samedi 18 avril 2009

Christophe Tarkos

La revue Fusées a publié dans son numéro de mars 2009 un dossier consacré à Christophe Tarkos, à l'occasion de la journée d'études et de performances "Les arts poétiques de Christophe Tarkos" organisée à l'IMEC le 12 mars 2009.
Pour ce dossier, j'ai composé un poème hommage à partir des nombreuses lettres et cartes postales que Christophe m'a envoyées entre 1994 et 1999.

TARKOS M'ECRIT
PARIS, 10 NOVEMBRE 1994, Tarkos m’écrit qu’il sera content d’accueillir mes trouvailles et mes humeurs.

PARIS, 1er DÉCEMBRE 1994, Tarkos m’écrit qu’il reprend ses esprits après un tel tas de beautés.

PARIS, 26 MARS 1995, Tarkos m’écrit qu’il y aurait, il y aura, il y a encore beaucoup à faire et qu’il n’y manquera pas.

PARIS, 2 NOVEMBRE 1995, Tarkos m’écrit que l’histoire de la pauvre Mauricette est tristounette.

PARIS, 7 NOVEMBRE 1995, Tarkos m’écrit que Micha est né, le fils de Christophe Tarkos et Valérie Bendavid et que c’est une bonne matière à tête et que tout va bien.

PARIS, 29 DÉCEMBRE 1995, Tarkos m’écrit qu’il pense à une petite dose de lettres de Pélieu et à un texte de qui je veux mais pas un scribouillard, un poète, pour faire le lien.

SAUVE, 15 JANVIER 1996, Tarkos m’écrit qu’il découvre sa base de La Joliette et qu’il met son bonnet, et qu’il me voit bien avec les gars d’ici comme tous les gars à Berguette.

MARSEILLE, 25 JANVIER 1996, Tarkos m’écrit que dans les gravats, il a son adresse en construction qui temporise.

PARIS, 27 MARS 1996, Tarkos m’écrit qu’il part faire une lecture et que des fois les mots les plus simples on peut pas les lire.

MARSEILLE, 3 AVRIL 1996, Tarkos m’écrit que ce n’est pas fini cette histoire de pâte-mot, que c’est comme s’il allait préciser par une obstination développante ce statut du verbe.

MARSEILLE, 11 AVRIL 1996, Tarkos m’écrit qu’il travaille, et qu’il en est heureux, et que c’est heureux, receveur (en tee shirt) - auxiliaire (pas titulaire encore) bas de l’échelle - de la gare de Meyrargues et que Micha chante avec les Kirghizes dans le soleil couchant du Port.

MARSEILLE, 30 AVRIL 1996, Tarkos m’écrit qu’il a tout laissé en plan pour les murs (que Micha est rentré à sa crèche à Paris) et que c’est bien de rerevoirraraconter et d’aller au péage péager avec ses amies péagistes qui péagent dans la bonne humeur : Sylvette, Josette, Laure, Delphine, Caroline, Cathy, Corinne.

MARSEILLE, 2 MAI 1996, Tarkos m’écrit qu’il est in the cabine, voie 32, et qu’aucun véhicule à l’horizon ne s’engage sur la voie manuelle (qu’il n’est pas un automate).

MARSEILLE, 7 MAI 1996, Tarkos m’écrit que sur le caractère et sur le format et sur la noirceur du caractère, sur l’interlignage, sur le blanc entre les titres et les textes, il ne s’immiscera pas et qu’il ne comprend toujours pas pourquoi dans notre discrétion, ce train reçu en paquet lui a fait le plus grand bien.

MARSEILLE, 21 MAI 1996, Tarkos m’écrit qu’il ne sait plus où nous en sommes pour rien, qu’il veut dire toutes les choses dont on parle en général pour se répondre en quoi elles ont comme un je ne sais quel pousse aux fesses et moyen de faire et toujours avec une circulation de dates et de bouts de papiers tous extraordinaires, fulminante.

PARIS, 3 JUIN 1996, Tarkos me demande si sur notre terrain, il faut vraiment avant du fumier pour planter.

PARIS, 4 JUIN 1996, Tarkos me dit que s’il est à Paris c’est aussi, pour les beaux jours, venir faire un tour dans ma région.

PARIS, 11 JUIN 1996, Tarkos me dit qu’il refuse le poste dans les Bouches du Rhône, Putain de Dieu.

PARIS, 21 JUIN 1996, Tarkos m’écrit qu’à la place d’être quelque part ce monstre par le chariot qu’on pourrait dire qu’il charrie ou qu’il se fait charrier et qu’on dit que ça roule parce qu’on intensifie les deux belles roues comme autant de belles inventions même d’inventions extraordinaires alors qu’on ne veut pas voir ce qui reste à côté de menus travaux tout autour pour pouvoir s’en servir ni où va voir la nécessité de charrier de faire bouger son chariot d’où sa possession alors nécessaire de se retrouver avec son chariot à déplacer et tout autour à l’entretien du même.

PARIS, 26 JUIN 1996, Tarkos m’écrit qu’on n’est pas téléphonique et que c’est pour ça qu’on écrit.

PARIS, 4 JUILLET 1996, Tarkos m’écrit qu’il n’a pas beaucoup d’idée, qu’il a repris un café au bistrot, qu’il n’a pas envie de boire de l’alcool.

PARIS, 16 JUILLET 1996, Tarkos m’écrit que je le trouve en ce jour calme de juillet lisant, oui, lisant du temps de nos grands-pères la joie cachée qui nous fut dissimulée.

MARSEILLE, ? SEPTEMBRE 1996, Tarkos m’écrit qu’il va aller s’user à Gap, documentaliste, qu’il faudrait qu’il tienne même si le résultat est qu’il ferme sa gueule mutisme ou delirium.

