Suburban Monastery Death Poem 3
Poème sur la mort d'un monastère de banlieue
par d. a. levy (1942-1968)PRÉFACE
PARTIE ZÉRO
PREMIÈRE PARTIE - L'HISTOIRE
DEUXIÈME PARTIE - LE PUITS
Mes plus grandes soifs
ont été étanchées
par les réponses
que j'ai apportées
moi-même
pourtant, je suppose
que je n'aurais jamais pu les trouver
sans ce rond de lumière
sur Euclid Avenue
on ne pouvait pas avoir
une bonne tasse de café
au Puits
même
en faisant tout son possible
même en attendant
très longtemps
J'ai paumé trois bonnes années
dans des sachets de thé éventé
du jus de chaussettes et ce chocolat brûlant
qui se collait à votre palais
c'était comme escalader une montagne
une montagne chrétienne
le Puits était là pour qu'on le conquière
à cette différence près que personne ne pouvait découvrir
exactement ce qui se passait là
ou à quoi ça pouvait bien servir
l'establishment essaya d'abord de fermer
le Puits à cause des Beatniks - qu'on appellerait
plus tard Hippies - et un décret
fut pris interdisant le port des sandales
à east cleveland
En deuxième lieu, ce fut à cause des blacks, comme si toutes
ces jeunes nanas allaient se mettre tout à coup à baisser
leur culotte à la vue d'une peau
noire - mec, personne ne pouvait se farcir
ces minettes - et ces minettes
ne se laissaient mettre par personne.
et le viol c'est pour les gamins
donc il ne se passait rien
alors Troisièmement ce fut à cause des hors-la-loi à moto
qui provoquaient des emmerdes sauf que je
n'ai jamais vu d’emmerdes, je n'ai jamais vu
le moindre poil de cul, je n'ai jamais bu une tasse
de café convenable, mais j'ai passé pas mal de temps
à attendre et j'ai entendu pas mal de guitares pleurer de douleur -
je ne sais pas pourquoi ils voulaient fermer
le Puits
mais je suis bien content qu'ils l'aient fait
j'aurais pu passer toute ma vie
à attendre que quelque chose se passe
il est mort de mort naturelle
quand le Bar de la Presse a décidé d'agrandir
le nébuleux café
ne s'est jamais transformé en nova
il a seulement été remplacé par une paire
de tables de billard et maintenant plus personne ne se tracasse
pour savoir qui se fait baiser par qui
du moment que ces mômes à cheveux longs
ne chantent plus les vieux refrains de Pete Seeger
ou les chansons de Joan Baez et qu'ils ne fument plus de persil
et ne prennent plus ces amphétamines à base de farine
juste à côté CINÉMA UNDERGROUND
séances le samedi soir - nom de dieu
j'ai vraiment l'impression d'être coincé en plein milieu
d'un patelin de bouseux - & il paraît que
c'est une des plus grandes villes
du pays !
CINÉMA UNDERGROUND
des films de série D sur la sorcellerie et seulement trois salles connues dans le comté
la plupart des salles de l'Ohio se trouvent
paraît-il à Cincinnati
ALLEZ AU CINÉ LA-BAS
des films universitaires expérimentaux
le ciné de l'acide pour un public pas branché
Pourtant - expérience unique
un bon film parfois
le visage souriant d'allen ginsberg
apparaissant continuellement
Est-ce que c'est dans le vent ?
