La limace à tête de chat (24)

La limace à tête de chat arrose la fin de l'année sans modération.

N'hésitez pas à cliquer sur la limace pour la faire grossir.

Express Poem #561

RUMEURS D'AMOUR

Les mots tombaient. La blessure était toujours présente. Tout en elle était douloureux. Elle avança vers la salle de bains. Un frisson glacé la secoua. Elle aspira profondément. Une torpeur infinie l'envahit. Mais c'était peut-être une illusion ? Elle ne parvenait plus à parler.
Elle avait vécu de ses rêves. Elle ingurgitait cuillerée sur cuillerée. Elle ferma les yeux durant une seconde. Le monde devint morne et mouillé. Ses jambes refusaient de lui obéir. « Tout le monde est si joli. » Cette pensée tournait dans son crâne. C'était si pratique et si universel !

Elle vit un homme sous la pluie. Elle vit ses yeux surprenants. Ils étaient sombres, gris, froids comme la glace. Il hocha très calmement la tête, puis retroussa avec soin les manches de sa chemise.
La chambre tournoyait autour d'elle. Le plancher usé grinçait. Son corps se crispait, raidi. Le plancher ondulait. « Mon Dieu ! Sauvez-moi ! » Elle courut dans le salon. «aPourquoi était-ce impossible ? » Cette brusque pensée lui serra le cœur. «aÉtait-ce la simple vérité ? »
La rage paralysa sa langue. « Il y a un couteau à pain dans la cuisine. » Elle n'avait envie de rien et lui non plus. « Tout n'est pas perdu, dit-il en souriant.a» Elle n'avait plus faim et lui non plus. Il ramassa son chapeau noir. « C'est une plaisanterie ! » Il n'attendit pas sa réponse. Elle se releva, se rhabilla.
La terre était rouge. Ce n'était plus remarquable. Elle vit un jeune garçon arriver. Un jour, il lui avait offert des fleurs d'artichaut. Ses yeux gris avaient un éclat d'acier. Elle chanta en silence. « Dis oui, dis oui ! » Il parut éberlué. Elle resta bouche bée. Son corps récupérait. La complaisance lui cassa le cœur.

GOLD & BLOOD

La Panne

Chapelet, un voyage en vers justifiés de Knokke-Le-Zoute à La Panne

10

La Panne

ça court

la plage

ils sont
empêtrés
dans les
capes et
bandeaux

machines
coassant
derrière
eux dans
le sable

hachoirs
abrasifs
ça remue
tronçons
varlopes
cassoirs
carcasse
blafarde
affichée

la loque

bouchère
d'amours
sang des
planètes
de l'est

revenant
aujourd'
hui sûre
que Dieu
pourrait
toujours
parler à
ces gens
pourquoi
n'est-Il
pas plus
plaisant

même pas
pucelles
rêvant à
leur cri

pensions

Onan des
cerveaux
répétant
une même
chose on
happe la
surprise

un abîme

coupe la
manche à
coups de
couteaux

échafaud

il entre

collèges

du doigt
au poing
de métal
voilà ta
ténacité
farouche
angoisse

caleçons

aussi de
maléfice
et prier
pour les
révoltés
un temps
avec une
adorable
hilarité
devenant
mou leur
bave m'a
lavé les
neurones

St. Idesbald

Chapelet, un voyage en vers justifiés de Knokke-Le-Zoute à La Panne

9

St. Idesbald

pas de repos

plongée dans
l'eau froide
au bout d'un
filin encore
et encore et
genoux pliés

prouver agir

enveloppe de
chair autour
d'un paquet-
cadeau porte
de l'armoire
à mémoire tu
t'entrouvres
en gémissant

ne pas rêver
bile brûlant
le gosier un
verre de vin
et le porter
à ses lèvres
âcres larmes
globes boxés
dure douleur

vivre au lit
défait envie
de dormir et
il doit être
moderne pour
ricaner avec
rancoeur aux
oreilles des
docteurs son
coeur rempli

une angoisse
absurde voix
sèche objets
au-dessus de
la tête oser
il craignait
ses sanglots

une reculade

s'arrêter là
le ventre et
la tête dans
la poussière
âme riche de
chair Dieu a
lâché l'azur

une illusion

Blanche étincelle

Merveilleux cadeau de Noël.
"Blanche étincelle",
1er exemplaire arrivé aujourd'hui par La Poste.
En librairie, le 12 janvier 2012.
Éditions de La Table Ronde

La limace à tête de chat (23)

