mercredi 30 avril 2008

Journal du Blosne (2)

Journal éclaté de résidence au Blosne

L'Ille et la Vilaine. La Vilaine sous
les parkings. L'air, l'iode, la pluie
et les nuages, le vent d'ouest. Poème
pour Desnos, Theresienstadt. Ghérasim
Luca, Roumain, mort dans la Seine, et
Tristan Tzara, un autre Roumain ! rue
de Roumanie ! Lectures de poésie tous
les samedis, place de Zagreb. J'étais
à Zagreb en 1969 et à ... et à ... Le
voyage depuis l'HORIZON, les tours de
garde, de guet, VERTICALES, la croix.
Avoir le plan SOUS LES YEUX ! William
S. Burroughs : Tours, Ouvrez le feu !
TOWERS OPEN FIRE ! Ritournelles, puis
cartopopote, (salut, ubo !) Perturber
l'évidence (ex : la télé commande) et
laisser une trace, comme la LATDC. Je
pense à toi. L'amour est au Blosne et
je l'ai fait à la main. Macédoine. Le
square de Macédoine, la macédoine des
squares. L'album de famille surgit du
quotidien comme poésie cachée. Poèmes
trouvés du Blosne. Voici un résistant
à la société du spectacle (il ne paie
pas de redevance !). La pensée grimpe
moins vite que le CAC. Nous vivons la
crise morale. La terre des hommes est
-elle à tous les hommes ? Les mots du
triangle, décalage de phase, décalage
de phrase. Lumières qui obscurcissent
la vue. L'instant t, minuscule phase,
formule de la sinusoïde. L'argent est
gratuit. L'être est humain. L'Afrique
est loin. Nan et Thomas. La maison se
construit. La résidence est au Blosne
en juin 2001. Encre verte sur le plan
d'urbanisme, jardins familiaux au sud
du Blosne. La prison des femmes entre
la gare et le Blosne. Le Thabor reste
immobile, derrière la transfiguration
du Blosne, Chateaubriand Alfred Jarry
avant le Blosne ? Le dictionnaire des
noms propres : Bloomsbury Blosne Bloy
(Léon). S'emparer de l'espace humain,
géographique, culturel-multi, voleurs
du temps, transformer les instants en
langage désarticulé (urbanistique ?).
IMMERSION. DÉAMBULATION. RESTITUTION.

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posted by Lucien Suel at 13:22 2 comments

jeudi 24 avril 2008

Les champs de la nuit

On peut écouter ce nouveau morceau de Cheval23.
Lors de la répétition du samedi 22 mars, Arnaud Mirland a créé la musique de ce morceau et on l'a enregistré dans la foulée.
Le texte est extrait de "Canal mémoire" paru en 2004 aux éditions du Marais du Livre.
Pour écouter, c'est .
Pour lire c'est ici.
Les champs de la nuit s'étendent sous
les nuages difformes. Par les trouées
noires se glissent les braises naines
d'étoiles, d'étoiles de saltimbanques

& Arthur Rimbaud essaie de s'endormir
dans l'herbe douce du bas-côté malgré
le bruit des mobylettes, les ouvriers
du poste de nuit à Biache-Saint-Vaast
.....................................
Le pourtour de la lune est barbouillé
de jaune ocreux. Les pinceaux pointus
des peupliers strient la voûte opaque
des cieux. Le transformateur ronronne

& Blaise Pascal dans le rond lumineux
du réverbère public frissonne au vent
du nord. Le fond de l'air effraie les
philosophes en visite à Wierre-Effroy
.....................................
Les interminables pluies de l'automne
pilonnent les jardins nus. Le silence
et la boue recouvrent les sentiers de
la nécropole. Les morts sont mouillés

& Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski se
passe la main sous la barbe en fixant
les cartes de son jeu. La buée couvre
les vitres de ce bistrot de Lozinghem
.....................................
L'églantine et le sorbier des oiseaux
et le sureau et l'aubépine et l'osier
et la ronce mélangés inextricablement
le long des rails luisants de la voie

& Jack Kerouac colle son front sur la
vitre du compartiment. Les rafales du
vent de la course giflent les fourrés
épais. Prochain arrêt, gare de Beuvry
.....................................
Accroupi dans la poussière le charbon
les cendres, le gamin remplit un seau
en plastique, verse de l'eau, touille
et coule les pâtés. La plage est loin

& Vincent Van Gogh s'est assis sur un
banc dans l'abribus. Il murmure entre
ses lèvres quelque verset du livre de
Job en attendant le bus de Courrières
.....................................

