jeudi 30 novembre 2023

Ateliers d'écriture, Bureau d'Asile Poétique 7/7

 Voici mes sept fiches créées en 2008 pour un atelier appelé (BAP) Bureau d'Asile Poétique, avec l'artiste Stéphane Benault  à Tourcoing, Collège Mendès-France.

Ces sept fiches sont emblématiques de mon travail personnel et des propositions d'écriture réalisées avec des publics divers, un peu partout en France, du collège à l'université, des enseignants aux prisonniers et sans-abris...

Fiche n° 1 Poème express
Fiche n° 2
Poème Bouture (avec des mots entiers)
Fiche n° 3 Poème Bouture (sans mots entiers)
Fiche n° 4
Acrostiche
Fiche n° 5 Acrostiche double
Fiche n° 6 Poèmes arithmogrammatiques
Fiche n° 7 Inclusion

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mercredi 29 novembre 2023

Ateliers d'écriture, Bureau d'Asile Poétique 6/7

 Voici mes sept fiches créées en 2008 pour un atelier appelé (BAP) Bureau d'Asile Poétique, avec l'artiste Stéphane Benault  à Tourcoing, Collège Mendès-France.

Ces sept fiches sont emblématiques de mon travail personnel et des propositions d'écriture réalisées avec des publics divers, un peu partout en France, du collège à l'université, des enseignants aux prisonniers et sans-abris...

Fiche n° 1 Poème express
Fiche n° 2
Poème Bouture (avec des mots entiers)
Fiche n° 3 Poème Bouture (sans mots entiers)
Fiche n° 4
Acrostiche
Fiche n° 5 Acrostiche double
Fiche n° 6 Poèmes arithmogrammatiques
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mardi 28 novembre 2023

Ateliers d'écriture, Bureau d'Asile Poétique 5/7

 Voici mes sept fiches créées en 2008 pour un atelier appelé (BAP) Bureau d'Asile Poétique, avec l'artiste Stéphane Benault  à Tourcoing, Collège Mendès-France.

Ces sept fiches sont emblématiques de mon travail personnel et des propositions d'écriture réalisées avec des publics divers, un peu partout en France, du collège à l'université, des enseignants aux prisonniers et sans-abris...

Fiche n° 1 Poème express
Fiche n° 2
Poème Bouture (avec des mots entiers)
Fiche n° 3 Poème Bouture (sans mots entiers)
Fiche n° 4
Acrostiche
Fiche n° 5 Acrostiche double
Fiche n° 6 Poèmes arithmogrammatiques
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lundi 27 novembre 2023

Ateliers d'écriture, Bureau d'Asile Poétique 4/7

 Voici mes sept fiches créées en 2008 pour un atelier appelé (BAP) Bureau d'Asile Poétique, avec l'artiste Stéphane Benault  à Tourcoing, Collège Mendès-France.

Ces sept fiches sont emblématiques de mon travail personnel et des propositions d'écriture réalisées avec des publics divers, un peu partout en France, du collège à l'université, des enseignants aux prisonniers et sans-abris...

Fiche n° 1 Poème express
Fiche n° 2
Poème Bouture (avec des mots entiers)
Fiche n° 3 Poème Bouture (sans mots entiers)
Fiche n° 4
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samedi 25 novembre 2023

Ateliers d'écriture, Bureau d'Asile Poétique 3/7

 Voici mes sept fiches créées en 2008 pour un atelier appelé (BAP) Bureau d'Asile Poétique, avec l'artiste Stéphane Benault  à Tourcoing, Collège Mendès-France.

Ces sept fiches sont emblématiques de mon travail personnel et des propositions d'écriture réalisées avec des publics divers, un peu partout en France, du collège à l'université, des enseignants aux prisonniers et sans-abris...

Fiche n° 1 Poème express
Fiche n° 2
Poème Bouture (avec des mots entiers)
Fiche n° 3 Poème Bouture (sans mots entiers)
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vendredi 24 novembre 2023

Ateliers d'écriture, Bureau d'Asile Poétique 2/7

 Voici mes sept fiches créées en 2008 pour un atelier appelé (BAP) Bureau d'Asile Poétique, avec l'artiste Stéphane Benault  à Tourcoing, Collège Mendès-France.

Ces sept fiches sont emblématiques de mon travail personnel et des propositions d'écriture réalisées avec des publics divers, un peu partout en France, du collège à l'université, des enseignants aux prisonniers et sans-abris...

