Poème express n° 353

Silo (61) Thierry Crouzet

Thierry Crouzet, La Quatrième théorie.
Fayard Noir, 2013.

L'usine s'achevait par un silo à demi-écroulé. (page94)

Jean-Pierre Bobillot [arithmogrammes] 3

4.

rps.Texte.Dé.Cousu de filigrane blanc.Digest.C

il),de ce va-&-vient où.La chevr.Vient où la c

lle entraînait avec elle le cou-de-pied,le tal

e mollet.Pivote à l’éclatant orteil.Tu mettais

rvalles,le claquement des rames.L’orde.L’odeur

mbes.Criss.Croisées,ne dit rien.Retourne au br

ouhaha.Happ.Haha,à peine étoff.Étouffé qui l’a

a.Happ.Haha,à peine étoff.Étouffé qui l’absorb

riens,aux rires;aux fallacieuses harmonies de.

L’instinct.Nies de l’instant;aux trop bonnes r

ns,aux pures rimes.À la houle des mots perdus.

L’odeur.Atténuée d’où je suis,peut-être.Soie?D

e la chair un peu,peut-être.Soies?De la sueur:

L’odeur.Atténuée d’où je suis,peut-être.Peu d’

e,croisées;aux poplités fragiles;aux cuisses p

t-être même le tissu très-fin,électrique,se fr

sse,remonte,au moindre geste.Silence&immobilit

és fragiles;aux fesses peut-être même à traver

s.Mots?Bribes,trouées.Mots?Soudain,phrases sus

s suspendues.Masse sonore plusoumoins murmures

murmures,plusoumoins cris.Mots.Cri.Mourant.Mou

Phrases (5) par Ralouf

Vus du 18e étage, les trains orange de la ligne centrale ressemblent à de grosses limaces se dirigeant vers les montagnes.

Le colis jaune me fait penser à un flan terraformé (avec plein de pruneaux cabossants dedans).

Dans la préfecture de Tochigi, le train passe par “la capitale des moineaux”.

Un ami anglais me disait hier : "Imaginons que les plats français soient des groupes de rock. Dans ce cas, la choucroute, ce serait Black Sabbath !"

K. me parle de "Mateki" de Mozart, je ne comprends pas ; elle me le traduit en français par "le Pipeau Magique". Ah oui : “La Flûte Enchantée” !

Au Myanmar, le cavalier guide son cheval dans la pénombre en lui chantant une chanson.

Chez le maraîcher, je vois une dame plutôt âgée, penchée sur les poireaux, avec un gros visage de chien dessiné dans le dos.

Sombre Ducasse (version justifiée) 66

la rue dépecée par une question laine

blanche drôlesse accaparée ça redonne

une ordonnance à la parole les tétons

d'ébonite noirs mouches assassines la

viande au feu crevez tous crevez tous

crevez tous crevez tous viande au feu

crevez tous crevez tous crevez viande

au feu tous viande au feu crevez tous

crevez viande sur le champ d'épandage

pour la lèpre radio-active à vot' bon

coeur ce tourment de l'unique ne m'en

parlez pas très cher Max tant bourrer

le temps que tourner le banc une tête

de roi sur l'arête de tout une tête à

claques chapeau de fou sur l'arrêt de

tout soucoupe volante de Ganymède les

chevaux écumant sodome tuant dans une

chambre vide crevée jonchée d'étoiles

maison trouée peuplée de rayons x x x

x x x x x x x x x x x x x x x x x x x

x x x x x x x x x x x x x x x x x x x

x x x x x x x x x x x x x x x x x x x

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La taupe

Le Train de Tarkos 70

Christophe Tarkos

Le Train (70)

Un train ne se déroule pas sur rien. Il se développe

Je ne plane pas, je flâne. Il n'est pas vrai que planer est comme rouler vite est comme voler est comme glaner. Je flâne, il est vrai que je flâne, flâner qui est n'est pas voler, je flâne comme je flânais, comme j'aimais flâner, je ne vais pas faire la fine fleur, je flâne comme je flânais, je ne fais pas de la fumée. Je flâne, je ne vais m'envoler, je ne m'escalade pas, je reste à flâner, je flâne, je ne vais pas m'empêcher de flâner.

