vendredi 31 mai 2013

Rose devant rose derrière (5/9)

SE
DIRE
QUE LA
ROSE DES
VENTS PERD
DEUX PÉTALES
LE SUD-EST EST
À PORTÉE DE VÉLO
LOVE INVERSANT LES
ROUES ÉBOURIFFANT LA
CHEVELURE ÉVAPORANT LA
SUEUR SÉCHANT LES DUVETS

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jeudi 30 mai 2013

Les roses (Anne Ansquer)

Je vois, les feuilles de leur cou tourné or
et ourlé, jaune clair osé,
orange ou vert à l’envers du décor,
elles dépassent.


La vie plus simple avec la joie de quoi
ouvrir les vannes du temps qu’il fait,
froid et glacé dans -le -bain -ce- jour,
je ferme la fenêtre.


Ma cheminée, au feu des prés
fenaisons joies livres moutons,


le cœur battant devant l’allée, le jour printemps
devant et alentour les jours
le feu le ciel dans les jours
y compris de vaisselle,


tôt levé soif
de viendra-t-il
et de Chablis,
chocolat chaud
conversation de sable les mains ,


Je n’avais pas dit à Brume, à Soleil, à Trépas,
-à l’ombre qu’ils avaient tous-


mon aubépine enfance en chien d’eau
le jardin -de- tissu -d’y -croire
ma balance – matin
l’été sur un pied,
à voir, le ciel étant, si bleu qu’en le coeur bondissant
ému,



peine qu’en malgloire:
dedans,le regard était noir et gisant
un sourire vomissait la môme irrésiante en son sillon total.


Loin, l’entremisé
je partais,


murmuréenne


gloire de primevère
orangée, volumine, cappadocée,
dessus les champs bronzés des petites mains
tellement remplis, verts


qui? tous,
les champs mes amis


infinis, étaimants.


                                            "Les roses" (anniversaire de L.)
                                            5/05/2009
                                            © Anne Ansquer



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mercredi 29 mai 2013

Les réCRÉATIONs du Tamanoir (n°14)

                                  Une bicyclette
ne peut avancer
que mise en mouvement
L'Intransigeant, 14 décembre 1906
Une boîte à outils
contient des outils
et une boîte à outils
Laurent Albarracin
Je suis sauteur en hauteur
Je saute en hauteur
Ça ne rapporte rien pour l'instant
Christophe Tarkos
Essayant de sauter en longueur à bicyclette
coiffé d'une boîte à outils
je me suis assommé
Richard Belfer
J'ai fixé un rétroviseur
sur le guidon de mon vélo
Ça tue le temps
Lucien Suel
« Ha ! dit le poète
J'ai, moi, un petit vélo rouge
qui me trotte dans la tête…
Carole Darricarrère
et une machine
à produire
ses turbines
Laurent Albarracin
Lorsque je rêve à
l'envers, le sang me monte
au visage. »
Antonella Fiori
Une table
même vue en accéléré
ne bouge pas
Nathalie Quintane
Les gens aiment bronzer
C'est le bronzage intégral. Mais
la raie du cul reste toujours blanche
Élodie Moirenc
On bavarde et le temps passe
Grrr ! Allez nom de Dieu
J'ai d'autres chats à fouetter
Bruno Sourdin

Ainsi s'achève cette série des réCRÉATIONs.
Merci à Richard Belfer.