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posted by Lucien Suel at 13:40 0 comments

mardi 22 avril 2008

Printemps des thermomètres


Vient de paraître dans la collection 8pA6, chez "-36° Edition", l'édition de la Vachette alternative, un recueil de 10 dessins.
Disponible contre une somme modique sur le site de -36° édition.

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posted by Lucien Suel at 07:46 0 comments

mercredi 16 avril 2008

Silo (48) Ernst Jünger

Ernst Jünger, Orages d’acier, Journal de guerre, Plon 1960.
Mais là aussi, les points noirs ne manquaient pas : c’étaient les légumes desséchés, auxquels des gourmets déçus avaient donné le nom injurieux de «abarbelés en conserve » ou de « raclures de silo ». p ?

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posted by Lucien Suel at 15:00 0 comments

lundi 7 avril 2008

Nous ne sommes pas morts

Nous ne sommes pas morts vient de paraître aux éditions du Dernier Télégramme, disponible en librairie dès aujourd'hui.
Images d'Hélène Leflaive et textes de Lucien Suel.
C'est un livre qui tourne autour du trou.
Voici le début du texte et quelques images d'Hélène Leflaive.


« J’ai l’impression que d’abord il y avait le............., qu’on a construit le..............d’abord, puis la porte au dessus, puis qu’on a construit le café, et que dans ce café il y avait une caissière, trois garçons, enfin deux flippers, des clients, des choucroutes, des assiettes froides, toutes les consommations servies habituellement, mais bon, il y avait tout ça, mais ça ne fonctionnait que pour le.........., que pour le.........., et que tout le reste était de la frime. Tout ça c’était pour le.............. » extrait d’Une sale histoire, film de Jean Eustache 1977

« De la gauche vers la droite, désignez vos objectifs. En joue. Feu à volonté. Cessez
le feu. » Les jeunes gens apprennent. Ils marchent au pas en colonne gueulant des
âneries. La tête se vide. Plus tard, le vent de février souffle sur les pistes de la base
aérienne. Les bleus en bleu marine sont alignés dans le froid, à la dernière minute on
leur a fait enlever les gants de coton blanc. Leurs doigts bleuissent crispés sur la crosse
métallique des pistolets mitrailleurs. Ce sont des MAT 49, nous savons ou nous avons
oublié que cela signifie que le modèle a été créé en 1949 et fabriqué en série dans la
Manufacture d’Armes de Tulle. Le lien avec le tulle aérien dont on décore les automobiles
qui véhiculent les mariés, c’est que le PM MAT 49 fait dans la dentelle à travers les
cartons et aussi à la guerre dans les tissus musculaires des corps humains ou animaux.
L’avantage de tirer c’est qu’on pourrait se réchauffer les doigts sur le fût brûlant du
canon. On imagine des choses mais le Colonel n’arrive pas et les larmes coulent sur les
joues glacées et certains pensent qu’il vaut mieux ne pas avoir de chargeur. Plus tard on
se souviendra de la scène mais on sera incapable de se rappeler comment on démonte
en petits morceaux pour le nettoyer le MAT 49. Tant pis. On aura même oublié le bruit
des munitions 9 mm, jolies balles brillantes et douces au toucher qui trouent la peau,
cassent les os et percent les artères.



