mercredi 31 août 2022

Une nouvelle de Charles Bukowski

                                                               L’Homme Gelé

 

un de mes meilleurs amis — tout du moins je le considère comme un ami — un des meilleurs poètes de notre Age en est affligé, en ce moment, à Londres, et déjà les Grecs connaissaient ça, et les Anciens et ça peut arriver à tout âge mais le meilleur âge pour ça c'est vers la fin de la quarantaine, en allant sur cinquante, et j'appelle ça Immobilité — une faiblesse du mouvement, un manque croissant d'intérêt et d'émerveillement, j'appelle ça Pose de l'Homme Gelé, bien que ça n'ait pas grand-chose à voir avec une POSE, mais ça vous fera peut-être considérer le cadavre avec UN PEU d'humour ; autrement la noirceur de la chose serait trop grande. tous les hommes sont affligés, à un moment ou à un autre, par la position de l'Homme Gelé et ça se manifeste le plus facilement par des phrases plates comme « j'y arrive plus » ou « et merde pour toute cette chierie » ou « faites mes amitiés à Broadway[1] ». mais généralement ils récupèrent vite et continuent à pointer au boulot et à battre leurs femmes, mais en ce qui concerne mon ami, pas question de jeter la pose de l'Homme Gelé sous le divan comme un jouet de gosse. si seulement ! il a essayé tous les docteurs de Suisse, France, Espagne, Allemagne, Grèce, Italie et Angleterre et ils n'ont rien pu faire. L'un l'a soigné pour les vers, un autre lui a enfoncé de minuscules épingles dans les mains, le cou et le dos, des milliers d'épingles minuscules. « ça pourrait bien être ça » qu'il m'écrivait « les épingles pourraient foutrement faire l'affaire ». dans la lettre suivante j'apprenais qu'il essayait une sorte de vaudou, dans la suivante, j'apprenais qu'il n'essayait plus rien. l'Homme Gelé Final. Un des meilleurs poètes de tous les temps, cloué là, sur son lit, dans une petite piaule sale à Londres ; à peine maintenu en vie par des faveurs, fixant son plafond, incapable d'écrire ou de prononcer un mot, et s'en foutant, finalement, d'une certaine manière. son nom est connu dans le monde entier.

je pouvais et je peux encore comprendre que ce grand poète tombe dans un tonneau de merde, parce que, bizarrement, d'aussi loin que je me souvienne, je suis né dans la position de l'Homme Gelé. un des exemples dont je me souviens, c'est une fois quand mon père, une sale brute lâche et méchante, me battait dans la salle de bain avec cette longue lanière de cuir à affûter les rasoirs, ou affûtoir, comme certains appellent ça. il me battait très régulièrement ; j'étais pas né légitime et je crois bien qu'il m'attribuait tous ses ennuis. des fois, il se baladait en chantant « Oh, quand j'étais célibataire / Ce que mes poches tintaient » mais il chantait pas souvent. il était trop occupé à me battre, pendant une période, disons avant que j'arrive à l'âge de sept ou huit ans, il m'avait presque inculqué ce sentiment de culpabilité. parce que je n'arrivais pas à comprendre pourquoi il me battait, je m'évertuais à trouver une raison. il fallait que je tonde sa pelouse une fois par semaine, une fois dans la longueur, une fois dans la largeur, ensuite je devais égaliser les bordures avec des sécateurs, et si je loupais UN SEUL brin d'herbe n'importe où sur la pelouse de devant ou de derrière il me foutait une branlée carabinée. après la rossée, fallait que j'aille arroser les pelouses. pendant ce temps, les autres mômes jouaient au baseball ou au foot et grandissaient comme des humains normaux. le grand moment, c'était toujours quand le vieux se mettait à plat ventre sur la pelouse et mettait son œil au niveau des brins d'herbe. il arrivait à toujours à en trouver un. « LA-BAS, J'EN VOIS UN ! T'EN AS OUBLIE UN ! T'EN AS LOUPE UN ! » ensuite il beuglait en direction de la fenêtre de la salle de bain où ma mère, une bonne Allemande, se tenait toujours à ce stade des opérations. « IL EN A LOUPE UN ! JE LE VOIS ! JE LE VOIS ! » et j'entendais la voix de ma mère : « ah, il en a OUBLIE un ? Oh ! honte, HONTE ! ». je suis persuadé qu'elle me collait tous ses malheurs sur le dos elle aussi. « DANS LA SALLE DE BAIN » qu'il beuglait « DANS LA SALLE DE BAIN ! » alors j'allais dans la salle de bain et la lumière faisait son apparition et la dérouillée commençait. mais la douleur avait beau être terrible, je me sentais tout à fait détaché de tout ça. je veux dire par là que, au fond, ça ne m'intéressait pas ; ça ne signifiait rien pour moi. je n'avais aucune affection envers mes parents et donc je ne ressentais aucune violation d'amour ou de confiance, ou de chaleur, le plus dur, c'était de pleurer, je voulais pas pleurer. c'était le sale travail, comme de tondre la pelouse. comme quand ils me donnaient le coussin pour m'asseoir après, après la dérouillée, après l'arrosage de la pelouse, je voulais pas du coussin non plus, alors comme je voulais pas pleurer, un jour j'ai décidé de ne pas pleurer. tout ce qu'on pouvait entendre, c'était les coups de lanière de cuir sur mon cul nu. ça produisait un curieux et horrible son de barbaque dans le silence et je fixais le carrelage de la salle de bain, les larmes sont venues, mais je n'ai fait aucun bruit, il a arrêté de me battre, il me collait généralement quinze ou vingt coups, il s'est arrêté à sept ou huit à peine, il s'est précipité hors de la salle de bain, « Maman, Maman, je crois que notre petit garçon est CINGLE, il pleure pas quand je le dérouille ! ». « Tu penses qu'il est cinglé, Henry ?» — Oui maman ! — Ah ! dommage !