Les Frères Kuchar, les labyrinthes de Peter Bergman
pas de films de Clevelandais de
Cleveland, pas de films sur
l'Underground de Cleveland...
le Continental Theatre
où je distribue des exemplaires du Buddhist Oracle
à des réacs paranos convaincus
qu'il s'agit d'une publication coco
personne ne comprend de quoi parle ce journal
je ne comprends pas de quoi il parle
Beaucoup de femmes charmantes bien
que je n'en ai baisé aucune et
j'attendais tous les samedis soirs
observant les yeux
essayant de retrouver quelqu'un que j'ai perdu
il y a plus de 5000 ans
était-ce en Assyrie? à Babylone ?en Atlantide ?
la Dame à la chevelure bleue
et aux yeux pleins d'étoiles
qui courait dans le sable -
dans mon esprit alors que tous les samedis soirs
je distribuais mes journaux
Me grouillant de retourner au Puits
la brigade des stupéfiants est sur le qui-vive
ils sont convaincus de l'existence
d'un trafic de drogue organisé
par la mafia française qui se fait
entre le café & le théâtre
un complot Communiste - des camels bourrées
d'opium de hasch & d'owsleys
sous le comptoir -
dans les chattes des petites filles
Interpol dira que dalle
ils mettront ça sur le dos de la Mafia
si quelqu'un se fait prendre
je continue à chercher
ce trafic de drogue
pour mon propre compte
sous couverture d'attendre une tasse de café
convenable - mais je n'ai jamais rien vu
rien que cette saloperie de vie de banlieusard
William Burroughs - sauve-moi ! laisse tomber
Michele Ray - Yael Dayan - sauvez-moi !
Je suis assis là dans les ombres du Puits
de vieux souvenirs me trottent dans la tête
de l'époque où ça a commencé & j'avais
pris le Direct
au coin de la 25ème Ouest & de Lorain vers Superior ou Windermere & j'avais marché dans la gadoue d'une fin d'automne pour attendre dans les ombres du café
les regardant s'allonger - aspirer & expirer
en écoutant la musique de Miles Davis à l'intérieur de ma tête
Maintenant je suis chez moi & je plane avec le Jefferson Airplane
casque stéréo collé aux mes oreilles - j’écoute Judy Collins
Country Joe & the Fish - des Chants Bouddhistes - Pink Floyd
le fantôme de Richard Farina - de la musique classique espagnole
& mon crâne se fend grand-ouvert
& les restes de mon cerveau
& les mots rassemblés
qui flottent vers le plafond
c'était beaucoup plus simple quand je me baladais
l'été jusqu'à la bibliothèque du quartier Nord
& je ne pouvais pas trouver de bouquins sur le Tantrisme, le Dadaïsme,
le Bouddhisme, l’Égypte, la poésie contemporaine -
il y avait énormément de propagande américaine -
j'étais très déçu - j'avais vraiment envie
d'étudier - au lieu de ça je passais mes étés assis
essayant de devenir aussi doux que les arbres
essayant de comprendre où ils
puisaient leur foi en la vie
croissant - croissant patiemment
jaillissant vers le soleil
il fut une époque où chacun
voulait être Le chef et faire avancer
les choses - mais on décida
que servir était plus chrétien
que commander aussi l'endroit était plein
de lieutenants attendant un capitaine
qui leur présente un plan d'action
il n'est jamais venu
ou peut-être l'avons-nous manqué
c'est la névrose de cleveland
je ne comprends pas ce qui
se passe dans cette
banlieue changeante
peut-être que c'est contagieux
peut-être que les blacks
qui remontent Hayden Avenue
amèneront un chef
avec eux
les adeptes de John Birch sont venus voir au Puits
un soir portant en écharpe leur forme bizarre
de patriotisme - les mômes de 16 ans les ont rembarrés en se marrant
les jeunes trotzkystes aussi sont venus parler au
Puits, les mômes de 16 ans sont allés se coucher
ou bien se sont énervés & sont partis
se balader dans les rues
LE PUITS un café vraiment libéral est mort de sa belle mort - le 1er juin 1968
Repose Ingénu dans la Paix
Lenore Kandel, J.D. Kuch, sauvez-moi !
Traduit par Lucien Suel & Henry Meyer
Libellés : Beat, Monastère de banlieue, Poésie, Traduction
0 Comments:
Enregistrer un commentaire
<< Home