samedi 9 janvier 2021

Les hommes contre l'humain - Gabriel Marcel

Gabriel Marcel

LES HOMMES CONTRE L'HUMAIN (1951)

Conclusion du chapitre IV

On peut se demander si, du moment que les mandataires des peuples, ou ceux qui s'affublent de ce titre, se révèlent si douloureu­sement incapables d'accomplir leur tâche, ce n'est pas au contraire à ceux qui n'ont reçu ni pouvoir ni délégation d'aucune sorte qu'il incombe de préparer dans le clair-obscur de la méditation un avenir acceptable et moins in­humain. Il faut sans doute ici plus que partout ailleurs se montrer prudent et humble; il convient de s'interdire les grandes ambitions plus ou moins utopiques et vagues qui se traduisent par les vœux avec lesquels on a coutume de clore les congrès internationaux. Ici encore, c'est dans le recueil­lement et en lui seul qu'il convient de chercher un refuge ; j'ai dit dans le recueillement et non pas nécessairement dans la prière, car ce mot comporte des résonances un peu ambiguës, auxquelles je conçois que certaines âmes pour­tant très hautes demeurent réfractaires. Mais ce n'est que dans le recueillement, on peut l'affirmer, que peuvent pren­dre naissance et se rassembler les puissances d'amour et d'humilité susceptibles de contrepeser à la longue l'orgueil aveugle et aveuglant du technicien enfermé dans sa tech­nique.

Libellés : ,

posted by Lucien Suel at 08:43