Coxyde

Chapelet, un voyage en vers justifiés de Knokke-Le-Zoute à La Panne

8

Coxyde

mur de
colère
sonore

tribus

remous
de ses
fesses

renvoi
aqueux
éructé
bulles
qui se
lèvent
de ces
fanges
denses

tomber

soleil
sur la
mer où
la vie
tangue
au ras
du gaz

pilote
exalté
l'ange
du sel
fortes
gifles
garder
un bon
déchet

faveur
féroce
pivots
disque
du nom
vaches
fumier
cochon
pourri
glande
ventre

le sac
ouvert
prison
la vie
petite
à mort
aimant
femmes
frêles

angine
bovine
il est
adulte
maigre
pauvre
soldat

colons
corons
l'idée
retour
morose
accord
toubib
nurses
hardes
salons
cheveu
au sec

tel un
gosier
cireux
l'oeil
ouvert
noirci

Oostduinkerke

Chapelet, un voyage en vers justifiés de Knokke-Le-Zoute à La Panne

7

Oostduinkerke

c'est bientôt
la rénovation
une agitation
souterraine à
proximité des
pieds donc je
marche sur la
marge du quai
en évitant le
joint cimenté

l'oscillation
hésitation un
mégot éventré
trempé sur le
sol une trace
blanche c'est
une déjection
d'avion chiée
dans mon azur

pantalonnades
avinées c'est
dimanche soir
derrière leur
rideau tiré à
la luminosité
sanglante des
écrans molard
jaune épanoui
sur le bitume

un enfant qui
traverse tout
en courant et
la capuche du
duffle-coat a
le hoquet des
hommes jouent
aux cartes la
manille boire
des genièvres
regards lents

des livres de
prière moisis
dans un arôme
d'haleine les
diabétiques à
l'extase haut
le coeur haut
les tactiques
habiles je me
doute à peine
myope ne veut
rien voir les
connaissances
du cortex usé
du doigt sucé

intelligences
vitres noires
je n'ai guère
envie tu n'es
pas la partie
excuse-moi je
suis distrait
tu as ramassé
les cartes et
nous reposons
là deux êtres
comblés c'est
comme la main

un frère doit
le faire trou
dans une tête
comme un lion
et la lumière
jaillit créer
la matière du
temps et lire
des romans je
me spécialise
par les pieds

autre bout de
la chaîne les
très doux qui
prennent tout
joie perverse

Nieuport

Chapelet, un voyage en vers justifiés de Knokke-Le-Zoute à La Panne

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Nieuport

la corde
vocalise

la noyée
s'emmêle
dans les
flots un
malstrom
dans une
niche de
varech à
raser au
couperet
qui luit
dans les
systèmes
de nerfs
externes

tramways
enfoncés

l'estran
submergé

volaille
maritime
plonge à
l'aplomb
plouf du
ponton à
la vague
bec bleu
fracassé

électron
grésille
dans les
sels les
cailloux
mouillés

une joue
rouge au
pied des
échelles
en acier

moi donc
assis là
la gorge
nouée oh
déserter
tous ces
lieux un
jour une
portière
dernière

derrière
y pousse
le corps
et adieu

on livre
retourne
farouche
et ouvre
le canon
menaçant
d'emblée

la hache
admettre
que tout
contrôle
les voix
grondant

un ordre
puissant
un large
fourreau
de peaux

le crâne
se casse
les yeux
fixés au
point de
croix le
secret à
protéger

éprouver
l'enfant
sécurité
à petits
pas avec
un poste
de radio

l'alcool
un roman
l'argent

Middelkerke

Chapelet, un voyage en vers justifiés de Knokke-Le-Zoute à La Panne

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Middelkerke

ailleurs le
monde vibre
ferry suant
bafouillant
dans la mer

gélatine au
trou bouche
grand béant
sur le vide

borborygmes
intestinaux

mes pas sur
le sable en
reculant la
mèche entre
deux lèvres
cheveux les
coquillages
débris sous
la dent qui
crisse dans
parfois une
volée babil
d'ondes sur
les eaux un
transport à
interpréter

boue bouées
la dent qui
saute et un
râle secret
sourd d'une
mousse rose

mâchoire de
tôle dureté
inhumaine à
poser cette
arme sur la
tempe fixer
le corps il
se pétrifie

un point là
il la verra
tressaillir
pâlir mains
sur la tête

rassasié il
se lève tue
la bactérie
qu'on coupe

la porte de
service une
seconde qui
s'ouvre ses
bras virils
pour lâcher
la salle et
les regards
demeuraient
dehors dans
l'air glacé
qui le mord
abandonnant
le vêtement

de stupides
automobiles
munies d'un
numéro sont
stationnées
rapidité de
l'exécution

Ostende

Chapelet, un voyage en vers justifiés de Knokke-Le-Zoute à La Panne
(initialement paru dans la collection Ecbolade)

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Ostende

lumière
pourpre
moiteur
de leur
pelisse
et buée
sur les
miroirs

brasier
immense
rote un
sfumato
gris et
noir un
brin de
crachin
coulant
le long
du bois

guitare
chiffon
déroulé
sur les
châssis
fenêtre
imbibée
de fuel

le saut
un pied
puis un
pied du
dieu le
vestige

j'avais
mis une
panique
à votre
porte à
la mort
jeu par
moi des
âmes de
pendule
pour un
amour à
l'art à
la base
assurée

l'école
seconde
en fait
seconde
horloge
sablier

à tire-
larigot
dans la
péniche
dessous
dans un
hypogée

orifice
frivole
senteur
un râle
et fait
jaillir
lumière

couches
impures
de sang
un oeil
crevé y
coulant
immonde
effigie
ignoble
formule
ventres
intacts
miracle

Pelletée pêle-mêle

Divers articles ramassés sur la toile

Les terrils, photos de Patrick Devresse.