Fiche n° 1 Poème express
Fiche n° 2
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jeudi 23 novembre 2023

Ateliers d'écriture, Bureau d'Asile Poétique 1/7

J'ai animé mon premier atelier d'écriture avec Réjane Peigny en 1999 à  Bruay-Labuissière. Cet atelier était organisé par l'association Epistème avec la DRAC Nord-Pas-de-Calais et Escales des Lettres.

Mon dernier atelier d'écriture s'est déroulé en février 2020 à l’IMEC (Institut Mémoires de l’édition contemporaine), Abbaye d’Ardenne, à l’invitation de Thierry Weyd, avec les étudiants de l’Esam Caen-Cherbourg, dans le cadre de l’animation du workshop "SPEED WRITING / FAST PUBLISHING".

J'ai décidé de mettre ma "méthodologie" à la disposition des "amateurs". Voici donc au Silo mes sept fiches créées en 2008 pour un atelier appelé (BAP) Bureau d'Asile Poétique, avec l'artiste Stéphane Benault  à Tourcoing, Collège Mendès-France.

Ces sept fiches sont emblématiques de mon travail personnel et des propositions d'écriture réalisées avec des publics divers, un peu partout en France, du collège à l'université, des enseignants aux prisonniers et sans-abris...

Fiche n° 1 Poème express
Fiche n° 2
Poème Bouture (avec des mots entiers)
Fiche n° 3 Poème Bouture (sans mots entiers)
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Fiche n° 5 Acrostiche double
Fiche n° 6 Poèmes arithmogrammatiques
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lundi 20 novembre 2023

La poésie selon la Limace à tête de chat

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samedi 18 novembre 2023

R.R. 2,1 Christophe Tarkos

  De 1993 à 2000, Christophe Tarkos (en compagnie de Nathalie Quintane et Stéphane Bérard) fut l'éditeur de la revue R.R. (4 pages au format A4)

Voici le fac-similé du numéro 2,1 avec des participations de Charles Pennequin, Paul Van Ostayen, Lucien Suel et Tarkos.


 




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mardi 14 novembre 2023

Isidore Isou et la Limace à tête de chat

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jeudi 2 novembre 2023

R.R. 2 Christophe Tarkos

 De 1993 à 2000, Christophe Tarkos (en compagnie de Nathalie Quintane et Stéphane Bérard) fut l'éditeur de la revue R.R. (4 pages au format A4)

Voici le fac-similé du numéro 2 avec des participations de Captain Cavern, Lucien Suel, Ivar Ch'Vavar, Tarkos, Julien Blaine, Thierry Dessolas, Michel Valprémy, Michel Seuphor, Charles Dreyfus et Jean-Pierre Bobillot






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samedi 21 octobre 2023

Surfing Bird

 J’avais un peu plus de 15 ans. En pension à Arras. Immense dortoir d’une centaine d’élèves. Au bout du dortoir, la chambre du pion. Réveil obligatoire à 6h20. Début 1964, février ou mars, dans les vagues du sommeil, un battement continu, des cris, bah bah bah bah, de plus en plus fort, bah bah oum mah maah bah bah oum mah mah... Personne ne traînait au lit. Tous les matins pendant 15 jours,volume au maximum, le pion nous a réveillés avec Surfing Bird, chanson des Trashmen... C’était tellement étrange, cette sauvagerie, dans l’aube hivernale, au milieu du grand dortoir collectif.

C’est resté le 45t le plus fabuleux que j’aie jamais entendu. En 1999, avec le groupe Potchük, j’ai à mon tour hurlé cette chanson sur la scène du 11/19 Culture Commune à Loos-en-Gohelle. J’avais un peu plus de 50 ans...


 

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lundi 2 octobre 2023

Le Livre des poèmes express


 

Ce livre regroupe tous les poèmes express encore en la possession de l’auteur. Presque 500 poèmes express depuis le premier, créé en 1987, jusqu’au dernier, le millième. 35 années pour construire ce projet littéraire. Le poème express, dérivé des expérimentations de William Burroughs, est aussi dans l’esprit de Lucien Suel, cousin des productions dadaïstes – les mots dans un chapeau de Tristan Tzara et les poèmes simultanés d’Hugo Ball – et du ready-made de Marcel Duchamp. Il doit aussi une part de son existence au mouvement Fluxus et à sa lecture des Cahiers de l’Internationale Situationniste.

