mardi 15 novembre 2011

Suburban Monastery Death Poem 6

Poème sur la mort d'un monastère de banlieue
par d. a. levy (1942-1968)

PRÉFACE
PARTIE ZÉRO
PREMIÈRE PARTIE - L'HISTOIRE
DEUXIÈME PARTIE - LE PUITS
TROISIÈME PARTIE - je crois que c'était sa sœur
QUATRIÈME PARTIE - le Parc de Forest Hills
CINQUIÈME PARTIE - paroles en l'air

SIXIÈME PARTIE - les petites funérailles
« la seule différence
entre les matadors & les poètes
c'est que les uns flirtent avec la mort
et les autres avec la folie »

rik davis

ils vous ont presque tous menti
moi y compris je suppose
« le poète joue avec la folie »
c'est ridicule - nous sommes tous fous
c'est à vous de réveiller les poètes
perdus dans leurs passés mystérieux
le poète mange & dort & pisse
& pète & chie & écrit
des poèmes - c'est ça, la folie ?
c'est un maître zen sous barbituriques

c'est l'homme d'affaires, le commerçant
qui joue avec la folie - le
docteur qui joue avec la médecine - l'imprimeur
le fabricant de bombes & le type
qui fait des baguettes & des croissants de 9h à 5h
se réveille à 6h
conduit son camion
à travers la ville
vivant jour après jour
la même routine
insensée
sans même le temps
de se demander pourquoi
poètes paumés dans le luxe de pouvoir
poser des questions de pouvoir
se cogner la tête contre les murs
& dire « hé c'est mon boulot »
& ils savent déjà - qu'ils ne veulent pas de réponses

ah mais ce matador en transit rapide
embroché chaque jour par des cornes
invisibles - intérieurement
& les transactions commerciales qui ne se font pas
& le cow-boy de la CTS assis sans un mot
cherchant à décrocher du boulot - n'importe quel boulot
& qui sait qu'il crèvera tubard
ou du cancer à 65 ans- incapable de trouver un poil de
signification dans tout ce jeu
ah la douce folie que de pouvoir
balancer toutes ces journées désespérément identiques
alors que le matador reçoit une rose
d'un petit boudin cradoque
dans la foule
il lui donne les oreilles du taureau
plus tard au lit

& un poète qui bande avec une pauvre vision
nettoie pour vous le tableau
mais maintenant vous avez la télévision
& vous rêvez trop

l’éboueur le matin
connaît sa propre réalité
les éboueurs ne se font jamais descendre pendant les émeutes
peut-être sont-ils les vrais saints
avec une aura protectrice
leur réalité - la merde de
la corbeille à papier de votre chambre à coucher
il faut être un maître zen
pour être éboueur
& les poètes mentent quand ils essaient de trouver
quelque beauté dans les tas d'ordures
les ordures sont les ordures
la poésie est une ordure sentimentale -
les détritus
& la beauté ne sont que des rêves
mais maintenant vous avez la télévision
pour vous aider à rêver

hommes sans âme
toreros de magasins sans importance
fantômes décervelés qui jamais ne possèderont d'esprit
avec lequel jouer
hommes aux rêves télévisés de lycéens
qui se signent en des rites de mort
qui murmurent « doux jésus » avant d'affronter
leurs concurrents chaque jour
qui jouent à la guerre - & deviennent des policiers
jouant avec la folie
ils conduisent leurs autos
se moquent des hippies boivent le vendredi
jouent aux quilles chient sur Dieu chaque jour & meurent
& meurent & meurent tout seuls
enveloppés dans des drapeaux
fiers de leur folie
& les poètes académiques
écrivent pour vous leurs rêves proprets
& prétendent que tout est beau
assis dans un bar
le confessionnal alcoolique

& chaque jour je m'assieds ici
& j'essaie de devenir chacun d'entre vous
l'un après l'autre
essayant ces rêves de lycée
pour voir la taille
ça marche pas
vous n'êtes pas à ma pointure

poète j'essaie d'apprendre
à rester humain
malgré la technologie
& il n'y a personne pour m'enseigner
je suis encore trop jeune pour
être tranquille & contemplatif

je ne veux pas devenir une carte vermeille
tremblant de terreur devant la télé

des hommes d'affaires dans leurs ego-trips amphétaminés
me racontent leur dernier coup

je visite des églises & des temples & je pose des questions
& on me donne une brochure
ou un livre idiot
on dirait qu'il n'y a personne
d'autre que moi pour répondre à mes questions

une hideuse responsabilité
avec des conséquences encore pires

adieu télévision
je rentre dans ma tête

ma femme & moi
faisons notre promenade du soir
autour du bloc
(sommes-nous si vieux)
il y a quelque chose de beau
en elle quelque chose
une sorte de rêve dans le ciel sans nuage

je sais que mes rêves sont irréels
mais ce sont mes rêves

parfois
par les chaudes nuits d'été
nous nous haïssons
& c'est merveilleux...


d.a. levy
août 1968
e. cleveland ohio


note :
paix & lucidité sont
deux petits oiseaux
qui cherchent à quitter la planète
parce qu'ils sont las de mourir

je n'ai pas de conseils à donner


Éditions précédentes
“Suburban Monastery Death Poem”, Zero Edition, Cleveland 1968
“Suburban Monastery Death Poem”, Second Zero Edition, Cleveland 1976
“Poème sur la Mort d'un Monastère de Banlieue”, in Starscrewer Spécial, Berguette, 1981
“Poème sur la Mort d'un Monastère de Banlieue”, Station Underground d’Émerveillement Littéraire, Berguette, 1993. ISBN 2 909834 11 5 (traduction Lucien Suel)

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mardi 8 novembre 2011

Suburban Monastery Death Poem 5

Poème sur la mort d'un monastère de banlieue
par d. a. levy (1942-1968)

PRÉFACE
PARTIE ZÉRO
PREMIÈRE PARTIE - L'HISTOIRE
DEUXIÈME PARTIE - LE PUITS
TROISIÈME PARTIE - je crois que c'était sa sœur
QUATRIÈME PARTIE - le Parc de Forest Hills

CINQUIÈME PARTIE - paroles en l'air

on a dit que je devrais écrire
quelque chose de constructif
sur east cleveland

trouvez-moi un passeport - ça c'est du constructif !
envoyez-moi dans un pays libre
déportez-moi à Milwaukee
envoyez-moi dans la ville-lumière
ou dites-moi comment y arriver
& puis - en route !
j'ai peur d'y aller seul--

je ne vois pas d'autre moyen
pour que cette ville en moi survive
& je suis déjà trop vieux pour être votre avenir
vous êtes toujours trop en sécurité
vous arrivez toujours trop tard
tout le monde veut être jésus
tout le monde veut être martyr
tout le monde veut être un bodhisattva
sans se salir les mains
il ne semble plus que cela ait de l'importance
si la cause est juste

vous ne savez pas jouer pour gagner

vous passez tout votre temps en
« conversations profondes»
qui ne se concrétisent jamais en quoi
que ce soit de profond

vous me faites perdre mon temps
à attendre que vous éclaircissiez
les choses pour moi - vous ne me laissez pas
l'occasion de décider

vous vous prétendez adultes
mais quand vous agissez enfin
c'est par frustration
vous sentez glisser votre pouvoir imaginaire

vous ne vous trouverez jamais face à vous-mêmes
alors vous bondissez au secours des autres
très maladroits ............ comme des enfants
mangeurs de soleil ou des poètes déchirés
par des frustrations intérieures
comme des fous & des hors-la-loi
s'escrimant à détruire ce qu'ils
ne comprennent pas
vous enfilez votre sale petite armure naïve
d'enfant de 12 ans et vous m'apportez vos
clichés de sagesse que vous-mêmes
ne comprenez pas

combien m'ont demandé
« Que voulez-vous ? »
& quand je le leur ai dit
ils se sont détournés
sans comprendre ou effrayés
de comprendre
« conversations profondes ?»
c'est comme pour le
« face à face pacifique»
j'aimerais voir le jour où
la ville me fera face ouvertement
ou sincèrement pour autre chose
que l'information
« je peux vous ouvrir des portes »
dit la voix & elle oublie de vous donner
la formule magique, la formule de pouvoir
qui vous empêche de vous faire
claquer la porte au nez

je peux ouvrir les portes moi-même
& me les faire claquer au nez
pas besoin d'aide !

