lundi 31 janvier 2022

Poème express n° 914

 


Photo d'Anna Magnani et commentaire de Piero Cohen-Hadria

(dans l'éclat de rire, j'ai entendu celui de Mama (pas du chien, même si c'est trop marrant) - elle improvise, elle tombe, elle rit - elle vit - c'est une vraie merveille : du cinéma comme on l'aime) (la rambarde c'est celle de l'appartement moderne à défaut de luxueux dans lequel elle voudrait que grandisse et s'épanouisse son fils, Ettore) (on pense à Cabiria (Federico Fellini, 1957) et à Rocco, ses frères et Nadia (Annie Girardot, cette jeunesse, cette beauté) (Luchino Visconti, 1960), (mais non) (non, il n'y a pas eu d'homme encore : la longue séquence (magnifique, la nuit, travelling, des hommes apparaissent disparaissent l'ombre la nuit on la suit quand elle marche dans Rome : magique) (son souteneur se marie au début du film : elle se croit libre - libre d'offrir à son enfant le meilleur et le mieux du monde) (mais oui la vie est belle, et elle le sait et le veut) (rien n'est simple, rien n'est beau cependant) (le film est la (pratiquement) suite du précédent, Accatone, où la prostitution joue sinon le premier rôle, du moins l'un des plus importants) ici, Mama est incarnée par Anna Magnani est c'est une pure et formidable vraie vie de cinéma - on l'adore - la musique de Vivaldi, pour partie, est aussi merveilleuse que les quartiers de Rome sont brutaux boueux et presque obscènes - Mama est formidable de joie et de ténacité, de colère et de force aussi, une femme, humaine et si belle et joyeuse - magnifique - Mama Roma (Pier Paolo Pasolini, 1962) (avant d'être cinéaste peut-être PPP est un poète écrivain italo-mondial)

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vendredi 28 janvier 2022

Venir au vent (XXV) par Laurent Margantin

 VI

 

Au-delà des jardins et de leurs habitants volatiles,

j'aime suivre aussi des yeux

puis du corps tout entier

     des oiseaux plus nomades

 

                                     volant au-dessus de toutes les clôtures

                                       et loin des villes

 

                         oiseaux des mers et des déserts

 

                oiseaux longeant les fleuves vers leurs estuaires

 

rapaces des montagnes jouissant du vol libre

 

je vous suis

dans vos descentes et vos montées,

dans vos chutes

et vos tournoiements,

animaux solubles dans l'air

qui coulez avec les vents

 

tandis que plus bas,

beaucoup plus bas,

- car au plus haut on revit peut-être sa naissance –

dans le silence de l'hiver,

dans la terre gelée,

dorment les germes des sons oubliés,

perdus dans le froid qui dure,

 

un jour de février pourtant,

puis plusieurs jours au commencement de mars,

la lumière revient autrement,

l'aurore n'est plus tout à fait blanche

et marquée par l'absence des échos familiers,

 

le jour résonne à nouveau

 

les oiseaux sortent de terre

 

éclosent les sons toujours neufs

oubliés et qui reviennent naturellement

du plus profond de la terre

 

ailes fraîchement poussées

 

                                                   loin de la placidité taoïste du pélican

                                             posé sur son rocher d'Acapulco

                                                    dans la lumière vive de midi,

                                    parfaitement indifférent aux touristes

 

là, une fraîcheur, une poussée naturelle

vers ce ciel encore hivernal,

                  qui annonçaient dans le froid de Tübingen

 

les pistes des martinets tracés

                                                                                                        dans le bleu clair de mai

 

 Laurent Margantin est un auteur et traducteur vivant à la Réunion.
Ces poèmes paraissent sous le titre Erres aux éditions Tarmac

https://www.tarmaceditions.com/erres
 
 

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jeudi 27 janvier 2022

Poème express n° 913

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mercredi 26 janvier 2022

L'Opium

2

 

Avec des pieds de silence, elles couraient vers le placard à balais sans souci des lois de la pesanteur.

Il y eut quelques pertes dans les parages, à l’endroit où, les unes sur les autres, elles essayaient leurs philtres de flicardes maléfiques,

Éperdues dans les escaliers glauques derrière les barreaux de la centrale de Leavenworth,

Accroupies au sous-sol du poste, outres silencieuses face à de muets rats d’eau,

Pendues en effigie jour et nuit.

Il paraît que ce fut fait avec une échelle dont le haut s’aplanissait en grinçant.

 

Une foule sans nombre, une foule d’élites avec assez d’aiguilles dans le corps.

Les glaçons sauvages pleuraient des larmes vertes.

Je redescendis ennuyé, effectivement pendu dans le Connecticut, embrassant les degrés de verre brisé.

Des poulets étaient tombés dans l’escalier à mes pieds au bas des marches,

Leurs cils collés et leurs lèvres bavant.

La drogue s’entoure de magie et de tabou à l’horizon éloigné.

Avec mon corps terrestre de rites, j’étais capable de dénicher un bras sans le pouvoir réchauffer.

Dans cette rue-ci, la prochaine à droite aux marches de lentille m’aveugla.

Elles étaient encore là avec leurs masques de vieilles femmes, casques sur les oreilles.

« C’est pas tout ça », écrivis-je en un mail aux veines bleu de Sèvres.

« Qu’elles se reposent », comme disait le juge de paix dans la coupe aux flots d’huile fauve.

Il faut savoir être arbitraire aux vapeurs de soufre sur l’enfant.

Derechef, je me retrouvai au self service où mon paletot volé me faisait ressembler à un corps de limace.

Lucien Suel

(cut-up réalisé à partir d'extraits
du Festin mémorial de William Jarry
et de Minutes de sable nu d'Alfred Burroughs)

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mardi 25 janvier 2022

Total ballet par Piotr Aakoun et Lucien Suel - 9/10

 

Total ballet. Frémissement de narines. Élongation des bras. Vibration des cils. Torsion des vertèbres. Dressage du majeur. Œil ouvert œil fermé. Corps traversant la maison le jardin la forêt le pays. Oreille dressée. Mouvements péristaltiques. Déglutition. Vomissements. Pousse des cheveux. Regard vers les étoiles. Tout est danse. Tout.



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lundi 24 janvier 2022

Poème express n° 912

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vendredi 21 janvier 2022

Venir au vent (XXIV) par Laurent Margantin

 V

 Seul dans la rue

je vais à mon propre pas

 

                       et il me semble qu'inconsciemment

            je me dirige vers la montagne Sainte-Victoire

ou bien vers d'autres montagnes

 

le vent se lève

gonfle les voiles, soulève les ailes

 

c'est peut-être l'avant-souffle du mistral

qui emporte vers la mer

et qui semble même pousser le Rhône

vers son estuaire

 

elles tombent lourdement dans les herbes du jardin,

et puis courent s'accrocher à une branche

volent d'un arbre à l'autre

 

                                           les pies de Conflans-Sainte-Honorine

 

                     puis se taisent et s'effacent

 

                                 avant de réapparaître un jour ailleurs

 

quant aux merles,

ils fouillent toute la journée

dans le gazon

leur bec doré se dressant de temps à autre

           au-dessus des herbes

 

                             ils ne volent pas pour le plaisir de voler

 

                                                       mais furètent

                                   dans un territoire bien circonscrit

                                    se déplaçant d'un lieu à l'autre

 

Laurent Margantin est un auteur et traducteur vivant à la Réunion.
Ces poèmes paraissent sous le titre Erres aux éditions Tarmac
https://www.tarmaceditions.com/erres
 

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