samedi 31 août 2013

ANA PLUS ANA (54)


Durant vingt-huit ans et huit mois, ce fantôme de l'armée impériale continue à faire la guerre dans la jungle de Lubang: seul un libraire du nom de Taniguchi peut donner au lieutenant Hiroo Onoda l'ordre de renoncer aux racines, bananes et autres patates douces.

Ainsi s'achève « ANA PLUS ANA » composé par Daniel Fano, le feuilleton de l'été au Silo.
Cet ensemble est dédié à Monia et Daniel Biga. 
Note : Un ana est aussi un recueil d'anecdotes.

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Le Train de Tarkos 49

Christophe Tarkos

Le Train (49)

Un train passe comme

Je ne suis pas en analgésique. Je suis indemne. Je ne m'endors pas, je n'ai pas endormi, je ne me suis pas indemnisé, de quoi me serais-je indemnisé, je suis indemne, je ne vois pas, je ne sais pas, je n'ai pas tout entendu, je ne suis pas amnésique, je ne m'amnistie pas. J'annule. Je ne m'endoloris, je veux bien moudre. Il n'y a qu'à moudre.

Le train tranquillement croise des clôtures

Qu'à cela ne tienne. J'ai de quoi me tenir, je sais comment, je me tiens naturellement, le plus naturellement du monde, c'est exprès, je ne me serais pas tenu si je n'avais pu me tenir naturellement aux machins, à ceux qui se trouvent là, à quoi je me tiens.
Le petit train transporte un petit train de part en part

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vendredi 30 août 2013

ANA PLUS ANA (53)

 Rumeurs de mariage entre Jean-Luc Godard et sa petite-fille, Anne Wiazemsky : François Mauriac veut voir Bande à part, Alphaville, Pierrot le fou, tous les films de Jean-Luc Godard avec Anna Karina.
« ANA PLUS ANA » composé par Daniel Fano, le feuilleton de l'été au Silo.

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jeudi 29 août 2013

ANA PLUS ANA (52)

Lindbergh (l'aviateur) se souvient de la question la plus stupide posée par un journaliste : « Emportez-vous une patte de lapin porte-bonheur ? » Lindbergh ne va manifester qu'un souhait : rencontrer Gagarine en privé, personne à part eux deux.
  « ANA PLUS ANA » composé par Daniel Fano, le feuilleton de l'été au Silo.

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mercredi 28 août 2013

ANA PLUS ANA (51)

Sandie Shaw, « la chanteuse aux pieds nus », ne travaille plus à Dagenham, à l'usine Ford, sur la machine électronique, elle ne quitte pas sa minirobe d'organdi brodée de perles sous les plafonds dorés de la Grosser Festsaal der Wiener Hofburg.
« ANA PLUS ANA » composé par Daniel Fano, le feuilleton de l'été au Silo.

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mardi 27 août 2013

ANA PLUS ANA (50)

Brigitte Bardot, on dit qu'elle va vendre la Madrague - d'ailleurs, elle s'est suicidée il y a trois semaines - sauf que c'est bien elle qui déjeune au Club 55, si bravement. Rien à voir avec le voisin, Tony Muray : propriétaire d'un grand nombre de stations-service, il s'est illustré dans un tournoi de gin-rummy à la table d'Omar Sharif.

« ANA PLUS ANA » composé par Daniel Fano, le feuilleton de l'été au Silo.