je ne peux même pas lire la plupart de mes poèmes
dans ce pays- & je ne veux pas les lire !
vous me demandez ce que je veux
& vous avez peur d'entendre
ce que j'ai peur de dire

je voulais dire
quelque chose sur l'amour
mais je ne crois pas que je pourrais supporter
la moindre de vos conneries paternalistes

je voulais vraiment dire
quelque chose sur l'amour
& la chance de devenir
l'adulte que vous n'avez jamais eu
le courage d'être
mais je ne crois pas que j'ai le
temps d'entendre votre psychologie
freudienne et jungienne définir
ce qu'est un adulte

voilà je voulais dire quelque chose
sur l'amour mais à la place je dirai
seulement, j'aimerais bien que vous
cessiez de mettre mes amis
en prison
& que vous m'achetiez un poème
de temps en temps & que vous cessiez de me faire
tant d'offres non payées
moi, je vous ai apporté tellement d'informations
gratuites que j'ai l'impression d'être
le bureau d'aide sociale

(à cleveland on s’est fait mettre dedans
pour avoir distribué des poèmes comme
l’aide sociale
les fonctionnaires de la mairie s’étranglaient
sur des poèmes beurre de cacahuète et soja -
très bizarre)

je voulais parler
d'east cleveland
mais ça m'est sorti de la tête-

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jeudi 3 novembre 2011

Suburban Monastery Death Poem 4

Poème sur la mort d'un monastère de banlieue
par d. a. levy (1942-1968)

PRÉFACE
PARTIE ZÉRO
PREMIÈRE PARTIE - L'HISTOIRE
DEUXIÈME PARTIE - LE PUITS
TROISIÈME PARTIE - je crois que c'était sa sœur

QUATRIÈME PARTIE - le Parc de Forest Hills

Le facteur me dit qu'il était écrivain
mais qu'il avait décidé qu'il aimait bien manger
voilà comment l'Amérique met au pas
ses écrivains

si j'ai un tant soit peu de courage
la semaine prochaine je me tuerai
chaque semaine je me dis ça
& je trouve quelque chose de nouveau à écrire
ou je trouve une nouvelle manière de dire ce que j'ai dit
la semaine passée

la dernière frontière médiévale
ohio gothique
un bordel catholique -
gardiens de la lumière - Foutaise !
copyright de Nicée- foutaise !
groupes ouspenkiens secrets
cachés dans les banlieues - scientologie Niveau 9
Cayce Atlantides - FOUTAISE !

tous ceux qui se servent des groupes pour échapper à leur responsabilité
envers la Réalité Présente

poésie - le dernier round avec
la dysenterie mentale
avant de faire face à la Réalité du Soi
en relation avec la réalité de
l'univers
poésie - la plus grande des foutaises !

Voici la Réalité

Monsieur Laflemme - Motel Luxembourg
Bar Tujaques – Quincaillerie Scotts
Compagnie du Verre & des Miroirs (mon ami
toujours en prison - je ne sais pas comment
le faire sortir - ça s'appelle
« le pouvoir des poètes » - c'est comme ça
que l'Amérique met ses poètes au pas)
Sinclair, Atlantic, Stations-Services Sunoco
plus de stations-services que de restaurants
une ville sympathique
si vous ne faites qu'y passer
SALUT JUGE ADAMS
oui, 20 000 $ est un bon prix pour
un permis de griller les feux, désolé, je
pensais à tirer un coup &
je n'ai pas vu le feu
vous pouvez avoir mon permis de conduire aussi
je ne peux pas m'offrir le stationnement dans cette ville

je me rappelle les soirées au vin vieux & à l’herbe & à la méthédrine
dans la Superior Avenue Hill
défoncés -contemplant les Tours de Forest Hills
des milliards de dollars pour un appartement
ils laissent un nègre emménager & ils pensent
qu'ils sont intégrés - lisent john updike &
le magazine look & le ladies home journal
trois blocs plus loin -des gens à l'aide sociale

vous êtes au sommet du locatif
& prétendez voir la ville
mais vous n'avez pas besoin de voir les jeunes
gens de couleur en haillons ou les loulous
du lycée qui piquent dans les magasins pour
pouvoir s'habiller décemment
LE PARC DE FOREST HILLS
vous fumez du shit & regardez les étoiles
jusqu'à ce que la police vous foute dehors
ainsi vous ne vous faites jamais tabasser par quelqu'un
qui ne fume pas d’herbe
les bons citoyens regardent tous la télé
pendant des années & des années
cependant
que les traditions de l'inconscient de masse jungien
& les sous-cultures sont transmises télépathiquement
tous les jeunes branchés
courant autour du parc défoncés
convaincus que personne n'a jamais fait ça avant

tout a déjà été fait

je connais des gens qui prennent de la dope
& regardent la TV - aucune moralité !
mélanger les mass-médias & la dope
connerie de merde
je ne peux pas sortir de l'ohio
Ingrid Swanberg, Aileen Goodson, AU SECOURS !

LE PARC DE FOREST HILLS plein de poètes défoncés
qui ne pouvaient pas écrire leurs visions hideuses
d'Ohio médiéval
chanteurs folks s'étranglant sur leurs protest songs
inouïs, se tenant par la main dans
l'obscurité de l'esprit pour oublier la
pauvreté & le manque de coopération &
font semblant un instant
de regarder les étoiles
comme les gens des Tours
se souvenant de vies antérieures
parce que cette vie a si peu à offrir
se défonçant plutôt que de marcher sur
leurs frères invisibles
fumant l'herbe pacifique
l'après-midi & riant
des enfants en balançoires
l'amour cosmique - tellement plus facile
plus propre qu'accepter toute responsabilité
- dans le temps
les gens se défonçaient
pour oublier quelques instants

aujourd'hui se défoncer
est un mode de vie
aussi débilitant que la télévision
& le christianisme ou le culte du journal
& la chaîne des trois huit
on est en 1968 & les fumeurs de shit à la chaîne
sont là J'AI PEUR des beautiful people
ils sont fous avec leurs cheveux longs - ils sont
fous ce sont des trous du cul irresponsables tout juste
comme leurs parents - ils ne veulent pas fabriquer des fusils
ils ne veulent pas tuer -malheur à l'économie
américaine