c'était seulement la première apparition IDENTIFIABLE du Garçon Gelé/ je savais qu'il y avait quelque chose qui clochait chez moi et je me considérais pas comme fou. c'était simplement que je ne pouvais pas comprendre comment les autres pouvaient se mettre si facilement en colère et ensuite oublier tout aussi facilement leur colère et devenir joyeux, et comment faisaient-ils pour ne s'intéresser qu'à TOUT ce qui était si chiant ?

je n'étais pas très bon en sport ou à jouer avec mes camarades parce que j'avais très peu d'entraînement. j'étais pas la vraie lopette — je n'avais pas peur, j'étais pas délicat physiquement, et, par moments, je faisais n'importe quoi et tout mieux qu'aucun d'eux — mais juste par crise — en un sens, je m'en foutais. quand je me bagarrais avec un de mes copains, je pouvais jamais me mettre en colère. je me battais seulement machinalement. pas d'autre moyen, j'étais figé. j'arrivais pas à comprendre la COLERE et la FURIE de mon adversaire. je me surprenais à étudier sa figure et ses manières, qui me rendaient perplexe, plutôt que d'essayer de le battre. De temps à autre je lui en collais une bonne pour voir si je pouvais le faire,

puis je retombais dans une léthargie.

ensuite, comme toujours, mon père sortait de la maison comme un dératé :

— ça suffit, le combat est terminé. Fini. Kaput ! Terminé ! les mômes avaient peur de mon père. ils se sauvaient tous.

— t'as rien d'un homme, Henry, tu t'es fait battre ! je ne répondais pas.

— Maman, notre gars s'est laissé battre par ce Chuck Sloan !

— notre gars ?

— oui, notre gars !

— honte !

je suppose que mon père a finalement reconnu l'Homme Gelé en moi mais il tournait la situation tout à son avantage.

— les enfants doivent être vus mais pas entendus, qu'il s'exclamait. ça m'arrangeait plutôt. j'avais rien à dire, ça ne m'intéressait pas. j'étais Figé. tôt, tard et à jamais.

j'ai commencé à boire vers l'âge de 17 ans avec des garçons plus âgés qui rôdaient dans les rues et dévalisaient des stations service et des marchands de gnôle. ils prenaient mon dégoût de tout pour du courage, et le fait que je ne me plaignais jamais pour de la bravade et du cran. j'étais populaire et ça m'était égal d'être populaire ou pas. j'étais Gelé. ils posaient de grandes quantités de whisky, de bière et de vin devant moi. je descendais tout ça. rien ne pouvait me saouler, me laisser pour compte. les autres tombaient par terre, se chamaillaient, chantaient, titubaient, et je restais tranquillement assis à la table, éclusant un autre verre, me sentant de moins en moins avec eux, me sentant perdu, mais sans douleur. juste la lumière et le son électrique et des corps et pas grand-chose d'autre.

