mercredi 31 décembre 2014

Claude Pélieu (1934-2002)



Pour terminer l’année 2014 au Silo, cet hommage à Claude Pélieu écrit en décembre 2006.
24 décembre 2002. Benoît Delaune m'annonce la mort de Claude Pélieu. Tristesse profonde.
Depuis 1977, nous avons échangé tellement de lettres, de poèmes, de collages, d'amitié. Une longue période de ma vie se détache, se transforme en histoire. Décembre 2002, un mois sinistre qui vit aussi disparaître le philosophe Ivan Illich et le chanteur Joe Strummer.
Claude Pélieu est né à Pontoise le 20 décembre 1934 et mort la nuit de Noël 2002 aux États-Unis d'Amérique où il vivait depuis 1963. J'ai découvert la poésie de Claude Pélieu au début des années 70. Jukeboxes, recueil de poèmes électrifiés paru dans la collection 10/18, des poèmes qui nous parlaient de notre monde, de notre époque dans une collection de poche ! C'est grâce à lui, poète français exilé volontaire en Amérique, grâce à Mary Beach, son épouse, que j'ai pu découvrir ici les poètes de la Beat Generation (Snyder, Ferlinghetti, Ginsberg, Leroy Bibbs, Kerouac, Burroughs, McClure, Kaufman...) à travers les éditions réalisées par Christian Bourgois ou Dominique de Roux.
Claude Pélieu fut le seul poète français beat à vivre aux États-Unis dans l'intimité de ces auteurs-là, notamment Burroughs et Ginsberg qui étaient ses amis. En 1967, Dominique de Roux lui confie la réalisation d'un Cahier de l'Herne. Ce sera le volume 9, Etats-Unis : William Burroughs, Claude Pélieu, Bob Kaufman, un imposant monument que j'ai déchiffré, compulsé, dévoré pendant des heures. Dominique de Roux y a écrit l'article intitulé : De l'âme païenne de Claude Pélieu dont voici la conclusion : "Avec Léon Bloy, William Burroughs et Claude Pélieu, nous n'attendons plus à Paris que les Tartares ou le Saint-Esprit. Mais quelque chose me dit que ni les uns, ni l'autre ne se dérangeront plus. C'en est fait." (Dominique de Roux, Paris, le 21 novembre 1967).
Je suis entré en relation avec Claude en 1977 et nous avons correspondu au-dessus de l'Atlantique quasiment jusqu'à sa mort. Je me souviens encore de ma joie à recevoir sa première lettre datée de Mill Valley en Californie. Il a abattu avec Mary Beach un travail considérable de traduction tout en construisant avec un grand courage son œuvre personnelle à base de journaux, de poèmes, de collages, de cut-up, dépeçant impitoyablement la pseudo-réalité médiatique, tout en produisant un chant d'amour pour la Terre maltraitée.
"... Mots d'ordre soumis à l'arrière-plan de l'orgueil de l'hystérie & de la mort
l'Amérique aux mains des robots et des hyènes du Big Business
l'Europe livide bouffie de nourriture navigue entre fourberie anémie & ébriété
les poètes ignorent les rêves de l'enfance courbent l'échine & se transforment en fonctionnaires & en conférenciers
seuls les nouveaux ménestrels chantent & disent..."
Claude Pélieu, Infra-Noir, Le Soleil Noir éd. 1972.
Quelques exemples de sa générosité : Tous les textes importants qu'il m'a donnés entre 1979 et 1982 pour ma revue The Starscrewer, dédiée principalement aux auteurs de la Beat Generation et apparentés : Burroughs, Corso, Orlovsky, Bukowski, et bien sûr, Pélieu..., les dizaines de collages originaux envoyés par la poste, et par exemple, en 1979, le cadeau d'un exemplaire de l'édition originale (Zero edition, Cleveland, 1968) de Suburban Monastery Death Poem du poète d. a. levy que j'ai pu ensuite traduire et publier. Claude a aussi été le lien entre différents réseaux liés aux arts plastiques, à la poésie, au rock, au mail art, n'hésitant jamais à créer des liens, à faire circuler l'information. Parmi tous les amis que la personne et l'œuvre de Claude Pélieu lui avaient suscités, je pense à Bernard Froidefond, Joël Hubaut, Julien Blaine, Gaston Criel, Daniel Biga, Bruno Sourdin, Alban Michel, Alain Jégou, Françoise Favretto, Guy Ferdinande, Daniel Giraud, Michel Collet et Valentine Verhaeghe, Serge Féray, Marie-Laure Dagoit, F. J. Ossang, Hervé Binet.
Claude était un épistolier acharné. Il m'encourageait à donner son adresse personnelle à ceux qui la demandaient, c'est ainsi que Benoît Delaune qui travaillait à une thèse sur Burroughs est devenu à son tour l'éditeur de Claude en France et qu'il a communiqué avec lui régulièrement, le soutenant par téléphone jusqu'à ses dernières semaines de vie.
Après la Californie et un bref passage en Floride, Claude et Mary s'étaient fixés dans l'état de New York, mais vivant toujours dans de petites villes, Cherry Valley ou Cooperstown. Au milieu des années 90, les problèmes de santé de Claude s'étaient aggravés. Il m'avait annoncé son hospitalisation. Mais chaque fois que j'avais l'occasion d'échanger quelques mots au téléphone avec lui, il était toujours en verve, souvent caustique vis à vis de la France, des professeurs, des journalistes, du monde de l'édition, mais aussi attentif, demandant des nouvelles des enfants...
Claude Pélieu / Cut /
De côte à côte / l'Amérique /
Néon grésillant /
Décembre 2005. Voici tout juste un an que tu es mort. Je pense souvent à toi et à Mary, restée seule aux Etats-Unis. Et ma tristesse augmente encore en ce mois de décembre avec la disparition de mon ami Christophe Tarkos. Vous étiez très différents dans la vie et dans l'écriture mais vous étiez réunis dans la Station Underground d'Emerveillement Littéraire et Christophe m'avait dit en 1995 l'importance qu'il attachait au fait de garder vivante toute cette histoire de la Beat Generation.
Claude Pélieu / Cut /
Débris de ciel dans la pluie /
Embruns du hasard /
Décembre 2006. Mary Beach nous a quittés aussi. J'entends au loin la rumeur de l'autoroute A26 et plus près de moi la mobylette du facteur qui s'arrête et repart, s'arrête et repart ; il n'y a plus depuis longtemps d'enveloppe liserée de bleu et de rouge. J'ai mis sous verre les collages dédicacés de Claude Pélieu. Pour traverser la nuit je lis ses poèmes ; je sors le Cahier de l'Herne de 1967, je regarde les photos, lis quelques lignes ici ou là, " Prisonniers de la terre sortez,
Écoutez mes derniers mots n'importe où,
Écoutez mes derniers mots n'importe quel monde... "
Lucien Suel
Publié une première fois dans La Nouvelle Revue Moderne n° 19, au printemps 2007