Les Macdonalds ont fait plus pour l'intégration
que le Gouvernement Fédéral... on devrait leur donner
une médaille. nègres caucasiens mongoliens
hippies (une race à part) intégration économique
intégration culturelle, tout le monde
derrière ces
hamburgers à 16c & les milkshakes à 20c

le Shopping Center de Superior Avenue
UN GRAND RIEN
l'Avant-Poste encerclé par des pompes funèbres

des gens vivent à 4 dans une pièce
pendant que ces
vieux manoirs scintillent d'enseignes au néon
passage gardé pour l'autre rive
donnez de l'acide aux croque-morts & les pompes funèbres
fermeront toutes - rendez
les manoirs au peuple

Le Dépôt Ferroviaire de Rockefeller ou quelque chose comme ça
un point de repère local, un machin traditionnel
qui vous donne le sens de la perspective
historique nécessaire pour survivre &
grandir - pour assurer la stabilité
on l'a démoli & remplacé par un parking


à east cleveland
j'ai été accepté
par des gens qui ne
savent pas comment m'accepter
par des gens qui ne savent pas
qui je suis

je suis maintenant initié
à part entière au culte secret
La Société Banlieusarde de la Mort
sacrifices humains devant
l'autel des étranges lucarnes

j'ai faim
bien qu'ayant rendu visite au
réfrigérateur 176 fois aujourd'hui
j'ai envie de manger la télévision
devenir lucarne
ne satisfait pas les bêtes affamées qui sont en moi
je n'arrive pas à communiquer avec
ce foutu machin - il ne fait
que « des dessins en pointillé
comme les décrit macluhan »

j'ai vu des vieux
parler à la machine
elle ne m'a jamais répondu
j'ai toujours faim

collectionner des timbres
n'apaise pas ma faim
je ne veux pas non plus
manger des timbres
(j'aime fumer de l'herbe & les regarder)
si j'essaie de devenir
les albums de timbres, ils se contentent de
répliquer avec encore de la merde
à la macluhan & aussi
quelques conneries sur la relativité d'einstein

j'ai encore faim !
il n'y a rien à faire
hormis changer la litière du minet
vider les ordures---

Le bateau de la mort restaurant c'est
le bloc d'à côté maintenant- j'y vais & prends un café
peut-être 3, 4, 10 fois par jour
il règne ici un étrange sentiment de liberté
sauvage- une sensation de propreté comme
quand vous quittez les E.U.
je regarde les nénés
de la jeune caissière grecque
une belle paire de nichons
un cul rond comme la pleine lune je regarde
le crucifix d'or pendiller entre
les nénés -j'écoute Zorba le Grec
joué par un orchestre mexicain au
jukebox - en sachant qu'elle n'a jamais lu
Kazantzakis
je suis assis à la table parfois avec
ma grand-mère tantrique nous tenant les mains
plus d'énergie sexuelle dans ses doigts
que dans tous les cons d'east cleveland
la paume de sa main
une fleur orange d'énergie chaude
(si les gens savaient ce qui se passait
entre nos mains sur le plateau de la table !)

je bois du café
bavarde avec des amis
rêve de baiser toutes les serveuses
pas parce que j'en ai envie
mais il n'y a rien d'autre à faire
il n'est pas sain de penser dans ce pays
me contente d'écrire des poèmes
de lire des livres
pas de place pour grandir
alors je m'installe - bois mon café
abîme mes chromosomes
regarde le vieux monde mourir
& me demande de quoi demain
sera fait sachant déjà
que je serai un hors-la-loi là aussi

ils m'attendent dans l'avenir
mais alors, je serai quelqu'un d'autre
criant dans l'obscurité
assis lorgnant
à travers les peintures pendues aux murs
perdu dans un labyrinthe de reflets de miroirs
pas certain de la place que j'occupe
ni de qui je suis
je me demande tranquillement qui je suis
& la voix dans ma tête me rappelle
« un des fils de la lumière, ressuscité »
connerie de merde - je veux dire
qu'est-ce que ça veut dire
de rêver de vies antérieures
le grand professeur assassiné
pour avoir parlé du soleil
exactement comme le Révérend King
assassiné - les Kennedy- assassinés !
symboles de la lumière - éteints

& la télépathe
qui se reposa une fois dans ma tête
& disparut

Vajra Yogini Au Secours !
Papa Legba - ouvre les portes
je ne veux plus mourir dans l'Ohio !Lien

Je suis fatigué de regarder mes frères
gâcher leurs vies à lutter contre la conscription
pour mourir en des guerres illégales

je suis fatigué d'avoir le cœur déchiré
chaque fois que je vois un de mes frères
remplacé par une étoile d'or dans la fenêtre

je suis fatigué d'écrire & de parler
à des légumes télévisionnaires
immunisés contre les systèmes de réalité multiple
inoculés via les vaccins de propagande des mass-médias

je suis fatigué de lire des choses sur les gens
qui meurent de faim en chine, en inde, dans les ozarks
dans les bidonvilles intérieurs des villes

je ne comprends pas l'économie théorique
mon monde est plein de gens & d'esprits
j'ai envie d'aller là où il y a encore
quelques éclairs de lumière
mon monde est plein de femmes imaginaires
au néon - fleurs électriques de l'amour

je désire aller là où je n'ai pas besoin
de faire semblant de n'être pas seul

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mercredi 26 octobre 2011

Suburban Monastery Death Poem 4

Poème sur la mort d'un monastère de banlieue
par d. a. levy (1942-1968)

PRÉFACE
PARTIE ZÉRO
PREMIÈRE PARTIE - L'HISTOIRE
DEUXIÈME PARTIE - LE PUITS


TROISIÈME PARTIE - je crois que c'était sa sœur

Rêve un : niveau zéro 2 - défini comme étant
le voyage dans l'espace conscient -
quand tu atteins une région extrêmement dense
de la conscience - l'esprit
(un zéro mouvant) visualise la
masse consciente comme un ensemble de motifs lumineux
ou comme la lumière...

Rêve deux : une pensée est de la matière -
quelle forme d'énergie utilise-t-on pour
produire une Pensée ?
Penser c'est orga-
niser les pensées ou les schémas
de la pensée -le fait de penser n'est pas de l'énergie.
Quelle forme d'énergie utilise-t-on
pour produire les pensées originales?
Essaie de devenir CELA !

Rêve trois : chaos d'images
vivant le grand film indolore
attendant la sagesse qui est
censée arriver avec l'âge -
un quelconque enfoiré sénile m'a sorti
ça - je ne l'ai pas cru
sur le moment
mais j'ai décidé d'attendre
jusqu'à ce que je puisse trouver une façon
de ne pas attendre sans devenir
immédiatement une nova

hello astronaute
non je n'suis pas une luciole
non je n'suis pas une soucoupe volante
au loin
je suis une unité organique
de conscience attendant
de renaître -pouvez-vous
m'entendre ? pouvez-vous
m'entendre ?