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mardi 28 mai 2013

Sombre Ducasse (version justifiée) 33

la guerre n'a pas seulement besoin de
canons et de bombes besoin encore des
ressources toutes les ressources tout
le travail de la vie civile besoin de
tous les cultivateurs les commerçants
les exportateurs l'autorité militaire
seule peut juger l'égalité ne demande
pas que l'on impose à des hommes dans
des conditions inégales qu'ils vivent
dans l'égale inutilité il faut que la
france vive pour faire la guerre pour
la gagner c'est pour lutter contre un
isolement physique & moral des hommes
& des femmes du 21ème siècle qu'a été
établi notre centre international des
agonies l'ingénieur est seul quand il
quitte son bureau d'études & pourtant
son plus cher désir c'est d'avoir une
compagne pour finir des jours heureux

l'infirmière et l'employé des chemins
de fer français côtoient des dizaines
des dizaines de centaines de milliers
des milliers des millions de milliers
de personnes si vous voulez connaître
vous aussi la générosité d'une fièvre
contagieuse la douceur d'une présence
physique réconfortante les virus nous
entrons dans la civilisation agonique

j'avoue avoir fait preuve d'un manque
d'optimisme quand à la méthode agonik
photo-test oui aujourd'hui comme vous
le montre ce bulletin d'entrée au chu
de lille oui tout a subitement changé
& je vous dois une reconnaissance qui
se mesure difficilement des violentes
détonations venues des fortifications
du barrage ganglion ortho-sympathique
ont été entendues la nuit dernière la
résistance est active dans les étages
supérieurs notre tâche est assurément
une des plus grandes qui soient celle
d'inoculer à des êtres solitaires oui
leur faire connaître la perfection de
l'infection leur apportant la maladie
dans une clinique harmonieuse cia cia
centre international des agonies avec
un service rapide constant & régulier

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lundi 27 mai 2013

Le soleil

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samedi 25 mai 2013

Le Train de Tarkos 37

Christophe Tarkos
Le Train (37)

Je ne me suis pas mis à moitié sur mon siège, je n'y suis pas à demi, je n'ai pas la moindre idée, je n'ai pas une moitié mise et l'autre pas, je me mets là, je ne m'y mets pas à moi, à moitié, à mon endroit, à mon siège. Je ne m'amoindris de m'être mis à ma place. A demi, à moi, à ma place décemment à mon siège. Je ne suis pas moins moi, ni un peu moins, ni à moitié moins, je ne m'amenuise, je n'ai pas moins, je ne suis pas moitié ce que je peux m'espérer, je ne me suis pas à moitié assis à mon endroit. C'était la peine.

La train transite à travers la région

Je ne me tanne. Ai-je tanné ? Que veut dire tanner ? Qui a tanné ? Qui tanne ? Je ne trotte dans la savane mon canasson, je ne danse décoré, entouré, emplumé, botté, la pavane. Qu'est tanner, moi qui ne sais pas tanner, qui ne tanne pas. Pas de tonneaux. Le tonner. Pas de tonneaux, je n'ai pas de peau. Pourquoi pas de la neige tout autour
Pour ce qu'il devient, le train

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vendredi 24 mai 2013

Rose devant rose derrière (4/9)

E
LE
VENT
LEVANT
UNE DENT
FORTERESSE
RIDEAU ENFER
LA DURE MARCHE
TIGRE DE PAPYRUS
TAPI AU CONTRE MUR
FORAGE ORIENT GASOIL
EXTRÊME LES MOTS MORTS
UNE ÉMOTION UNANIME POUR
EXPRIMER LES JUS LA VIANDE
ÉTERNELLE APRÈS RELIQUES DES
CENDRES ASCENSIONNELLES NUAGES
HYPOGESQUES ISSUS DES AMAS CUBES
VAPEURS ICEBERGS GLACIERS UNE VOIE
VERS TOUTE PERFECTION CUIRS & SATINS
CLUBS & LAPINS DURS & CATINS EN SÛRETÉ
LEURS CIGARETTES DANS LES COURANTS D’AIR
SOUS LA QUEUE TOUFFUE DES BUNNIES RETIRANT
DÉLICATEMENT LES ENVELOPPES DE SOIE DÉPLIANT
LES ÉPINGLES AU JEU SUPPLÉMENTAIRE DES DESSOUS

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jeudi 23 mai 2013

Alain Jégou, poète (1948-2013)