Auteur : Suel Lucien 

Préface de Joël Hubaut

Éditeur : Dernier Télégramme 

504 pages 27 x 20,5 cm broché

Prix de vente au public (TTC) : 35.00€

En librairie le 13 octobre 2023 

Chroniques du Livre des poèmes express

1. par Mathieu Antoine Jung sur son blog 

[...] Le caviardage est traditionnellement un outil de censure du texte. Ici, au contraire [...] il libère quelque chose qui relève, risquons l’idée, de l’inconscient non tant de l’auteur que du texte lui-même. Le millième poème express le dit superbement : « Les mots, entre eux, étaient superflus. » Il fallait justement qu’ils ne restent pas « entre eux », que le feutre de Suel les sépare, les isole et les réactive. Admirablement reproduits dans ce beau livre, les poèmes tendent à devenir matière. Ils se donnent à voir plus qu’ils se donnent à lire.

2. Piero Cohen-Hadria qui a accompagné de ses commentaires cinématographiques un bon nombre de poèmes express publiés au Silo nous fait le plaisir d'installer le Livre des poèmes express dans la maison[s]témoin.

3. Dans Le Clavier Cannibale, Claro décrit parfaitement le poème express : Radier / Irradier. 

[...]L'apparente modestie du procédé, qui retourne les armes de la censure contre elle-même, ne doit pas faire oublier la savante malice du geste. Il ne s'agit pas de clamer que la poésie se dissimule dans n'importe quel texte mais de montrer comment, au moyen d'une vision-crible, il est possible d'arracher à la page saturée des bribes échappant aux diktats de la narration, de la description, du dire. Le poème, par essence, est un texte qui avance par sursauts: la coupe, le rejet, l'enjambement, le blanc… S'il avance troué, c'est pour mieux faire résonner zones d'ombre et espaces vierges. De la sorte, le caviardage-Suel répète l'antique bégaiement des pythies tout en réalisant le rêve d'une poésie faite par tous [...]

4. "Un trésor dans la Bibliothèque !", article de Fabrice Thumerel sur le site de Libr-Critique ; [les court-circuits de Lucien Suel] sont poétiques, non par le mode devenu traditionnel des inventions verbales, mais parce qu’ils donnent à lire et à voir des labyrinthes picturaux/verbaux qui libèrent notre regard pour le plonger dans l’infini des possibles.

 5. "Une poésie par soustraction" article (une page) de Guillaume Contré dans Le Matricule des anges n° 248, novembre-décembre 2023. Extrait : "Tout l'enjeu dans "l'écriture" par soustraction de ces 1000 poèmes (...) dont environ la moitié est rassemblée ici, consiste à s'inventer un fil au cœur d'une matière langagière d'une grande platitude. Car c'est bien cette platitude qui permet l'extraction de la pépite."

 6. "Une nouvelle manière d'écrire des poèmes" Écouter l'EDITO CULTURE d'Arnaud Viviant qui célèbre le poème express sur France-Inter le 29/11/2023

7. Lecture du « Livre des poèmes express » par Dinodante

0n entre dans « le livre des poèmes express » comme on plonge dans la mer, du haut d’une falaise : dépaysement, fraîcheur, puis sensation de bien-être, et l’on s’avance dans ces textes caviardés avec la facilité d’un nouvel élément offert à notre liberté.

Liberté, c’est le sentiment dominant de ces pages si bien présentées,  un vrai  livre d’art.

Armé de son feutre à l’encre noire indélébile, Lucien, jour après jour biffe ce qu’il veut, biffe comme il veut, biffe où il veut. Et l’on ressent la joie secrète de l’enfant qui laisse courir son crayon, jusqu’à arriver au barbouillage, mais non, il se retient, et nous donne un sens de justesse. Les « poèmes-express » d’un poète sont avant tout des poèmes.

A toi, lecteur, de les reconstituer, de les digérer, de les amadouer. De justesse car on ressent la nécessité de ces textes en pointillé, qui n’auraient pas pu être autrement qu’ils sont, soumis à la volonté pleine d’humour et critique de Lucien. On assiste à la transmutation de la non-littérature (les romans de gare) en littérature, en poésie, par une opération qui met le geste en avant. Sans écrire, on écrit. En effaçant, on fait apparaître. En abrogeant, on distingue. En abolissant, on accentue. En biffant, on exalte. En censurant, on ravive. En éliminant, on ajoute. En enlevant, on renforce. En escamotant, on montre. En faisant disparaitre, on fait apparaitre. En obscurcissant, on éclaircit. En raturant, premier jet. En sabrant, on met en relief. Plaisir de l’enfance à passer ainsi de l’être au néant, et du néant transmuté en être. « Fort-Da ».

