jeudi 23 avril 2009

La vachette alternative


Deux poèmes visuels parmi la dizaine figurant dans le n° 23 de la collection 8pA6.

à découvrir et à commander sur le site de La vachette alternative.

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mardi 21 avril 2009

Le coltingrafik

Le n° 2 de "COLTINgrafik" vient de paraître ; 50 pages de dessins consacrés au cinéma. A commander sur le site de Siranouche éditions.
Présentation du Coltingrafik au Palais de Tokyo (vidéo)
Ci-dessous la couverture et un de mes dessins.



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samedi 18 avril 2009

Christophe Tarkos

La revue Fusées a publié dans son numéro de mars 2009 un dossier consacré à Christophe Tarkos, à l'occasion de la journée d'études et de performances "Les arts poétiques de Christophe Tarkos" organisée à l'IMEC le 12 mars 2009.
Pour ce dossier, j'ai composé un poème hommage à partir des nombreuses lettres et cartes postales que Christophe m'a envoyées entre 1994 et 1999.

TARKOS M'ECRIT
PARIS, 10 NOVEMBRE 1994, Tarkos m’écrit qu’il sera content d’accueillir mes trouvailles et mes humeurs.

PARIS, 1er DÉCEMBRE 1994, Tarkos m’écrit qu’il reprend ses esprits après un tel tas de beautés.

PARIS, 26 MARS 1995, Tarkos m’écrit qu’il y aurait, il y aura, il y a encore beaucoup à faire et qu’il n’y manquera pas.

PARIS, 2 NOVEMBRE 1995, Tarkos m’écrit que l’histoire de la pauvre Mauricette est tristounette.

PARIS, 7 NOVEMBRE 1995, Tarkos m’écrit que Micha est né, le fils de Christophe Tarkos et Valérie Bendavid et que c’est une bonne matière à tête et que tout va bien.

PARIS, 29 DÉCEMBRE 1995, Tarkos m’écrit qu’il pense à une petite dose de lettres de Pélieu et à un texte de qui je veux mais pas un scribouillard, un poète, pour faire le lien.

SAUVE, 15 JANVIER 1996, Tarkos m’écrit qu’il découvre sa base de La Joliette et qu’il met son bonnet, et qu’il me voit bien avec les gars d’ici comme tous les gars à Berguette.

MARSEILLE, 25 JANVIER 1996, Tarkos m’écrit que dans les gravats, il a son adresse en construction qui temporise.

PARIS, 27 MARS 1996, Tarkos m’écrit qu’il part faire une lecture et que des fois les mots les plus simples on peut pas les lire.

MARSEILLE, 3 AVRIL 1996, Tarkos m’écrit que ce n’est pas fini cette histoire de pâte-mot, que c’est comme s’il allait préciser par une obstination développante ce statut du verbe.

MARSEILLE, 11 AVRIL 1996, Tarkos m’écrit qu’il travaille, et qu’il en est heureux, et que c’est heureux, receveur (en tee shirt) - auxiliaire (pas titulaire encore) bas de l’échelle - de la gare de Meyrargues et que Micha chante avec les Kirghizes dans le soleil couchant du Port.

MARSEILLE, 30 AVRIL 1996, Tarkos m’écrit qu’il a tout laissé en plan pour les murs (que Micha est rentré à sa crèche à Paris) et que c’est bien de rerevoirraraconter et d’aller au péage péager avec ses amies péagistes qui péagent dans la bonne humeur : Sylvette, Josette, Laure, Delphine, Caroline, Cathy, Corinne.

MARSEILLE, 2 MAI 1996, Tarkos m’écrit qu’il est in the cabine, voie 32, et qu’aucun véhicule à l’horizon ne s’engage sur la voie manuelle (qu’il n’est pas un automate).

MARSEILLE, 7 MAI 1996, Tarkos m’écrit que sur le caractère et sur le format et sur la noirceur du caractère, sur l’interlignage, sur le blanc entre les titres et les textes, il ne s’immiscera pas et qu’il ne comprend toujours pas pourquoi dans notre discrétion, ce train reçu en paquet lui a fait le plus grand bien.

MARSEILLE, 21 MAI 1996, Tarkos m’écrit qu’il ne sait plus où nous en sommes pour rien, qu’il veut dire toutes les choses dont on parle en général pour se répondre en quoi elles ont comme un je ne sais quel pousse aux fesses et moyen de faire et toujours avec une circulation de dates et de bouts de papiers tous extraordinaires, fulminante.