J'ai découvert la poésie d'Alain Jégou en 1978, avec son recueil La suie-robe des sentiers suicidaires. La même année, je l'ai invité à participer au numéro 9/10 spécial franco-faune de Starscrewer.
Voici le poème qu'il m'a envoyé (fac-similé de la page de la revue et retranscription) :


rivages verrouillés
autarcie des mangues
l'aube cadenassée au sourire de matchiche
le corps inhume l'espoir
des gamberges friables au ventre
l'être hurle avec les derniers loups
mutants aux gueules d'arbalète hépatique
le ciel a sa voix blanche d'inutile
en cloque de l'ange froid
il claque des miches et
suie-son cœur aux traits de méduse
décharge d’ennui dans les labyrinthes du cerveau
l'être mélancolique baveux est né
d'une conscience de merde
puissance de merde
dirigeants de merde
fils d'une culotte volcanique au regard intensément visqueux
fils de pute au visage obscène
entre des pompes astiquées et sa gueule de témoin
à charge
un flic qui a cessé de somnoler
écran brouillé
plaisir militarisé
angoisse aux tripes
animaux
tristes animaux de cirque
automates aux lèvres respiratoires
mots liquides dans le circuit fermé des larmes
rêve posthume
l'aube s'est couchée sur le corps froid
du dernier chat de gouttière

(poème extrait de "tendresse gominée de la réalité")

Jacques Josse a publié  un émouvant hommage à Alain Jégou sur le site Remue-net.
Lire aussi sur son propre blog : Une meurtrière dans l'éternité.

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mercredi 22 mai 2013

Les réCRÉATIONs du Tamanoir (n°13)

                                 Les Sioux
ont l'accent Chinois,
leur manière de vivre est celle des Tartares
Abbé Flexier de Réval
Toujours on est
les Indiens de quelqu'un
avec le cœur enterré
Daniel Giraud
Les Poux
ont l'accent pied-noir
leur manière de vivre est celle des cafards
Jean-Marie Menu
Mais le steak tartare
n'est pas tendre avec
les Sino-Sioux
Alain Hélissen
Moi,
j'ai l'accent alsacien
seulement quand je m'énerve
Caroline Scherb
Les Parisiens
n'ont pas d'accent
Leur manière de vivre est stressée
Nicolas Tardy
Mais
quand il pleut
les Tartares mangent du riz
Ange-Louis Antonetti
Le désert des Tartares
est le dessert
du vent
Harry R. Wilkens
Et si le soleil
était au régime ?
Fini le désert !
Catherine Zwingmann
Musaraigne la vie
Flèche mon cœur la kora
quand frivole l'herbe des prairies
Alice Massénat
Les Apaches répandent leur foutre de vie
sur les cuisses
du vent
Jean-Christophe Belleveaux
Ils habitent
d'ignobles gîtes
tels les cyclopes et les Numides
Laurent Boyer
Quand nous n'aimons pas chez autrui
ce qui nous effraie chez nous, il n'y a pas que les Sioux qui trinquent
Le principal n'est-il pas d'accuser le Tartare de tas de tares ?
Richard Belfer

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mardi 21 mai 2013

Sombre Ducasse (version justifiée) 32

c contagion i infection a ablation le
centre international d'agonie c i a &
kyste gangrène bubons karma génétique
des bureaucraties k g b & c i a c'est
la guerre & c'est la guerre le centre
international des agonies personne ne
songe à contester utilité des travaux
menés par la commission théorique des
surveillances la commission docte des
surveillances rend des sentences très
sûres & éclairées au sujet des savons
en paillettes & aussi des fils en fer
galvanisé nous payons pour savoir que
vite nous atteindrons la stratosphère

ménagères pratiques de sens à un euro
près ce qui se mange coûte de jour en
jour plus cher c'est la guerre il est
impossible de profiter des douceurs &
d'espérer encore l'abondance du temps
de paix des expiations sont à prendre