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Sombre Ducasse (version justifiée) 44

miss était allongée dans son cercueil
de biais après l'attente de 3 minutes
les hussards en cuissardes s'avancent
sur les pointes de pieds l'infirmière
est une soeur du bedeau du bourg face
à la porte le papier crépon de toutes
couleurs y compris couleur feu et une
horloge à double aiguille rythmant de
coups résignés la démarche d'Omnes le
docteur qui rentre une seringue à air
compromis (double usage de stu) & son
portefeuille dans la poche intérieure
gauche du veston & moustaches à poils
longs ornant le dessus de sa lèvre de
dessus upper des ténèbres vers lueurs
(comme dit) une rencontre de c'est la
guerre à la bêtise envahissante votre
parage personnel certains se masquent
dans la vapeur du petit matin ou dans

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une culotte le slip de Marylin Monröe

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lundi 26 août 2013

ANA PLUS ANA (49)

Pierre Schoendoerffer accompagne les soldats américains en opération au Viêt-nam. Il écrit à sa femme : « C'est la première fois que je vois une armée qui ne vole pas les poulets ». Et pour cause : les boys les préfèrent en boîte.

« ANA PLUS ANA » composé par Daniel Fano, le feuilleton de l'été au Silo.

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samedi 24 août 2013

ANA PLUS ANA (48)

 Jennifer Hosten, hôtesse de l'air, ne doit pas seulement son succès à sa peau noire mais à ses mensurations 90-60-95 contre 83-55-67 aux mannequins classiques.
« ANA PLUS ANA » composé par Daniel Fano, le feuilleton de l'été au Silo.

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Le Train de Tarkos 48

Christophe Tarkos
Le Train (48)

Ce qui me prend. Ce qui prend. Ce qui prend pour moi. Est-ce que je prends un o, un m, un i, un m, un o, un i, un i , un o, un m, un i, un m, un o. Ai-je pris, je n'ai pas pris, je ne peux dire que je prends, je peux dire que je n'ai pas pris.

Il transpire

Je n'ai pas attendu pour que m'amollisse quoi ? Je n'ai pas menti pour que m'anoblisse, quoi ? Je n'ai pas attendu pour que m'en pâtisse, quoi ? Je ne rameute ni moi, ni l'aide, ni l'alerte, ni mes amis, ni mes moi, ni mes amis, ni mes jambes, ni mes alertes, il n'y a pas de menace, je ne suis pas menacé je ne me rameute pas je ne m'ameute. Ce n'est pas le moment et je ne le fais donc pas. Je ne vois pas ce qui me menace. Je glane.

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vendredi 23 août 2013

ANA PLUS ANA (47)

Richard Anthony : « Pour m'appeler par mon nom, il faut savoir éternuer ». On le compare à Tino Rossi. Semble s'excuser d'être là, de ne plus faire le représentant pour une marque de réfrigérateurs.
« ANA PLUS ANA » composé par Daniel Fano, le feuilleton de l'été au Silo.

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jeudi 22 août 2013

ANA PLUS ANA (46)

Picasso se promène, ce n'est même pas une farce, il ne fait pas le coup du mépris, pas son genre. Il y a six ans qu'il ne fume plus et ça ne lui manque pas. Il court les restaurants chinois, il a ce rire énorme, il n'a pas envie de se montrer.
« ANA PLUS ANA » composé par Daniel Fano, le feuilleton de l'été au Silo.

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mercredi 21 août 2013

ANA PLUS ANA (45)


Balyogeshwar Paramhans Satgurudev Shri Sant Ji Maharaj roule en Rolls et mange des glaces au chocolat : 15 ans, 1m 35, 84 kilos, il ne répond pas aux cris hystériques de ses disciples. Dans sa famille, on est gourou - Maître Parfait - de père en fils.

« ANA PLUS ANA » composé par Daniel Fano, le feuilleton de l'été au Silo.