PARIS, 3 JUIN 1996, Tarkos me demande si sur notre terrain, il faut vraiment avant du fumier pour planter.

PARIS, 4 JUIN 1996, Tarkos me dit que s’il est à Paris c’est aussi, pour les beaux jours, venir faire un tour dans ma région.

PARIS, 11 JUIN 1996, Tarkos me dit qu’il refuse le poste dans les Bouches du Rhône, Putain de Dieu.

PARIS, 21 JUIN 1996, Tarkos m’écrit qu’à la place d’être quelque part ce monstre par le chariot qu’on pourrait dire qu’il charrie ou qu’il se fait charrier et qu’on dit que ça roule parce qu’on intensifie les deux belles roues comme autant de belles inventions même d’inventions extraordinaires alors qu’on ne veut pas voir ce qui reste à côté de menus travaux tout autour pour pouvoir s’en servir ni où va voir la nécessité de charrier de faire bouger son chariot d’où sa possession alors nécessaire de se retrouver avec son chariot à déplacer et tout autour à l’entretien du même.

PARIS, 26 JUIN 1996, Tarkos m’écrit qu’on n’est pas téléphonique et que c’est pour ça qu’on écrit.

PARIS, 4 JUILLET 1996, Tarkos m’écrit qu’il n’a pas beaucoup d’idée, qu’il a repris un café au bistrot, qu’il n’a pas envie de boire de l’alcool.

PARIS, 16 JUILLET 1996, Tarkos m’écrit que je le trouve en ce jour calme de juillet lisant, oui, lisant du temps de nos grands-pères la joie cachée qui nous fut dissimulée.

MARSEILLE, ? SEPTEMBRE 1996, Tarkos m’écrit qu’il va aller s’user à Gap, documentaliste, qu’il faudrait qu’il tienne même si le résultat est qu’il ferme sa gueule mutisme ou delirium.

GAP, 21 SEPTEMBRE 1996, Tarkos me dit qu’il faut y réfléchir et qu’il vient de découvrir qu’il avait une capacité à réfléchir et que donc ça ne lui fait pas peur.

GAP, 2 OCTOBRE 1996, Tarkos m’écrit qu’il viendra le week-end, lorsqu’il habitera Paris, à Berguette chaque week-end, et en train et avec une petite tente parabolique qu’il installera dans mon jardin et il termine en me souhaitant bonne vie dans le ciel.

GAP, 11 NOVEMBRE 1996, Tarkos me demande si je peux préparer un paquet pour l’hommage à Gibertie, pour préparer pour le temps pour savoir si je peux.

PARIS, 8 JANVIER 1997, Tarkos m’écrit qu’en ce début janvier, il est en salle H bnf tous les jours sauf le lundi.

PARIS, 23 JANVIER 1997, Tarkos m’écrit que tout va bien.

PARIS, 27 JANVIER 1997, Tarkos m’explique que la salle H est la salle où il fait des heures dans la bibliothèque aux quatre tours vides et que pendant son congé maladie, il était à Ajaccio.

PARIS, 7 AVRIL 1997, Tarkos m’écrit qu’il est allé à la maison de la poésie de Paris dans le but de devenir centenaire, qu’il m’envoie des copies d’écrits bruts et qu’il va à Rotterdam en juin, dans le cas où il sera alors encore valide.

PARIS, ? MAI 1997, Tarkos m’écrit que Kati va présenter Poézi Prolètèr à Marseille, qu’il ne pourra pas y aller car il veut d’abord faire arrêt de travailler.

PARIS, 12 MAI 1997, Tarkos m’écrit qu’il espère que Lemire n’est pas trop triste de la perte de son chien.

PARIS, 23 MAI 1997, Tarkos m’écrit que le 12 - 13 juin il troue la Picardie et que le 23 il retraverse.

PARIS, 3 JUIN 1997, Tarkos m’écrit que Julien lui raconte l’histoire du crocolion.

ROTTERDAM, 22 JUIN 1997, Tarkos m’envoie une carte postale.

BERNAY, 6 OCTOBRE 1997, Tarkos m’écrit qu’à Bernay dehors ça sent comme à Berguette et que les arbres marron cela lui donne l’idée d’être à Berguette. Il termine en disant : Porte-toi bien dans l’amour.

AIX EN PROVENCE, 3 NOVEMBRE 1997, Tarkos m’écrit qu’il va vivre en Normandie et que c’est l’anniversaire de sa mère.