 On serait tenté de recopier ces lignes de presque haïkus sur une page vierge, mais la poésie du poème ainsi disparaitrait pour beaucoup. C’est le travail et le plaisir du lecteur de co-création, de reconstituer visuellement, et en justesse, l’énigme et la chair du poème, dans tous les sens de la page. Parfois une seule phrase : «  je n’ai pas envie de mourir », banale, anodine dans le courant d’un texte. Mais qui « vous pète à la gueule », si vous la lisez en très grand format affichée comme poème-express sur les berges du canal Saint-Martin à Paris.

Avec ses poèmes-express, Lucien nous extrait du courant de la vie endormie, du courant  facile de nos lectures  habituelles, et nous dit : « fais gaffe !, la vie, ta vie a un sens caché, ouvre les yeux, et tu seras dans la vraie vie qui te revient, qui t’es due, à laquelle tu peux prétendre ». Avec la complicité amicale de Fabrice Caravaca, aux éditions du « Dernier Télégramme »,  « Le grand livre noir des « Poèmes-Express », un livre facétieux et malicieux, un livre de vie.

 

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vendredi 15 septembre 2023

Mauricette à bicyclette

 Sur la route à la brune entre Haverskerque et Guarbecque.

Traverse des effilochures de brume respiration du marais.

Mains serrées autour des poignées de plastique bleu pétrole.

De la force des mollets le cerveau transmet aux pédales pédalier chaîne dents de la roue libre moyeu jante et pneu.

 

Le caoutchouc frottefrotte la molette crantée de la dynamo.

Shhuintronronnement mécaniquement produit d'énergie humaine.

Lumière jaune devant rouge petit point tremblotant derrière.

La selle de cuir dur enveloppée dans un torchon à carreaux noué sous les ressorts pour améliorer le confort du siège.

 

Au bord de la jupe genoux ronds se frôlent au-dessus du cadre.

Tout le mouvement des muscles jumeaux des mollets fabrique transportsécurité rendementefficacité déplacementlumière.

Vélocité de la lumière au carré multipliée par poids du corps.

Lumière avance accélère ralentit en même temps que le vélo.

 

Rayon jaune danse sur le bas-côté de la route transperce déchiquette colorévèle les flaques grises du brouillard.

L'ombre déhanchée projetée par la lune s'esquinte à coller à la roue passe silencieusement au-dessus des profonds fossés.

Fraîcheur inodore sur la peau sur les gares debout du vélo.

 


Sur le pont de bois tout à coup d'un coup tout hoquette tout tout toutoutout tressautesausaute clicliclicqueticlette vévélolo cacatadioptre momolélé bouboudédénénénéné de Mauricette.

Dans la nuit qui vient les silhouettes des vaches et veaux plongés dans l'herbe haute de la nouvelle pâture ruminant.

 

Voici lune au fond de l'eau aperçue par-dessus la rambarde.

Vol silencieux d'une chouette paquet de viscères au bec.

Friss-chairdepoule-sson rapide chevilles tricotent le trajet.

Prisonnière Mauricette dans les phares de longue portée avec le vacarme du camion qui se rue vers la petite lumière rouge.

 

Gifle énorme du vent accumulé derrière le monstre et bbarrkk bouffée de diesel brûlé aspiré vaporisé au fond des narines.

Gros yeux rouges s'éloignent traînée de gaz et de poussière.

Corpsvélo titubant pour retrouver stabilité et régularité.

Oreille tendue chaîne et roulement route sous les roues.

 

De chaque côté du vélo maisons fenêtres bleuies par la maladie de télévision incurable cancerahlzeimer d'enfance à mort.

Voitures stationnées jusqu'à l'aube prochaine se pelliculant fin voile de buée et de molécules chimiques carbone et plomb.

Vélo immobile c'est le macadam un tapis autour de la terre.