Au Bal de l’Église de la Congrégation d'East Cleveland
en faveur du bistrot assassiné de
la 115ème - & les hors-la-loi qui se pointent à la porte
avec la plus grande partie du fric & s'emmerdant mortellement
Les Enfants de Dieu - les Gringos -les Faiseurs d'Esclaves etc
une église libérale - je m'emmerdais ferme - cherchant
ces yeux --- & j'ai trouvé sa sœur
« les mages aux/mains nues brisant la neige/pour trouver les mots »
t. l. kryss

pour d------

tu danses (sans presque bouger)
dans le sous-sol de l'église
quelqu'un vêtu de couleurs
t'attrape en passant & t'emporte
dans ses bras
& un instant
des traits de chair se montrent

pendant une (petite) éternité (de poète)
mes yeux ont capturé & photographié
ta silhouette mouvante

(ce tableau - mouvant encore -
est accroché dans les galeries sacrées
de mon esprit)

(ce tableau de toi bougeant comme
un ange tantrique - en sûreté dans la
cathédrale de mon crâne)

je me demande si c'est seulement avec
les yeux d'un poète & pour des raisons
d'esthétique que je t'isole
des ombres

plus tard tu es debout à mes côtés
comme un esprit saint irradiant
de lumière & nous échangeons des paroles
que nous ne voulons pas - faisons semblant
de jouer à un jeu que nous n'aimons pas
et nous nous demandons l'un à l'autre
« Qu'est-ce que je veux ? »

« Qu'est-ce que je veux ? »

Gente dame, que veux-tu ?
Quand on t'offre
les limites inconnues du crâne même
tu pars en dansant & fais semblant de
n'avoir pas entendu
tu disparais comme une hirondelle
dans le vent - t'habilles de bleu pâle
& fonds dans le ciel comme si tu
n'avais jamais existé
on dirait presque
que tu refuses de partager les
choses que tu demandes

« la jeune femme qui alla jouer avec les dents de chien de l'été » george seferis

personne n'a même remarqué
que tu t'étais glissée dans l'église anémique
plus dangereuse même que
l'ange de la mort -
je t'ai cherchée
j'ai écrit des poèmes magiques
qui n'ont pas marché
t'ai trouvée quelques instants
hors de l'église unitarienne
des semaines plus tard
me suis assis dans la voiture avec toi
tenant une bouteille de bière entre
tes cuisses
désirant que nos esprits se touchent
que nos doigts & nos lèvres se fondent ensemble
dans la 82ème rue défoncé aux amphétamines
je t'ai encore laissé filer.

que voulais-tu ?

tes cheveux blonds un moment à l'adelès
la lourde lumière d'or autour de toi
gente dame vous étiez belle & je ne
savais pas pourquoi !

un mois plus tard
tu te glissas dans ma tête
alors que je dormais
j'ai essayé de t'expulser
& tu as seulement dit
« c’est pas mal, chez toi »
marrant, personne ne l'avait remarqué avant

ma première expérience télépathique
non-paranoïaque - m'a rendu hystérique
pour des semaines... je suis encore hystérique
j'ai pas de réponses

j'écris seulement ces
proses ? poèmes ? & je me dis
comme je lui disais lorsque j'étais
à Milwaukee & que nos esprits
se touchèrent à nouveau
(PAS D'ESPACE PAS DE DISTANCE)
ça ira peut-être mieux
pour la prochaine génération gente dame
votre fils
pourra lire les poèmes & découvrir
comment nous avons été assassinés
pendant 5000 ans
qu'il sache
qu'il n'y avait pas de place pour nous
sauf bouger ou devenir
invisibles

vous pouvez regarder ceux qui
ne bougent pas assez vite
ils meurent
& on les appelle des poètes
les gens avaient peur des poètes
maintenant ils n'écoutent plus
donc tout va bien(?)
gente dame - vous étiez
belle la nuit où
vous étiez assise au théâtre
très fatiguée et disparûtes
alors que je vous désirais
si fort
& ne savais pourquoi

tout le monde dit
« écris un poème sur east cleveland »

east cleveland
je veux te quitter
j'en ai marre d'être une
des attractions barbues du coin
j'en ai marre d'être paumé
dans ton ennui
je ne laisserai même plus
la télévision me brouter
la braguette
fini les transes télé
fils de putes
qui essayez de vendre la lumière
miracles hologrammes

« c'est une lumière de mauvaise qualité
elle ne dure pas aussi longtemps que le
vrai truc, mais les gens
ne verront pas la différence »

INTÉRÊT 4 % ! LA CLEVELAND TRUST
et son invisible autel de crânes
vous qui riiez
en nous regardant mourir
& soi-disant parce que
nous étions jeunes....

east cleveland AGRANDIT
votre environnement interne
laissez entrer le soleil
je suis trop jeune pour
me suicider pour vous amuser

vous ouvrez les portes
pour que j'aille me perdre
dans votre labyrinthe bureaucratique
vous glacez mon esprit
avec votre intuition de paysans
vos superstitions intellectuelles

en filigrane je sens
les rites émasculés
de la mafia maçonnique

pire que les cultes vaudous
sacrificateurs de poulets

pire que tous les maîtres occultes
de MAGIE blanche & noire
à l'ego bouffi

vos concepts de fraternité
à côté de la plaque & psychopathiques

pire que tous les meurtres
d'enfants à travers l'histoire

east cleveland, ce n'est pas à toi
que je parle - ou de toi
peut-être par toi

« la main droite ignore ce que fait la gauche »
c'est ce qu'a dit un raciste blanc
après avoir donné une danse
à un de mes amis

le comté
chaque fois que je m'en suis lavé les mains
je me suis senti un peu plus sale
en partant



CHANSON DES ENFANTS
pour Patrick O' Malley

à east cleveland la police me dit salut
à cleveland ils me demandent mes fafs
à l'ouest, même si la police me
connaît depuis des années, on me demande toujours mes fafs
comme si y en avait deux comme moi
les deux avec la même tête
mais l'un sans
son putain de livret militaire

des petits hommes verts nous volent
nos apparences, je parie
je pense que les flics d'east cleveland
sont de bons gars
mais je peux toujours pas leur demander mon chemin,
sais pas trop où je vais...
Traduit par Lucien Suel & Henry Meyer

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mercredi 19 octobre 2011

Suburban Monastery Death Poem 3

Poème sur la mort d'un monastère de banlieue
par d. a. levy (1942-1968)

PRÉFACE
PARTIE ZÉRO
PREMIÈRE PARTIE - L'HISTOIRE


DEUXIÈME PARTIE - LE PUITS

Mes plus grandes soifs
ont été étanchées
par les réponses
que j'ai apportées
moi-même
pourtant, je suppose
que je n'aurais jamais pu les trouver
sans ce rond de lumière
sur Euclid Avenue

on ne pouvait pas avoir
une bonne tasse de café
au Puits
même
en faisant tout son possible
même en attendant
très longtemps

J'ai paumé trois bonnes années
dans des sachets de thé éventé
du jus de chaussettes et ce chocolat brûlant
qui se collait à votre palais
c'était comme escalader une montagne
une montagne chrétienne
le Puits était là pour qu'on le conquière
à cette différence près que personne ne pouvait découvrir
exactement ce qui se passait là
ou à quoi ça pouvait bien servir

l'establishment essaya d'abord de fermer
le Puits à cause des Beatniks - qu'on appellerait
plus tard Hippies - et un décret
fut pris interdisant le port des sandales
à east cleveland