PARIS, 12 NOVEMBRE 1997, Tarkos me demande si je connais quelqu’un qui connaît quelqu’un qui aurait un endroit pour lui soulouer et qu’il viendrait dans cet endroit pour vivre.

PARIS, 11 FÉVRIER 1998, Tarkos me dit qu’il a vu Pennequin + Tholomé le fer de lance de la bataille.

PARIS, 15 FÉVRIER 1998, Tarkos me dit que je bois de la bière principalement et de la vodka aussi et qu’il fait extraordinairement beau.

PARIS, 16 FÉVRIER 1998, Tarkos m’écrit qu’il y en a qui savent y faire et qu’il y a ceux qui ne peuvent pas faire cuire des patates. Il termine en écrivant : salut patate.

PARIS, 9 MARS 1998, Tarkos m’écrit qu’il a bien reçu mon livre La Justification de l’abbé Lemire et qu’il l’a lu d’une seule traite que c’est comme ça qu’il se lit, qu’il entraîne.

MARSEILLE, 16 AVRIL 1998, Tarkos m’écrit qu’il voit les figures de Burroughs exposées à la Galerie Porte Avion.

PARIS, 21 AVRIL 1998, Tarkos m’écrit qu’il a retrouvé une automobile et qu’il voudrait me demander de lui expliquer d’où, ou de quel groupe sort la poésie concrète car tous les chemins le mènent à Saisseval chez Pierre Garnier.

CAEN, 9 MAI 1998, Tarkos nous remercie, Josiane & moi, et ajoute qu’il y a évidemment des tas de choses qu’on s’est pas dit et que donc il faut encore, et que Paris n’est pas loin et qu’il m’attend, ou sinon il revient.

PARIS, 29 MAI 1998, Tarkos me demande où est Ivar Ch’Vavar, dans quel monde.

PARIS, 14 SEPTEMBRE 1998, Tarkos me demande si j’ai internet, il m’écrit que c’est bien à utiliser, qu’il l’a fait au travail, pour chercher les passages secrets pour aller dans les souterrains.

PARIS, 25 JANVIER 1999, Tarkos me demande la disquette du Train corrigé par mes soins car c’est le prochain livre qu’il fait.

PARIS, 11 FÉVRIER 1999, Tarkos m’écrit qu’il espère que les genoux glissent, tournent, s’articulent.

PARIS, 23 FÉVRIER 1999, Tarkos me dit qu’il a le projet de faire paraître Le train en juin 2000 et qu’il restera dans mon catalogue parce que mon livre est le plus beau qui existe.

PARIS, 20 MAI 1999, Tarkos m’écrit qu’il m’envoie un poème L’argent qui est petit et beau et gratuit et il espère que le printemps est arrivé dans mes fleurs et à bientôt ici ou là.

Ensuite Tarkos m’a encore écrit avec internet mais j’ai perdu tous ses messages.
Lucien Suel
23 DÉCEMBRE 2008

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jeudi 16 avril 2009

Collage instantané n° 389


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vendredi 10 avril 2009

Clara Elliott - Strangulation Blues

Avant d’autres textes à paraître dans les revues Nioques et Action Poétique, Silo vous propose en avant-première, des poèmes de Clara Elliott, extraits de son unique recueil «aStrangulation Blues », traduit et annoté par le poète et rocker Sylvain Courtoux.

Clara Elliott est née le 10 octobre 1955 à Slough, petite ville proche de Londres. Elle est morte à 32 ans, le 3 août 1987, à Paris, d’une overdose d’héroïne, dans la pauvreté et le dénuement le plus total. Clara Elliott n’a écrit qu’un seul texte : Strangulation Blues, dont ces poèmes sont extraits. Ce recueil n’est jamais paru en langue anglaise. Ce texte (une cinquantaine de poèmes) écrit entre 1978 et 1984 n’a eu droit qu’à quelques fanzines punk de Londres et d’ailleurs comme Sniffin’ Glue, New Wave, et Punk.
Strangulation Blues est sous-titré Poèmes Post-punk et Leçons d’Exorcismes 1978-1986. C’est une ode macabre et désespérée au rock, à la drogue, à la mort et à la poésie, une œuvre tout à fait dans la lignée de l’avant-garde post-punk internationale de l’époque (à la Kathy Acker).
Sous le nom de JoydeVivre, Clara Elliott a été chanteuse et parolière du groupe anarcho-punk anglais CRASS de 1979 à 1983 (le groupe s’est auto-dissout en 84).
Strangulation Blues est un mix de deux traditions poétiques totalement anglo-saxonnes :
1. Une tradition ‘beat generation’ ouverte à fond sur le rock dont les meilleurs exemples sont les textes de Jim Morrison (extatique front-man des Doors) et le Kerouac de Mexico City Blues.
2. La poésie objectiviste (de Pound à Spicer en passant par Zukovsky et Reznikof) car elle écrit non seulement à l’aide de collages, de listes, de cut-up, mais aussi parce qu’elle décrit d’une manière froide et plate son désenchantement du monde. On peut, bien évidemment, trouver chez elle, plus d’expressionnisme que d’objectivisme ; je dirais que ça dépend surtout du poème. La traduction de Strangulation Blues est en cours de finalisation et devrait être publiée en fin 2009 ou début 2010 par Al Dante.

