dimanche 31 juillet 2011

Bibliothèque (s)

Dans le n° 56 (juin 2011) de Bibliothèque(s) revue de l'association des bibliothécaires de France, spécial Nord - Pas-de-Calais, en compagnie de Fanny Chiarello, Carole Fives et Jean-Marc Flahaut, je réponds à l'enquête "La bibliothèque... en 8 questions".

Dans ce même numéro, deux notes de Philippe Levreaud concernant des publications récentes :

Les Versets de la bière
(journal 1986-2006), Dernier Télégramme, 2010.
À rebours du journal introspectif, ce qui s'expose dans ces notes ne déborde que de très peu la face partageable des faits - activités, rencontres, découvertes. La psychologie est bannie, la sensibilité se devine, à demi-mot, au ras de la mousse. Et pour accentuer encore la distance - et relever l'intrigue - la petite bière des mots tirée en rasades de faux proverbes, prélèvements et idées reçues comme recueillis au crachoir d'un Flaubert de comptoir, et livrée en caisse. Ironie, légèreté, pudeur: c'est délicieux.

D'azur et d'acier. La Contre allée, 2010.
Fives, ex-cité métallurgique, décomposée-recomposée en 299 briques de texte. Le regard à l'écoute, le passé repousse sur les ruines du présent, lui donne sens mais sans plus en imposer à l'avenir qui pointe, encore incertain. Là où se construisaient des locomotives conquérantes, où l'Internationale trouva sa musique, « quand le passé sera passé, la vraie place sera dans la tète, dans les yeux, dans le cœur». Une magnifique justification des résidences d'écrivains.

Libellés : , ,

posted by Lucien Suel at 08:29 0 comments

samedi 30 juillet 2011

KURT WITTER (II)


Kurt progressait, tête courbée vers le sol, traquant les matériaux intéressants. Tout en se méfiant des dépôts inappropriés. Une boîte de bière aplatie avait pris une forme de hérisson. Kurt la ramassa, l'examina, la huma et l'enfila dans son cabas. Près du centre commerzial, les ocelles noircies des gommes à mâcher abandonnées, puis écrasées, grouillaient sur le dallage. L'idée était de filmer numériquement le sol de son circuit habituel et de donner des valeurs sonores aux taches du trottoir. Kurt imaginait la prochaine partie de petits chevaux avec Anna, Hugues et Han Ri dans une ambiance musicale louigirussolote. (11 - 15)

Rentré chez lui, il amalgama le hérisson d'aluminium à la fresque polychrome et tintinnabulante qui colonisait les cloisons. Kurt avait donné au collage monstre le titre de Manifeste Entropique du Recyclage Zaoum. Anna avait suggéré Zazou. En vain ! (16 - 17)

Le jeudi, les amis vinrent à 8 h pour le rituel tournoi de dadas. Kurt diffusa son film de trottoir et sa musique de taches. Anna s'autorisa la blague coutumière « Si vous ne venez pas à 8 h, Kurt ira à vous ! » Le trio pouffa poliment « Ha ha ha. » Han Ri Mishoko offrit sans succès des pralines à la mescaline. Hugues Haubal disposa la caravane d'équidés et lança les dés. (18 - 20)
à suivre...

Libellés : , , , ,

posted by Lucien Suel at 11:01 0 comments

vendredi 29 juillet 2011

La natation

posted by Lucien Suel at 07:09 0 comments

jeudi 28 juillet 2011

Un poème de Thierry Dessolas

Fleurs de tout le monde

L’asphodèle de William Carlos Williams
Les chaises infundibuliformes d’Arthur Rimbaud
Le buste de jonquille de Marilyn Monroe

Les coquelicots de Sylvia Plath
Le nasturce de Charles Olson
Les cœurs de Marie de Lucien Suel

L’iris sans fleur de James Sacré
Le bouton de l’éternité d’or d’Emily Dickinson
Le deuil des primevères de Francis Jammes


L’absente de tous bouquets de Stéphane Mallarmé
La pâquerette de rien du tout de Cummings à Kerouac
Le sakura argentique de Willy Ronis

Les tournesols vincendiaires d’Allen Ginsberg & John Giorno
Les soucis avant l’heure de Guillaume IX d’Aquitaine
Les explosantes-fixes d’André Breton