Poème express n° 587

Jean-Pierre Bobillot [arithmogrammes] 2

s linges,                     instants retrou

                                         [roman,un chapitre : spectre,

circa 1985 + avril 2003]

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

3.

pointe.Centimètres à peine au-dessus de la f.D

ointe,orteils pliés,elle effr.Ffr.Elle effleur

te,orteils repliés,aux ongles soigneusement ve

lle effleure le sol.S’y appuie?Ffes bl.Se.Tord

plisse,un peu.La sandale ajourn.Ajourée,d’un b

ches.Crépitent,à peine&pourtant.Cr.P.D’où je s

ctes;les insectes touffeurs du désir.La fine p

brouhaha.Rien.Si pâle.Rient.Si pal.Si.Aucun br

rsaut;nul arrêt,modification,si int.Tion,si in

,atténuée,fût-elle,de ce va-&-vient où.La chev

nou au cou-de-pied,se tord?Le talon.La chevill

llet.Pivote à l’élégant orteil.Tu m’étais app.

xcessive,syllabes éth.Llabes étirées.La voix.B

,le brouhaha.Rien.Si.Aucun bref sursaut;nul ap

prêt,modification,si inf.Tion,si intime,extér.

Ext.Ténue.Nuée.Me,atténuée,fût-elle(futile bab

le balancement.Imperçu?Impertinent,peu d’êtr.D

u genou au cou-de-pied,se tordr.Les petites cu

es filles aux yeux mouillés,d’un geste,ext.Exh

este,exhibaient un instant,un éclair de maladr

s vagues lourdes de la mémoire.Les fontanelles

Phrases (4) par Ralouf

Devant le petit temple, deux renards encagés se regardent en chien de faïence.

L'insouciance des premiers couscous.

À la guimbarde, je prononce sans fin “kira kira couscous”, le couscous qui brille, brille, étincelle et qui nʼen finit pas dʼétinceler.

Écrémer la réalité : le reste de crème, on peut toujours en faire un fromage.

Soleil assiette métallique, nuages couteaux de cuisine, hommes-champignons, trois Bouddha en poisson séché, fines pipes figurant les traînées de nuages, tigre en furie, chameau fripé, éléphants venus de Tenjiku, ablution sous la cascade, slip troué au fond de la tasse.

À Reims, il existe la "Briocherie de l'espace".

Je lis (mais où ? jʼai déjà oublié) : "l'île est revendiquée par Maurice."

Autre chose lue sans me souvenir où : "ces deux planètes géantes pourraient contenir un océan de diamant".

Phrases (1) par Ralouf

Phrases (2) par Ralouf

Phrases (3) par Ralouf

Sombre Ducasse (version justifiée) 65

émeutes individuelles en lettres pour

les étoiles oliviers & cheveux bouche

lèvres brume clocher toison lui prend

l'avion pour Caracas le 27 juillet la

branche morte & brisée meule à broyer

les consciences la fleur jaune cuivre

avec fleuve aux reflets d'huile noire

dans le jardin des doms une recherche

de gong cmo/mob my own business/c'est

mes oignons ou centre mondial origine

vous propose encore des roseaux ho ho

non plus noirs mais niés et desséchés

La cuisinière à bois

Le Train de Tarkos 69

Christophe Tarkos

Le Train (69)

Le petit train rouge roule sur les caténaires, sur les catafalques, sur les containers, sur les pancartes, sur les vaches, sur les barrières.

Je n'ai pas fait. Je n'aurais pas su faire quoiqu'il en soit. Je ne m'inclus pas, je n'entre pas, cela n'entrera jamais, je n'ai jamais eu l'idée de m'inclure, depuis je ne me sens pas comme l'inclus qui dit qu'il est inclus, je ne le suis, je n'ai pas idée, je n'entre pas, je ne sais pas ce qu'est inclure. Je ne fais rien.

Poème express n° 586 : Mots croisés

Jean-Pierre Bobillot [arithmogrammes] 1

la playmate des singes

—argument—

est-elle almée,palmée,

ma Terre:

         antiqu’humus?

toute haine de la Mère

calmée.tout un Musée m

e hante à l’intérieur,

& m’use.Ruse?Le mâle o

ccidental(accidentel,s

ait-on)clame son Dé!cl

in:amen!hasard ou dest

in,ou...n’a-t-il troqu

é le

     Croc natif

               (trop?)

pour l’Adam,ravalé(vai

lle que raille!)le Sin

ge au Cygne,refoulé la

Grotte sous la Glotte(

là,juste dernière la P

Omme)?Entre la Geste &

la Peste,s’il vit;entr

e la plèvre & la lèvre

,s’il dit.