(presque) Dix ans sans dormir (1975-1985)

bleu-gris presque transparent
la course s’accélère sans cesse sans halte
bienvenue dans la P.E.U.R.
chacun est dans le rôle de son propre cauchemar
tout en brisures vinyle plasma érotique d’ennui
mandrax quaalude dynintel et néocodion pour demain
il lui a fait découvrir à la fois l’amour et les smacks
elle a reconnu le parfum mouillé des lilas
la nuit tarde et il faudrait
encore
luire pour demain ou pourrir
d’un soleil plus rouge sang camisole
quand tu seras cadavre, tu pourras prier
et il faudra bien t’oublier
dans le poids du vent
il pleut, des gosses jouent dans le hall de l’immeuble
il faisait chaud à ton enterrement.

Cette ombre –
ne la livre pas
je regarde la nuit à travers les planches pourries de mon sommier-écran
au domaine de l’approche, le sang tient lieu d’avertissement
je n’ai rien à perdre ni à gagner
ce sont les vaincus qui ont toujours raison
la terreur qui vacille, un silence [déjà] frémissant
ici ils frappent le ventre avec des couteaux de verre
comme à l’abattoir
leur propre pâle violence
nous avons vécu comme des ombres
nous avons vécu comme des morts
l’horizon dangereux (devient prologue) approche
la légende et la négativité du renversement continue de pourrir
ici & là – la poésie est cet être mutant
et notre histoire, qui nous a, une nuit, semblé possible
s’est tue dans les décombres d’un parcours vacillant –
j’ai froid, j’ai peur, j’ai faim,
cette phrase – ne la déchiffre pas
utilise le silence comme une illusion
et défais-le.

« Je suis terrorisée par cette chose obscure qui sommeille en moi…»
Sylvia Plath.
Nul dieu, nulle révolution ne nous guérira de cette condition
je suis la nuit hantée par le cri,
la fièvre intense
il sort des choses qui étaient enfermées
en moi depuis trop d’années
j’ai basculé
l’arbre
a tenu
branches
écla
boussées
de sang
noir .
Clara Elliott
traduit de l'anglais par Sylvain Courtoux

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lundi 6 avril 2009

Mort d'un jardinier (encore)

Article signé Yves di Manno, paru dans "Vient de paraître" de février 2009.

