jeudi 28 mai 2020

"Ici Pas-de-Calais, mars, avril et mai, année 2020"


Glissements de temps sur Mars
Philip Kindred Dick Martian Time Slip New York 1964

Ici Pas-de-Calais, mars, avril et mai, année 2020
Mémoire continent et brèves enjolivées

Année scolaire 60-61, le prof profère : escargot !
Voici qu'on a le temps.

Le bloc bloque, mais le flipbook ne fait pas trop flipper.

L'auto restée plusieurs jours au garage, la batterie a dit
Si c'est comme ça je me décharge de tout.


Le jardin vit comme si de rien n'était, mais faute de coiffeur c'est lui qu'on va ratiboiser. On sarcle pour y voir clair et on trouve la réponse à la question qu'on s'était posée à l'automne dernier : Mais où est le houx ? Haut de 20cm au plus on l'a retrouvé caché derrière un jeune groseillier à peine plus haut. Même pas eu besoin de mettre la main dessus.

Le merle nous suit à la distance réglementaire, retournant sans vergogne le terrain nettoyé. Il semble avoir plus ou moins récupéré l'usage de son œil droit, qu'on lui a un jour découvert fermé par la paupière.
L'ayant déjà vu tentant de repousser un congénère hors de son territoire, on avait supposé une escarmouche un peu plus violente, mais sans pouvoir se l'imaginer. Jusqu'à un matin récent où ouvrant le volet on a droit au spectacle :
les deux merles s'attaquant comme des coqs de combat, au-dessus d'un carré de terre surélevé tout d'un coup transformé en ring. Le match cette fois-ci apparemment nul.

Mais leur fougue n'avait rien à envier à la violence du combat de boxe tragique autour duquel s'articule le film Tant qu'il y aura des hommes passé tout récemment à la télévision.

Feuilleton suivi d'un épisode mineur. Ce 6 mai au matin, ce sera au tour de deux moineaux de s'affronter sur la pelouse, tout aussi acharnés : ils en viennent à démontrer l'origine on ne peut pas plus concrète de l'expression ''prise de bec'' !

La pie bavarde pour ne pas parler d'explorations intérieures, ni de ces vieux cartons poussiéreux qu'on referme souvent aussitôt ouverts, de peur de libérer on ne sait quelles araignées, quels animalcules de quelles nouvelles perturbations capables.
Il faut dire qu'après l'élan paradoxal du début du repli c'est bien le dehors, autres choses autres gens, qui en vient à manquer. Renfermées sur elles-mêmes, les constructions en plan menacent d'en rester là. Voilà même qu'on se rend compte un jour qu'on n'a pas remonté le réveil mécanique, ou bien que comme ici on se retrouve passé d'un atelier à l'autre : du côté écriture.

jn@éd.éac

Ce texte a été écrit pendant la période d’enfermement par Jean-Noël Potte, dans le cadre de l'atelier d’édition et de graphisme animé par Frédéric Fleury à L’École d’Art de Calais.
On peut trouver d’autres traces de son travail artistique ici  et

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samedi 9 mai 2020

Réédition de "La justification de l'abbé Lemire"


Vient de paraître

Aux éditions Faï fioc


Ce long poème consacré à la vie du fondateur du mouvement des jardins ouvriers a d'abord été publié entre  1995 et 1997 dans la revue "Le Jardin ouvrier", puis ensuite aux éditions Mihàly (1998). Il était devenu indisponible en librairie depuis plusieurs années. Je remercie les éditions Faï fioc d'avoir souhaité le rééditer.

Je ne m’étais pas rendu compte que ce livre avait déjà
plus de vingt ans. En 2019, j’en ai lu des
extraits à Dunkerque pour l’inauguration de l’exposition
« Jardins dans la ville ». Le plaisir de lire ces vers
justifiés avec la diction particulière qui marque les
enjambements, l’intérêt visible des auditeurs, et leurs
réactions ensuite, m’ont confirmé que « La Justification
de l’abbé Lemire » est toujours un poème d’actualité,
en résonance avec l’histoire et la géographie de notre
monde, les permanences et les changements politiques et
économiques, et aussi, simplement, la vie du peuple et des
personnes.

Je crois que cela est lié pour une part à l’adéquation
entre le contenu et la forme. La contrainte numérique
des vers justifiés disposés en deux colonnes de tercets
transforme visuellement chaque page en jardin potager,
l’allée centrale au milieu et les planches de légumes de
chaque côté, et peut aussi faire penser à l’intérieur de
la nef d’une église... Cette forme tient à la fois le sujet
et la parole. Faire rentrer toute la vie d’un homme dans
un cadre aussi strict amène à condenser les descriptions,
les émotions, les péripéties, la beauté et la souffrance,
la joie et les luttes. Pour mémoire, la devise de Jules-
Auguste Lemire : Être utile. Servir. Tenir parole.

Ce poème conserve une grande importance à mes yeux parce
qu’il en a aussi généré beaucoup d’autres. Notamment, en
2000, « Visions d’un jardin ordinaire », puis en 2008,
« Mort d’un jardinier », et plus récemment, en 2017,
l’ensemble de mes poèmes sur les jardins repris dans « Ni
bruit ni fureur », ainsi que mon #JournalJardin rédigé sur
Twitter et publié dans « Les Vers de la Terre ».

Je suis heureux de la réédition de ce livre dans lequel
la figure de l’abbé Lemire fait corps avec le travail d’un
poète jardinier.

La justification de l'abbé Lemire
Lucien Suel
format : 14,5 cm x 21 cm
couverture à rabats, dos carré
ISBN 978-2-37427-042-5
prix : 11 €

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posted by Lucien Suel at 09:36 4 comments