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posted by Lucien Suel at 10:17 0 comments

mercredi 2 avril 2008

Instantanés du Blosne (1)

En 2001-2002, j'étais écrivain en résidence dans le quartier du Blosne, l'ancienne ZUP de Rennes, invité par le Centre Culturel du Triangle.
A l'occasion de mon retour prochain au Triangle pour une soirée de lectures le 10 avril 2008, voici pendant quelques jours sur ce blog les poèmes écrits en 2001 et publiés jadis dans L'Instant T, n°s 8 & 9, par les soins de Jean Jacques Le Roux et Yann Dissez.
Pour commencer, un ensemble de "versets" arithmonymes de 23 mots chacun intitulé :

Instantanés du Blosne (1)
Le Blosne ne coule plus sous le ciel du Blosne. Le Blosne coule sous le Blosne. Une rivière noyée sous le béton, vilaine.

Le ruisseau coule dans le noir, le ruisseau est l'encre noire avec quoi s'écrivent quelques souvenirs. Bruit de pages qui tournent.

La rocade périphérique est comme une frontière au sud de la ville, une douve dans laquelle coule en rugissant le flot des voitures.

Le flot rugit en bas de la butte antibruit qui s'affaisse doucement et qu'il faudra bientôt surélever pour contrer l'envahisseur.

Le bruit des moteurs assiège les oreilles des habitants, presque tous collaborateurs occasionnels - automobiles sagement rangées en bas des immeubles, le soir venu.

Dans l'aube du Blosne, un angélus lointain, trace légère du passé dans la sourde rumeur automobile et les premiers chants d'oiseaux.

Oiseaux du matin dans les Jardins Dinariques, sifflets des merles noirs, charabia des moineaux, roucoulements des tourterelles turques à collier. Les éboueurs collectent.

Square de Bosnie, quatre corbeaux bataillent sur le gazon avec une paire de grosses pies, sous le regard intéressé d'un chat gris.

Les corbeaux vocifèrent. Les pies esquivent les attaques en silence. Le chat gris se demande où sont passées les gouttières de ses ancêtres.

Retour du Portugal, le petit pouillot véloce affûte sa scie dans le bois des Ourmes, tsyip, tsiep, tsyip, tsiep, tsyip, tsiep, tsyip, tsiep...

Les étourneaux du soir, couple en frac noir comme deux Dupont, enquêtant au pied des tours, à la recherche d'indices, mégots, miettes...

Autrefois, au Pont Noir, vairons et têtards, et ceux qui pêchaient, enfants, torses nus, les pieds dans le Blosne serpentant sous le ciel.

Aujourd'hui, les enfants pataugent dans le bassin au bout du bois des Ourmes, clairière inondée de soleil comme dans Blow-up d'Antonioni.

Au Café-Confort, marché de Zagreb, la langue des poètes claque dans l'air du Blosne et résonne dans la tête des habitants.

Ils écoutent Paul Celan, Ghérasim Luca, Robert Desnos et Tristan Tzara. Ils écoutent aussi Bernard Noël, Henri Michaux, Georges Bataille et Arthur Rimbaud.

Dans le bâtiment FG4, Jean fait la différence entre poètes ordinaires et poètes super, poètes légers et poètes au plomb, question d'essence.

Centrale thermique du Blosne, chaleur pour tous, soleil du fuel venu de loin dans les tankers qui parfois se renversent ailleurs en Bretagne.

Les vélos filent sur les petits chemins bordés de verdure, les haies réduites à deux traces parallèles de peinture verte sur le macadam.

Centre social, Carrefour 18, au rez-de-chaussée, antifrozenkasbah. Au premier étage, sur une table en stratifié, on découpe un patron en morceaux.

Station Blosne. Une jeune maman fume en poussant la poussette. A l'hôpital sud, un chirurgien termine l'amputation d'un vieux jardinier.

Les paraboles avalent les ondes télévisées. Place du Banat, en longue spirale descendante, la grande corneille noire tourne autour de la grande tour.

Du haut des tours, plusieurs fois par jour, les chiens descendent, traînant leurs maîtres. Petit tour, P.M.U. du C.C., petit pari, petit pipi.

Au Marché Ste Thérèse, les galettes-saucisses sont les hot-dogs celtiques, porc et sarrasin. L'homme ne vit pas seulement de poésie.

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posted by Lucien Suel at 19:15 0 comments