SUEL Lucien Mort d’un jardinier [La Table ronde, coll. « Vermillon », novembre 2008, 176 p., 17 €, ISBN : 978-2-7103-3092-9.]
Né en 1948, « poète ordinaire » comme il se qualifie lui-même, Lucien Suel a publié l’essentiel de son oeuvre dans le réseau des revues et de l’édition parallèles dont il fut l’un des premiers instigateurs, dès les années 1970. Animateur, entre autres, de la « Station Underground d’Émerveillement Littéraire », il fut aussi l’un des collaborateurs les plus actifs du « Jardin ouvrier » d’Ivar Ch’Vavar (dont une importante anthologie est parue l’an dernier chez Flammarion).
Mort d’un jardinier est le premier ouvrage qu’il publie, à soixante ans, chez un éditeur « officiel ». Le livre est sous-titré « roman », pour ne pas effaroucher sans doute les lecteurs suspicieux. Non qu’il s’agisse ici de poésie à proprement parler : mais l’ample monologue que s’adresse à lui-même le jardinier mourant relève davantage du travail poétique, littéral et matérialiste, tel que le conçoivent les membres du « cercle picard » dont Suel est l’un des fondateurs. Et ce n’est probablement pas un hasard si Christophe Tarkos (qui collabora lui aussi au « Jardin ouvrier » avant sa mort prématurée) apparaît dès les premières pages du livre : la tentative d’épuisement – de la mémoire, du vocabulaire, des objets ordinaires – à laquelle se livre Lucien Suel relève d’une esthétique identique.
Un « jardinier », donc, est terrassé en plein labeur dans son potager. On l’a vu, avant cela, occupé à ses travaux méticuleux, attentif à l’entretien de ses outils aussi bien qu’à la rigueur des lois naturelles. Mais le voici brusquement fauché, en travers de ses semis, et c’est toute sa vie qui va repasser devant lui tandis que la mort l’envahit : fragments d’enfance et de jeunesse, joies et peines du fils puis du père qu’il a été, souvenirs de voyages, d’étreintes, de lectures, éclats d’amour et de détresse… Tout cela prélevé dans la trame obstinée du monde, égrenant la succession des paysages et des objets, des corps et des mots prononcés – tous ces moments infimes, glorieux ou dérisoires, dont la concrétion fait une vie. Cette longue coulée prosaïque, atonale, obsédante, capte avec une précision confondante les nuances les plus subtiles de la vie matérielle : c’est un hommage aussi à la lumière qui nous traverse parfois, dans la pesanteur des jours – et dont l’écriture de Lucien Suel nous renvoie dans ce livre l’écho ébloui et troublé.
Y. d. M.

Prochaines lectures et signatures de "Mort d'un jardinier" :

Lesneven, les 24 & 25 avril. Dîner-rencontre le 24 au soir à l’occasion de la St Jordi et lecture et signature de « Mort d’un jardinier » le 25 à l’invitation de Jean-François Delapré, librairie Saint-Christophe, 11 rue du Général De Gaulle, tél : 02 98 83 01 97.

Arras, le 1er mai. Salon du Livre d’Expression Populaire. Performance « Photoromans II » avec Patrick Devresse et signature « Mort d’un jardinier » .

Douai, le 16 mai de 14h à 17h, signature de "Mort d'un jardinier" à la Librairie Brunet, 50, Place d'Armes, tél 0327958630, suivie de 17h30 à 19h par un Café Littéraire animé par Richard Couaillet, au café-bar L'Equitable (03 27 95 36 05) 73, rue des Ferronniers.

Anor, le 8 mai à 20h30. Lecture publique. La Malterie, Espace Michel Vanderplancke, 16 rue du Général de Gaulle, tél : 0327595769. Festival « Les voix de mai ».

Saint-Jans Cappel, le 7 juin. Villa Yourcenar. Festival « Par Monts et par mots », participation à un café littéraire autour de « Mort d'un jardinier », lecture et signature.

Arras, lundi 8 juin à 19h, présentation de « Mort d’un jardinier » dans le cadre d’un café littéraire organisé par Escales des Lettres au café Le Philos’off.

Lille, mardi 9 juin à 20h, présentation de « Mort d’un jardinier » dans le cadre d’un café littéraire organisé par Escales de lettres au café Chez Morel.

Béthune, mercredi 10 juin à 19h, présentation de « Mort d’un jardinier » dans le cadre d’un café littéraire organisé par Escales de lettres au café-librairie « Quilit-Quilit », rue Ludovic Boutleux.

Angers, le 18 juin. Lecture publique à la Bibliothèque anglophone, 60 rue Boisnet, tél. 0241249707. Association Le chant des mots. La veille, 17 juin, animation d'un atelier d’écriture pour adultes.

Esquelbeck, le 4 juillet. Nuit du Livre. Lecture et signature «aMort d’un Jardiniera» sur le stand du Marais du Livre.

En décembre, Alexandre Pavlov lira "Mort d'un jardinier" à La Comédie Française.

A noter, interview de l'auteur par Agnès Delbarre sur France Bleu Nord le samedi 11 avril 2009 à 9h20.

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jeudi 2 avril 2009

La mort en duplicata pour Cosmik Galata (7)

La mort en duplicata pour Cosmik Galata (7)
Feuilleton romanesque en vers justifiés.
VII

MAURICETTE BEAUSSART, AU FOUR BARS INN, RACONTE SON
HISTOIRE AUX TROIS HOMMES !