En deuxième lieu, ce fut à cause des blacks, comme si toutes
ces jeunes nanas allaient se mettre tout à coup à baisser
leur culotte à la vue d'une peau
noire - mec, personne ne pouvait se farcir
ces minettes - et ces minettes
ne se laissaient mettre par personne.
et le viol c'est pour les gamins
donc il ne se passait rien

alors Troisièmement ce fut à cause des hors-la-loi à moto
qui provoquaient des emmerdes sauf que je
n'ai jamais vu d’emmerdes, je n'ai jamais vu
le moindre poil de cul, je n'ai jamais bu une tasse
de café convenable, mais j'ai passé pas mal de temps
à attendre et j'ai entendu pas mal de guitares pleurer de douleur -

je ne sais pas pourquoi ils voulaient fermer
le Puits
mais je suis bien content qu'ils l'aient fait
j'aurais pu passer toute ma vie
à attendre que quelque chose se passe

il est mort de mort naturelle
quand le Bar de la Presse a décidé d'agrandir
le nébuleux café
ne s'est jamais transformé en nova
il a seulement été remplacé par une paire
de tables de billard et maintenant plus personne ne se tracasse
pour savoir qui se fait baiser par qui
du moment que ces mômes à cheveux longs
ne chantent plus les vieux refrains de Pete Seeger
ou les chansons de Joan Baez et qu'ils ne fument plus de persil
et ne prennent plus ces amphétamines à base de farine

juste à côté CINÉMA UNDERGROUND
séances le samedi soir - nom de dieu
j'ai vraiment l'impression d'être coincé en plein milieu
d'un patelin de bouseux - & il paraît que
c'est une des plus grandes villes
du pays !
CINÉMA UNDERGROUND
des films de série D sur la sorcellerie et seulement trois salles connues dans le comté
la plupart des salles de l'Ohio se trouvent
paraît-il à Cincinnati
ALLEZ AU CINÉ LA-BAS
des films universitaires expérimentaux
le ciné de l'acide pour un public pas branché
Pourtant - expérience unique
un bon film parfois
le visage souriant d'allen ginsberg
apparaissant continuellement
Est-ce que c'est dans le vent ?
Les Frères Kuchar, les labyrinthes de Peter Bergman
pas de films de Clevelandais de
Cleveland, pas de films sur
l'Underground de Cleveland...

le Continental Theatre
où je distribue des exemplaires du Buddhist Oracle
à des réacs paranos convaincus
qu'il s'agit d'une publication coco
personne ne comprend de quoi parle ce journal
je ne comprends pas de quoi il parle

Beaucoup de femmes charmantes bien
que je n'en ai baisé aucune et
j'attendais tous les samedis soirs
observant les yeux
essayant de retrouver quelqu'un que j'ai perdu
il y a plus de 5000 ans
était-ce en Assyrie? à Babylone ?en Atlantide ?
la Dame à la chevelure bleue
et aux yeux pleins d'étoiles
qui courait dans le sable -
dans mon esprit alors que tous les samedis soirs
je distribuais mes journaux
Me grouillant de retourner au Puits
la brigade des stupéfiants est sur le qui-vive
ils sont convaincus de l'existence
d'un trafic de drogue organisé
par la mafia française qui se fait
entre le café & le théâtre
un complot Communiste - des camels bourrées
d'opium de hasch & d'owsleys
sous le comptoir -
dans les chattes des petites filles
Interpol dira que dalle
ils mettront ça sur le dos de la Mafia
si quelqu'un se fait prendre
je continue à chercher
ce trafic de drogue
pour mon propre compte
sous couverture d'attendre une tasse de café
convenable - mais je n'ai jamais rien vu
rien que cette saloperie de vie de banlieusard

William Burroughs - sauve-moi ! laisse tomber
Michele Ray - Yael Dayan - sauvez-moi !

Je suis assis là dans les ombres du Puits
de vieux souvenirs me trottent dans la tête
de l'époque où ça a commencé & j'avais
pris le Direct
au coin de la 25ème Ouest & de Lorain vers Superior ou Windermere & j'avais marché dans la gadoue d'une fin d'automne pour attendre dans les ombres du café
les regardant s'allonger - aspirer & expirer
en écoutant la musique de Miles Davis à l'intérieur de ma tête

Maintenant je suis chez moi & je plane avec le Jefferson Airplane
casque stéréo collé aux mes oreilles - j’écoute Judy Collins
Country Joe & the Fish - des Chants Bouddhistes - Pink Floyd
le fantôme de Richard Farina - de la musique classique espagnole
& mon crâne se fend grand-ouvert
& les restes de mon cerveau
& les mots rassemblés
qui flottent vers le plafond

c'était beaucoup plus simple quand je me baladais
l'été jusqu'à la bibliothèque du quartier Nord
& je ne pouvais pas trouver de bouquins sur le Tantrisme, le Dadaïsme,
le Bouddhisme, l’Égypte, la poésie contemporaine -
il y avait énormément de propagande américaine -
j'étais très déçu - j'avais vraiment envie
d'étudier - au lieu de ça je passais mes étés assis
essayant de devenir aussi doux que les arbres
essayant de comprendre où ils
puisaient leur foi en la vie
croissant - croissant patiemment
jaillissant vers le soleil

il fut une époque où chacun
voulait être Le chef et faire avancer
les choses - mais on décida
que servir était plus chrétien
que commander aussi l'endroit était plein
de lieutenants attendant un capitaine
qui leur présente un plan d'action
il n'est jamais venu
ou peut-être l'avons-nous manqué
c'est la névrose de cleveland
je ne comprends pas ce qui
se passe dans cette
banlieue changeante
peut-être que c'est contagieux
peut-être que les blacks
qui remontent Hayden Avenue
amèneront un chef
avec eux


les adeptes de John Birch sont venus voir au Puits
un soir portant en écharpe leur forme bizarre
de patriotisme - les mômes de 16 ans les ont rembarrés en se marrant
les jeunes trotzkystes aussi sont venus parler au
Puits, les mômes de 16 ans sont allés se coucher
ou bien se sont énervés & sont partis
se balader dans les rues

LE PUITS un café vraiment libéral est mort de sa belle mort - le 1er juin 1968
Repose Ingénu dans la Paix

Lenore Kandel, J.D. Kuch, sauvez-moi !
Traduit par Lucien Suel & Henry Meyer

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mardi 11 octobre 2011

Suburban Monastery Death Poem 2

Poème sur la mort d'un monastère de banlieue
par d. a. levy (1942-1968)

PRÉFACE
PARTIE ZÉRO


PREMIÈRE PARTIE - L'HISTOIRE

"east cleveland a une plus longue histoire que cleveland"
dit-elle comme pour injecter ce renseignement supplémentaire
à l'intérieur de mes centres d'énergie en dégénérescence
comme un pompiste dans une station-service
je ne pouvais faire comprendre à personne
combien j'étais fatigué
rien qu'à écrire des poèmes pour demain
ou écrire des poèmes pour moi-même
une forme de suicide