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mardi 20 août 2013

Sombre Ducasse (version justifiée) 42

avis d'arrêt de travail il écrit tous
les soirs penché rotant sur son corps
une braise ardente pour se réchauffer
les doigts de papier au-dessus de ses
bouclettes sucrées et religieuses lui
c'est l'être du 23 octobre pour trois
heures de l'après-midi dans le secret
de l'infirmerie il mange suce & lèche
mmmmmhhhhhhhhh mmmmmmmmhhhhhhhhh hhhh
hhh il l'aime sister soeur la mère de
famille AtoMisaTion De lA PraTique dU
SignIFianT ôôôôôôôôô viens mon enfant

alors il n'a pas tout à fait huit ans
n'importe c'est très bon pour un pied
douloureux qui s'agite sous les draps
sur une couverture trop rude de grain
à franges déchirée trouée les éperons
n'ont pas été utilisés jamais dans ce
ciel d'automne un jour de fer-blanchi
échevelé dans les vignes que sont les
rêves et on dira que chiens et autres
vaches sont pour longtemps sur le dos
balbutiant bourrés de tripes de béton
froid comme une loi upon my upper lip

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ANA PLUS ANA (44)

 L'épouse du réalisateur de cinéma « le mieux payé du monde » est tombée dans l'escalier de l'hôtel : Sharon Tate était venue voir ce qui se passait sur le plateau de Rosemary's Baby.
« ANA PLUS ANA » composé par Daniel Fano, le feuilleton de l'été au Silo.

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lundi 19 août 2013

ANA PLUS ANA (43)


La place Tien An-men est vide et Richard Nixon éprouve quelque chose comme de la peur. Il se précipite pour aider le camarade Chou En-lai à ôter son manteau. Madame Chiang ch'ing lui fait les honneurs du Théâtre de Pékin, il applaudit Le Détachement féminin rouge et soudain se retrouve dans la gueule du dragon.

« ANA PLUS ANA » composé par Daniel Fano, le feuilleton de l'été au Silo.

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samedi 17 août 2013

ANA PLUS ANA (42)

Marlene Dietrich donne un récital dans un music-hall de Londres. Elle chante « Où sont parties toutes les fleurs ? ». Un seul projecteur éclaire son visage et ses épaules. À la fin, elle pleure et le public avec elle.

« ANA PLUS ANA » composé par Daniel Fano, le feuilleton de l'été au Silo.

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Le Train de Tarkos 47

Christophe Tarkos

Le Train (47)

Quelle transportation ferroviaire ! Quelle roulade !

Je suis noble, je suis mou, je pue. Je ne suis pas un puant, je sens mauvais, j'ai eu à rester pendant un même moment à mon endroit. Je me suis anobli. Je ne dors pas, je suis légèrement détendu d'être ici, légèrement conscient. Je ne suis pas mou, je suis légèrement amolli, comme le vent, je n'empuantis pas, je ne m'empuantis pas, je pue légèrement le parfum d'homme resté un moment dans le même endroit, je ne suis pas allé en croisade, je n'ai pas chevauché jusqu'à loin, je suis resté, je ne m'endors pas, je suis noble, anobli mollement, moi et mes domaines.

Le train est arrêté. Le train est en gare. La gare qui défile.

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vendredi 16 août 2013

ANA PLUS ANA (41)

Elle sourit au conducteur de la Buick dernier modèle qui frôle sa robe en shantung et son chat persan pose lui aussi à la perfection. Evelyn Kuhn est « la nouvelle beauté du siècle » à la Ford Agency, elle fascine les folliculaires, collectionne les chèques de 10 000 dollars.

« ANA PLUS ANA » composé par Daniel Fano, le feuilleton de l'été au Silo.

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jeudi 15 août 2013

ANA PLUS ANA (40)

Le capitaine Rugiati met le cap sur Milford Haven. Mer agitée, vent de force 6. Le Torrey Canyon file droit sur le récif des « Seven Stones » qu'un expert naval propose de faire sauter à la bombe atomique.

« ANA PLUS ANA » composé par Daniel Fano, le feuilleton de l'été au Silo.

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mercredi 14 août 2013

ANA PLUS ANA (39)

Le charcutier se voit coureur cycliste et puis non, il a de quoi s'acheter un revolver. Alain Delon ne pense pas au cinéma : Rome, Hollywood lui téléphonent. Stevan Markovic aura son petit trou dans la tête, lui aussi.

