lundi 31 août 2020

Poème express n° 782

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vendredi 28 août 2020

Ivar Ch'Vavar : Hypnos mal au centre (5)


À la « ducasse », des torches passent dans la nuit : la
barbapapa. Il y a des lampions dans les marronniers.
Les visages suent, totalement inconnus. J’ignorais qu’il
il y eût tant d’inconnus dans mon village, en fait je
ne reconnais personne. Un grand miroir à cadre doré
est là, posé contre un tronc. J’arrive juste devant, et c’est
pour y voir, alors, un garçon à la lèvre tordue, retroussée,
avec un œil fermé ou recouvert d’une taie. Les cheveux,
noirs je crois, avalés par la nuit. Si jamais c’est moi, non,
je ne me reconnais pas. — Je regarde les gens : ils se
« démoulinent » et les clapets buccaux ont l’air de fonc
tionner rudement bien. Pourtant, je n’entends rien —
qu’une sorte de grésillement — qui a des sautes, des fois
ça crépite, ça claque quasi. Une libellule de grande taille
frôle ma pommette, deux ou trois manèges continuent de tourner. — Loin par là, il y a comme un grand flamboie
ment sur les haies, et une rumeur. Ça n’est pas tout près,
ça touche un autre canton. Les romanos montent et des
cendent sans cesse le petit escalier de leurs roulottes, ils
courent partout, ils paraissent préoccupés. Les villageois,
eux, bien aise, font de lents allers et retours, à trois ou
quatre de front, parfois bras dessus bras dessous devant
les baraques, sous les lourdes guirlandes de lampions.
à suivre...
Pages écrites courant 2003. Revues en mai 2016 et en avril 2019

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jeudi 27 août 2020

Poème express n° 781

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mardi 25 août 2020

Ivar Ch'Vavar : Hypnos mal au centre (4)


Et je le dis, ça ne
me plaisait guère, je sentais comme si quelque chose m’é
tait retiré, comme une clé, peut-être, une clé invisible :
un fourmillement au bout de mes doigts : l’instant d’a
vant la chose était juste encor là.
Et revenant vers les ha
bitations des hommes je constatai maussade et résigné,
que sur le seuil de chacune d’elles, il se tenait un gar
çon-boucher. D’une voix claire et musicale, lui criait
quelque chose dans la maison. J’enfonçais mes poings
dans mes poches je haussais les épaules j’affectais même
d’écarter un peu les genoux en marchant, en leur laissant
un peu de mou : chacun de ces grands garçons avait une
grosse paire d’ailes blanches dans le dos, évidemment.

à suivre...
Pages écrites courant 2003. Revues en mai 2016 et en avril 2019

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lundi 24 août 2020

Poème express n° 780

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samedi 22 août 2020

Ivar Ch'Vavar : Hypnos mal au centre (3)


Souvent il y a un pâlissement au bord
de ce pays. Sur le bord ; séparé de l’horizon juste par la lon
gueur de quelques cils ; le bas du pâlissement tenait sur quelques pointes de cils, qui pliaient plus ou moins dans l’eau lacrymale (ce n’est qu’une image). Le haut du pâlis
sement se perdait insensiblement là où il se mêlait plus ou moins au bleuté. La bleuité... On peut chanter ces mots si on y tient, mais se rappeler qu’on est dans la « prose du
monde » là.
Ce pâlissement les vieilles gens en parlaient en
allongeant la mâchoire. — C’était assez sérieux pour que
les hommes, les hommes « faits », on va dire : retirent leur pipe de leur bouche, sans pour autant dire rien de parti
culier. Je me demande encor si j’avais bien compris, et si
ça n’était pas talisman, le mot ? mais non. « Pâlissement »,
sans aucun doute possible. Du reste, on le voit... aussi faiblement que ce soit et toujours dans une sorte de dé
sarroi. Mais depuis si longtemps qu’on l’observe on le
sait, quand il est là. On le sent derrière son épaule, c’est
quelque chose de subreptice assez, jusque dans ses reprises ; on éprouve une sorte de gêne il y a comme u
ne glaire dans l’air. On ne le voit jamais que de ce coin
et tout le temps j’y reviens, une fois que j’ai oublié le phénomène. Ou le souvenir m’en est revenu sublimina
lement ? Toujours je reviens à ce coin. Deux ou trois au
tres garçons aussi, des cloches, comme moi. — Mais par
exemple on n’y ! croise jamais le moindre commis !
de boucherie ! Cette engeance... ça a l’air d’une plaisan
terie, mais c’est — une image qui reflète une vérité :
dans cet angle (j’ai dit coin, oui... précisons que cet angle
nous n’en connaissons que le côté convexe, c’est un pas
sage à vaches et un endroit de rebut une haie le serre bien
un peu mais maigre et toute trouée : il n’y a pas de
place où se dissimuler) ; dans cet angle, cette engean
ce des garçons-bouchers brillait par son absence (c’est,
j’y insiste, dans ce texte-ci cette image qui reflète le plus
de réalité). Eh bien ce jour-là la terre était d’un bel oc
re violet, l’herbe des prés luisait comme le poil ras
des taupes, des chasseurs passaient au loin avec de
gros culs et parfois un peu de détonations groupées :
fusils pointés vers les nuages —. Quelque chose se
passait, les couleurs avaient toute leur force en cet in
stant les sons toute leur acuité, je me redressais… Inu
tile de relever plus haut mes manches, c’était tout à coup
évident… Le baquet de lait rouge ne contenait qu’un li
quide crémeux et rouillé ; la poupée aux seins précoces
était derrière la touffe d’ortie où je l’avais poussée,
je distinguais (me repenchant un peu vers le mur)
la plante rose-jaune d’un de ses petits pieds. Eh bien,
un événement d’importance était en train. 
 