La fleur inverse de Raimbaut d’Orange
Les égéries de gratte-ciel de David Hockney
Le narcisse de fontaine de Marcel Duchamp


L’hyacinthe épistrophe d’Ovide
Le glaïeul, le platine & la fée verte de Paul Verlaine
Les noigandres d’Arnaut Daniel

La rose céleste de Dante ou celle de personne moulue par Paul Celan
La tulipe croisée d’Omar Khayyam
Les résédas classés sans suite de Samuel Beckett

Les asphalteresses odaliscoboles de Baudelaire
La fleur bleu-nuit inondée de pluie de James Joyce
Les bleues tout court & tout sourire de Raymond Queneau


Les deutzies plein la vue de Sôseki
Le 27 rue de Fleurus ( à Brassempouy ou Lespugue) de Gertrude Stein
Le poème désuet tatoué sur l’épaule de Julien Blaine

Le 23 ème capitule nova chez William Burroughs
L’ancolie généralisée de Nerval
Les pivoines juteuses de Cy Twombly

Les hortensias sous l’arrosoir de Ramon Gomez de la Serna
Le zinnia sous la risée d’Im Kwon-taek
Les en allées à Guéthary de Paul-Jean Toulet


La fleur de châtaignier du marquis de Sade
Les lueurs de lis d’Inger Christensen
Les géraniums vénitiens d’Ezra Pound

Les nymphéapothéoses de Kazuo Ohno
Les votives édentées d’Antonin Artaud
Les trouvées à dire d’Henri Michaux

Les ne m’oubliez pas de Marcel Proust
Les rouflaquettes d’Escobar de Blaise Pascal
Les cédilles avant la lettre de Robert Filliou


L’ampoule à eloise de Montaigne
Les fleurs de carême de Blaise Cendrars
Les patatomatoses de Serge Pey

Le gazon mayonnaise de Richard Brautigan
Le magnolia flambant neuf de Francis Ponge
Le lilas d’acétylène de Kafka

Les colchiques insomniaques d’Apollinaire
Les involucres & corollaires de 10 pieds d’Andy Warhol
Les lèvres andalouses dans la Chine ancienne d’Amelia Rosselli


Aux Alyscamps, vous trouverez
Le la les fleureffleuraffleurant de qui que vous soyez & chez qui vous voulez.

Libellés : ,

posted by Lucien Suel at 09:13 2 comments

mardi 26 juillet 2011

SOMBRE DUCASSE 25

CHAPITRE XII
MOTEUR : ÉPOUILLAGE (1) (h).

À l'ombre des jeunes fesses en pleurs

Appel sous les drapauds et défense du territoire par l'aide technique militaire aux pays en voie de sous-développement - y a bon - boucher tous les trous créateur inexprimable - Kronos qui jette le temps par la fenêtre - musique grève éternelle sur les banquettes des autobus et mène la secte des Skopsys Scope le Ziz tout commence de glisser de ma main tremblante et je rejoins au bord du vide ma feuille de vigne comme à Dikili frottais mes lèvres sur le sable brûlant, de petits grains y collaient à mon bras tiède que je suçais sur mes cuisses ouvertes au soleil.
J'ai coupé dans les textes que je recevais par le biais des P. et T. J'ai accouplé des magnétophones. Il est clair, transparent, se suffit à lui-même. Le mode d'emploi est dans l'emballage. Alors, qu'a t-on à nous faire chier avec des exégèses ? "That's right, the Maskara Snake !"
pas plus de 10 mg par jour, l'armure des tarentules (centipèdes).
des larmes fondues, parlez-nous du rock, de l'écologie, de la manipulation des moyens audio-visuels, donnez une réponse, sagouins !
Et les vaches continuent à pisser en tendant la queue loin derrière. Écarte tes jambes de coton pâle, chair offerte à bas prix (dérisoire), jus acidulé sur la lèvre rectale. Besoin de rien ? Besoin de dissocier les mots pour enfoncer plus avant la bite-poignard fouillant les bouches des rois dingues ivrognes sur l'arrêt de tout, pitre assistant sans y comprendre beaucoup à la chute du temps cristallisant la vapeur de l'espace et les atomes de chair en mouvement. Cimetière rosâtre et fesses brunes.
Le sombre Sombre sombre.
Une goutte de sang qui perle.
Concentrationnaire.
Soyez raides.
Prenez le train de caoutchouc.
Abattez le témoin de charge...............
aux frais du ministre sinistre de la guerre, plaisir passager, et dans les chambrées : stroboscopé. Enfin......... Stop......... Les hagiographes ne vont plus tarder à se manifester maintenant (Là Où Ils Sont Assis) hé hé hé hé hé.........
Il semble qu'il n'y ait qu'à continuer d'écrire la suite des aventures de Cosmik-Galata... ..nous en sommes donc au chapitre 23 qui relate la rencontre de C... ..- G... ..avec El Hombre Invisible.
1978

