jeudi 29 mai 2008

Germain Nouveau (1851-1920)


Germain Nouveau, poète de l’amour, vagabond et mystique. (extrait)

Depuis longtemps, Germain Nouveau est dans mes pensées. D’abord à cause de son œuvre poétique publiée après sa mort, ces deux livres majeurs que sont La doctrine de l’amour et Les Valentines. Ensuite, en raison des péripéties de sa vie, de son amitié avec Arthur Rimbaud et Paul Verlaine. Germain Nouveau est aussi pour moi une figure du vagabond solitaire, un ancêtre de ces beatniks découverts dans les livres de Jack Kerouac. J’ajoute que Germain Nouveau termina son existence dans l’imitation de Benoît-Joseph Labre, le saint pouilleux qui fréquenta jadis l’église de mon village. Ce qui m’amène à une autre approche, psycho-géographique pourrait-on dire ; sentir ce que lui, homme du Midi, vécut dans cet Artois où j’habite, notamment avec Verlaine à Arras, la ville de Jean Bodel et Baude Fastoul, les poètes lépreux du Moyen-âge, la ville aussi où naquit Pierre-Jean Jouve.

Le beffroi d’Arras se redresse
Comme la hune au vent d’hiver ;
Mais Marseille ! est une bougresse,
Qui tempête, au bord de la mer ;

Et puis tout naturellement, ce lien, quasiment une communion, qui existe entre les poètes à travers le temps, à travers l’espace, un lien qui se matérialise dans les anthologies.

J’ai lu pour la première fois le nom de Germain Nouveau dans L’Anthologie de l’humour noir d’André Breton, un livre de poche acheté dans une librairie d’Arras où j’étais pensionnaire en classe de seconde. Ensuite, j’ai trouvé le volume Germain Nouveau dans la collection "Poètes d’Aujourd’hui" de Pierre Seghers et enfin ses deux livres principaux La Doctrine de l’amour et Les Valentines publiés ensemble dans la collection "Poésie" de Gallimard.
J’ai d’emblée, été touché par cette poésie narrative et l’importance accordée à l’amour sous toutes ses formes.

Amour qui pleures sur les brandes
Avec l’angélus du matin,
Sur les steppes et sur les landes
Et sur les polders des Hollandes ;

J’étais sensible à ce mélange entre religiosité et érotisme que je voyais chez un Verlaine mystique et lubrique, ou plus tard, chez d’autres auteurs qui furent parfois tentés par la prêtrise, Bataille, Klossowski, Louis-Combet. Germain Nouveau, perméable à toute influence, trouve dans sa production littéraire, l’unité de sa personne, une quête de soi à travers le grave et le futile, doctrine et valentine.
Plus tard, Germain Nouveau prendra le parti de la Pauvreté, celle de la première béatitude « Bienheureux les pauvres en esprit... ». Béatitude, une des origines du mot beat. « Être pauvre d’esprit, c’est être libre. »

La mauvaise richesse, elle est dans notre sang !
Elle est dans nos pourpoints, elle est dans notre code
Et fait l’opinion, comme elle fait la mode.


Au long de sa vie, le poète a traversé, contemplé les paysages de mon enfance, voyagé sous les mêmes nuages que Vincent Van Gogh, du Nord au Sud, du Sud au Nord, traversé les mêmes rivières, l’Escaut, la Scarpe, la Lys. Il parle à Jean Richepin « des nords de France d’une saveur inattendue », il parle du faro, une bière bruxelloise, il parle de l’absinthe beurrée, mélange d’absinthe et de bière, il parle du genièvre. Plus tard, lors de ses voyages en Angleterre avec Rimbaud, puis Verlaine, il goûtera dans les pubs, les fish and chips arrosés de gingerbeer.
Me touchent aussi, malgré ces incessants voyages, l’importance qu’il accorde à son village natal, le fait qu’il ait comme moi le jardin et la maison comme points d’ancrage. Et puis, de façon un peu bête, je remarque ces détails, petits signes, que Nouveau meurt en 1920, l’année de naissance de mon père et de Charles Bukowski... et au trio Rimbaud, Verlaine, Nouveau, j’associe très naturellement le trio Kerouac, Ginsberg, Burroughs...
à suivre...
dans la Revue des Deux Mondes, le numéro qui vient de paraître (mai 2008) .

