jeudi 12 mars 2009

La mort en duplicata pour Cosmik Galata (1)

La mort en duplicata pour Cosmik Galata (1)
Feuilleton romanesque en vers justifiés.

PROLOGUE (1918)

Pour certains jeunes, la guerre, c'est d'abord une
aventure ! Au printemps de 1918, Cosmik Galata âgé
de 18 ans franchit le Channel pour parvenir sur le
champ de bataille de France. La première tâche lui
est confiée ; l'officier lui remet un papier kraft
plié en quatre : « Ils arrivent ! Porte ce message
au Quartier Général, Cosmik, et dépêche-toi ! Nous
avons besoin de secours ! » Les pertes sont sèches
et lourdes en ces jours et nuits d'échauffourées !

Ypres... Mons... La Somme... Douloureux baptême du
feu pour un célibataire de 18 ans... Il avance dos
recourbé dans la tranchée. Devant lui, un conscrit
poilu s'écroule touché au ventre en hurlant. Alors
Cosmik Galata crie : « Brancardiers ! » Il n'a pas
eu beaucoup de pratique avant de se retrouver dans
la fange des tranchées. Il demeure bouche bée face
à un blessé qui perd du sang par un gros trou dans
son crâne. Un combattant l'interpelle : « Ne reste
pas là, jeune balourd ! Pars vite ! L'officier l'a
dit ! » Le tir de barrage d'artillerie a choqué le
garçon. Le soldat lui demande s'il a la trouille :
« Eh, qu'as-tu, Fiston ? La trouille ? » Cosmik ne
peut se dominer... Il tremble comme une feuille de
vigne dans le vent. Il se souvient de son désir de
devenir guerrier. La tranchée qui amène au Q.G. du
bataillon se bouche... Les obus éclatent. Cosmik a
peur. Il sait qu'il ne traversera plus le barrage.

Autour de lui, la terre et la pierre se soulèvent.

Une fumée noirâtre masque le firmament. Le vacarme
est dantesque. Cosmik Galata perd son sang-froid à
cause d'un trou dans son moral, quitte la tranchée
et commence à cavaler comme un malade à travers le
champ de bataille... « Non ! Moi, pas mourir ! Moi
pas mourir ! I don't want to die ! » Ces mots lui
tournent en boucles dans la tête alors qu'il court
en zigzags entre les trous d'obus dans la pétarade
qui illumine le ciel. Dans ce moderne enfer, voilà
une ferme qui lui semble être un refuge ferme. Une
grande partie de la toiture est pourtant écroulée.

Des traînées noirâtres se convulsent sur les murs.

Les volets pendent misérablement... Cosmik enjambe
un muret de pierres et titube vers la ferme. Ouf !
à suivre...
Une version différente de ce feuilleton a paru dans la revue Le Jardin Ouvrier de septembre 1999 à juillet 2001.

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posted by Lucien Suel at 16:10