« ANA PLUS ANA » composé par Daniel Fano, le feuilleton de l'été au Silo.

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mardi 13 août 2013

ANA PLUS ANA (38)

Elle est grasse et vieux style et ne sait pas jouer la comédie. Luchino Visconti di Modrone, comte de Lonate Pozzolo, ne saurait se contenter de sa voix merveilleuse, il l'oblige à maigrir, fait d'elle une femme élégante et mondaine, « la » Callas.

« ANA PLUS ANA » composé par Daniel Fano, le feuilleton de l'été au Silo.

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Sombre Ducasse (version justifiée) 40

deux heures plus tard à quatre heures
précisément ou plutôt trois heures le
docteur était de retour ici et lisant
son premier livre les destructions de
l'arc-en-ciel le dépavage des rues se
présente comme l'aurore de la déroute
de l'urbanisme les branches à griffes
blessent l'oeil retours en arbres les
feuilles les buissons l'observant lui
qui regarde son château de haine-ciel
gonflé d'atroce bleu & vert seul dans
son souffle salé & l'éculée écume sur
l'espoir il n'est pas même cet oiseau
contemplateur de poux un gaz qui fend
le vent sale à la proue de son masque

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lundi 12 août 2013

ANA PLUS ANA (37)

Ses partisans prétendent qu'il est capable de stopper un avion en plein vol par la seule force de sa volonté, en fronçant les sourcils avec une certaine vigueur. L'ancien parachutiste Uri Geller se garde bien de les contredire.

« ANA PLUS ANA » composé par Daniel Fano, le feuilleton de l'été au Silo.

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samedi 10 août 2013

ANA PLUS ANA (36)

Maurice Schumann le rejoint dans sa bibliothèque : stores tirés, lumière tamisée, thé servi, tables nappées de blanc, fauteuils confortables. Le Grand Timonier ne se porte pas au-devant de son visiteur. L'entrevue s'arrête au bout de quatre-vingt-dix minutes. Mao dit au ministre : « Je ne vous raccompagne pas. »

« ANA PLUS ANA » composé par Daniel Fano, le feuilleton de l'été au Silo.

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Le Train de Tarkos 46

Christophe Tarkos
Le Train (46)

Le train accentue en un instant

J'éteins ou je n'éteins pas, j'éteins si je veux, j'éteins si j'éteins et si je veux, j'éteins et j'éclaire et si je veux, je veux que j'éclaire et seulement si je veux que j'éteigne. Je ne suis pas à cheval, je ne me navre. Je ne vais pas dire à moi que je n'arrive pas à me l'expliquer. Si je ne suis pas avec mon cheval, je me dis que ce sera pour une autre fois. Je ne suis pas navré, je n'ai pas à me navrer. J'ai une semaine devant moi.
Le train est heureux de rouler. Je suis heureux pour le train de rouler.

J'ai l'honneur. Je ne vais pas me nettoyer ni me mouiller ni m'ennuyer ni me contraindre, je garde l'honneur. J'ai l'honneur, l'honneur d'aller avec moi, de m'accompagner sur le chemin du voyage, je m'accompagne. J'ai l'honneur de m'emmener. Je ne me suis pas magouillé. J'irai avec l'honorabilité de ne m'être pas magouillé. Je m'en tiens à moi. Je ne vais pas me la faire. Je n'y pense pas. J'ai au moins l'honneur de ne pas y appartenir.

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vendredi 9 août 2013

ANA PLUS ANA (35)

Il tombe aux pieds de Romy Schneider, la course infernale s'arrête illico, mais il revient pour une revanche, en costume et cheveux gris, monsieur Georges-Henri Clouzot : tempo juste, gestes clairs, silence, le rouge est mis, moteur, La Prisonnière, 454, première.

« ANA PLUS ANA » composé par Daniel Fano, le feuilleton de l'été au Silo.