 

Debout sur les pédales cheveux soulevés par la brise à l'aube à la nuit tombante au soleil en route infiniment direction paricilà droit devantderrière en rond en ronde toutoujours rouleroute parfum de sueur odeur d'éther retour en route sans fin sur soi-même éternel là-bas à rebours sur la route erout al rus…

Lucien Suel

Ce poème a été publié pour la première fois dans le recueil "Je suis debout" aux Éditions de La Table Ronde en mars 2014

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mardi 5 septembre 2023

Quitter la littérature

2666 (Folio) 

[…] J'ai été écrivain, j'ai été écrivain, mais mon indolent cerveau vorace dévorait mes entrailles. Vautour de mon propre Prométhée, ou Prométhée de mon propre vautour, un jour je me suis aperçu que je pouvais réussir à publier d'excellents articles dans les revues et les journaux, et même des livres qui ne gâchaient pas le papier sur lequel ils étaient imprimés. Mais j'ai aussi su que jamais je ne parviendrais à approcher ou à pénétrer une œuvre maîtresse. Vous me direz que la littérature ne consiste pas uniquement en œuvres maîtresses, mais qu'elle abonde en œuvres qu'on appelle mineures. Moi aussi je croyais cela. La littérature est une grande forêt, et les œuvres maîtresses sont les lacs, les arbres immenses ou très étranges, les éloquentes fleurs précieuses ou les grottes cachées, mais une forêt est aussi constituée d'arbres normaux, de fourrés, de flaques, de plantes parasites, de champignons et de petites fleurs sylvestres. Je me trompais. Les œuvres mineures n’existent pas en réalité. Je veux dire : l'auteur d'une œuvre mineure ne s'appelle pas Machin ou Truc. Machin et Truc existent, il n'y a pas de doute sur ça, et souffrent et travaillent et publient dans des journaux et des revues et de temps en temps ils publient même un livre qui ne gâche pas le papier sur lequel il est imprimé, mais ces livres ou ces articles, si vous faites attention, ne sont pas écrits par eux.

Toute œuvre mineure a un auteur secret, et tout auteur secret est, par définition, un écrivain d’œuvres maîtresses. Qui a écrit telle œuvre mineure ? Apparemment, un écrivain mineur. La femme de ce pauvre écrivain peut en témoigner, elle l'a vu assis à sa table, penché sur les pages blanches, se tordant et faisant glisser sa plume sur le papier. Elle a l'air d'être un témoin irréfutable. Mais ce qu'elle a vu, ce n'est que la partie extérieure. La coquille de la littérature. Une apparence, dit le vieillard ex-écrivain à Archimboldi et Archimboldi se souvient d'Ansky. Celui qui en vérité est en train d'écrire cette œuvre mineure est un écrivain secret qui n'accepte que la dictée d’une œuvre maîtresse.

Notre bon artisan écrit. Il est absorbé par ce qu’il est en train de mettre en forme bien ou mal sur le papier. Sa femme, sans qu'il le sache, l'observe. En effet, c'est lui qui écrit. Mais si sa femme avait une vision aux rayons X, elle s'apercevrait qu'elle n'assiste pas réellement à un exercice de création littéraire, mais bien plutôt à une séance d'hypnose. À l'intérieur de l'homme qui est assis en train d'écrire il n'y a rien. Rien qui soit lui, je veux dire. Comme ce pauvre homme ferait mieux de se consacrer à la lecture. La lecture est plaisir et joie d'être vivant ou tristesse d'être vivant et surtout elle est connaissance et questions. L'écriture, en revanche, est d'ordinaire vide. Dans les entrailles de l'homme qui écrit il n’y a rien. Rien, je veux dire, que sa femme, à un moment, puisse reconnaître. Il écrit sous la dictée. Son roman, ou son recueil de poèmes, convenables, très convenables, sortent, non par un exercice de style ou de volonté, comme le pauvre malheureux le croit, mais grâce à un exercice d’occultation. Il est nécessaire qu’il y ait beaucoup de livres, beaucoup de beaux sapins, pour qu’ils veillent du coin de l'œil le livre qui importe réellement, la foutue grotte de notre malheur, la fleur magique de l'hiver.

Pardonnez ces métaphores. Parfois, je m’emporte et je deviens romantique. Mais écoutez. Toute œuvre qui n’est pas une œuvre maîtresse est, comment vous dire, une pièce d'un vaste camouflage. Vous avez été soldat, j'imagine, et vous savez déjà de quoi je parle. Tout livre qui n'est pas une œuvre maîtresse est chair à canon, infanterie vaillante, pièce sacrifiée puisqu'elle reproduit, de multiples manières, le schéma de l'œuvre maîtresse. Lorsque j'ai compris cette vérité, j'ai arrêté d'écrire. Mon esprit, cependant, n'a pas cessé de fonctionner. Au contraire, il fonctionne mieux sans écrire. Je me suis demandé : pourquoi une œuvre maîtresse a-t-elle besoin d'être occulte ? Quelles forces étranges l'entraînent vers le secret et le mystère ?