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mardi 30 décembre 2014

VISIONS D'UN JARDIN ORDINAIRE 12/19



La grive morte est couchée sur le dos, sur une mince couche de feuilles. Elle est morte depuis plusieurs jours, sans doute. Le milieu de son cadavre est un trou à travers lequel on aperçoit les feuilles mortes, trouées aussi, tombées du cerisier. De chaque côté du trou en putréfaction, on identifie la tête, les ailes ouvertes et retournées, la queue et une seule patte griffue, les restes ravagés, éparpillés, du duvet du ventre. Le bec de la grive est béant. La grive morte hurle en silence vers les cieux vides. Son œil est un petit trou noir sous l’arbre, au centre de la terrasse. Tout autour de la plaque de ciment, la terre se tortille, amenée par les vers. Ils y forcent leurs déjections noires à travers les joints, entre les dalles. L’automne vient de commencer, d’autres feuilles vont encore tomber, recouvrir les restes. On finira par tout balayer, tasser toute la mort dans la brouette.
Photo Josiane Suel, texte Lucien Suel 
Traduction en néerlandais par Johan Everaers

De dode merel ligt op z’n rug, op een dun laagje bladeren. Hij is vast al een paar dagen dood. In het midden van zijn kadaver is een gat waardoor men het dode blad kan zien dat van de kersenboom is gevallen en waar ook gaten in zitten. Langs de kanten van het rottende gat zie je z’n kop, onderkant van de uitgespreide vleugels, z’n staart en één poot met een klauwtje, de verspreid liggende aangetaste resten, het dons van z’n buik. De snavel van de merel staat wijd open. De dode merel schreeuwt in stilte tegen de lege hemel. Z’n oog is een donker gaatje onder de boom, midden op het terras. Overal rond de betonnen plaat kronkelt de aarde door de wormen omhoog. Ze persen hun donkere zwarte uitwerpselen tussen de richels van de stenen door. De herfst is net begonnen, andere bladeren zullen nog vallen en de resten bedekken. Uiteindelijk zal alles worden weggeveegd, de dood op een hoop in de kruiwagen.