« Je vous demande de m'excuser, mais aucun de vous
trois ne peut être la dernière personne au monde à
avoir vu Cosmik Galata vivant ! C'est moi qui l'ai
vu la dernière ; c'est moi aussi qui ai prévenu le
commandant du corps au Q.G. Mon nom est Mauricette
Beaussart. En 1940 j'ai été arrêtée par la Gestapo
pour espionnage. La mort tombe vite sur un espion.

Cet homme, Cosmik Galata, a été mis dans la prison
où je me trouvais. Il m'a parlé de sa mission, son
message à transmettre. Il était parvenu à deux pas
du Q.G., mais il n'avait pas eu le temps de donner
le papier. Je savais où était installé le Quartier
Général, pas très loin de la prison où nous étions
enfermés. Cela ne nous avançait pas à grand chose,
puisque nous allions être fusillés ; Cosmik Galata
dit que, puisque je savais où se trouvait le Q.G.,
je devais m'échapper et confier le papier kraft au
commandement. Je ne voyais pas comment je pourrais
m'enfuir mais il me dit qu'il s'arrangerait et que
je ne devais pas m'inquiéter. Lorsque le soldat de
garde est entré dans la cellule pour nous donner à
manger, Cosmik Galata a plongé dans ses jambes. Il
lui a pété la figure, s'est emparé du fusil et des
clefs. Nous sommes sortis de la cellule. Et il m'a
obligée à fuir en avant. Je voulais que l'on parte
ensemble, mais il voulait couvrir mon derrière. Je
devais passer. Il m'a fait jurer ceci : il fallait
que je me rende au Four Bars Inn, à Cardiff, le 20
mai 1960. J'y retrouverai ses trois amis pour leur
révéler ce qui était advenu ; après, j'ai escaladé
le mur d'enceinte alors qu'il protégeait ma fuite.

C'est à ce moment, quand j'étais au sommet du mur,
qu'il a trouvé sa fin ! J'ai transmis le papier au
Q.G. J'ai été décorée avec la Croix de Guerre mais
je n'ai pas oublié ce qu'il m'avait demandé. Donc,
hier matin, j'ai pris le ferry à Calais pour venir
à mon rendez-vous . Depuis ces affreux événements,
j'ai tenté d'en savoir plus sur Cosmik Galata ; je
sais qu'il avait été compté manquant, présumé mort
pendant la Première Guerre Mondiale, en juin 1918.

Après, plus rien. Pas de nouvelles. » Tous restent
muets un moment, puis Mauricette Beaussart vide sa
chope et William énonce alors la question : « Mais
pourquoi nous avoir fait venir là spécialement ? »

Le patron du Four Bars Inn, qui s'est approché, un
torchon à la main, répond soudain d'une voix grave
légèrement tremblotante : « Je peux vous le dire !

Je peux vous fournir une explication ! Ecoutez-moi
bien ! Mon frère Cosmik Galata est né ici. Daddy &
Mummy
dirigeaient ce pub. Je leur ai succédé quand
ils sont morts. » Le patron du bar s'approche d'un
meuble. Il y prend la photo encadrée de noir. Tous
se lèvent. Ils se penchent et regardent par-dessus
l'épaule de Monsieur Galata. « La photo date de la
Grande Guerre. A compter de ce jour de mai 1918 où
il fut signalé absent jusqu'à aujourd'hui, j'étais
absolument persuadé qu'il avait été tué lors de la
Première Guerre Mondiale. » Tous ont le coeur ému.

Mauricette Beaussart, les larmes aux yeux, fouille
dans son sac à main et dit : « Monsieur Galata, je
vous en prie, acceptez cette décoration ! Fixez-la
sous le cliché de votre frère ! Elle devait être à
lui ! Oui, votre frère était un brave courageux et
vaillant, Monsieur ! » Oui vraiment, Cosmik Galata
était un brave. En cette soirée de mai 1960, trois
hommes et une femme lèvent leur verre. Ils portent
un toast à leur fameux sauveur. « A Cosmik Galata,
nous ne l'oublierons jamais ! » « Bravo, Bravo ! »

Au garde-à-vous, devant une photo jaunie de Cosmik
Galata, le patron du pub rend un ultime hommage au
héros, son frère ; cet homme qui s'est enfui plein
d'épouvante lors d'une guerre... et qui est mort à
à la suivante avec une grande vaillance, mort à la
suivante avec une grande vaillance, qui est mort à
la suivante avec une grande vaillance, la suivante
avec une grande vaillance, la suivante suivante...
Lucien Suel

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