Je savais déjà qu'écrire était inutile. Ou que cela ne valait la peine que si l'on était disposé à écrire une œuvre maîtresse. La plus grande partie des écrivains se trompe, ou bien joue. Peut-être que se tromper ou jouer, c'est la même chose, les deux côtés de la même pièce de monnaie. En réalité, nous ne cessons d’être des enfants, des enfants monstrueux pleins de boutons de fièvre, de varices, de tumeurs et de taches cutanées, mais des enfants en fin de compte, c'est-à-dire que nous ne cessons jamais de nous accrocher à la vie, puisque nous sommes vie. On pourrait aussi dire : nous sommes théâtre, nous sommes musique. De la même manière, ils sont peu nombreux les écrivains qui renoncent. Nous jouons à nous croire immortels. Nous nous trompons en jugeant nos propres œuvres et en jugeant, toujours de manière imprécise les œuvres des autres. Rendez-vous au Nobel, disent les écrivains, comme qui dirait : Rendez-vous en enfer.

Une fois j'ai vu un film américain de gangsters. Il y avait une scène où un inspecteur tuait un malfaiteur et il lui disait, avant d'appuyer sur la gâchette fatale : Rendez-vous en enfer. Il est en train de jouer. Le flic est en train de jouer et de se tromper. Le malfaiteur, qui le regarde et l'insulte juste avant de mourir, lui aussi est en train de jouer et de se tromper, même si son terrain de jeux et son terrain d'erreurs se sont réduits presque au zéro absolu, puisque, au plan  suivant, il sera mort. Le réalisateur lui aussi joue. Le scénariste, pareil. Rendez-vous au Nobel. Nous avons fait de l'histoire. Le peuple allemand nous en est reconnaissant. Une bataille héroïque qui restera dans le souvenir des générations à venir. Un amour immortel. Un nom gravé dans le marbre. L'heure des muses. Même une phrase aussi apparemment innocente que celle-ci : des échos de la prose grecque ne contiennent que du jeu et de l'erreur.

Le jeu et l'erreur sont le bandage et le ressort des écrivains mineurs. Et aussi : ils constituent la promesse de leur bonheur futur. Une forêt qui pousse à une vitesse vertigineuse, une forêt à qui personne ne met de frein, pas même les Académies, au contraire, les Académies se chargent de ce qu'elle pousse sans problème, et les entrepreneurs et les universités (pépinières de clochards), les bureaux de l'Etat, les mécènes, les associations culturelles, les déclamatrices de poésie, tous contribuent à ce que la forêt pousse et cache ce qu'elle doit cacher, tous contribuent à ce que la forêt reproduise ce qu’elle doit reproduire, puisqu'il est inévitable qu’elle fasse, mais sans jamais révéler ce qu'elle reproduit, ce qu'elle reflète doucement.

Un plagiat, direz-vous ? Oui, un plagiat dans le sens où toute œuvre mineure, toute œuvre issue de la plume d'un écrivain mineur, ne peut être qu’un plagiat d'une œuvre maîtresse quelconque. La petite différence est qu'ici nous parlons d'un plagiat consenti. Un plagiat qui est un camouflage qui est une pièce dans une scène bigarrée qui est une charade qui probablement nous conduira au vide.

En un mot : ce qu'il y a de mieux, c'est l'expérience. Je ne vous dirai pas que l'expérience ne s'acquiert pas par la relation constante avec une bibliothèque, mais l’expérience l'emporte sur la bibliothèque. L'expérience est la mère de la science, a-t-on l'habitude de dire. Lorsque j'étais jeune, et que je pensais encore que je ferais carrière dans le monde des lettres, j'ai connu un grand écrivain. Un grand écrivain qui avait probablement écrit une œuvre maîtresse, et même, pour moi, toute sa production était une œuvre maîtresse.

Je ne vais pas vous dire son nom. Ça n'est pas intéressant pour vous, et pour l'histoire, il n'est pas indispensable de le connaître. Contentez-vous de savoir qu’il était allemand et qu'un jour il est venu à Cologne donner quelques conférences. Évidemment, je n'ai pas raté un seul des trois exposés qu'il présenta à l’université de notre ville. Lors de la dernière conférence, j'avais réussi à trouver un siège au premier rang, et je me suis appliqué, davantage qu'à l'écouter (en réalité, il répétait des choses qu'il avait déjà dites au cours des première et deuxième conférences), à l’observer minutieusement, à observer ses mains par exemple, des mains énergiques et osseuses, son cou de vieil homme, pareil au cou d'un dindon ou d'un coq déplumé, ses pommettes légèrement slaves, les lèvres exsangues, des lèvres qu'on pouvait entailler avec un couteau et dont on pouvait être certain qu'il ne coulerait pas une goutte de sang, ses tempes grises comme une mer démontée, et surtout ses yeux, des yeux profonds et qui, à certains légers mouvements de sa tête, prenaient parfois l'apparence de deux tunnels sans fond, deux tunnels abandonnés, sur le point de s’effondrer.