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jeudi 8 août 2013

ANA PLUS ANA (34)

Sur la plage, à Nice, Anick en bikini : elle cache la déformation causée par la casse de son astragale gauche. Elle va payer très cher la bouteille de whisky. Pas encore cette Albertine Sarrazin qui avoue : « En écrivant, je me suis aperçue que je pouvais soudain cesser de mentir. »

« ANA PLUS ANA » composé par Daniel Fano, le feuilleton de l'été au Silo.

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mercredi 7 août 2013

ANA PLUS ANA (33)

Vivien Leigh se redresse : « J'y penserai demain ». Elle danse un charleston violent dans un salon désert, pousse un cri lorsqu'un moteur du vieux Constellation est en feu. Lui en faut, du temps, pour supporter de se voir à l'écran dans le rôle qui l'a rendue universellement célèbre.
« ANA PLUS ANA » composé par Daniel Fano, le feuilleton de l'été au Silo.

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mardi 6 août 2013

ANA PLUS ANA (32)


Au rallye Vancouver-Montréal-Vancouver, elle pilote une Austin Healey, arrive onzième. Elle est Sagittaire ascendant Sagittaire. Marcella Saint-Amand reçoit dix lettres d'amour par semaine, elle répond à toutes - avec parfois un an de retard.

« ANA PLUS ANA » composé par Daniel Fano, le feuilleton de l'été au Silo.

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Sombre Ducasse (version justifiée) 43

toujours fouiller avec vous l'enfant-
chrysanthème parle tiens l'herbe this
stick les pieds nuageux de jonquilles
avec sa main-novembre les ordures qui
fleurissent dans sa luxueuse poubelle
blanche il a bleu blanc le drapeau et
cheveuxcheveux si tu ris detombenoire
clown tu n'eus guère de paix heureuse
toujours elle n'existe plus peut-être

& les nuits & cette nuit & cette nuit
soir de novembre à sa vie une crainte
même du mur de la chambre ça n'existe
pas rien pas un soir voulu savoir les
faits malgré les enfants tous étaient
debout à 200 m du dépotoir au-dessous
son bassin nord-pas-de-calais (hbnpc)

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lundi 5 août 2013

ANA PLUS ANA (31)

Divorcé de Marie Laforêt, il a filé chez les Indiens de Guyane et s'est occupé des bars de nuit le Bilboquet, le Bistingo : Jean-Gabriel Albicocco vient de se débarrasser de sa Porsche, pas de ses vieux costumes, il se penche d'une certaine façon, il commence à tourner son troisième film.
« ANA PLUS ANA » composé par Daniel Fano, le feuilleton de l'été au Silo.

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samedi 3 août 2013

ANA PLUS ANA (30)

André Rivière a tout fait : trois autres révolutions, une remontée de l'Amazone, une expédition au Mato-Grosso, des courses au trésor dans les parages d'Hispaniola, et maintenant ce rôle très spécial auprès de ce colonel Francis Caamona qui ne se décide pas à raser sa moustache.
« ANA PLUS ANA » composé par Daniel Fano,
le feuilleton de l'été au Silo.

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Le Train de Tarkos 45

Christophe Tarkos

Le Train (45)

Je n'ai pas sonné. Cela ne sonne pas, est-ce que je sonne? Je ne sonne pas. Ce sera une bonne semaine. C'en sera une et la mienne, ma semaine. Ce sera la mienne. Je l'aimerai. J'ai une bonne étoile. J'ai eu de la veine. J'ai endigué, j'endigue, j'entonne, je laisse dégouliner, que je dégouline.

La rame rame, la trame trame. C'est l'heure heureuse.

Je suis dans le temps. Je ne m'abandonne pas. Je ne me suis pas laissé. Je ne me laisserai pas me laisser. Je ne suis pas abandonné. Je conserve mon gonfanon, mon gonfanon d'une autre année, le gonfanon de mon ancienne menée, pour une autre semaine, pour d'autres années.