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lundi 29 décembre 2014

Collage de Claude Pélieu (23)

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samedi 27 décembre 2014

Il pleut ou il fait beau... (39)

Eaux du golfe trouées d'éclats lumineux, verres-miroirs pullulent en grève
et les bikinis rétrécis par bronzage, et les gracieuses nonchalances charnues
à ligoter près avec des cordons serrés à rideaux sur chaise.
Imper beige remisé (col rabaissé, mains non fourrées et ceinture lâche) ;
tout tend en déprime, incite à se couvrir d'une bâche
mais tiré en jovial j'ai presque envie de m'aimer :
je viens d'arrêter de déchirer les draps pour me pendre,
pose une fesse en bord de table et écoute moumoute amplifiée.
Récepteur en fréquence diffuse bruit de souffle continu zébré de crachotements,
bribes de dialogues lointains, haut-parleur ouf, syllabes nasillardes inaudibles aux bardes.
Sentiment que l'aéré va m'en délivrer et du lourd
comme en lampe de chevet quand on s'époumone en vrai.
Ventilateur lâche. J'en apprends aussi par ventilé. Moumoute diffuse fugace :
« patientez relax en couloir pendant que je rhabille mon corps sexué » ;
« le ciel est chargé de nuages, sûr il va pleuvoir demain » ;
et, entre sévères bourrades coupées de gifles, homme aux plumes anti-sueur
dit que pli n'est pas perdu, oh non ! Juste égaré !
Eux aussi se meuvent en pluie et font avancer leur enquête
des ris qu'ils prennent aux garcettes ou larguent d'averses.
Moumoute m'informe peu. Je reste en imper aimable peu fourré :
hors poche, déçues en instruction, mes mains vaines butinent en boutons.
Le mot disparu en poche n'est pas leur pli égaré :
sont évoqués frisquet documents révélateurs qu'épreuve d'égarement a impressionné.

à suivre...
« Il pleut ou il fait beau tout le temps au début », un feuilleton de St. Batsal(le pôle qu'elle nie)
ce texte n'est pas tiré d'un vrai fait divers, de même que toute ressemblance, y compris en URSS.

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vendredi 26 décembre 2014

Poème express n°543

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mercredi 24 décembre 2014

Ah ! la santé de Mauricette !


Du « Pavillon des Folles », le 11 septembre 1989, Mauricette Beaussart écrit à son ami et poète Lucien Suel : « Les docteurs et les cuisinières me soignent. Mais c'est Lautréamont qui me parle dans ma tête. J'ai reçu la vie comme une blessure. Je crois que mes pantoufles sont trop petites. Mes pieds ont dû gonfler. Je n'ose pas les regarder. Je marche avec les yeux au plafond » (1). Mauricette, dépressive, est internée. Ses « Lettres de l'asile » envoyées à Lucien Suel seront plusieurs fois publiées : la dernière édition étant pour l'anthologie : Cadavre Grand m'a raconté - la poésie des fous et des crétins dans le Nord de la France (2).
Après une dernière lettre à Lucien, Mauricette s'enfuit de l'hôpital. On reste sans nouvelles. On resta longtemps sans nouvelles.

Lucien Suel aime les personnages singuliers - touchés par des esprits frappeurs - voix dans la tête – entre folie et normalité : le mystique (saint) Benoît Joseph Labre (puisqu'il fut canonisé) ; les peintres d'art brut et médiums, Augustin Lesage et Fleury-Joseph Crépin. Tous trois sont originaires du Nord comme lui. Il leur a rendu hommage dans différents poèmes (3).

Et puis elle est revenue. Vingt ans après. Mauricette Beaussart, soixante-quinze ans, est revenue de la maison des remords et de la douleur. Elle a fait le tri sélectif dans sa tête, enterré ses mauvais souvenirs dans le sable de Merlimont-Plage, (re)trouvé une famille (« Rien qu'une famille humaine. Nommant vivants et morts »), rallumé son ordinateur où elle complète à nouveau son anthoveaulogie sur etoilepointetoile.blogspot.fr.
Plus exactement, c'est Lucien Suel qui la fait revenir. Dans deux romans : La patience de Mauricette (4), puis Blanche étincelle (5). Ainsi, Mauricette Beaussart n'avait pas disparu et n'était pas une authentique vieille dame, mais un double, une création d'écrivain.

Lucien Suel est poète, et Mauricette n'est pas qu'un personnage inventé : elle est elle-même un poème. Une vie, une langue lui ont été données.
Masque tombé, Mauricette est Lucien qui est aussi poète et jardinier dadaïste et joueur qui traduit Kerouac mange des scaroles et de la carbonnade fait des collages des dessins idiots des performances qui pisse sur le compost qui boit de la bière plante des radis édita des revues qui manie la grelinette la guitare et l'underwood qui pose avec béret et baguette pour des photos prises par J. et orchestre une renaissance : Mauricette est Lucien est Mauricette.

C'est à l'hôpital psychiatrique que tout a commencé et que tout commence dans le roman. Lucien Suel s'immerge pendant plusieurs mois dans la vie d'un hôpital psychiatrique, parmi les malades et le personnel soignant. Écrivain en résidence, il devra en retour écrire une œuvre inspirée du lieu et de son histoire. Ainsi naît le roman, La patience de Mauricette, et le personnage inventé par Lucien Suel reprend du service.