Libellés : , , , , , ,

posted by Lucien Suel at 06:59 0 comments

dimanche 24 juillet 2011

KURT WITTER (I)

Voici le premier chapitre de « KURT WITTER », roman expérimental. Chaque chapitre est (sera) constitué des dix blocs de texte (tweets de 140 signes) publiés au cours de la semaine précédente sur Twitter. Pour une lecture plus aisée, les blocs ont été réassemblés en paragraphes « normaux ».
Le roman terminé comprendra 14 chapitres. Il reste donc 130
tweets à écrire dans les semaines qui viennent... et à suivre en direct sur mon compte Twitter (le feuilleton de l'été).

KURT WITTER

I

Il se dégagea des draps et redressa deux figurines du jeu de dadas renversées sur le marbre de la table de nuit. Un coq cria. Kurt fut ravi de constater que le chewing-gum avec lequel il avait façonné les petits chevaux était dur. Anna apprécierait. (1-2)
Le coq s'était tu. Le chant d'un pinson déclencha le sourire de Kurt qui tenta une imitation : ziiuu ennze ziiuu rinnzkrmüüü. Ayant fini sa toilette, Kurt envoya un tweet à sa fiancée. Anna Bloom lui répondit : "Goo goo g'joob" sur son adresse google. (3-4)

Sur le trottoir devant la maison, une boîte de métal écrasée luisait rouge et noire sous le soleil rasant. Sélection du tri. Kurt avait parlé du choix aléatoire des matériaux avec Hugues Haubal et Han Ri Mishoko qui l'aidaient pour la construction. Le trio coopérait ; le capharnaüm proliférait dans tous les sens. De loin, il s'apparentait à une casse automobile rutilante. (5-7)

En mastiquant son bloc de pâte à mâcher, Anna Bloom pensait à la pauvre Pénélope. Omer avait été ignoblement cruel avec elle. Anna, fière de son statut palindromique, préférait la sculpture, même avec du chewing-gum, au travail à la chaîne du tissage. Elle mâchait. Des Malapartes jaunes et des Bollywoods roses. Elle était la maman des dadas, mais c'est Kurt qui les nommait. (8- 10)
à suivre...

Exemple : Ci-dessous, le premier tweet écrit le 21 juillet 2012
KURT WITTER 1. Il se dégagea des draps et redressa deux figurines du jeu de dadas renversées sur le marbre de la table de nuit. Un coq cria.

Libellés : , , , ,

posted by Lucien Suel at 13:38 0 comments

vendredi 22 juillet 2011

La nouille

posted by Lucien Suel at 06:44 0 comments

mardi 19 juillet 2011

La fourchette

la fourchette
choisit parmi
les fragments
extraction du
morceau choix
piqué au sein
de l'assiette
elle l'expose
elle l'exhibe
un instant et
sans pitié le
précipite via
la bouche des
ténèbres dans
le noir tuyau
l'antichambre
de sécrétions
torrentueuses
-------------
la vérité est
au bout de la
fourchette le
festin est nu
-------------
deux dents et
la fourchette
devient outil
une fourche à
fumier déchet
de bovidé lui
aussi gavé de
la farine des
morts la mort
reprend place
sur les plats
l'assiette se
remplit tombe
de faïence la
mort s'expose
-------------
la fourchette
fai t vo i r- - ses
den t s- m ai s -ne
man g e- p as - les
hom m es - vi d ent
les a s- s ie t tes
pen s en t -v i vre
rég n er - du - bon
côt é -c e lu i -du
man c he - ma i s à
la- f in - ce - qui
gag n e- a -p e rdu
la- f ou r ch e tte
écr i t- d an s -la
pur é e- l e- z éro
ult i me - ra t eau
dan s -l e sa - ble

Lucien Suel


Libellés : , ,

posted by Lucien Suel at 07:34 6 comments

lundi 18 juillet 2011

SOMBRE DUCASSE 24

CHAPITRE XII
MOTEUR : ÉPOUILLAGE (1) (g).