mais j'habitais toujours chez mes parents et c'était la dépression, 1937, impossible de trouver du travail pour un gars de 17 ans. après la rue, je revenais, plus par habitude qu'autre chose, et je frappais à la porte. une nuit, ma mère a ouvert le petit judas et a crié : « il est saoul, il est encore saoul ! »

et j'ai entendu la grosse voix derrière elle : « ENCORE saoul ? ». mon père est venu au judas : « tu ne rentreras pas. tu es une disgrâce pour ta mère et ton pays ».

— il fait froid dehors. ouvre la porte ou je l'enfonce. j'ai marché tout ce chemin pour rentrer, c'est comme ça et pas autrement.

— non mon fils, tu mérites pas mon toit. tu es une disgrâce pour ta mère et pour...

je me suis reculé sous le porche, j'ai baissé mon épaule et j'ai chargé. il n'y avait aucune colère dans mon acte ou mes mouvements, seulement une sorte de mathématique. quand on était arrivé à un certain nombre, on continuait le reste avec. je me suis rué contre cette porte. elle ne s'est pas ouverte, mais une large fente est apparue en plein milieu et la serrure avait l'air à moitié cassée. je me suis de nouveau reculé sous le porche, baissant encore l'épaule.

— c'est bon, a dit mon père, entre.

je suis entré, mais rien que de voir ces gueules, ces gueules en carton stériles, vides de toute expression, hideuses et cauchemardesques, ça a fait remonter toute la gnôle que j'avais dans l'estomac, j'ai vomi, j'ai tout lâché sur leur beau tapis qui représentait L’Arbre de Vie. j'ai vomi, plein partout.

— tu sais ce qu'on fait aux chiens qui ont chié sur le tapis, a demandé mon père.

— non, j'ai dit.

— on leur met le NEZ DEDANS ! pour qu'ils ne RECOMMENCENT PLUS !

j'ai pas répondu. mon père s'est amené et a mis la main à ma nuque. — t'es un chien, il a dit.

j'ai pas répondu.

— tu sais ce qu'on fait aux chiens, pas vrai ;

il continuait à appuyer sur ma tête, vers le bas, vers mon lac de vomi sur l'Arbre de vie.

— on leur met leur nez dans leur merde, comme ça, ils ne chient plus jamais. plus jamais.

ma mère, bonne Allemande, restait plantée là en chemise de nuit, regardant en silence. j'ai toujours eu cette idée qu'elle voulait être de mon côté mais c'était une idée complètement fausse que j'avais péchée seulement parce qu'à une époque je lui suçais les tétons. et puis d'abord je n'avais pas de côté.

— écoute père, j'ai dit, ARRETE.

— non, non, tu sais ce qu'on fait à un CHIEN !

— je te demande d'arrêter.

il continuait à me presser la tête vers le bas, vers le bas, vers le bas, vers le bas. j'avais presque le nez dans le vomi, j'avais beau être l'Homme Gelé. l'Homme Gelé ça veut dire Gelé, et pas Fondu. je voyais aucune raison pour qu'on m'enfonce le nez dans mon propre vomi. s'il y avait eu un motif, je l'aurais enfoncé là-dedans moi-même. c'était pas une question d'HONNEUR ou de COLERE, ça m'était même égal, c'était une question d'être poussé hors de ma MATHEMATIQUE personnelle. j'étais, selon mon terme favori, dégoûté !

   arrête, j'ai dit, pour la dernière fois je te demande d'arrêter !

il m'a enfoncé le nez presque à en toucher le vomi.

