La mort en duplicata pour Cosmik Galata (5)
La mort en duplicata pour Cosmik Galata (5)
Feuilleton romanesque en vers justifiés.
V
RECIT D'ALBERT LENNON AU FOUR BARS INN.
« Nous avons quitté la ferme en ruines en galopant
dans les prés. En remontant la colline, nous avons
aperçu une moto abandonnée, manifestement celle de
l'Allemand que Cosmik Galata avait laissé groggy à
la ferme. William suggéra de voler la moto. Il dit
qu'il se sentait capable de la conduire. Au moment
où nous allions confisquer la moto, le restant des
membres de l'escouade allemande apparut. Nous nous
jetâmes sur le sol. Les Allemands à l'exception de
deux d'entre eux descendirent vers la ferme pour y
rejoindre leur camarade. Ils ignoraient quel avait
été son triste sort. William et moi nous décidâmes
à jouer notre va-tout. Nous approchâmes en rampant
des deux sentinelles. La crosse de mon arme suivit
un arc de cercle foudroyant qui stoppa pile sur le
crâne de mon ennemi, tandis que William tordait le
cou du deuxième par une clef très efficace. Alarmé
par le bruit du démarrage du moteur qui repartait,
le reste du groupe revint. Nous étions poursuivis.
Feuilleton romanesque en vers justifiés.
V
RECIT D'ALBERT LENNON AU FOUR BARS INN.
« Nous avons quitté la ferme en ruines en galopant
dans les prés. En remontant la colline, nous avons
aperçu une moto abandonnée, manifestement celle de
l'Allemand que Cosmik Galata avait laissé groggy à
la ferme. William suggéra de voler la moto. Il dit
qu'il se sentait capable de la conduire. Au moment
où nous allions confisquer la moto, le restant des
membres de l'escouade allemande apparut. Nous nous
jetâmes sur le sol. Les Allemands à l'exception de
deux d'entre eux descendirent vers la ferme pour y
rejoindre leur camarade. Ils ignoraient quel avait
été son triste sort. William et moi nous décidâmes
à jouer notre va-tout. Nous approchâmes en rampant
des deux sentinelles. La crosse de mon arme suivit
un arc de cercle foudroyant qui stoppa pile sur le
crâne de mon ennemi, tandis que William tordait le
cou du deuxième par une clef très efficace. Alarmé
par le bruit du démarrage du moteur qui repartait,
le reste du groupe revint. Nous étions poursuivis.
Je me retournai. Accroupi dans le side-car, je vis
au loin la meute des motos adverses se rapprocher.
C'était une course désespérée. Nous atteignîmes le
canal de la Haute-Colme. William s'informa sur mes
capacités de nageur. Nous n'aurions pas la liberté
d'une baignade. Il était déjà trop tard pour cela.
Ils n'étaient plus loin de nous. Il faudrait qu'on
défende notre peau. Subitement, alors que l'ennemi
arrivait à portée de nos armes, une grenade lancée
d'un buisson fit voler en miettes la moto de tête.
Je reconnus sur le coup, dans son costume de tweed
gris, la silhouette de Cosmik Galata. Il venait de
nous sauver. Nous l'accueillîmes avec joie et nous
lui demandâmes d'où il venait. Il ne répondit pas,
mais nous conseilla de suivre le chemin de halage,
le long du canal de la Colme. William se hissa sur
la moto. Cosmik s'installa derrière lui. Et moi je
m'assis dans le side-car. J'étais satisfait d'être
du côté opposé à la berge : j'avais la crainte que
William ne nous renverse une fois de plus. Tout en
roulant, Cosmik Galata nous rassura sur le sort de
Charlie. En longeant le canal, nous nous dirigions
vers les dunes de sable du littoral. En arrivant à
Bergues, nous découvrîmes un barrage à l'entrée du
village. La moto s'immobilisa à plusieurs dizaines
de mètres. Des coups de feu claquèrent. On pensait
que les Allemands étaient là. Cosmik nous détrompa
et nous expliqua que c'étaient les gens de Bergues
qui tiraient sur nous, parce qu'ils nous croyaient
des envahisseurs, à cause de la moto allemande que
nous avions volée. Cosmik nous donna le conseil de
lever les mains. Sans délai, quelques habitants du
cru, en compagnie d'un gendarme et de sept soldats
belges, s'avancèrent vers nous, très énervés. Nous
les priâmes de nous laisser passer le barrage. Ils
étaient épatés par le fait que nous ayons pris une
motocyclette aux conquérants venus de Germanie. Le
groupe des villageois ne savait plus quoi décider.
C'était la seconde fois de leur vie que cet ennemi
infestait leur terre. La radio ne donnait plus que
des très mauvaises nouvelles. Les jeunes voulaient
se battre. Cosmik Galata les dissuada, il expliqua
qu'à (sic) son avis, il était maintenant trop tard
et qu'il fallait laisser les Allemands en paix. Je
demeurais pantois en l'entendant s'exprimer ainsi.
Aussi l'apostrophai-je en disant qu'il n'était pas
surprenant que l'ennemi avançât aussi vite si tout
un chacun tenait un tel discours. Galata essaya de
se justifier en disant qu'il est inutile de lancer
des civils inexpérimentés face à de telles armées,
d'autant que les alliés eux-mêmes n'avaient pas pu
réussir. Alors, pourquoi vouloir faire expirer ces
gens ? Mon opinion ne changerait pas : Si la balle
porte ton nom, rien à faire pour y échapper ! Déjà
un vol de Stukas vibrait dans les cieux, assassins
de sang froid balançant leurs bombes, boum boum au
milieu de Bergues, laissant tous ces morts et tous
ces invalides. Galata pensait encore qu'il fallait
filer au plus vite. Le long du canal, les éléments
mécanisés de l'armée allemande profilaient déjà le
museau. Obstiné comme un idéaliste, je refusais de
démarrer. Je ne pouvais pas lâcher ces gens en cet
instant. William était de mon avis. Finalement, on
prit place dans la barricade ; Galata estimait que
c'était de la folie, mais il nous fallait le faire
avec tous ceux qui s'engageaient à prendre part au
combat. Cosmik Galata prit la direction du groupe.
Il nous recommanda de ne pas tirer avant un ordre.
Il attendit que les blindés soient à moins de cent
mètres et il ordonna le feu. A la première rafale,
le camion de tête fit une embardée. Il se renversa
sur le chemin de halage. La voiture qui le suivait
bascula dans le canal au milieu d'une gerbe d'eau.
A ce moment-là, je reçus une balle. Avec l'aide de
quelques soldats belges, je fus porté dans la plus
proche maison, celle de l'éclusier. Les soldats me
déposèrent sur une paillasse. William trouvait que
l'action était bonne, mais qu'il serait impossible
de tuer tous ces Teutons. Alors Galata nous dit de
nous rendre. Et c'est là que j'ai dû m'évanouir. »
à suivre...
Libellés : Lucien Suel, Nouvelle, Vers justifiés
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