JE M'EN FICHE DE L'HISTOIRE D'EAST CLEVELAND !
puisque de toutes façons tout a commencé à cleveland
& c'est de là que vient la merde
east cleveland
avec son ancien administrateur municipal
ses délégués municipaux
n'est pas comme cleveland où
le maire & les conseillers pompent l'argent du
gouvernement fédéral & de la cosa nostra & des syndicats
appelez-les comme vous voulez
ça n'a pas vraiment d'importance
du moment que vous savez
qui payer
& qui paie
& ne laissez jamais le bon peuple se rendre compte
de ce qui se passe
s'il y a des problèmes
mettez ça sur le dos des communistes
ou des membres de la john birch
ou des militants noirs
ou des hippies analphabètes
tout dépend des gens à qui vous vous adressez
à ce moment-là
« il n'y a aucun problème à east cleveland »
et dans un proche avenir
si jamais ils mettent sur pied
le conseil des beaux-arts, même
les poètes seront mis au pas
comme ils l'ont été à cleveland
c'est si facile de convaincre des poètes
de ce qu'est la poésie
et de ce qu'elle n'est pas
& chacun sait
que coucher avec la muse
est réservé aux jeunes poètes
quand tu auras été rendu impuissant
par le style et la forme & des mots comme "l'art"
quand tu auras été édité par les BONS éditeurs
et que tu connaîtras toutes les bonnes réponses
quand tu auras mérité le droit de t'appeler
poète tu seras mort
& couché sur le dos
à boire du vin de messe, tandis que
la muse, qui restera toujours une jeune fille
au regard blasé devant l'univers
se rappellera tout à coup
que la nécrophilie
est une expérience qu'elle a déjà connue
& que ça ne l'intéresse plus
d'enfourcher des cadavres

vous vous demandez pourquoi vos gosses portent
des fleurs dans les cheveux
& rient dans les parcs
c'est cette garce en personne
qui mange des bonbons à la cantharide
et leur chuchote à l'oreille
parce que, même s'ils ne comprennent pas tout à fait
ce qu'elle dit - ils savent écouter
ils savent lire Look Magazine
entre les lignes & ils ont toujours la foi

l'histoire d'east cleveland c'est MAINTENANT
en cet instant
en suspens dans ce film cinérama quadridimensionnel
que nous nous figurons être la vie
alors que je me demande si les Indiens
qui parcouraient la Piste du Lac avaient autant de
mal que moi pour arriver à se payer une bonne tranche de cul

(excuse-moi, ma dakini intime
tu sais que je t'aime platoniquement
que j'écris mes poèmes pour toi, mais j'aime bien
fourrer mes doigts dans quelque chose d'humide pour me rappeler
où je suis
je ne veux pas finir comme
Kenneth Patchen - se cachant en
Californie - exilé

Pound & Artaud coffrés
dans le passé - Edgar Poe, un poivrot
un poivrot parano !)

Madame, il faut être réaliste
envoyer tous vos poètes dans les maisons de fous
ne favorise pas la profession
vos cheveux bleus au vent
& vos yeux pleins de diamants
vos cuisses de néon tremblotant
s'écartaient dans ma tête
tandis que j'étais assis là dans ce tranquille appartement
de Savannah Avenue attendant que
ma femme-amante adolescente rentre
du travail après l'équipe de nuit
serveuse sur un bateau de la mort-restaurant

un Yorikke grec avec son menu à 1.09 $ spécialités de
chiche-kebab, ragoût d'agneau, poulet rôti
filet de boeuf grillé, côtelette de veau, spaghetti
etc tout ayant le même goût
pendant qu'en bas, le clébard
aboyait dans le noir chaque fois
qu'un lambeau de vieux journal ou qu'un emballage plastique
voletait sur le trottoir


j'étais assis à me demander
si elle n'avait pas été attirée
dans une rue tranquille & violée
pendant que je rêvais d'amour et de paix
que je rêvais de femmes étranges
frappant à ma porte en costumes érotiques
chuchotant entre leurs lèvres humides & des roses flamboyant
entre leurs cuisses au lieu de ça
chaque jeune fille/vieille fille
que je rencontrais me voulait pour frère
pour ami, "allez vous faire foutre ! merde !"
avais-je crié aux ombres
peut-être que ma femme-amante adolescente se
fait violer en rentrant de son travail &
faut que j'aille me faire mon cinoche
& j'avais laissé
l'appartement vide
cap sur le restaurant
par Savannah & Alleghenny & Northfield
jusqu'à Euclid Avenue pour prendre un café
vraiment déçu
de trouver bobonne encore là
à travailler tard
il ne se passe jamais rien de passionnant
sauf quand les voisins déménagent
à la cloche de bois
tous les 2 ou 3 mois
& que le proprio nous demande
des renseignements à leur sujet
on ne connaît jamais bien
nos voisins

nous avons décidé de déménager
après qu'un soir en rentrant
ma bonne femme-amante adolescente
ait été suivie jusqu'à la maison par un gamin
(ç'aurait pu être moi)
mais ma femme
étant encore chrétienne à cette époque
je ne tenais pas à ce que quelqu'un soit blessé
en essayant de la violer

finies les promenades
à sa rencontre
au soleil
ou dans la neige
ou par les nuits sombres
quand les réverbères
faisaient de toutes choses des ombres bizarres
et que les étincelles des incinérateurs
d'appartements jaillissaient
dans l'air pollué comme des feux d'artifice

plus de véranda sur l'arrière
avec une fenêtre pour que le siamois
puisse sortir la nuit & aller errer
par les rues terrifié à l'idée qu'un
gros matou puisse
lui mettre
les tripes à l’air

tant de soirées assommantes
tranquilles veillées d'halloween
dans Strathmore Avenue
à fumer l'herbe bienfaisante & à boire du scotch
à faire des expériences avec des grandes marmites de
soupe maison
nous faisions de la soupe
vous ne le croiriez pas
seulement de la soupe
rien d'autre à baiser
que cette jeune fille de 17 ans
bientôt ma femme pour
notre survie commune
& puis un an & demi à Savannah Avenue
finir ce qui nous restait de peyote
nous avait donné mal au ventre à tous les deux
& aucune image dans nos têtes
on s'était éclaté avec l'acide ou les graines de morning glory
jusqu'à ce que la loi dise "allez vous faire sucer par votre dieu"
& qu'elle pose les scellés sur la porte de l'univers
avec une croix
& la loi
les flics des stups de cleveland
& les conseillers municipaux
une bande de travestis
criant & poussant de petits rires
"Nous sommes Dieu, Nous sommes Dieu"
QU'ILS AILLENT SE FAIRE FOUTRE
Je suis un contribuable
& un scorpion
& un poète je n'ai pas besoin des drogues
je voulais seulement faire comme tout le monde
& tous ceux que je connaissais prenaient des drogues
& tous ceux que je connaissais lisaient le Village Voice
& chouchoutaient leurs troubles psychosomatiques
rien que pour avoir des pilules
n'importe quelles pilules
que faire d'autre ?
la télévision ?
se branler sur les spots publicitaires
bobonne qui te broute la braguette
pendant les publicités alimentaires
GROUILLEZ-VOUS D'ALLER PISSER AVANT QUE LE FILM RECOMMENCE
la télévision qui te broute la braguette
jusqu'au retour de bobonne

la télévision - en voilà encore une de drogue
bonne vieille vie de banlieusard
pourtant, je suis content qu'ils aient voté les lois
beaucoup trop de jeunes mômes essaient de me brancher
des gamines veulent me rendre visite
avec de l'herbe - elles m'écrivent des lettres
désirent être mes amies
des chasseurs de célébrités qui veulent visiter
l'ashram de poésie du coin -
connerie de merde !
j'ai l'impression d'être un film underground
brûlé par Savonarole