à suivre...
Pages écrites courant 2003. Revues en mai 2016 et en avril 2019
 

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vendredi 21 août 2020

Ivar Ch'Vavar : Hypnos mal au centre (2)


À ce coin du village, de loin comme
de près, la terre est remuée par le sabot des vaches. Quand
elle sèche on s’y tord bien les chevilles. Même au plus fort
de l’été, la mi-août, le ciel s’est donné l’air de pendre,
loques, haillons. Les bruits restent engourdis, des acou
phènes sont posés ici et là, presque visibles, buissonnant
devant nos seuls yeux. Et quand on ramène nos regards
vers les maisons, il y a ce mur contre lequel un certain
nombre d’objets sont venus s’échouer. Un garçon qui a
vait quelques années de plus que nous (que moi) nous
a confié qu’il s’agissait de « brides à veaux ». C’était...
un jour. C’était solennel, mais un peu malsain je ne me
rappelle plus son visage il n’est jamais réapparu.
Une fois,
j’ai trouvé une poupée nue contre ce mur elle avait de
(deux ? des) petits seins, déjà bien marqués. Elle était pour
les trois quarts de son... de sa longueur enfoncée dans un
tronçon de gouttière.

à suivre...
Pages écrites courant 2003. Revues en mai 2016 et en avril 2019

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jeudi 20 août 2020

Poème express n° 779

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mercredi 19 août 2020

Ivar Ch'Vavar : Hypnos mal au centre (1)


Ivar Ch’Vavar

HYPNOS MAL AU CENTRE

suivi de

Devant l’Automne

(proses libres)




Hypnos mal au centre

À force de bras le matin déploie sa grande feuille bleutée
qu’il secoue pour finir ; le tintouin du village a tôt fait
de retomber, le long de la feuille dans le creux du bleuté.
Le bétail au sol (vaches, frisonnes) fond lentement dans
les prés, mâchouillé, comme sucé dans la perspective de la
longue journée.
À l’angle d’un hangar j’ai trouvé le baquet
de lait rouge je roule mes manches de chemise sur mes
avant-bras ; comme si je savais ce que j’allais justement
faire juste là, mais... je ne... « sais » rien. Ce qu’il y a, c’est
que je tâche seulement de les rouler très serré, ces man
ches, comme je l’ai vu faire aux garçons-bouchers. Oui !
eux font ça très bien, à la perfection vraiment, les garçons-
bouchers. Aussi : arborer un demi-sourire (comme si il
restait encore une chose à comprendre) ou passer tout
à coup très vite à côté de nous à vélo — le torse droit,
menton levé (grosses lèvres rouges avancées). Pieds à
terre ils se déplacent très vite, avec des mouvements laté
raux, mêlant raideur affectée — raideur de principe — et
souplesse exercée : oui, mais profonde et venue de loin
et je ferais aussi bien de dire : « une sorte de grâce ».
Ils parlent peu, mais alors c’est d’une voix étonnamment
claire et mélodieuse, qui découpe les mots avec une pré
cision merveilleuse qui — nous, les « cloches » — nous
laisse bouche bée.
Toujours ils sont vêtus avec la dernière
élégance (en boucher).

à suivre...
Pages écrites courant 2003. Revues en mai 2016 et en avril 2019.

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lundi 17 août 2020

Poème express n° 778

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