CYCLE DU BASILIC (I) par Laurent Margantin
BÂLE
À Alain et Silvia Bernaud
Flots agissant sur la grève ou le chemin qui borde la rive
de plus en plus lointaine, la terre des synthèses promises -
flots recouvrant la maigre berge, Rhin puissant dans le coude
feurig, elastisch, selbstbewußt, wie ein junger Löwe
(« ardent, élastique, conscient de soi comme un jeune lion »)
puisant à chaque instant dans ses énergies,
capable aussi de stopper son effort et de se reposer
car les visages se reflètent infiniment dans l'eau mouvante
il habitait la maison que l'on avait surnommée la « grotte de Baumann »,
le professeur Ritschl à propos de son élève :
Il pourra réaliser tout ce qu'il voudra
n'oublions pas le fleuve toutefois, façonnant la terre
et contenu par elle, route épaisse et lourde sur laquelle avance une péniche,
nous remontons vers la cathédrale de Münster
où saint Georges transperce la gueule du dragon
Jacob Burkhardt, la Cosmographie de Münster,
la nef des fous de Sébastien Brant,
Johannes Amerbach qui imprima le roi-serpent
le voici d'ailleurs, le basilic, posé sur une branche, bleu et vert,
immobile un long moment puis tournant la tête,
captant l'attention de tous dans le jardin botanique
Schützengraben 47, à côté d'un boulevard
flots toujours partis, emportant la terre des synthèses, avec eux un visage,
puis un autre, vol de quelques cygnes (le crissement de leurs ailes comme un cri),
des charmes dans un jardin à droite des escaliers
et plus tard, dans un café au bord du Rhin,
l'impression d'être sur un paquebot,
plus bas nous avançons sur la berge étroite les pieds léchés par le courant.
Laurent
Margantin vit à la Réunion,
il écrit & traduit quotidiennement
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