Sois précis dans la dérision.


Les lunettes de la désolation - "O Mädchen, Mädchen, wie lieb' ich dich... " pleurant sur la vareuse du matelot d'anathème - femmes sur divans soyeux - le pendu de huit heures accroché au réverbère - "all along the watchtower" - nuit et soleil - où le bruit assombri du typhon est plus lourd
sous ton aisselle je me freinerai avec la joie du Prince Émacié de la Gueuse charmant l'épine raide avec la main venteuse et suite faible après minuit sur des dindons - ou cette brouette lumineuse - Image troussée dans les barbes rêches - carnavals des spermes d'oreillers - les saisons font relâche - démocratique vide passe-temps place impériale - horloges fixées sur les tranquillisants

J'ai bu relevé sur des triangles d'eaux vives, soufflant dans des jouets, cendre abattue, chaises enfourchées par des sangliers bleus, sciant les antennes de télé, herbe magique dans la cheminée, lui crachant sur le cul, seins tournoyants, con plaisant, slurp, slurp, slurp, slurp, slurp, slurp, splatsch, slurp, slurp, sluice, slurp, juice, susse, slussjuice, slurp, slu
SPLATSCH

OUI
AU COMBAT
CONTRE LA VIE
HALTE À LA VIE

Il y a carence des pouvoirs publics.
Pour faire baiser les prix, il faut :
-Réprimer la spéculation
-Supprimer les inutiles
-Organiser les cons
-Réformer
C'est pourquoi la Confédération demande à ses organisations fidèles l'indépendance du mouvement à sa ligne de conduite du refus.
Le combat contre la vie ne peut se mener dans la confusion.

NON
À
L'ACTION !
-------
(1978)

Libellés : , , , ,

posted by Lucien Suel at 07:23 0 comments

jeudi 14 juillet 2011

Livres de l'été

posted by Lucien Suel at 14:05 0 comments

mardi 12 juillet 2011

La retraite de l'aumônier


[...]
Nous voulions profiter de la douceur de ce premier mai et boire quelques chopines à la terrasse d'un établissement public. Alors que nous allions quitter le Salon, mon ami me fit remarquer la présence du romancier et critique d’art Joris-Karl Huysmans en compagnie d'un ecclésiastique dont j'appris par la suite qu'il s'agissait de l'abbé Mugnier, mon presque homonyme. Une huitaine plus tard, j'eus le grand plaisir d'apprendre que mon Bréviaire avait été distingué par le jury. Premier salon, première médaille ! Comme un bonheur arrive rarement seul, j'obtins également une bourse de voyage pour l'Algérie... De retour au château, à Coulevon, je retrouvai mon modèle, l'abbé Dambricourt. Il avait, l'an passé, avec beaucoup de patience, et en dépit des fatigues de son âge, accepté de poser longuement, assis sur un banc grossier, au fond du jardin de la cure. Les journées étaient chaudes, et à l'inconfort du siège, devait s'ajouter le désagrément provoqué par la sueur sous cette soutane noire hermétiquement fermée jusqu'au dessous du menton. Pourtant, le vieil homme ne bougeait point. La tête tournée vers moi, l’œil mi-clos, il était perdu dans ses pensées, comme s'il regardait en lui-même. Autour de nous, le jardin bruissait d'abeilles et les boules blanches, pompons des dahlias, dessinaient au-dessus de la terre, comme un chemin de neige, contrastant avec la noirceur du drap qui couvrait l'abbé Dambricourt. Je travaillais rapidement, sans parler, jusqu'à ce que l'intensité de la lumière ait baissé au point où j’eusse été contraint de modifier ma palette. Alors, j'arrêtais la séance. Le vieux prêtre décroisait les jambes et posait son bréviaire sur le banc, puis, se redressant avec peine, il se frottait longuement le dos.
[...]

Extrait de l'ouvrage "Le bréviaire", une lecture par Lucien Suel du tableau de Jules-Alexis Muenier, "La retraite de l'aumônier", 1886, Musée municipal de Cambrai. Collection Ekphrasis, éditions Invenit.
En librairie depuis le 30 juin 2011.
également disponible sur le site de l'éditeur.
Lire l'article de Reynald Clouet dans la Voix du Nord.

