vendredi 26 janvier 2007

Peter Orlovsky : lettre à Allen Ginsberg (4/6)

Ma Liberté sait que je l'aime-
dans les rêves elle me tient
par la main - son baiser est brûlant-
Oh, elle n'est pas touchée par la fortune-
elle est très seule
Pourquoi est-ce que ceux qui t'ont faite
n'ont pas ajouté un amant (à la justice)- la vie est plus gaie
quand on a un compagnon ?
que diront mes enfants
en passant à côté de toi ?
ils seront jeunes quand ils passeront
devant toi
embrasse-les aussi-
Je te connais - tu es mon
diable - et tu me parles-
et je t'écoute-
et je pense que tu n'es réelle
qu'en moi et ce n'est pas à toi
que je veux parler mais à tous
les gens du monde parce que je ne le peux pas
je dois leur substituer
un diable-!
Oh Diable Liberté Embrasse-moi-
sache que je t'aime-
que j'ai besoin de toi - et qu'il faut
que je te possède
pour que des propriétés s'élèvent
dans les vignes-
Es-tu née de la mer
par un matin
brumeux ?
Vas-tu rester ici pour toujours
ou seulement des centaines
d'années ?
As-tu déjà appris à jouer
aux échecs - es-tu la championne internationale
d'échecs-
vraiment?- Hourrah, Hourrah!
Embrasse-moi - encore-
Je m'appelle Peter-
Je veux te donner un nom-
Je vais t'appeler - prends un laurier-
seigneur------- ou autre chose
plus tard - c'est pas les noms
qui manquent-
Suis simplement le cours de ton esprit
comme ça, quand tu as un
pressentiment ou que tu vois
une image qui s'est déjà exprimée
dans l'esprit, laisse donc
sortir cela mais non pas une quelconque
pensée fugace ou une idée qui
s'est glissée au milieu-
écris simplement tes
impressions les plus vives du moment
et tu ne peux pas te tromper
parce que tu peux écrire comme ça
éternellement - la plume connaît son
métier-
La liberté adulte blasée
solitaire - elle tremble de froid comme moi
sur le bateau et qui la regarde-
elle connaît ma langue et
ma plume - et ma vie
je n'ai rien à lui cacher-
elle connaît la
chierie de cruauté des heures
blêmes devant les portes
d'entrée à Noël-
Les promesses que je t'ai faites-
à l'avenir les nuages descendront
se replier derrière
ton dos pour te faire
un fauteuil - parce que la justice
a besoin de se reposer-
les bombes ne te toucheront
jamais -elles ne feront que
te traverser - c'est seulement le ciment
sous tes pieds qui sera
pulvérisé, car les bombes
n'aiment pas beaucoup le ciment-
et les vagues grossiront
pour te laver complètement
et surtout sous les aisselles-
les pattes griffues des aigles te peigneront
les cheveux---- et tous les jours un bébé ange
attachera un ruban rose frais autour de tes cheveux-
et ta torche prendra
de l'altitude - elle éclipsera
les étoiles en lumière-
elle flanquera une raclée à tous les méchants-
une bonne raclée pour
qu'ils deviennent bons-
.../...

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posted by Lucien Suel at 08:54