c'est la guerre la guerre qui entrave
la raison et déchaîne la consommation

c'est la guerre accordez aux ouvriers
quelques facilités et secours de main
d'oeuvre attention attention les vies
trop chères favorisent la plus atroce
propagande attention patron attention
nous avons les jours sans viande sans
alcool sans pâtisserie les modestes &
humbles consommateurs du poste france
connaîtraient les jours sans argent &
sans rien rien rien rien rien et rien

centre international des agonies pour
Mauricette célibataire de 21 ans elle
est étudiante & propriétaire logement
1m50 55kg caractère aimable elle aime
basket chiens cuisiner lire coudre le
commerce les fleurs les chats enfants

vous aussi désirez être contaminée et
rencontrer le germe qui pourrait vous
comprendre ou vous renverser dans les
moments faciles épouser vos éruptions
et vos saignements nous pouvons faire
pour vous ce qu'il est difficile pour
faire seul vous pouvez réaliser votre
projet le centre international agonie
est une organisation sérieuse et très
étendue d'une très haute tenue morale
c'est recommandé par des pasteurs des
directrices d'oeuvres des assistantes
sociales & des prêtres que les forces
sinistres soient chassées il faut que
le pays reste vivant résolu productif

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samedi 18 mai 2013

Le Train de Tarkos 36

Christophe Tarkos
Le Train (36)

Il est moins le quart. Je ne suis pas sur la voie ferrée, je suis dans le wagon, je suis à l'intérieur du wagon, wagon, wagon. Je ne suis pas dehors à l'heure qu'il est. Rien ne m'a dépêché. Je n'ai aucune raison de me laminer, je ne veux me laminer ni m'abîmer ni m'ensevelir je n'ai pas de raison de me laminer, je ne sais pas ce que serait me laminer, je n'ai pas les éléments en main pour me laminer, je n'ai pas les éléments en main pour savoir ce que serait me laminer.

La carcasse, la crasseuse, la carcasse caresse le vent, la carcasse caresse les rails, la crasse

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vendredi 17 mai 2013

Rose devant rose derrière (3/9)


NE
SUCE
NI LES
POMPIERS
À LA LANCE
NI LES STARS
VIEILLISSANTES
CONTENTE-TOI DES
GLACES CHOISIS UNE
À DEUX BOULES ORDURE
ET MERCURE AVANCE VERS
UN DÉVELOPPEMENT DURABLE

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mercredi 15 mai 2013

Les réCRÉATIONs du Tamanoir (n°12)

                               De la misère des hommes s'enfantent les justes révoltes
Et de la panoplie des mots lucides
S'érige un chapelet de soleils
Mohamed Attaf, in Effraction, la poésie du tiroir, 1995.
Des épines entre les dents
je me regarde dans mes mains
Chacune de mes paroles me saigne
Martine Jousselin
J'en tresse des banderoles de flammes
qui viennent succéder à mille autres et précèdent
un cortège de feu.
Richard Belfer
Misèr‘ ? miserere…
Caduque, Un-tempestive
au Mythe élucidé
Denise Richard
Étoiler la déraison
Peigne fin pour sabre d'automne
Lot de concepts usagés
Pascal Ulrich
Chasselas roux d'automne
égrené un doux soir d'octobre
sur un balcon en ville
Daniel Biga
Le cœur de l'horloge
sortilège automnal —
a perdu son rythme
Michel Perreaudeau
Depuis que je me suis vue
dans la semelle du fer
je pousse le temps avec l'épaule
Régine Detambel
Dans les oliviers d'automne
près des Franciscains de Matisse des Arènes
et hors du cimetière des cendres libres
Daniel Biga
On avance sous le ciel muet
On boit l'automne comme on a bu l'été
jusqu'à la dernière goutte de chaque journée
Christian Bulting
Alors on s'enfonce sous la hargne du monde, on se dissout
trottinement de trotte-menu & be-bop de plume danseuse
— on va jusqu'au bout de ses crachons gris qui flagellent le monde.
Philippe Gicquel
 

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