« Dès le début de leur rencontre, [on sentait] la présence d'une énigme, une fissure cachée derrière le sourire ». Mauricette Beaussart a disparu de l’hôpital où elle était soignée pour « une psychose maniaco-dépressive, troubles du comportement, accompagnés d'hallucinations auditives et distorsions du langage » (pour ce HS sur la santé mentale, un peu de vocabulaire psychiatrique apportera du crédit à cette chronique). Ce n'était pas le première fois qu'elle était internée. Il y a des trous dans la vie de cette femme, des traumatismes non refermés. Mais elle peut compter sur ses ami-e-s, Christophe et Alfonsina qui, chacun à leur manière – ils ne reçoivent pas les mêmes confidences – l'aident. Il y a aussi les médicaments, les soignants. Il y a aussi Blanche, qui donne son titre au roman suivant, rencontre lumineuse qui délivrera la vieille dame : Mauricette aura trouvé une place, apaisée. Enfin.
Comme une enquête, nous suivons ce personnage. Dans La patience de Mauricette, le récit alterne monologue intérieure de Mauricette – d'une écriture poétique saisissante, faite de mots désordonnés, syntaxe tordue – et narration. Le passé et le présent se mêlent pour nous révéler le remords et la douleur.
Lucien Suel a écrit le portrait d'une femme attachante, pleine d'esprit et d'humour, une femme fracassée, mais qui aura trouvé dans la poésie et les livres, tout autant que dans l'amitié, la force de vivre. Blanche étincelle qui prend la forme d'un journal que tient Mauricette, se conclut ainsi : « Vivre va me prendre tout mon temps ».
Olivier Bouly, groupe Béthune de la F.A.
Visiter "La boutique aux miracles"
Cette chronique a été publiée dans Le Monde Libertaire de juillet-août 2014, n° 56 Hors-Série intitulé "Un été de folie".
  1. Lettres de l'asile (Station Underground d'Émerveillement Littéraire, 1995)
  2. Cadavre Grand m’a raconté, La poésie des fous et des crétins dans le Nord de la France (Le Corridor Bleu, 2005)
  3. Petite Ourse de la Pauvreté (Dernier Télégramme, 2012)
  4. La patience de Mauricette (La Table Ronde, 2009 Folio Gallimard 2011)
  5. Blanche étincelle (La Table Ronde, 2012 

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mardi 23 décembre 2014

VISIONS D'UN JARDIN ORDINAIRE 11/19




Derrière la maison rouge et grise, les bandes vertes et noires, planches dans le jardin ouvrier. Côte à côte, un à un, rectangles délimités par une ligne de cendres. Groches transportées dans les charbonnières de tôle galvanisée, tous les hivers, accumulées, étalées, tassées au long de l'allée. Le fil à linge est tendu entre deux cornières crevassées par la rouille. Les draps claquent. Les chemises gonflent. Le jardinier dévale l’escalier de briques rouges, traverse le caniveau. L'eau bleue de la lessive méandre sur le ciment craquelé. Odeurs lourdes sous le soleil. Ça sent le meu. De chaque côté de l’allée, planches de légumes, carrés de terre noire, salades, haricots, tuteurs de tomates. Une forêt de cucurbitacées recouvre tout le sol, au bout du jardin, à côté du fumier. Le cornichon caméléon se cache. Il espère enfler sous les feuilles. L’ouvrier le soulève, lui pince le pédoncule, et hop.

Mots picards : groches (cendres) - meu (vase)
Photo Josiane Suel, texte Lucien Suel 
Traduction en néerlandais par Johan Everaers

Achter het rood met grijze huis, de groen met zwarte  banen, bedden in de volkstuin. Naast elkaar, één voor  één, vierhoeken met baantjes van as er omheen. Slakken, die vervoerd werden in de kolenkitten van gegalvaniseerd ijzer, iedere winter langs het pad op hoopjes bij elkaar gegooid. De wasdraad hangt strak tussen twee kapot geroeste hoekgoten. De lakens klapperen. De overhemden bollen. De tuinman komt het bakstenen trapje af, loopt door de afvoergoot op het plaatsje. Het blauwe waswater meandert over het gebarsten beton. Een zware lucht in het zonlicht. Het ruikt naar slijk. Aan beide kanten van het pad  groentebedden, vierkantjes zwarte aarde, sla, bonen, tomatenstokken. Een woud van komkommerachtigen bedekt de grond aan het eind van de tuin naast de mesthoop. De kameleonaugurk verstopt zich. Hij hoopt  onder het blad te groeien. De tuinwerker pakt hem op, knijpt het stengeltje af, en hebbes.

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