La Peste, poème d'Alain Chevrier en mots d'une syllabe
LA
PESTE
À
cause
d’un
germe
qui
vient
de
Chine
et
qui
a
fait
pas
mal
de
morts
les
viocs
sur
tout
et
ceux
qui
vont
pas
bien
(ils
risquent
de
perdre
le
souffle
mais
pour
les
autres
c’est
comme
la
grippe)
en
ville
les
rues
et
places
sont
vides
de
même
les
parcs
les
plages
les
routes
et
les
ronds-points
il
faut
qu’on
reste
chez
soi
et
qu’on
y
bosse
sur
les
PC
très
peu
vont
à
leur
taf
les
gens
n’ont
droit
de
faire
que
quelques
pas
pour
les
courses*
(la
bouffe
les
mé-
docs
et
c’est
tout)
les
flics
y
veillent
et
on
doit
faire
des
fiches
sur
où
on
va
ils
flanquent
à
ceux
qui
trichent
des
P
V
de
plus
en
plus
lourds
aux
courses
ou
à
la
poste
on
se
tient
à
1
m
les
uns
des
autres
ou
on
entre
un
par
un
on
manque
de
masques
de
gants
de
gel
pour
les
mains
même
les
docs
en
ville
et
dans
les
CHU
on
a
dit
15
jours
mais
on
pense
que
ça
va
être
plus
long
at
home
nous
deux
on
ferme
le
poste
et
la
TV
car
on
en
a
ras
le
bol
de
la
peur
qu’ils
souaitent
nous
mettre
en
tête
lors
de
leurs
news
en
boucle
dans
notre
doux
nid
on
voit
des
tas
de
films
on
oit
des
disques
du
bon
vieux
temps
et
des
CD
tout
neufs
on
lit
au
lit
de
très
gros
livres
on
donne
du
mou
au
chat
on
se
fait
de
bons
plats
on
boit
des
vins
de
choix
jusqu’à
ce
que
je
sois
presque
ivre
on
chante
à
pleine
voix
et
ma
muse
me
joue
du
luth
je
ponds
des
pouèmes
plus
ou
moins
bons
on
baise
à
l’aise
on
fait
la
sieste
on
dort
fort
bien
on
rêve
qu’on
sort
et
que
l’on
court
tout
nus
par
les
champs
et
les
grèves
il
faut
qu’on
tienne
et
que
la
peste
au
plus
tôt
prenne
fin
que
l’on
fasse
la
Fieste !
* Honte à
tous ceux
qui se
sont rués
pour faire
leurs stocks
de pâtes
de riz
d’huile et
de bière
et de
PQ
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