          Distille l’I

ncomparable Murmure:PO

[juillet 1985 + avril 2003]

Oskar Pastior : sonet-burger

ain udn baos

bina udn ain

obsa udn ain

nia budn aos

nai dubn ain

abo nidn aos

ubn oba naos

boa sudn ain

edi buasnacn

basama doino

ao deli catn

samarabolino

leda oa bacn

paludinacino

Oskar Pastior, sonet-burger, Rainer Verlag, Berlin, 1983.

Ecouter Oskar Pastior.

Sombre Ducasse (version justifiée) 64

la destruction arc-en-ciel les filles

de la montagne angoissées envoyant un

serpent dressé celui qui le crochette

à travers l'étoffe bleue de ses jeans

chaudes mouches de Galata temps impur

poisson annexe le tract anarchiste un

cerveau-trou-romans-photos commentera

les fibromes annexe érotron faites le

marché d'assurance sociale & monsieur

situ écrivant une lettre d'engueulade

à le sindica des écri-vains à revenir

dans la mélasse moite avec les fleurs

mécaniques ruisselant dans la nuit le

gris le gris gris électrique vénusien

La limace à tête de chat (66)

Le Train de Tarkos 68

Christophe Tarkos

Le Train (68)

Les ressorts des wagons font essieux

Ce n'est pas en m'aboutissant, ce n'est pas là un emboutissement, je ne vais pas m'emboutir, je ne m'en bouche pas, je n'en suis pas là, je ne suis pas assez niais pour m'emboutir moi-même. Il n'y en a pas assez en déplacement pour que je m'embrouille. Je ne vais pas m'emboutir, en arriver en m'emmêlant à m'emboutir, ce n'est pas le cas, je m'en vais comme n'importe quoi vers la droite et vers la gauche sans me faire de mal. Cela ne fait pas de mal.

Poème express n° 585

TICKETS, SVP ! par Jean-Pierre Bobillot

les tickets de pain c’est toute une époque (celle des files d’attente, du marché noir & de la gestapo)

les tickets de viande, même topo, etc. :

les tickets de rationnement, quoi !

sans ticket c’était l’enfer… ou le paradis !

les tickets de quai c’est toute une époque aussi (celle des anciens francs & des longs adieux déchirants…)

les tickets de bagages valait mieux pas les perdre !...

ticket de quai c’était Annie Philippe (« car y a toujours quel­qu’un… »)

tout un tas de tickets de quai c’est Boby Lapointe (« ta katie t’a quitté… »)

les tickets de caisse c’est Anne-James Chaton

les tickets de péage aussi, etc.

le ticket qui explosa c’est William Burroughs

si t’as l’ticket avec elle va pas l’perdre en perdant la tête pour une amourette (là, c’est Leny Escudero)

t’as le ticket chic c’était la ratp arborant sa com choc & toc !

ticket to ride c’est les Fab Four (« to ri-hi-hide... »)

a ticket for an aeroplane c’était les Box Tops (« yes she wrote me a letter… »)

il lui tendit son ticket d’métro c’est Heidsieck (« comme chaqu’matin… »)

avec son ticket troué à la main c’est Higelin (« il a faim !...)

Yves Montand qui meurt avec son ticket de métro troué porte-bonheur dans la main c’est Le Salaire de la peur

tickson pacson boxon

le ticket modérateur c’est comme un lot de consolation… modérément consolateur : à consommer avec modération !

le ticket présidentiel c’est pour les américains

un ticket c’était un « billet d’mille » (c’était pas rien…) c’est-à-dire un billet de 1000 francs (anciens !) c’est-à-dire 10 francs (bien peu de chose…) c’est-à-dire même pas 2 euros (c’est-à-dire trois fois rien)…

ticket a souvent été remplacé par billet… ou titre ! (de trans­port) mais ticket est de plus en plus employé pour reçu

ticket pour pv ou amende ou contravention c’est un anglicisme mais ticket c’est déjà un mot anglais lui-même emprunté au français et d’tout’s façons c’est jamais qu’une étiquette !

les tickets-restaurant c’est un signe des temps

les tickets de parking aussi

j’aime pas les parkings c’est Diva (toute une époque aussi, & un signe des temps également)

les tickets de consigne ça n’existe plus guère

les tickets de pressing ça existe toujours (mais on disait blan­chisserie)

les tickets d’entrée c’est souvent cher payé (même quand c’est gratuit pour les filles…)

& les tickets de sortie ça va chercher combien ?

les tickets de vie de nos jours ça va pas chercher très loin

mais les tickets de mort, hein ?

combien ?

Jean-Pierre Bobillot

11 août 2013