vendredi 29 janvier 2021

CYCLE DU BASILIC (I) par Laurent Margantin

BÂLE

À Alain et Silvia Bernaud


Flots agissant sur la grève ou le chemin qui borde la rive


de plus en plus lointaine, la terre des synthèses promises -


flots recouvrant la maigre berge, Rhin puissant dans le coude


feurig, elastisch, selbstbewußt, wie ein junger Löwe

(« ardent, élastique, conscient de soi comme un jeune lion »)


puisant à chaque instant dans ses énergies,

capable aussi de stopper son effort et de se reposer


car les visages se reflètent infiniment dans l'eau mouvante


il habitait la maison que l'on avait surnommée la « grotte de Baumann »,

le professeur Ritschl à propos de son élève :

Il pourra réaliser tout ce qu'il voudra


n'oublions pas le fleuve toutefois, façonnant la terre

et contenu par elle, route épaisse et lourde sur laquelle avance une péniche,

nous remontons vers la cathédrale de Münster

où saint Georges transperce la gueule du dragon


Jacob Burkhardt, la Cosmographie de Münster,

la nef des fous de Sébastien Brant,

Johannes Amerbach qui imprima le roi-serpent


le voici d'ailleurs, le basilic, posé sur une branche, bleu et vert,

immobile un long moment puis tournant la tête,

captant l'attention de tous dans le jardin botanique


Schützengraben 47, à côté d'un boulevard


flots toujours partis, emportant la terre des synthèses, avec eux un visage,

puis un autre, vol de quelques cygnes (le crissement de leurs ailes comme un cri),

des charmes dans un jardin à droite des escaliers


et plus tard, dans un café au bord du Rhin,

l'impression d'être sur un paquebot,

plus bas nous avançons sur la berge étroite les pieds léchés par le courant.

 

Laurent Margantin vit à la Réunion,
il écrit & traduit quotidiennement sur les blogs suivants :
www.laurentmargantin.com
www.oeuvresouvertes.net
et
www.journalkafka.com

 


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posted by Lucien Suel at 07:29