j'ai pivoté sur mes talons, et je me suis relevé, je l'ai choppé en plein vol avec un majestueux uppercut sans bavure et il est tombé lourdement et maladroitement à la renverse, tout un brutal empire descendu en flammes, finalement, et il est tombé sur son sofa, BANG, les bras en croix, les yeux comme les yeux d'un animal dopé. animal ? c'était lui, le chien, j'ai marché vers le sofa, à attendre qu'il se relève. il ne s'est pas relevé, il se contentait de me regarder, les yeux ronds. il ne se relèverait pas. malgré toute sa furie, mon père était un lâche. je n'étais pas surpris, puis j'ai pensé, si mon père est un lâche, je suis probablement un lâche. mais comme j'étais un Homme Gelé, j'en souffrais pas pour autant. ça ne faisait rien, même quand ma mère s'est mise à me griffer le visage avec ses ongles, criant et répétant « t'as frappé ton PERE ! t'as frappé ton PERE ! t'as frappé ton PERE ! ».

je m'en foutais. et finalement, j'ai tourné mon visage en plein vers elle et l'ai laissée lacérer et crier, déchirer avec ses ongles, arracher la chair de ma figure, avec cette saloperie de sang qui dégoulinait et jutait et coulait le long de mon cou et ma chemise, tachant cette saloperie d'Arbre de Vie avec des lambeaux, des flaques et des morceaux de bidoche. j'attendais que ça se passe, j'étais plus concerné. « T'AS FRAPPE TON PERE ! » et puis les griffures sont descendues plus bas. j'attendais. ensuite elles ont cessé. puis de nouveau une ou deux, « t'as... frappé... ton... père... ton père... »

— t'as fini ? j'ai demandé. je crois bien que c'était les premiers mots que je lui adressais en dix ans, en dehors de « oui » et « non ».

— oui, elle a fait.

— va dans ta chambre, a dit mon père du divan. — je te verrai demain matin. et je te CAUSERAI demain matin !

pourtant le lendemain matin, l'Homme Gelé, c'était lui, mais pas par choix, j'imagine.

 

Charles Bukowski

Mémoires d’un vieux dégueulasse (extrait)

Traduction de Philippe Garnier

Editions Les Humanoïdes associés, collection Speed 17, juin 1977



[1] n.d.t.: Titre de chanson

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lundi 29 août 2022

Poème express n° 968


 Le commentaire de Piero Cohen-Hadria, suivi d'une photo de l'acteur

(bon, alors on parle ciné mais pas là - d'habitude d'ailleurs, ce support est honnis haï agoni parce que trop mercantile industriel merdique) (mais enfin, là il y a prescription - ça commençait par "tous les gouvernements ont leurs services secrets, en Amérique c'est la CIA, en France le deuxième bureau, au Royaume Uni le MI6... dans les cas difficiles on fait appel à moi ou à quelqu'un dans mon genre... Oh je me présente, je m'appelle Drake, John Drake" - tu te rappelles ? moi oui) (ça s'appelait "Destination Danger" et c'était interprété par un (agent secret du nom de) Patrick McGohann (tu prononces goune) (mac goune stuveux) extra l'acteur c'est pour ça - après ça tourne mal, il rend son tablier, et c'est là qu'intervient le poème express : car tout est faux et lui, il devient "Le Prisonnier" (si tu veux mon avis,c'était moins bien que DD mais enfin ça a plus plu semble-t-il - il semble même qu'on fasse même des pèlerinages là où ça a été tourné (Portmeirion pour tout te dire - sud UK) - on appelle ça une série culte - oui bon bof - apparemment 17 épisodes de 52 minutes - de la télé quoi... (après j'ai une de mes meilleures amies, Christine Jeanney, qui a écrit (chez publie.net) un magnifique texte à contrainte titré "Lotus Seven" (qui est la voiture qu'emprunte l'agent secret) (on devrait le lire plutôt que de regarder la télé mais enfin, chacun.e est libre hein)


 

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jeudi 25 août 2022

Poème express n° 967

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lundi 22 août 2022

Poème express n° 966

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jeudi 18 août 2022

Poème express n° 965

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jeudi 11 août 2022

Poème express n° 964

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lundi 8 août 2022

Poème express n° 963

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vendredi 5 août 2022

L’Échelle de Shiva (18)

 Swayambunath

L'envol pesant des corneilles, la trajectoire imprévisible des singes, d'un dôme à l'autre, de la flèche d'un temple à l'antre sanctuaire sentant le beurre ranci, c'est toujours le même éparpillement animal de la matière, la même condensation des cendres du souvenir. Quels amis ici sont vivants, quels ennemis nous tiennent ainsi en échec de ne pas pouvoir résister aux assauts dévastateurs de la passion ? La pluie fait boum boum sur Swayamboum, les moines frappent en cadence la peau tendue de leurs tambours, les gens cognent à la porte du ciel. Boum boum font l'orage et les nuages, et nous, où irons-nous d'ainsi nous aimer sans jamais nous atteindre ?