Libellés :

posted by Lucien Suel at 10:59 0 comments

vendredi 8 juillet 2011

Poème express commenté


[...] Contrairement au collage, le travail de ready-writing des poèmes express de Lucien Suel, se construit non pas par synthèse, mais biffures d’un texte pré-existant (par exemple des pages issues de la Collection Harlequin). Le questionnement du sens est opéré tout autrement. Si dans le collage, c’est la totalité d’une logique d’époque qui peut être interrogée grâce à la composition, ici c’est plutôt l’unité spatiale du sens qui est mise en perspective. On passe d’une approche macroscopique à une approche microscopique. Autrement dit : par le travail sur le signifiant, matériellement présent, par son altération par le feutre, c’est directement le texte utilisé comme support qui est mis en question. Le collage crée du sens par collusion, le poème express crée du sens par effacement. Il fait apparaître ce qui a lieu dans un texte mais qui est caché du fait de la visibilité du texte lui-même. Biffant des mots, il crée une nouvelle série. Le poème express fait apparaître la virtualité d’un autre texte dans le texte. Il déplie les sens possibles. Il introduit une forme de vitalité dans le texte qui n’y était plus, qui d’ailleurs ne pouvait plus y être au vu de l’unité choisie : la page, le fragment. D’un point de vue critique, cette approche de Lucien Suel dévoile que dans toute forme de texte, il est possible de trouver d’autres formulations. De là, en réaffectant une dynamique à une page de roman populaire comme c’est le cas avec Harlequin, il met en critique la distinction de langue riche et de langue populaire, en montrant qu’il est possible, dans l’œuvre présentée d’ouvrir d’autres formes d’horizon littéraire. [...]
Extrait d'un article de Philippe Boisnard sur le site Libr-critique. Pour lire l'intégralité de ce texte : cliquer.

Libellés : , , , ,

posted by Lucien Suel at 18:32 4 comments

jeudi 7 juillet 2011

Curiosités

posted by Lucien Suel at 16:43 2 comments

Mon mariage

Mimosa, notre ami, osa écrire récemment son premier poème en vers justifiés. Le voici pour la délectation des silophiles.

Mon mariage

c’est le jour de mon mariage
et j’épouse en première noce
la jeune fille de Berlusconi
elle s’appelle Maryline elle
serait presque discrète elle
n’est pas comme l’autre elle
n’éclate jamais dans le ciel
ses cheveux s’enroulent dans
une natte brune qui s’écoule
jusqu’au mitant de ses reins

vêtue d’une jaquette côtelée
en polyamide noire avec deux
bandes blanches qui tournent
autour des poignets grimpent
sur la fermeture éclair puis
s’enroulent sur le col façon
sport ouvert sur une chemise
triulée de fleurs des champs
oranges comme l’été qui dort

au dessus de sa tête un cône
de carton tout plat en forme
de chapeau chinois de farces
et attrapes avec des franges
roses fantaisie agrafée à la
pointe qui volent dans l’air
précédent le printemps c’est
la mi-mars elle marche parmi
les enfants avec un tuyau de
sarbacane dans la main comme
si elle tenait avec grâce le
soyeux glaïeul d’Oscar Wilde

longeant ma fenêtre les yeux
perdus dans le gravier l’air
d’humilité de Dorothée de la
Monteau pas comme les autres
qui passent aussi les yeux à
terre tertous des fiers culs
qui défilent depuis le matin

il y aura des photos dans le
journal ils feront une drôle
de tête à l’Université je ne
saurai pas quoi leur dire ce
n’est que le destin qui mord
les amis comprennent tout ça
les amis savent que ce n’est
pas par malice puis Maryline
nous a toujours fait tourner
la tête le plus discrètement
du monde même si on ne parle
jamais d’elle de crainte que
les échos de nos errances n’
effacent nos songes de sucre

les amis sont arrivés depuis
hier je leur ai installé une
petite structure pour passer
le temps on sent la joie qui
accélère aujourd’hui tertous
bénaches chacun a pu trouver
ses marques si bien que j’ai
construit une rampe qui leur
permet de sauter à leur aise
les amis sont contents c’est
du bonheur sur notre mariage

j’entends la crémaillère des
transmissions les gros pneus
crissent puis les gros pneus
buquent sur la tôle chauffée
par le soleil je meurs de ne
pouvoir les rejoindre car je
sens les familles aux aguets
et je dois garder contenance

ils sont tous là aujourd’hui
les vivants et ceux revenant
du royaume des morts tertous
chacun retrouve sa place sur
le sépia entouré du cadre de
dentelle sur la photographie
qui avait dû être tirée tout
en bloquant son souffle pour
qu’elle ne soit pas floue et
que les enfants sachent nous
revoir dans notre vie passée
Mimosa

