DÉTOURNEMENT(S)
Une brève définition
du détournement :
Le détournement, c'est l'utilisation d'un objet manufacturé
par un tiers, dans un sens et/ou un contexte différent de celui pour lequel il
avait été conçu à l'origine.
Tout objet peut être détourné, depuis le simple tournevis
jusqu'à l'avion de ligne, en passant par la bande-son d'un feuilleton télévisé,
un discours de Joseph Staline ou la photographie de Johnny Halliday.
Pourquoi le
pratiquez-vous ?
Essentiellement pour deux raisons :
1. parce que le résultat produit par est très souvent
efficace, drôle et générateur d'autres idées de détournements.
2. parce que c'est un moyen d'exercer ma liberté face à la
pléthore d'objets que l'industrie (qu'elle soit lourde, culturelle ou
artistique) lance tous les jours sur le marché.
Comment le
pratiquez-vous ?
1. Pour ce qui est du pur travail manuel, le détournement
d'objet a lieu par nécessité, sous le coup d'une illumination, dans le souci de
faire gagner du temps, et éventuellement de recycler des objets. Par exemple,
construisant de mes mains ma maison depuis 3 ans (c'est presque terminé), j'ai
été amené à utiliser des vieilles paumelles pour en faire des pattes de
scellement, à me servir d'un pied de biche pour gratter un mur (!), etc...
2. Pour ce qui est du travail littéraire (ou artistique), le
détournement est aussi à la base un travail manuel, j'utilise principalement
les ciseaux et la colle. Pour le détournement littéraire, l'apparition de
l'ordinateur permet de travailler plus rapidement et sans se salir les mains (à
partir d'un réservoir inépuisable comme internet !). Je continue néanmoins à
travailler la vraie matière, notamment pour mes poèmes express confectionnés à
partir de pages arrachées à des romans de gare.
Quelle place
occupe-t-il dans votre travail ?
Le détournement représente dans mon travail la part de
récréation par la recréation.
Quelle est la place du
détournement dans la création littéraire et artistique aujourd'hui ?
Les œuvres (objets) créés (produits) aujourd'hui le sont en
si grand nombre et avec une si grande vitesse que j'ai l'impression qu'elles
sont faites directement pour la corbeille. Il ne reste plus qu'à les récupérer,
à leur donner une touche personnelle en les détournant. C'est ce qu'on appelle
la valorisation des déchets.
Lucien Suel,
La Tiremande,
13 septembre 2002Libellés : Archives, Collage, Détournement, interview, Poème express
2 Comments:
Le détour ne ment que lorsqu'il est pratiqué par quelqu'un manquant de sens (giratoire) artistique.
Un siphon, phon, phon...
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