 

Ainsi s'achève la publication  au Silo de L’Échelle de Shiva, un texte de Jean-René Lefebvre. En complément, nous publions ci-dessous un extrait d'une lettre de l'auteur à l'éditeur :

 Ce titre vient de notre expédition au mont Kailash qui se trouve tout à l'ouest du Tibet, ancien royaume de Gugé avec la capitale Tsaparang, aujourd'hui il n'en demeure plus que quelques ruines se fondant dans le paysage. Le mont Kailash me fait parfois penser au mont Analogue de René Daumal, c'est le mythique mont Mérou, montagne axiale du monde, vénérée tant par les Hindous que par les Tibétains, c'est le trône de Shiva et le séjour du yogi Milarépa qui y subjugua des démons redoutables. On en fait le tour en deux-trois jours, ça s'appelle "la kora", j'ajouterai que le mont Kailash (6600 mètres) est interdit d'ascension, ce qui se comprend. Tout près se trouve le lac sacré Manasarovar, lac immense d'un bleu profond, on peut aussi en faire le tour, il y a des petits monastères, dans le lointain on distingue la silhouette caractéristique du Gurla Mandata (presque 8000 mètres), la frontière népalaise n'est pas loin. Le Tibet est fascinant, tant par son aspect physique (on est pratiquement toujours au-dessus de 4000 mètres, ce qui donne une ambiance particulière assez indéfinissable) que spirituel (beaucoup de magie se mêle ici au bouddhisme originel pour composer des hiérarchies célestes, divinités bénéfiques ou maléfiques, etc.). Pour faire ce voyage, nous sommes partis de Katmandou jusqu'à la frontière chinoise, au poste-frontière de Kodari. De là (on est à peu près à 1500 mètres) on monte par une route dantesque sur le plateau tibétain à presque 5000 mètres en deux-trois heures. La route emprunte une gorge gigantesque et très resserrée entre deux immenses montagnes de plus de 8000 mètres (le Cho Oyu et le Shishapangma) dont on ne voit que la base bien-sûr. Enfin quand je parle de Swayambunath, il s'agit d'une colline boisée de Katmandou au sommet de laquelle se trouve un stupa richement décoré et un ensemble d'édifices disparates dont un temple bouddhiste. On y accède par un escalier en pierre assez raide et long, parfois assaillis par des singes chapardeurs qui pullulent dans les arbres aux alentours et s'aventurent dans l'escalier en effrayant les pélerins.

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jeudi 4 août 2022

Poème express n° 962

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mercredi 3 août 2022

L’Échelle de Shiva (17)

La boue

Du bréchet défoncé de la montagne surgissent des cataractes de boue, des arbres arrachés, des prairies en allées et d'énormes rochers. Le vacarme d'un combat d'artillerie couvre le cagnard de la pluie chaude qui tombe sans arrêt. La boue voluptueuse, objet d'un irrépressible désir de régression, nous la traverserons demain mais ce soir nous boirons et mangerons avec les Népalais qui nous ont offert l'hospitalité, puis nous glisserons tels des pions sur l'échiquier du temps, abandonnés au bord des lèvres d'une route cou coupé.

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mardi 2 août 2022

L’Échelle de Shiva (16)

New Tingri

Dans l'air gris de Tingri, dans le tintinnabulement des clochettes des petits chevaux tirant de minuscules chariots, c'est toujours le même grigri, le même front de yak qu'à travers le pare-brise on me tend. Les fumées nomades d'un camp de toile au sortir de la ville s'éparpillent dans l'air gris souris de Tingri la douce. Le retour est interminablement beau, les paysages s'emboîtent les uns dans les autres comme des poupées russes. Ignorerai-je toujours le cœur de cible que je vise ?

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lundi 1 août 2022

Poème express n° 961

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