Ce livre regroupe tous les poèmes express encore en la
possession de l’auteur. Presque 500 poèmes express depuis le premier,
créé en 1987, jusqu’au dernier, le millième. 35 années pour construire
ce projet littéraire. Le poème express, dérivé des expérimentations de
William Burroughs, est aussi dans l’esprit de Lucien Suel, cousin des
productions dadaïstes – les mots dans un chapeau de Tristan Tzara et les
poèmes simultanés d’Hugo Ball – et du ready-made de Marcel Duchamp. Il
doit aussi une part de son existence au mouvement Fluxus et à sa lecture
des Cahiers de l’Internationale Situationniste.
Auteur : Suel Lucien
Préface de Joël Hubaut
Éditeur : Dernier Télégramme
504 pages 27 x 20,5 cm broché
Prix de vente au public (TTC) : 35.00€
En librairie le 13 octobre 2023
Chroniques du Livre des poèmes express
1. par Mathieu Antoine Jung sur son blog
[...] Le caviardage est traditionnellement un outil de censure du texte. Ici,
au contraire [...] il libère quelque chose qui relève,
risquons l’idée, de l’inconscient non tant de l’auteur que du texte
lui-même. Le millième poème express le dit superbement : « Les mots,
entre eux, étaient superflus. » Il fallait justement qu’ils ne restent
pas « entre eux », que le feutre de Suel les sépare, les isole et les
réactive. Admirablement reproduits dans ce beau livre, les poèmes
tendent à devenir matière. Ils se donnent à voir plus qu’ils se donnent à
lire.
2. Piero Cohen-Hadria qui a accompagné de ses commentaires cinématographiques un bon nombre de poèmes express publiés au Silo nous fait le plaisir d'installer le Livre des poèmes express dans la maison[s]témoin.
3. Dans Le Clavier Cannibale, Claro décrit parfaitement le poème express : Radier / Irradier.
[...]L'apparente modestie du procédé, qui retourne les armes de la censure
contre elle-même, ne doit pas faire oublier la savante malice du geste.
Il ne s'agit pas de clamer que la poésie se dissimule dans n'importe
quel texte mais de montrer comment, au moyen d'une vision-crible, il est
possible d'arracher à la page saturée des bribes échappant aux diktats
de la narration, de la description, du dire. Le poème, par essence, est
un texte qui avance par sursauts: la coupe, le rejet, l'enjambement, le
blanc… S'il avance troué, c'est pour mieux faire résonner zones d'ombre
et espaces vierges. De la sorte, le caviardage-Suel répète l'antique
bégaiement des pythies tout en réalisant le rêve d'une poésie faite par
tous [...]
4. "Un trésor dans la Bibliothèque !", article de Fabrice Thumerel sur le site de Libr-Critique ; [les court-circuits de Lucien Suel] sont poétiques, non par le mode devenu
traditionnel des inventions verbales, mais parce qu’ils donnent à lire
et à voir des labyrinthes picturaux/verbaux qui libèrent notre regard
pour le plonger dans l’infini des possibles.
5. "Une poésie par soustraction" article (une page) de Guillaume Contré dans Le Matricule des anges n° 248, novembre-décembre 2023. Extrait :
"Tout l'enjeu dans "l'écriture" par soustraction de ces 1000 poèmes
(...) dont environ la moitié est rassemblée ici, consiste à s'inventer
un fil au cœur d'une matière langagière d'une grande platitude. Car
c'est bien cette platitude qui permet l'extraction de la pépite."
6. "Une nouvelle manière d'écrire des poèmes" Écouter l'EDITO CULTURE d'Arnaud Viviant qui célèbre le poème express sur France-Inter le 29/11/2023
7. Lecture
du « Livre des poèmes express » par Dinodante
0n
entre dans « le livre des poèmes express » comme on plonge dans la
mer, du haut d’une falaise : dépaysement, fraîcheur, puis sensation de
bien-être, et l’on s’avance dans ces textes caviardés avec la facilité d’un
nouvel élément offert à notre liberté.
Liberté,
c’est le sentiment dominant de ces pages si bien présentées, un vrai
livre d’art.
Armé
de son feutre à l’encre noire indélébile, Lucien, jour après jour biffe ce
qu’il veut, biffe comme il veut, biffe où il veut. Et l’on ressent la joie
secrète de l’enfant qui laisse courir son crayon, jusqu’à arriver au
barbouillage, mais non, il se retient, et nous donne un sens de justesse. Les
« poèmes-express » d’un poète sont avant tout des poèmes.
A
toi, lecteur, de les reconstituer, de les digérer, de les amadouer. De justesse
car on ressent la nécessité de ces textes en pointillé, qui n’auraient pas pu
être autrement qu’ils sont, soumis à la volonté pleine d’humour et critique de
Lucien. On assiste à la transmutation de la non-littérature (les romans de
gare) en littérature, en poésie, par une opération qui met le geste en avant.
Sans écrire, on écrit. En effaçant, on fait apparaître. En abrogeant, on
distingue. En abolissant, on accentue. En biffant, on exalte. En censurant, on
ravive. En éliminant, on ajoute. En enlevant, on renforce. En escamotant, on
montre. En faisant disparaitre, on fait apparaitre. En obscurcissant, on
éclaircit. En raturant, premier jet. En sabrant, on met en relief. Plaisir de
l’enfance à passer ainsi de l’être au néant, et du néant transmuté en être.
« Fort-Da ».
On
serait tenté de recopier ces lignes de presque haïkus sur une page vierge, mais
la poésie du poème ainsi disparaitrait pour beaucoup. C’est le travail et le
plaisir du lecteur de co-création, de reconstituer visuellement, et en justesse,
l’énigme et la chair du poème, dans tous les sens de la page. Parfois une seule
phrase : « je n’ai pas envie de mourir », banale, anodine dans
le courant d’un texte. Mais qui « vous pète à la gueule », si vous la
lisez en très grand format affichée comme poème-express sur les berges du canal
Saint-Martin à Paris.
Avec
ses poèmes-express, Lucien nous extrait du courant de la vie endormie, du
courant facile de nos lectures habituelles, et nous dit : « fais gaffe !,
la vie, ta vie a un sens caché, ouvre les yeux, et tu seras dans la vraie vie
qui te revient, qui t’es due, à laquelle tu peux prétendre ». Avec la
complicité amicale de Fabrice Caravaca, aux éditions du « Dernier
Télégramme », « Le grand livre
noir des « Poèmes-Express », un livre facétieux et malicieux, un
livre de vie.
8. "La Croix L'Hebdo" : dans la rubrique "Un poème pour la route", Stéphane Bataillon propose aux lecteurs le poème express n° 984 en même temps qu'une présentation de l'auteur et du Livre des poèmes express.
"Pendant 35 ans, Lucien Suel, écrivain passionné de jardinage autant versé dans la contemplation de la nature que dans les expérimentations et les performances, a composé 1 000 poèmes express, dont la moitié est ici rassemblée. [...]
Au contraire de la vitesse induite dans leur titre, on flâne sur ces pages, méditant sur ces
mots enfin envisagés, avec une inédite considération. Le procédé, que l’auteur utilise
pour mener des ateliers d’écriture, est très séduisant. Et l’on se prend à raturer le premier
écrit sous la main pour tenter, nous aussi, de débroussailler la langue.
9.