je suis toujours à la recherche
d'une reine loyale et bandante
qui sache jouir dans sa tête
et qui me laisse jouir avec elle

la dernière fois que j'ai pris de l'acide
je voulais être libéré
immédiatement
j'y ai presque laissé ma peau
j'ai décidé que je ne voulais pas être libéré de cette façon
trop clinique
me suis assis & j'ai regardé les murs fondre
& se transformer en yantras fluides ondoyants
lancinants ornements
tout ce fatras visuel
me faisait chier
les autres avaient envie de baiser autant
que moi mais ils avaient tous peur
alors on se contentait de regarder les tableaux
sauter des murs

je suis fatigué d'être l'instigateur de tout ça
m'a fallu trois jours pour retrouver
une vision normale 8/8 ou 10/10
ça dépend du degré d'emmerdes

résoudre les problèmes de l'univers
avoir des pensées inquiétantes
écrire des poèmes paranoïaques sur la police
rien à faire à part
changer la litière du minet, vider les ordures
rien à faire à part me rendre à l'Adeles bar
l'ultime frontière religieuse
& la voir détruite par les
promoteurs de l'université

il fait jour à east cleveland
le soleil filtre à travers les
feuilles de mûrier
par la
fenêtre de notre
nouvel appartement de wymore

le soleil explosant doucement
sur nos nouveaux tapis d'orient
de l'armée du salut
de la 55ème rue

Tout le monde Dit
"écris un poème sur east cleveland" ouais mec, ça s'rait chouette !
Traduit par Lucien Suel & Henry Meyer

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mardi 4 octobre 2011

Suburban Monastery Death Poem 1

Récemment, Patrice Béray a de nouveau attiré l'attention sur le poète d. a. levy (1942-1968) dont j'ai édité le "Poème sur la mort d'un monastère de banlieue" dans le revue Starscrewer en 1978.
En avril 2006, j'avais mis en ligne dans Silo la première et la dernière partie de ce magnifique et terrible poème.
Dans les semaines à venir, le texte intégral sera mis à votre disposition dans Silo.
Pour commencer, voici la dédicace et la préface.

Ce poème est Dédié Avec Un Amour Singulier À
BIG LEONARD - décorporé en 1966
REV. DEWEY FAGERBERG
REV. CLEO MALONE
JEANNE SONVILLE
REV. JOHN SCOTT
Tony & Mary Walsh
Hermon Cook
George Fitzpatrick
Frank «SPIDERMAN» Savage
Sammy Franks
Bob Cappelli
Linda
G.T. Chappelear
Catherine Tekakwitha
Tim Hall
Ron Lucas
rjs & sandie
Ron Cornman
John Rose
Ron Green
Frank & Vikki
Rusty & Maria
Ben Jeff
Jack
Simon
Emler
Beverly
et aux nains lesbiens d’ed sanders

«Ils veulent que je me justifie -
Qu’ils aillent se faire foutre» j.s. rutherford

préface

Vous ne comprenez rien à la poésie - les poètes jouent avec la vie à l'occasion - mais d'habitude ils se contentent d'être des maquereaux du système - la vraie signification globale de ce poème est, je n'y pige rien.

Tous ceux qui ont des lumières disparaissent quand je les interroge, les chrétiens assassinent ceux qui se mettent en travers de leur route, les juifs n'ont pas appris grand chose en 2000 ans, les hindous ont des problèmes d'ego & les musulmans sont psychopathes. Le vaudou (qui est le catholicisme du noir) est oublié. De plus en plus de gens s’intéressent à LA SORCELLERIE, ce qui est OK tant qu'ils ne la confondent pas avec la Magie Noire. La magie blanche c'est le pied & vous pouvez en apprendre beaucoup mais la Magie Noire est dangereuse, VOUS NE POUVEZ PAS GAGNER, & si vous vous débrouillez bien avec, ça vous retombera sur le nez dans votre prochaine vie, vous renaîtrez probablement poète dans une société industrielle.

J'ai lu une fois un truc sur l'ennui existentiel & depuis, je m'emmerde - un certain tour d'esprit bizarre me force à reconnaître que tous mes actes sont des jeux illusoires destinés à remplir l'ennui. Je n'arrive pas à trouver la « cause primordiale »... c'est trop facile de dire « C'est la Volonté de Dieu » mais du coup tout le monde essaie de m'expliquer ce que ça veut dire. Est-ce-que Dieu veut qu'on s'emmerde ? Alors qu'Il aille Se faire mettre. Est-ce qu'on devrait faire péter la planète & retourner à l'énergie & aux esprits ou bien devrait-on protéger la planète & se libérer avec des actes d'amour programmés? Je soupçonne que c'est quelque part dans le divin subconscient de masse que ce pays est programmé pour se barrer en couille - est-ce la Volonté de Dieu ? est-ce-que ça veut dire que toutes tentatives pour sauver ce pays sont contre la Volonté de Dieu ? Pour qui travaillez-vous ? Presque toutes les fois que je fais l'acte d'amour, je chope une infection !

Les seules fois où je suis heureux c'est dans l'instant où je suis heureux, mais la plupart du temps ça fout le moral des autres à plat alors ils me descendent en flèche. Aider les gens fait que mon ego se sente bien, mais les mystiques disent débarrassez-vous de votre ego - Est-ce que je devrais me sentir mal à l'aise parce que j'ai fait quelque chose de bien (et qu'est-ce que c’est quelque chose de bien ? ) Aider les gens pour rien c’est emmerdant. L'année passée, le sexe est devenu emmerdant, maintenant si Dieu dit que tout le monde devrait avoir beaucoup d'enfants, où les prêtres cachent-ils leurs enfants ? Travaillent-ils contre le subconscient de masse sacré - la toile d'araignée - le tantra de Dieu -

Alors ce poème je l'ai écrit parce que quelqu'un me l'a demandé & je m'emmerdais & je ne savais pas quoi faire d'autre...

d.a. levy
east cleveland 1968
Traduction : Lucien Suel & Henry Meyer

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vendredi 28 avril 2006

d.a. levy (1942-1968) : Poème sur la mort d'un monastère de banlieue

Suburban Monastery Death Poem (Poème sur la mort d’un monastère de banlieue) a été écrit par d.a. levy quelques mois avant son suicide en 1968. J’ai découvert ce texte en 1969 à Amsterdam dans la revue underground Fox (#4) qui en avait publié les deux premières parties. Je les ai traduites et publiées dans Starscrewer n°8 en 1978. En 1979, Claude Pélieu m’a offert un exemplaire de l’édition originale (Zero edition, Cleveland, 1968). Avec Henry Meyer qui avait, comme moi, publié sa propre traduction dans L’œuf à Lausanne, nous avons traduit la totalité du poème. Je l’ai publié en 1981 dans un numéro spécial du Starscrewer, couplé avec la traduction de la lettre de Peter Orlovsky. Poème sur la Mort d’un Monastère de Banlieue était disponible dans la collection du Starscrewer. Le poème comprend sept parties :
Partie Zéro :
Célébration avec tambours Rada
Première partie :
L’histoire
Deuxième partie :
Le Puits
Troisième partie :
Je crois que c’était sa sœur
Quatrième partie :
Le parc de Forest Hills
Cinquième partie :
Paroles en l’air
Sixième partie :
Les petites funérailles
Le texte original en anglais est lisible sur ce site.
Site consacré à d. a. levy :
d. a. levy home page
Pour les lecteurs de Silo, nous publions ici le début (partie zéro) et la fin du poème (partie sixième).