Libellés : , ,

posted by Lucien Suel at 12:11 0 comments

mardi 5 juillet 2011

SOMBRE DUCASSE 23

CHAPITRE XII
MOTEUR : ÉPOUILLAGE (1) (f).

Quoi de neuf à Pataud-City ?

Rock & roll tchac au-delà du brouillard dégoulinant - ce jus de groseille fixant sa chaussette droite dans le sous-sol de la salle d'attente - svp ? Madame ? Il s'écarta pour laisser le passage au Docteur Omnes -
Ma foi, j'étais choqué, anesthésié même ; mangeant dans ce plat en étain à l'usage de l'écorché - le squelette sapin de Noël au-dessus de la table d'opération - le père du bedeau bouffant la salade pourrie - ce fidèle serviteur décédé à l'âge de 47 ans avec l'Action Catholique Générale des Hommes Énormes.
Et traversant les bois de P. City, le marchand de savoir-saucisse regarde les peupliers du haut de son vélo rose en route pour le prosélytisme (vocable charmant pour écrivain de la capitale).
À cette femme mouillée, double, mouvements oniriques et évanescents jouent enfants et douces fesses cuisses molles.
Horloges à Lampes Maldives eau salée glougloutant sur les pauvres ensevelis dans l'insatisfaction sous la surface de caca bouillant
esprit appétit de petits rats pris au piège dans un ancien bocal.
Pourquoi fallait-il que mes yeux se posent sur cet instant ? Ma main tressautait et nerfs galopants. Tant pis pour les marchands de médicaments à pendre par les bourses au plafond de la diligence avec des oiseaux fous voletant autour d'eux et des filles aux longs ongles, ça m'aurait fait trop plaisir. Et puis ce rêve de Brige au bord de la mer, surtout la Mer du Nord le vent sur les épaules, lèvres soulevées, couverture sourire, battements de la laine frange déchirée sur les yeux et un sourire sur la plage infinie - Maintenant vapeurs de cuivre rouge...
- tremblante ?
- cueille !
- pourquoi ?
- J'dirai pas...
Brige gazouillait, cherchant sa pipe, seins sur mon visage pistache. Rayons de vélos. Lessiveuse. Traumatisé, j'avais ri : elle me disait : "Je vais par cette petite cuisine, t'ôter le superflu de ta substance." et je regardais, curieux, ces centimètres d'acier entaillant ma peau et le contact du liquide brûlant m'avait arraché à ses mains pendillantes.
La chaleur que pisse le soleil sur ces tours crènelées de lierre
Les filles nues et dorées
Les hanches-pendules
Mouches de Galata ronronnent sur mes pages
Te boire de mon ami les yeux
Les arbres sont réels
Bizarre...

mets dits calmants
couvertures en conserve
qu'on serve donc
un plat des qualités
ou d'égalité
le temps qui vole
le temps qui pique
le tam-tam
tant bourre le temps
que tourne le vent
le banc public
tout noir
venus d'Egypte
ou d'on ne sait où
des nacelles des ficelles telles
des amphores ou des jarres telles
des tonneaux et des barriques
et des furoncles-fusils
Oh ! Que cela est innocent !
"Ubi solitudinem faciunt pacem appellant"
seulement avec un tout petit ban
même sur les mains pour les acrobates
les spécialistes de l'amendement
les laqués les fifres et les sous-lographes
biopoétique révolutionnaire
guérir la cicatrice d'Isoudore Doucasse
(dix sous d'or, tout casse.)
pas habillé d'argent et de velours bleu-pâle
aubergines à l'huile d'olive
bicornes académiciens
-------
(1978)

Libellés : , , , ,

posted by Lucien Suel at 16:47 0 comments

vendredi 1 juillet 2011

Le plaisir

posted by Lucien Suel at 07:33 0 comments