Évidemment, sa conférence une fois terminée,  il fut accaparé par les notables de la ville et je n'ai même pas pu lui serrer la main et lui dire combien je l’admirais. Le temps a passé. Cet écrivain est mort et moi, comme c'est logique, j'ai continué à le lire et à le relire. Est arrivé le jour où j'ai pris la décision de quitter la littérature. Je l'ai quittée. Ce n'est pas un traumatisme que l'on ressent en franchissant ce pas, mais plutôt une libération. Entre nous, je vous avouerai que c'est comme cesser d’être vierge. Un soulagement, quitter la littérature, c'est-à-dire cesser d'écrire et se limiter à lire !

 

Extrait du roman de Roberto Bolaño « 2666 », Folio Gallimard, pages 1189 à 1194. 
Traduit de l’espagnol (Chili) par Robert Amutio.

Ce texte est prononcé par un vieillard, en réponse à Hans Reiter (Benno von Archimboldi) qui souhaite lui emprunter une machine à écrire.

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vendredi 25 août 2023

Du même auteur, de 1986 à 2023

 Éditions du Dernier Télégramme

Livre des poèmes express, 2023

Arithmomania, 2021

Les Vers de la Terre, (journaux 2007-2017), 2018

Petite Ourse de la Pauvreté, 2012

Les Versets de la bière (journal 1986-2006), 2010, 2016

Patismit, 2008, 2019

Nous ne sommes pas morts (avec Hélène Leflaive), 2008

Ouvrage épuisé Transport visage découvert, 2006

 

Éditions Cours toujours

Rivière, roman, 2022

Angèle ou le Syndrome de la wassingue, roman, 2017

 

Éditions Pierre Mainard

Ourson les neiges d’antan ? (avec William Brown), 2019

Un Trou dans le monde, 2006

Têtes de porcs Moues de veaux (avec Patrick Roy), 1999, 2009

 

Éditions de La Table Ronde

Ni bruit ni fureur (Prix Nunc de poésie française), 2017

Je suis debout, 2014

Blanche étincelle, roman, 2012

Livre des esquisses de Jack Kerouac (traduction), 2010

La Patience de Mauricette, roman, 2009, Folio Gallimard, 2011

Mort d’un jardinier, roman, 2008, Folio Gallimard, 2010

 

Éditions du Téètras Magic

À la recherche du taon perdu, dessins, 2016

Ouvrage épuisé Les aventures de la limace à tête de chat, dessins, 2014

 

Éditions Qazaq

Livres numériques

Sombre Ducasse, 2015

Express, 2015

 

Éditions de La Contre allée

Le lapin mystique, roman, 2014

D’azur et d’acier, 2010

 

Éditions de L'âne qui butine

L'avis des veaux, (avec Audrey Dewet), 2013

Ouvrage épuisé N'est-ce-pas ?, collection Pamphlet, 2007

Ouvrage épuisé Bestiaire en carton (avec Pierre-Yves Renkin et Christoph Bruneel), 2005

Ouvrage épuisé Duodâne (avec Christoph Bruneel), 2004

 

Éditions Publie.net

Livres numériques

Théorie des orages, 2011

Coupe carotte, 2008

La Poussière (avec Josiane Suel), 2008

 

Éditions de la Vachette alternative

Ouvrage épuisé Poèmes vi(suel)s, 2009

Ouvrage épuisé Spicilège septique, 2009

Ouvrage épuisé 18° à Paris 18° à Marseille 36° à Parseille, dessins, 2008

 

Éditions Derrière La Salle De Bains

Ouvrage épuisé Le sang du don, 2008

Ouvrage épuisé Coupe Carotte, 2002

 

Centre Historique Minier

Ouvrage épuisé Les terrils : ombre et clarté (avec Patrick Devresse), 2007

Ouvrage épuisé Le Mastaba d'Augustin Lesage, 1995

 

