La mort en duplicata pour Cosmik Galata (6)
La mort en duplicata pour Cosmik Galata (6)
Feuilleton romanesque en vers justifiés.
VI
AU FOUR BARS INN, WILLIAM BROWN PARLE :
« Avec la motocyclette volée, Galata et moi, avons
réussi à établir le lien avec une troupe alliée en
retraite vers Dunkerque. Nous avons pris une place
dans leur cortège. Je me sentais réconforté ; nous
n'étions plus isolés. Je ne savais de quelle façon
remercier Cosmik. J'avais une forte curiosité pour
celui qui avait tant fait pour nous ; j'ai demandé
ce qui était arrivé à sa compagnie. Il m'a répondu
qu'elle avait été annihilée. Ils avaient essayé de
contre-attaquer mais c'était inutile, il n'y avait
rien à faire ! Nous parlions au milieu du bruit de
moteur. Nous passions devant des tombereaux pleins
de meubles, tirés par des chevaux. La foule fuyait
devant l'avance allemande. Cosmik parlait d'un ton
monocorde. Je comprenais que cet homme avait perdu
tous ses camarades. Je lui dis que de toute façon,
il n'aurait rien pu faire, mais il s'imaginait que
s'il était resté, il aurait pu les sauver. Mais il
s'était enfui. Il avait eu tort... Mais il n'était
pas possible de supporter un tel tir de barrage...
Il avait été frappé de panique. Je ne comprenais à
vrai dire pas grand chose à ce qu'il me racontait.
On atteignait le pont sur le canal de Furnes. D'un
geste de la main, un bidasse faisait signe de nous
dépêcher. En effet, on allait faire sauter le pont
car l'ennemi approchait rapidement vers Dunkerque.
Tout à coup, le moteur de la motocyclette hoqueta.
Je m'emportai contre l'engin bronchiteux. En fait,
c'était la panne d'essence. Nous nous arrêtâmes au
seuil du pont. Un sergent m'enjoignit d'enlever ce
tas de ferraille du passage. Au lieu de se fâcher,
je lui demandai de nous aider. A l'entrée du pont,
le trafic ralentissait. Un véhicule attardé voulut
traverser. Je fis signe au chauffeur de s'arrêter.
Je demandai s'il pouvait nous prendre à bord de ce
camion. Il n'avait pas de place pour nous deux. Le
camion était chargé de prisonniers. Je fis le tour
du camion par curiosité ; c'était la première fois
que je voyais des prisonniers. Et il en y avait un
bon stock. Je plaisantai en conseillant au sergent
qui les gardait à l'arrière de ne pas leur laisser
la clé. Soudain, Cosmik qui se tenait près de moi,
cria : « Stop it ! Arrêtez ce camion, il n'y a pas
de prisonniers ! C'est un piège ! » Un M.P. braqua
son pistolet-mitrailleur sur la cabine, forçant le
conducteur à stopper. Sous la bâche du camion, des
jurons en allemand retentirent. Puis une fusillade
éclata et le pont devint un champ de bataille. Les
pseudo-prisonniers avaient sauté en bas du camion,
empoignant les armes qu'ils avaient cachées. Mais,
trop encerclés, les Allemands se rendirent. Galata
expliqua qu'ils voulaient passer le pont, le tenir
jusqu'à l'arrivée des tanks allemands. La surprise
étant avec eux, ils auraient pu réussir leur coup.
Sans Cosmik Galata, le pont du canal de Furnes eut
pu être pris. Alors, tous les tanks auraient eu la
voie libre. Quand je lui demandai comment il avait
eu vent de la ruse, Cosmik parla de son intuition.
Les Allemands réellement désarmés pour cette fois,
furent installés sous bonne garde dans la voiture.
Soudain, en sens inverse on vit arriver un soldat,
une estafette sur une motocyclette. Le M.P. bloqua
le passage en levant la main. Il fit remarquer que
la moto allait dans la mauvaise direction. Tentant
de s'arrêter, l'estafette perdit le contrôle de sa
machine qui se renversa sur le pont. Les jambes du
pilote s'étaient fracturées dans la chute ; Galata
vint près du jeune soldat qui, malgré la blessure,
voulait se relever. Cosmik lui conseilla de rester
calme. Le motocycliste voulait continuer. Il était
chargé d'une mission difficile en Belgique. Il lui
fallait absolument arriver au Quartier Général, où
qu'il se trouvât ; on n'arrivait plus à le joindre
par radio. C'était une mission sans grand espoir !
