Récupération des données ordinaires
dans
« Le
corps y dort, (bleu) »
in
memoriam Wilhelm Reich & John Coltrane
Le
tourbillon de fumée bleue traverse
la
route devant la voiture. Un infini
corridor
s'éveille au milieu d'images
troussées
dans le bleu de ma barbe si
rêche.
Humain d'oeil bleu, je me suis
habillé
d'argent & velours bleu-pâle.
Oh
! la terre verte sous un ciel gris
bleu
dans les briques flamandes. Oh !
les
poireaux bleus de Solaize ! Et le
torchis
séché sous le soleil & qui se
chauffe
à la fumée des bûches, fumées
bleues
des soirées d'hiver. Flèche de
dentelle
ajourée au loin sur la terre
sombre,
loin dans le ciel bleu. C'est
un
château de haine-ciel, tout gonflé
atroce
bleu, et vert (vert de peur et
bleu
de travail). Les voûtes et leurs
pilastres
sont bleus. Je peux cracher
des
blocs de morve sur la dalle bleu-
träkl.
Je m'enfonce dans le soir noir
et
sanglant foetus au creux des reins
poupée
bleu-träkl pleurant, pleurant.
Les
slogans claquent : détruire brûle
arrachons
cochons chiant soufre usine
de
peste Death Factory. Dans la lueur
bifide
jaune des phares, des mouettes
glacées
gravent leurs noms tremblants
sous
l'étoile envapée, déroulée parmi
le
bleu. La délicate mésange bleue se
calfeutre
sous sa minuscule casquette
organique.
Mon oeil bleu plonge aussi
dans
l'eau de la Lys. Eau miroir noir
eau
miroir bleu, miroir blanc bleu et
ciel
de l'Annonciation : Oh ! flocons
écrasés
de sexe bleu, dans un drap de
roseaux
noirs, je découvre les jambes
d'un
éternel bleu-träkl tendre que je
mordille
& suce & croque & lave. Dans
le
corridor, le serpent me glisse des
doigts
et plante ses crochets dans ma
chair
à travers l'étoffe bleue. C'est
un
rêve futututré. Ô Kurt, je t'ouïs.
Je
n'ai même plus l'espoir de revivre
encore
dans la fumée bleue et l'odeur
de
suaire. Là, ça coule & c'est bleu.