Éditions du Marais du Livre

Ouvrage épuisé Canal Mémoire, 2004

Ouvrage épuisé Une simple formalité (avec Sylvie Granotier), 2001

Ouvrage épuisé Visions d'un jardin ordinaire (avec Josiane Suel), 2000

 

Éditions de l'Attente

Ouvrage épuisé Lettre T, 2003

Ouvrage épuisé Les coups, 2001

Ouvrage épuisé Sous-bois standard (les idiots) 1999

 

Station Underground d'Émerveillement Littéraire

Ouvrage épuisé Le nouveau bestiaire (avec William Brown), 1997

Ouvrage épuisé Le Mastaba d'Augustin Lesage, 1996

Ouvrage épuisé Colonnes dénudées, 1994

Ouvrage épuisé Propylée de glace, 1993

Ouvrage épuisé Les dérivées, 1992

Ouvrage épuisé Anthologie de la Poésie Visuelle Nord-Américaine, 1990

Ouvrage épuisé Sombre Ducasse, 1988

Ouvrage épuisé Memento Matamore, 1988

Ouvrage épuisé Croquis Gnôlés (dessins),1988

 

Les Contemporains favoris

Ouvrage épuisé Morceaux Choisis, 1991

Ouvrage épuisé 2.3 souvenirs de lecture, Collection Tuyau, 1987

Ouvrage épuisé Les filles de papier, Collection La Poire d'Angoisse, 1986

Ouvrage épuisé Rêver Suel, Collection La Poire d'Angoisse, 1986

 

Collection Plis

Ouvrage épuisé Dernière Neige, 1987

Ouvrage épuisé Éternelle Rafale, 1987

 

Chez d’autres éditeurs

La Justification de l’abbé Lemire, Éditions Faï fioc, 2020

D’ù qui sont chés viaux ? / Où sont les veaux ?, Librairie du Labyrinthe, 2019

Sur ma route, Éditions Henry, 2018

Poèmes à dessiner et à colorier, Centre de Créations pour l'Enfance, 2015

Ouvrage épuisé Visions du détroit, Éditions Saint-Omer en toutes lettres, 2014

Ouvrage épuisé Apocalypse justifiée, La Belle époque, Collection Or, 2013

Flacons, flasques, fioles…, Éditions Louise-Bottu, 2013

La retraite de l'aumônier, Éditions Invenit, 2011

Ein gartnar doyr (Mort d’un jardinier), Solum Forlag, 2011

Ouvrage épuisé Rose devant, rose derrière, Contre-mur, 2009

Journal du Blosne, Éditions Apogée, 2010

Poèmes express, Redfoxpress, 2007

Ouvrage épuisé Sombre ducasse, Éditions Le Mort-Qui-Trompe, 2007

Ouvrage épuisé Zoographie, Éditions du soir au matin, collection timbrée, 2007

Poèmes marcottés des quatre saisons, Éditions Contre-allées, 2005

Ouvrage épuisé La Formule (avec Stéphane Benault), Éditions Berline-Hubert-Vortex, 2005

Regarde un jardin, Éditions du Silence, 2003

Ouvrage épuisé Ultime arithmogramme pour Ivar Ch'Vavar, Éditions de l'Agneau, 2003

L'envers du confort, Voix Éditions, 2001

Ouvrage épuisé 20 poèmes express, Collection PoésiExpress, 2001

De dood in duplicaat voor Cosmik Galata, Éditions Leskimo de Zierikzee, 2001

Ouvrage épuisé Semailles, Éditions Sansonnet, 2000

Ouvrage épuisé Théorie des orages, Collection La Main Courante, 1998

Ouvrage épuisé La Justification de l'abbé Lemire, Éditions Mihàly, 1998

Ouvrage épuisé Lulu (dessins), VR/SO Éditions, 1997

Ouvrage épuisé Chapelet, Ecbolade Éditions, 1996

Ouvrage épuisé Le Mastaba d'Augustin Lesage, Brandes, (extraits), 1992

Ouvrage épuisé Tout Partout, Studio Veracx, 1992

Ouvrage épuisé Prose du Ver, Collection Histoires grotesques n°9, 1991

Ouvrage épuisé 77 poèmes express, Collection Cordialité de la Rouille, 1990

Ouvrage épuisé Tamponnages, Collection S2L'ART?, 1990

Ouvrage épuisé 10 textes pour 10 dessins de Piotr Aakoun, Peter Moreels éditeur, 1989

Ouvrage épuisé Moteur : Épouillage (journal de voyage 1979-1986), Collection La Duc d'Aumale, 1986

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