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posted by Lucien Suel at 09:00 4 comments

mardi 27 mai 2008

Fleury-Joseph Crépin (1875-1948)




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Chti-Qui-Peinture Chaman Fleury-Joseph Crépin
poème de Lucien Suel en 300 vers de 45 signes
Chaman Fleury-Joseph Crépin Chti-Qui-Peinture
ooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooo

Fleury-Joseph Crépin tu entends une voix elle
te dit à vos couleurs Fleury-Joseph il faudra
peinturer 300 tableaux pour arrêter la guerre
et 45 autres pour établir durablement la paix
45 toiles peintes comme 45 temples de la paix

Pacem in terris tu t’exécutes jusqu’à la mort
tu peins de l’âge de 63 ans à l’âge de 73 ans
sous l'influence de ton ange gardien tu peins
consciencieusement tu dates et numérotes tous
tes tableaux tu les fais à partir des dessins
préparatoires sur ton papier quadrillé papier
de la symétrie tu seras enterré avec tous tes
quadrillages crayonnés l’ensemble des croquis
capitonnage tapissant l’intérieur de ta bière

seuls témoignent pour la postérité pour notre
édification toutes les toiles achevées durant
ces dix années je te regarde Fleury-Joseph tu
appliques tes couleurs à l’huile sur la toile
tu laisses tomber des gouttelettes des perles
de vernis coloré tu travailles avec la grande
minutie des bons artisans dans l’espace blanc
tu traces et colories tes motifs géométriques
tu travailles comme un plombier qui soigne tu
sais qu’il faut être précis pour ne pas avoir
de fuites au moment de la mise en eau pour ne
pas devoir recommencer tes soudures tu as une
oeuvre à accomplir comme Jeanne de Domrémy et
comme Augustin de Ferfay tu as été choisi par
les esprits une tâche pour le reste de ta vie

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j’aime beaucoup c’est beau ton premier prénom
Fleury fleur Fleury fleur Fleury fleur Fleury
tu t’appelles Fleury mon grand-père s’appelle
Fleury aussi un prénom que l’on ne donne plus
guère de nos jours vous êtes morts les Fleury

mon Fleury était bûcheron terrassier forgeron
jardinier ajusteur ouvrier poilu de 1914-1918
toi Fleury-Joseph tu as été plombier zingueur
quincaillier compositeur de musique rebouteux
puisatier sourcier et finalement peintre pour
la paix artisan de paix c’est toi qui stoppes
les boches avec ton trois-centième tableau tu
contrains l’ennemi à capituler à signer enfin
la paix la deuxième guerre mondiale est finie
lorsque le 7 mai 1945 tu poses l’ultime perle
colorée sur la composition n° 300 Pax Crepina

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tu es né à Hénin-Liétard avant qu’on le nomme
Hénin-Beaumont tu es né dans le Pas-de-Calais
comme Augustin Lesage comme Victor Simon deux
personnages singuliers tes prédécesseurs dans
le spiritisme quand je traverse Hénin-Liétard
je pense à toi je pense aussi au premier film
de Maurice Pialat l’enfance nue tableau animé
pour conjurer la solitude la détresse sociale

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crépin crépine crépinette j’entends les tiots
qui se moquent jouent avec ton patronyme dans
la cour de l’école crépi crépin crétin crépin
crépin crépine crépinette sacré crépin crépin
les peintures crépin crapette sa-cré pein-tre

dans leur innocence les enfants annoncent ton
futur crépi du bâtiment ta crépine au fond du
puits ils se trompent juste sur la crépinette
puisque tu ne seras jamais un charcutier mais
qu’au contraire tu feras arrêter la boucherie

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pour lire la suite, cliquer
Ce long poème de 300 vers justifiés a été publié dans le n° 2 (avril 2008) de la revue Kminchmint éditée à Amiens par Ivar Ch'Vavar

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posted by Lucien Suel at 08:38 0 comments

mardi 20 mai 2008

Le son d'amour

Ce photomontage réalisé au début des années 80 figure dans le superbe nouveau numéro de la revue DOC(K)S qui vient de paraître, un numéro de 416 pages avec un dvd double couche (2h15 de projection) et un cd-rom, un numéro réalisé par Philippe Castellin et Jean Torregrosa avec la collaboration de Jean-Marc Montéra, un numéro intitulé "Le son d'amour" ou "Leçons d'amour".

Pour commander ce numéro : ICI

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posted by Lucien Suel at 08:03 0 comments

dimanche 18 mai 2008

Les pigeons de Jackson Pollock

Les pigeons de Jackson Pollock ont travaillé dans l’allée du garage.


On a entendu cliqueter la bombe de Trembling Joe, le tagueur parkinsonien.


L’expert en graphologie a certifié authentique la signature d’Isidore Isou.


Un lapin blanc se cache dans notre dessin ; sauras-tu le retrouver ?
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Ces photos ont été prises par Denis Vanneste le 1er mai 2008 à Arras, dans la rue du Conseil, pendant le Salon du Livre organisé par l'association "Colères du Présent" à Arras. C'était pendant la performance "Photoromans", images de Patrick Devresse (présent sur la seconde photo), texte et lecture de Lucien Suel.

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posted by Lucien Suel at 16:31 0 comments

lundi 5 mai 2008

LSD, mein Sorgenkind

La couverture de mon exemplaire de LSD, mon enfant terrible par Albert Hofmann.
Albert Hofmann vient de mourir (le 29 avril 2008) à l'âge de 102 ans.

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posted by Lucien Suel at 18:42 2 comments