C'est le sort du tutu, un texte homosyntaxique, une réécriture (parmi plusieurs) d'un paragraphe d'Harry Mathews.

Wissant et alentours, un extrait de "Théorie des orages", choisi et accompagné d'une photo par Brigetoun.

Purdey, recette pour un régime sans suel par les Impromptus littéraires.

"Todo liste 162", un texte de Christine Jeanney sur une photo (Ajaccio) de Lucien Suel.

Blankenberge

Chapelet, un voyage en vers justifiés de Knokke-Le-Zoute à La Panne
(initialement paru dans la collection Ecbolade)

3

Blankenberge

des mouettes
tournoyant à
douze heures
sur le sable
interminable

ai froid aux
mains bleues
et une coque
puise un air
raréfié tape
s.o.s. parmi
le vide gris

diamant noir
d'anthracite
âme en vague
et lèvres de
l'écume leur
vapeur s'est
déchirée sur
la pierre un
halo jaune y
effiloche le
crabe saleté
dégringolant
dare-dare et
celui-ci pas
celui-là les
voitures ont
été arrêtées
en haut mais
le réverbère
zébre dessus
les parapets
balance leur
paquet aussi
loin que les
murs du quai

je peux être
dans l'eau à
mon tour sur
un risque de
l'oeil à cet
instant leur
rayon sombre
masse au gré
du remous la
crécelle est
rageuse puis
la mort pour
garder trois
cochons trop
tard et trop
d'innovation

j'avais bien
rêvé déguisé
protestation
signature de
la lune chat
noir infinie
réjouissance

Zeebrugge

Chapelet, un voyage en vers justifiés de Knokke-Le-Zoute à La Panne
(initialement paru dans la collection Ecbolade)

2
Zeebrugge

le vent a
soufflé a
gémi dans
le goulot

bouteille

serveuses
au bar tu
passes un
index sur
le rebord
du calice

les morts
subites y
carburent

sensation
que l'âme
flotte au
devant de
moi comme
la vapeur

fumée qui
coulerait

ma bouche
ouverte à
l'obsèque
de bombes

le défilé
conscrits
peau pâle

l'eau qui
ruisselle
de l'abri
nucléaire

écritures
loufoques
fragments
le chemin
frémit et
le cosmos
s'exclame

serpentin
qui court
sur l'axe
des quais
un ultime
serpentin
intact la
vérité la
tradition
le navire
les quais
blancs un
bleu puis
le safran
un ultime
ruban qui
pousse un
grandiose
hurlement
projetant
d'un seul
coup leur
corps sur
le miroir
du fleuve

lentement
escaliers
parapet à
l'arrivée
dernières
marches y
sortir le
mauser au
crâne des
hommes la
crosse de
l'arme la
noix coco
brisée et
les autos
de police
ombre des
phares au
mur jaune

Knokke-Le-Zoute

Chapelet, un voyage en vers justifiés de Knokke-Le-Zoute à La Panne
(initialement paru dans la collection Ecbolade)

1
Knokke-Le-Zoute

la houle pulsée
tympan décharné

au loin un ange
de l'Apocalypse
abat le sablier
polychrome arme
tachée couverte
de sable marron

Nemo nommé Dieu
dans l'escalier
du Nautilus moi
regard clos lui
respire le vide

la pensée lèche
mes oreilles et
l'étrave acerbe
du chalutier un
dauphin de bois
à la mer sévère

grand salon les
tuyaux d'orgues
Titanic délabré
nodules attente
patiente depuis
des siècles las
d'écoeurer dans
la suspicion le
monde des rares
plaies charogne

avaler toute la
drogue en suant
l'austérité les
travaux sourire
sur la lèvre et
mépris dans les
tamis serrés du
grillage envies

écrire articles
et poèmes rêvés
une boîte dorée
sang qui écoule
mauvaise rumeur
troisième homme
fils de pouacre

méditation à ne
pas finir et la
présente et ici
la bise adoucit

femme souffrant
du poumon aimer
sa famille tout
d'abord l'amour

il apparaissait
ailleurs oublié
elle regarde le
quai autre quai

La limace à tête de chat (22)

Cat-headed slug : Incognito

La montre

LA MONTRE

l'oreille
des bébés
n'ouït ni
clic clac
ni tictac

la montre
à pile se
tait chut
Kronos le
maître du
temps est
à l'affût
tient les
commandes
caché par
les piles
quartz et
digits le
ressort a
laissé la
place son
temps est
révolu de
même pour
la chaîne
remplacée

bracelets
de chrome
comme ont
aussi les
condamnés

La limace à tête de chat (21)

Cat-headed slug 's travellin'.

Mort d'un jardinier en Norvège

Parution à Oslo de "Mort d'un jardinier" aux éditions Solum, collection Fabula

Incipit : DU GÅR UT AV HUSET, over den steinlagte terrassen, du går oppover, stien går i svingar mellom dei sørvendte staudane, du bøyer deg litt...