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vendredi 2 août 2013

ANA PLUS ANA (29)

Vingt-et-un ans après le strip-tease de la mariée par Rita Renoir, le maître et seigneur du Crazy Horse Saloon rêve de grands tableaux vivants où des femmes nues chanteraient du Wagner.

« ANA PLUS ANA » composé par Daniel Fano, le feuilleton de l'été au Silo.

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Un texte et trois images de Piero Cohen-Hadria

Septième participation au projet des vases communicants.
Tous les premiers vendredis de chaque mois, des auteurs se prêtent leurs blogs, écrivant en duo l'un chez l'autre.
Ce premier vendredi d'août, je suis heureux d'accueillir Piero Cohen-Hadria.

Nous avons composé à partir du mot "Rivière".
Un texte illustré pour lui et un poème à contrainte pour moi.
Ma participation apparaît sur Pendant le weekend, le site de Piero Cohen-Hadria
.
  
***
Il y avait cette chanson qui faisait « Comme une pierre que l’on jette dans l’eau vive d’un ruisseau… »
 
Je n’ai pas la force de continuer. Mais il y avait des mots qui me venaient : Kwaï et David Lean, les sifflotements et le pont, cette chanson, « le soleil brille… » et Otto Preminger, « la rivière sans retour », et Marylin Monroe et les Misfits - oui, Monty Clift, celui de « Soudain l’été dernier », Clark Gable et John Huston, et donc la Baleine Blanche, Moby Dick, et Gregory Peck, tous ces acteurs, ces films de cinéma, la fin des années quarante, puis les années cinquante où je naquis, puis celles où on a attendu le cadre avec les meubles, dans le nord de ce pays-ci - il y avait David Niven (« Lawrence d’Arabie », oui, d’Arabie, et la musique de Maurice Jarre, oui), ou Alec Guiness (celui aussi de « The man with the white suit » - l’homme au complet blanc- mais « suit » vaut beaucoup mieux que « complet ») (pour moi) (je n’ai pas la force de continuer) il y avait Trevor Howard et Georges Sanders et Bette Davies, Eve et Sterling Hayden et Robert Ryan, ou encore d’autres noms et d’autres mots, on a parlé de « rivière » et puis le temps a coulé, passé, il y avait à Tunis un Bey, et un Raïs au Caire, vers Persépolis un Shah, le Commandeur des Croyants à Rabat, Pierre le Grand Tsar de toutes les Russies, il y avait un temps où tout passait si vite, elle eut treize ans à la guerre, elle en avait seize lorsqu’elle cessa de suivre les cours de l’école, elle était la plus petite de la famille, elle et ses trois amies se promenaient, elles étaient trois Jacqueline, trois sur la promenade du Kram, loin de la ville, ou celle de la Goulette, elles se promenaient et pour ne pas aller à l’école, elles allaient au cinéma, puis en quarante cinq, au mois d’août, le jour de la saint Amour, elle avait dix-huit ans (les autres, les deux autres ses amies, je ne sais pas, et je n’ai pas la force, non, vraiment) et cela ne les empêchait pas de se retrouver au cinéma, l’américain des années quarante, Humphrey Bogart et « La Femme à abattre », moi, pour moi, elle restera aussi, surtout celle qui chante, parfois, avec Louis Armstrong ce « Cheek to cheek » (« Joue contre joue »), 
 