Cosmik inspecta la feuille de papier kraft. Il dit
qu'il avait enfin trouvé la réponse au problème, à
son problème. Je ne comprenais pas ce qu'il disait
là. C'était une énigme. Je lui demandai de m'aider
à bouger le blessé. Le pitoyable garçon levait les
yeux sur Cosmik Galata. Il semblait très jeune. Il
avait peut-être menti sur son âge pour se livrer à
l'aventure de la guerre ; il interrogea Cosmik qui
lui dit qu'il irait à sa place, en Belgique, qu'il
trouverait le Quartier Général pour lui. Je pensai
que c'était une résolution naze. Pourquoi irait-il
se remettre là-dedans alors qu'ici nous avions une
chance de nous en tirer ? Cosmik me dit de partir.
Je devais emmener le blessé avec moi. Il releva la
moto, s'installa dessus, me sourit en disant qu'il
avait eu plaisir à me rencontrer et partit dans la
direction de l'Est, du danger. Je ne savais pas ce
qu'il ferait, mais si quelqu'un arrivait à trouver
le Q.G. et le commandant, c'était bien Cosmik ! En
fait, le commandant est bien revenu, plus tard, et
grâce à lui ! Vous conviendrez donc que c'est bien
moi qui suis le dernier à avoir vu Galata. » (Ici,
encore une note pour les lecteurs de cette oeuvre.
Après les récits des trois soldats, nous terminons
cette chronique en faisant intervenir une cliente,
puis le patron du Four Bars Inn de Cardiff.) Ayant
fini leur récit, les trois amis allaient vider une
dernière pinte avant le départ, lorsqu'une vieille
femme, aux lunettes fumées, assise à la table près
d'eux, se leva avec son verre en amenant sa chaise
derrière elle. Sans façon, elle s'approcha et vint
s'installer entre William et Burroughs, en face de
Lennon. Les trois étaient tout à fait sidérés. Ils
le furent bien plus encore quand, verre à la main,
Mauricette Beaussart, c'était son nom, commença le
récit de ses aventures. Le mystère va s'éclaircir.
AU FOUR BARS INN, WILLIAM BROWN PARLE :
« Avec la motocyclette volée, Galata et moi, avons
réussi à établir le lien avec une troupe alliée en
retraite vers Dunkerque. Nous avons pris une place
dans leur cortège. Je me sentais réconforté ; nous
n'étions plus isolés. Je ne savais de quelle façon
remercier Cosmik. J'avais une forte curiosité pour
celui qui avait tant fait pour nous ; j'ai demandé
ce qui était arrivé à sa compagnie. Il m'a répondu
qu'elle avait été annihilée. Ils avaient essayé de
contre-attaquer mais c'était inutile, il n'y avait
rien à faire ! Nous parlions au milieu du bruit de
moteur. Nous passions devant des tombereaux pleins
de meubles, tirés par des chevaux. La foule fuyait
devant l'avance allemande. Cosmik parlait d'un ton
monocorde. Je comprenais que cet homme avait perdu
tous ses camarades. Je lui dis que de toute façon,
il n'aurait rien pu faire, mais il s'imaginait que
s'il était resté, il aurait pu les sauver. Mais il
s'était enfui. Il avait eu tort... Mais il n'était
pas possible de supporter un tel tir de barrage...
Il avait été frappé de panique. Je ne comprenais à
vrai dire pas grand chose à ce qu'il me racontait.
On atteignait le pont sur le canal de Furnes. D'un
geste de la main, un bidasse faisait signe de nous
dépêcher. En effet, on allait faire sauter le pont
car l'ennemi approchait rapidement vers Dunkerque.
Tout à coup, le moteur de la motocyclette hoqueta.
Je m'emportai contre l'engin bronchiteux. En fait,
c'était la panne d'essence. Nous nous arrêtâmes au
seuil du pont. Un sergent m'enjoignit d'enlever ce
tas de ferraille du passage. Au lieu de se fâcher,
je lui demandai de nous aider. A l'entrée du pont,
le trafic ralentissait. Un véhicule attardé voulut
traverser. Je fis signe au chauffeur de s'arrêter.