GAP, 21 SEPTEMBRE 1996, Tarkos me dit qu’il faut y réfléchir et qu’il vient de découvrir qu’il avait une capacité à réfléchir et que donc ça ne lui fait pas peur.

GAP, 2 OCTOBRE 1996, Tarkos m’écrit qu’il viendra le week-end, lorsqu’il habitera Paris, à Berguette chaque week-end, et en train et avec une petite tente parabolique qu’il installera dans mon jardin et il termine en me souhaitant bonne vie dans le ciel.

GAP, 11 NOVEMBRE 1996, Tarkos me demande si je peux préparer un paquet pour l’hommage à Gibertie, pour préparer pour le temps pour savoir si je peux.

PARIS, 8 JANVIER 1997, Tarkos m’écrit qu’en ce début janvier, il est en salle H bnf tous les jours sauf le lundi.

PARIS, 23 JANVIER 1997, Tarkos m’écrit que tout va bien.

PARIS, 27 JANVIER 1997, Tarkos m’explique que la salle H est la salle où il fait des heures dans la bibliothèque aux quatre tours vides et que pendant son congé maladie, il était à Ajaccio.

PARIS, 7 AVRIL 1997, Tarkos m’écrit qu’il est allé à la maison de la poésie de Paris dans le but de devenir centenaire, qu’il m’envoie des copies d’écrits bruts et qu’il va à Rotterdam en juin, dans le cas où il sera alors encore valide.

PARIS, ? MAI 1997, Tarkos m’écrit que Kati va présenter Poézi Prolètèr à Marseille, qu’il ne pourra pas y aller car il veut d’abord faire arrêt de travailler.

PARIS, 12 MAI 1997, Tarkos m’écrit qu’il espère que Lemire n’est pas trop triste de la perte de son chien.

PARIS, 23 MAI 1997, Tarkos m’écrit que le 12 - 13 juin il troue la Picardie et que le 23 il retraverse.

PARIS, 3 JUIN 1997, Tarkos m’écrit que Julien lui raconte l’histoire du crocolion.

ROTTERDAM, 22 JUIN 1997, Tarkos m’envoie une carte postale.

BERNAY, 6 OCTOBRE 1997, Tarkos m’écrit qu’à Bernay dehors ça sent comme à Berguette et que les arbres marron cela lui donne l’idée d’être à Berguette. Il termine en disant : Porte-toi bien dans l’amour.

AIX EN PROVENCE, 3 NOVEMBRE 1997, Tarkos m’écrit qu’il va vivre en Normandie et que c’est l’anniversaire de sa mère.

PARIS, 12 NOVEMBRE 1997, Tarkos me demande si je connais quelqu’un qui connaît quelqu’un qui aurait un endroit pour lui soulouer et qu’il viendrait dans cet endroit pour vivre.

PARIS, 11 FÉVRIER 1998, Tarkos me dit qu’il a vu Pennequin + Tholomé le fer de lance de la bataille.

PARIS, 15 FÉVRIER 1998, Tarkos me dit que je bois de la bière principalement et de la vodka aussi et qu’il fait extraordinairement beau.

PARIS, 16 FÉVRIER 1998, Tarkos m’écrit qu’il y en a qui savent y faire et qu’il y a ceux qui ne peuvent pas faire cuire des patates. Il termine en écrivant : salut patate.

PARIS, 9 MARS 1998, Tarkos m’écrit qu’il a bien reçu mon livre La Justification de l’abbé Lemire et qu’il l’a lu d’une seule traite que c’est comme ça qu’il se lit, qu’il entraîne.

MARSEILLE, 16 AVRIL 1998, Tarkos m’écrit qu’il voit les figures de Burroughs exposées à la Galerie Porte Avion.

PARIS, 21 AVRIL 1998, Tarkos m’écrit qu’il a retrouvé une automobile et qu’il voudrait me demander de lui expliquer d’où, ou de quel groupe sort la poésie concrète car tous les chemins le mènent à Saisseval chez Pierre Garnier.

CAEN, 9 MAI 1998, Tarkos nous remercie, Josiane & moi, et ajoute qu’il y a évidemment des tas de choses qu’on s’est pas dit et que donc il faut encore, et que Paris n’est pas loin et qu’il m’attend, ou sinon il revient.

PARIS, 29 MAI 1998, Tarkos me demande où est Ivar Ch’Vavar, dans quel monde.

PARIS, 14 SEPTEMBRE 1998, Tarkos me demande si j’ai internet, il m’écrit que c’est bien à utiliser, qu’il l’a fait au travail, pour chercher les passages secrets pour aller dans les souterrains.

PARIS, 25 JANVIER 1999, Tarkos me demande la disquette du Train corrigé par mes soins car c’est le prochain livre qu’il fait.

PARIS, 11 FÉVRIER 1999, Tarkos m’écrit qu’il espère que les genoux glissent, tournent, s’articulent.

PARIS, 23 FÉVRIER 1999, Tarkos me dit qu’il a le projet de faire paraître Le train en juin 2000 et qu’il restera dans mon catalogue parce que mon livre est le plus beau qui existe.

PARIS, 20 MAI 1999, Tarkos m’écrit qu’il m’envoie un poème L’argent qui est petit et beau et gratuit et il espère que le printemps est arrivé dans mes fleurs et à bientôt ici ou là.

Ensuite Tarkos m’a encore écrit avec internet mais j’ai perdu tous ses messages.
Lucien Suel
23 DÉCEMBRE 2008

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posted by Lucien Suel at 09:31

2 Comments:

Anonymous ms said...

Merci Lucien pour le partage de cette correspondance : très émouvant et magnifique hommage

11:20  
Blogger Lucien Suel said...

Merci Martine, très content de vous avoir rencontrée à Arras.

14:32  

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