Ella, ou celle surtout, oui, surtout, qui crie « Francesco » dans « Rome ville ouverte », le Tibre, qu’on traversait au pont du Trastevere, et plus tard, alors qu’elle atteignait les vingt-cinq ou vingt-six ans, la voilà qui sera devenue mère de quatre enfants, alors je ne sais si la force de continuer a quelque chose à voir avec cette histoire, rivière diamants (« les meilleurs amis des filles… »), la rivière, son lit et ses rives, celles lentes des canaux qui, quelquefois, les suivent, je me souviens du Morvan, je me souviens de cette ville, Saint-Jean-de-la-Rivière ou Châtillon-en-Bazois, je ne sais plus le charcutier louait une maison, un jardin devant qui jouxtait la route nationale, il y avait non loin la Nièvre, et ce premier mai où un type qui n’avait pas le bac s’était donné la mort, le jour de la Fête du Travail, je n’ai pas la force de continuer non plus que celle d’illustrer, mais seulement celle de me souvenir, un peu, s’il te plaît, un petit moment de ce mois de juin en soixante, ce mois de juin, ce n’est pas une rivière non, mais la mer, Carthage, je me souviens mais je ne sais pas si la force de continuer me sera donnée, je ne sais pas exactement si, à ce moment-là Frank Sinatra chantait mais à la radio, Ella Fitzgerald, cette radio, c’était un matin et le feuilleton de la radio, c’était à midi, j’étais alité - c’était une époque où je me sentais parfois un peu mal, quelques maux de ventre ou de tête et elle qui m’absolvait de l’école, « reste » me disait-elle - (et le repos alors m’était si doux, et l’anglais ensuite comme la langue de ces acteurs que, plus tard, je reconnaîtrais plus pour mienne que l’arabe que j’entendais pourtant si fréquemment alors, la langue dans laquelle s’exprimaient les Ava Gardner ou Lauren Bacall, plutôt les brunes, Marylin Monroe et son « River of no return » viendrait plus tard, sans jamais parvenir à la gloire des Ida Lupino ou encore moins – mais ce ne sera que plus tard encore – des Monica Vitti ou Anna Magnani (c’est elle), Audrey ou Katharine Hepburn (et donc Spencer Tracy, et « Furie » celui de Fritz Lang), Delphine Seyrig peut-être évanescente, légère, toute de tulle,ou cette petite femme brune, son nom m’échappe, elle qui écoutait les chanteurs et les chanteuses, c’est Mireille qui vient, mais ce n’est pas elle, Dim Dam Dom, elle est partie, elle n’a pas eu la force de continuer, elle ressemblait je ne sais plus, je n’ai pas vraiment la force de me souvenir, je n’ai pas de photo, je n’ai plus tellement envie de me souvenir de la suite), je me perds un peu mais, en juin soixante voilà, en juin le feuilleton à la radio, « Tintin et le Lotus bleu » et par la poste, j’allais avoir sept ans, cette fois j’en ai eu soixante, par la poste ce colis de mon père et de France (zeugme), ce colis où « L’Île Noire », « Le Sceptre d’Ottokar » et « L’Oreille Cassée » pour mon anniversaire, dans cette avenue du Théâtre Romain, dans cette maison qui fait le coin de la route de Tunis, là, blanchie à la chaux, aux volets bleus, à la chaleur, avec mes maux de ventre et de tête qui par miracle s’éloignent, là, ces trois livres, ces trois bandes dessinées qui dans l’odeur des lauriers roses, sous l’ombre lourde et dure d’un soleil de plomb, je me souviens de ma grand mère et de sa fille, ma mère, elles deux assises en plein soleil dans la Dauphine rouge, buvant du café, parlant en arabe que je ne comprenais pas, une heure de l’après midi, au loin la lagune, au loin la mer, l’eau et les ciels, le mont Boukornine et l’eau non d’une rivière mais qu’importe, l’eau bleue derrière les rochers, le sable blanc, on crie quand on y marche à midi, on y court, et bientôt, dans le lointain, bientôt ce voyage et plus rien d’autre, alors, n’existera plus, plus rien que ces images de cinéma, ces dessins de quelques livres et le héros, avec son chapeau rond qui, dans une barque, descend une rivière (cette brune, qui portait une bague reliée à un bracelet par quelques rangs de diamants, comme un ruisseau, cette brune de télé - et non de cinéma – elle s’appelait Denise Glaser).

La chanson faisait aussi « Comme le chemin de ronde que font sans cesse les heures… »

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