Je demandai s'il pouvait nous prendre à bord de ce
camion. Il n'avait pas de place pour nous deux. Le
camion était chargé de prisonniers. Je fis le tour
du camion par curiosité ; c'était la première fois
que je voyais des prisonniers. Et il en y avait un
bon stock. Je plaisantai en conseillant au sergent
qui les gardait à l'arrière de ne pas leur laisser
la clé. Soudain, Cosmik qui se tenait près de moi,
cria : « Stop it ! Arrêtez ce camion, il n'y a pas
de prisonniers ! C'est un piège ! » Un M.P. braqua
son pistolet-mitrailleur sur la cabine, forçant le
conducteur à stopper. Sous la bâche du camion, des
jurons en allemand retentirent. Puis une fusillade
éclata et le pont devint un champ de bataille. Les
pseudo-prisonniers avaient sauté en bas du camion,
empoignant les armes qu'ils avaient cachées. Mais,
trop encerclés, les Allemands se rendirent. Galata
expliqua qu'ils voulaient passer le pont, le tenir
jusqu'à l'arrivée des tanks allemands. La surprise
étant avec eux, ils auraient pu réussir leur coup.
Sans Cosmik Galata, le pont du canal de Furnes eut
pu être pris. Alors, tous les tanks auraient eu la
voie libre. Quand je lui demandai comment il avait
eu vent de la ruse, Cosmik parla de son intuition.
Les Allemands réellement désarmés pour cette fois,
furent installés sous bonne garde dans la voiture.
Soudain, en sens inverse on vit arriver un soldat,
une estafette sur une motocyclette. Le M.P. bloqua
le passage en levant la main. Il fit remarquer que
la moto allait dans la mauvaise direction. Tentant
de s'arrêter, l'estafette perdit le contrôle de sa
machine qui se renversa sur le pont. Les jambes du
pilote s'étaient fracturées dans la chute ; Galata
vint près du jeune soldat qui, malgré la blessure,
voulait se relever. Cosmik lui conseilla de rester
calme. Le motocycliste voulait continuer. Il était
chargé d'une mission difficile en Belgique. Il lui
fallait absolument arriver au Quartier Général, où
qu'il se trouvât ; on n'arrivait plus à le joindre
par radio. C'était une mission sans grand espoir !
Cosmik inspecta la feuille de papier kraft. Il dit
qu'il avait enfin trouvé la réponse au problème, à
son problème. Je ne comprenais pas ce qu'il disait
là. C'était une énigme. Je lui demandai de m'aider
à bouger le blessé. Le pitoyable garçon levait les
yeux sur Cosmik Galata. Il semblait très jeune. Il
avait peut-être menti sur son âge pour se livrer à
l'aventure de la guerre ; il interrogea Cosmik qui
lui dit qu'il irait à sa place, en Belgique, qu'il
trouverait le Quartier Général pour lui. Je pensai
que c'était une résolution naze. Pourquoi irait-il
se remettre là-dedans alors qu'ici nous avions une
chance de nous en tirer ? Cosmik me dit de partir.
Je devais emmener le blessé avec moi. Il releva la
moto, s'installa dessus, me sourit en disant qu'il
avait eu plaisir à me rencontrer et partit dans la
direction de l'Est, du danger. Je ne savais pas ce
qu'il ferait, mais si quelqu'un arrivait à trouver
le Q.G. et le commandant, c'était bien Cosmik ! En
fait, le commandant est bien revenu, plus tard, et
grâce à lui ! Vous conviendrez donc que c'est bien
moi qui suis le dernier à avoir vu Galata. » (Ici,
encore une note pour les lecteurs de cette oeuvre.
Après les récits des trois soldats, nous terminons
cette chronique en faisant intervenir une cliente,
puis le patron du Four Bars Inn de Cardiff.) Ayant
fini leur récit, les trois amis allaient vider une
dernière pinte avant le départ, lorsqu'une vieille
femme, aux lunettes fumées, assise à la table près
d'eux, se leva avec son verre en amenant sa chaise
derrière elle. Sans façon, elle s'approcha et vint
s'installer entre William et Burroughs, en face de
Lennon. Les trois étaient tout à fait sidérés. Ils
le furent bien plus encore quand, verre à la main,
Mauricette Beaussart, c'était son nom, commença le
récit de ses aventures. Le mystère va s'éclaircir.
à suivre...
Libellés : Lucien Suel, Nouvelle, Vers justifiés