PARTIE ZERO - Célébration Avec Tambours Rada

à seulement dix blocs d'ici
des bâtiments ont brûlé - brûlent encore peut-être
la nuit d'août déchirée par les balles des snipers
policiers saignant dans les rues
un tireur isolé se rend (peut-être à court de munitions)
Arme Enrayée ?
on a dit qu'ils l'ont encadré sous un porche
comme un tableau - les mains en l'air
quand ils l'ont abattu

à seulement dix blocs
de mon appartement silencieux
avec ses bouddhas de céramique verte
& ses livres de science-fiction
ses magazines de cul pas lus à découper
pour faire des collages

à seulement dix blocs
de mon impuissance totale
de mon ennui réglementaire et étatisé
ils sont en train de piller les magasins
& essaient de rafler des postes de télévision
pour pouvoir suivre les émeutes
aux informations de 23h

les jeeps de la garde nationale patrouillent
de nouveau dans les rues
les camions vert-militaire avec la
grande étoile blanche sur le flanc
roulent sous les éclairs de la canicule

je pourrais vous dire partiellement
pourquoi c'est arrivé
mais vous ne me croiriez pas
comme à milwaukee
pendant une lecture publique
juste après que j'aie dit
« c'est un poème paranoïaque - écrit alors que je faisais des expériences
avec des états de conscience paranoïaques
mais je n'en suis plus là maintenant »
& une jeune fille écrivit
« montre des symptômes de paranoïa »
probablement pour son cours de psychologie
m'écoutait même pas

Je pourrais essayer de vous parler
du désespoir sans issue
enraciné dans les murs du ghetto
& la brutalité policière ou la stupidité policière
ou la réalité policière sont plus que des mots
permettant à des étudiants à la recherche d'une cause
de définir la situation.
la situation existe & continue
tranquillement dans le noir alors que la
protestation se déroule au grand jour -
on n'entend ni l'une ni l'autre.

En réalité
la police essaie de protéger
les banques - et tout le reste
est secondaire

pendant les émeutes
j'ai regardé les informations
& je n'ai pas pris parti, pour changer

j'étais juste assis à m'interroger sur tous
ces révolutionnaires de salon
planqués dans les beaux quartiers
et qui applaudissaient chaque fois que quelqu'un
se faisait descendre ou qu'un immeuble partait
en fumée

à dix blocs d'ici
c'était pour de vrai
des milliers de touristes
sont arrivés
.../...





SIXIEME PARTIE - les petites funérailles
« la seule différence
entre les matadors & les poètes
c'est que les uns flirtent avec la mort
et les autres avec la folie »
rik davis

ils vous ont presque tous menti
moi y compris je suppose
« le poète joue avec la folie »
c'est ridicule - nous sommes tous fous
c'est à vous de réveiller les poètes
perdus dans leurs passés mystérieux
le poète mange & dort & pisse
& pète & chie & écrit
des poèmes - c'est ça, la folie ?
c'est un maître zen sous barbituriques

c'est l'homme d'affaires, le commerçant
qui joue avec la folie - le
docteur qui joue avec la médecine - l'imprimeur
le fabricant de bombes & le type
qui fait des baguettes & des croissants de 9h à 5h
se réveille à 6h
conduit son camion
à travers la ville
vivant jour après jour
la même routine
insensée
sans même le temps
de se demander pourquoi
poètes paumés dans le luxe de pouvoir
poser des questions de pouvoir
se cogner la tête contre les murs
& dire « hé c'est mon boulot »
& ils savent déjà - qu'ils ne veulent pas de réponses

ah mais ce matador en transit rapide
embroché chaque jour par des cornes
invisibles - intérieurement
& les transactions commerciales qui ne se font pas
& le cow-boy de la CTS assis sans un mot
cherchant à décrocher du boulot - n'importe quel boulot
& qui sait qu'il crèvera tubard
ou du cancer à 65 ans- incapable de trouver un poil de
signification dans tout ce jeu
ah la douce folie que de pouvoir
balancer toutes ces journées désespérément identiques
alors que le matador reçoit une rose
d'un petit boudin cradoque
dans la foule
il lui donne les oreilles du taureau
plus tard au lit

& un poète qui bande avec une pauvre vision
nettoie pour vous le tableau
mais maintenant vous avez la télévision
& vous rêvez trop

l’éboueur le matin
connaît sa propre réalité
les éboueurs ne se font jamais descendre pendant les émeutes
peut-être sont-ils les vrais saints
avec une aura protectrice
leur réalité - la merde de
la corbeille à papier de votre chambre à coucher

il faut être un maître zen
pour être éboueur
& les poètes mentent quand ils essaient de trouver
quelque beauté dans les tas d'ordures

les ordures sont les ordures
la poésie est une ordure sentimentale -
les détritus
& la beauté ne sont que des rêves
mais maintenant vous avez la télévision
pour vous aider à rêver

hommes sans âme
toreros de magasins sans importance
fantômes décervelés qui jamais ne possèderont d'esprit
avec lequel jouer
hommes aux rêves télévisés de lycéens
qui se signent en des rites de mort
qui murmurent « doux jésus » avant d'affronter
leurs concurrents chaque jour
qui jouent à la guerre - & deviennent des policiers
jouant avec la folie
ils conduisent leurs autos
se moquent des hippies boivent le vendredi
jouent aux quilles chient sur Dieu chaque jour & meurent
& meurent & meurent tout seuls
enveloppés dans des drapeaux
fiers de leur folie
& les poètes académiques
écrivent pour vous leurs rêves proprets
& prétendent que tout est beau
assis dans un bar
le confessionnal alcoolique

& chaque jour je m'assieds ici
& j'essaie de devenir chacun d'entre vous
l'un après l'autre
essayant ces rêves de lycée
pour voir la taille
ça marche pas
vous n'êtes pas à ma pointure

poète j'essaie d'apprendre
à rester humain
malgré la technologie
& il n'y a personne pour m'enseigner
je suis encore trop jeune pour
être tranquille & contemplatif

je ne veux pas devenir une carte vermeille
tremblant de terreur devant la télé

des hommes d'affaires dans leurs ego-trips amphétaminés
me racontent leur dernier coup

je visite des églises & des temples & je pose des questions
& on me donne une brochure
ou un livre idiot
on dirait qu'il n'y a personne
d'autre que moi pour répondre à mes questions

une hideuse responsabilité
avec des conséquences encore pires

adieu télévision
je rentre dans ma tête

ma femme & moi
faisons notre promenade du soir
autour du bloc
(sommes-nous si vieux)
il y a quelque chose de beau
en elle quelque chose
une sorte de rêve dans le ciel sans nuage

je sais que mes rêves sont irréels
mais ce sont mes rêves

parfois
par les chaudes nuits d'été
nous nous haïssons
& c'est merveilleux...

d.a. levy
août 1968
e. cleveland ohio

note :
paix & lucidité sont
deux petits oiseaux
qui cherchent à quitter la planète
parce qu'ils sont las de mourir

je n'ai pas de conseils à donner
(traduction : Lucien Suel & Henry Meyer)
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du nouveau sur le blog A NOIR E BLANC : boîtes
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