les cyclos-pousses, le tiroir-caisse frontalier se referme sur mes doigts. Prisonnier d'un décret j'attends d'être délivré.
Jean-René Lefebvre
Libellés : Jean-René Lefebvre, L'échelle de Shiva
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ODEUR DE L’IMAGE IMAGE DU SON SON DE LA CARESSE.
Yaourt jaune coulant de l'oeil outremer d'un veau.
La population est conviée à revoir ce film, réactiver le (la) pain qui leurre Peter, serrer la main d’Orlac, le frère des sœurs Papin, tourner la clé de contact avec Carlos, sucer le canon du petit .22, l’arme de la divertissante Thérèse. Elle connaît son pouvoir. Tous les autres sont interprètes. Il s’agit d’éviter les spectateurs trop enthousiastes, ceux qui pleurent ou qui s’exclament : « C’est épatant ! Encore, encore, encore ! » Il vaut mieux les enrôler dans la production, le jeu, même les plus petits rôles, un balai à chiottes, un ramasse-poussière, une brosse à dents. Le metteur en scène, il mentira, il cajolera, il astiquera. En fin de compte tous se retrouveront toutous.
Le pré moelleux cache les ossements des animaux massacrés.
La réalité dépasse l’infection. Dans le bleu d’orgone, William Lee démarre son prône. L'éducation sera sévère et injuste, contradictoire et harmonieuse. Malgré tout, on envisage une rééducation annuelle, notamment pour la génération lyrique.
Je touche jaune.
Je mords bleu.
Libellés : Cosmik Galata, Feuilleton, Lucien Suel, Poésie, TVD, william lee
Kodari
La Bote Kossi est un serpent dont les anneaux étranglent les liens de l'amitié et le pont du même nom. Cinquante années d'une tragédie silencieuse deviennent ici le cinquantième anniversaire de la « libération » du Tibet. On voudrait rire qu'on ne ferait que pleurer. La porte de la Chine s'accroche à l'une des gencives de cette bouche démente. Le poste frontière est comme un doigt dans l'œil de Bouddha. Ce soir je dormirai entre les quatre planches d'un hôtel comme une caisse flottant entre cascade et torrent.
Jean-René Lefebvre
Libellés : Jean-René Lefebvre, L'échelle de Shiva
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ODEUR DE L’IMAGE IMAGE DU SON SON DE LA CARESSE.
Prairie moelleuse et jaune recouvrant les ossements bleus des animaux abattus.
Sans aucun doute, le nouveau millénaire va rayonner. T. Davila et W. Lee étalonnent leur sampler. Cosmik Galata annote le script final. Silence, on retourne au point alpha. Reste plus qu’à attendre la résurrection de Jim Jones. Maintes résolutions oubliées, maints errements maintenus, poings serrés, mains levées, bras tendus, doigts raidis. Le culte est rendu sur l’asphalte des trottoirs, des places et des parcs.
Lui dit rouge.
Lui entend jaune.
Lui sent bleu.
En fin de conte, ce sera à tous de ramer dans le sous-entendu. Et bien sûr, il faudra articuler le juste correct, le minimum de jeu, le consensus vampire, comme dans un paulard social avec des méchants pauvres et des bons riches. A quoi s’emploie le militant joueur. Un anti-formidable mythifiant, une vaseline de première de la classe, un conte pour miché. Dans la chose virus, orientale, Il (Cosmik G.) fut le socle, l’assise première, la clé de la voûte. Les fichiers furent d’abord compilés, ensuite diffusés et finalement écrasés. Il était aussi de plus en plus tentant de revenir en arrière avant l’invention de la dynamo.
Mer rouge s'ouvrant juste avant l'aube cadmium.
Les scribes réécrivaient les événements avant leur avènement, d'où enfin la vraie puissance publique naissait. L’opinion était celle des patrons de la presse. Sa Progéniture était la destruction des anciens substrats, l’apparition de mœurs de « progrès ». Le plan à l’œuvre avait été élaboré dans la Loge du concierge-maçon, un mix entre Lumières et Bauhaus.
à suivre...
L.S. 2005
Libellés : Cosmik Galata, Feuilleton, Lucien Suel, Poésie, TVD, william lee
2. Barabisé Tatopani
Lumière des rizières irisées, escaliers de cheveux verts, marches de terre jaunes et bleues, je monte vers le soir d'argent des cascades, longeant le torrent blanc et noir où plongent les arbres et les prairies. L'étau de la nature se resserre, le monde a la gorge serrée, on vit ici dans un cri noyé de bave céleste.
Jean-René Lefebvre
Libellés : Jean-René Lefebvre, L'échelle de Shiva
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CARESSE DE L’ODEUR ODEUR DU SON SON DU GOÛT.
Cosmik Galata récupère la valise du pasteur du côté de l’exit. Elle brinqueballe sur le tapis roulant. Des bretelles de soie pendent de chaque côté de la serrure centrale. Les employés du fret sont là pour balancer envoyer jeter lancer. Les acrobates à gros bras de la sécurité postillonnent dans leurs talkie-walkie. Transmissions et mouillements parcourent l’éther. Un drap de peau recouvre les restes des victimes.
Soleil rouge éclaboussant le bec jaune du merle.
Le vent divin charrie du sang et des viscères, des cellules nerveuses et de la sanie violette. Les sbires crachent le feu. Dans les couloirs à ciel ouvert, les survivants observent en direct la cavalcade. C’est un road movie alléchant. Le premier degré du clonage, c’est l’écoute. Le monde passe d’une oreille à l’autre et le mp3 est plus efficace qu’un shotgun. Tarzan saute de flux en flux, Jane change de régime à tout va. Les Bouriates les regardent passer en levant le nez.
Sourire bleu renversé dans la glissade d'un fromage rouge.
Le Pauvre n’a plus de sang dans les veines. La fiche du câble d’antenne forme une boursouflure dans la peau du bras. Les agneaux se taisent. Le psychopathe célèbre le psychopathe. Papa Dada et Rosa Rita, les deux duos comiques défilent dans la rue. Une nouvelle France, la bougie du monde, la patrie des patriotes, le pays des droits. La voilà, elle prépare son atmosphère !
Lucien Suel (2005)
à suivre...
Libellés : Cosmik Galata, Feuilleton, Lucien Suel, Poésie, TVD
Nous commençons au Silo la publication de "L’Échelle de Shiva" un nouveau feuilleton poétique écrit par Jean-René Lefebvre. Ce titre est lié à son expédition au mont Kailash, à l'ouest du Tibet, dans l'ancien royaume de Gugé et sa capitale Tsaparang, dont il ne demeure que quelques ruines se fondant dans le paysage.
1. Katmandu Barabisé
L'Arniko highway gravit l'escalier d'émeraude d'un palais naturel dont les pyramides himalayennes portent à son plus haut degré d'intensité matérielle le mandala de l'univers. Là, en quelque jardin secret de roses et de jasmin, Samantabhadra, Bouddha originel, resplendit d'union réalisée.
Jean-René Lefebvre
Libellés : Jean-René Lefebvre, L'échelle de Shiva