vendredi 26 février 2021

CYCLE DU BASILIC (V) par Laurent Margantin

 V


ROTHÉNEUF


Et là-bas, sur la côte, vous verrez des visages


Coup de tonnerre géologique, avait dit le poète

en parlant de Piana, roches chaotiques

mues vers le ciel par des forces

qu'il faut bien qualifier d'obscures, l'orange et le rose

mêlés le soir, puis tournant au rouge,

la mémoire encore travaillée par ces couleurs et ces formes

minérales sauvages, félines —


c'était d'ailleurs le mois du lion,


la mer, je l'ai presque oubliée,

aussi cette mer de Bretagne, là où m'avait guidé le hasard,

comme une chute là aussi,


l'homme à peine éveillé,

l'homme aux oreilles rompues,

comment pouvait-il prêcher à ses ouailles,

lui qui n'entendait ni ne parlait,

lui qui ignora longtemps les êtres qui l'habitaient,

des pirates en cette âme de curé !


Univers infernal :

la côte sculptée à l'image de son chaos...


À un endroit j'ai reconnu Gauguin qui,

pas loin, avait planté ses toiles, dans la recherche tâtonnante

lui aussi, sentant obscurément les forces qui parcourent les formes,

mais aurait-il pu imaginer qu'en allant sur ces terres en païen

son visage resurgirait dans le granit

à travers les mains extravagantes d'un prêtre ?


Le peintre de profil,

éternisé dans la roche, inconnu.

« Bonjour, monsieur Gauguin », aurait dit

le prêtre à la barrière.


Et l'on descend encore,

vers la mer dont les formes

créées par les courants ont peut-être rêvé

un jour le Léviathan, et des faces naïves plongent

avec le monstre, s'évanouissent, reviennent,

selon le rythme des vagues de lumière.


Rouge, orange, rose, et aussi le blanc calcaire du matin.

 

Laurent Margantin vit à la Réunion,
il écrit & traduit quotidiennement sur les blogs suivants :
www.laurentmargantin.com
www.oeuvresouvertes.net
et
www.journalkafka.com 

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mercredi 10 janvier 2018

L Suel à l'aveuglette en 2001 avec Dragibus et Merzbow (4/5)

En août 2001, Philippe Robert m’a interviewé longuement sous la forme d’un blind test. Il m’a donc envoyé par la poste (hé oui!) une cassette d’une dizaine de morceaux, à charge pour moi de les reconnaître et de répondre aux questions ayant un lien avec ce que j’avais entendu. Cet entretien a été publié en septembre 2001 à Grenoble dans le n° 49 de « Revue et corrigée ».
Nous le publions en cinq parties au Silo. Voici le quatrième épisode (bande-son : Dragibus et Merzbow.)


7.
Dragibus "Un roi si capable"
Là, je suis désolé mais je ne connais pas du tout. C'est un collage, une parodie, je pense à Spike Jones...

Tu as aussi une passion pour l'art brut et tous les artistes singuliers...
Je suis touché par ces gens qui, sans souci du qu'en dira-t-on poursuivent une vision, créent dans tous les sens, sans référence à une école, à un enseignement. Ici, près de chez moi, ont vécu des artistes singuliers comme Augustin Lesage, Joseph Crépin, des personnages étonnants comme Benoît-Joseph Labre au XVIIIème siècle, un moine vagabond et pouilleux, un ancêtre des beatniks (le patron des inadaptés sociaux !). Lorsque j'ai écrit le Mastaba d'Augustin Lesage, je n'ai eu qu'à me replonger dans mes propres souvenirs d'enfance, et j'avais l'ambiance, la simplicité et le fantastique quotidien.

Comment définirais-tu ton travail par rapport à ce que l'on appelle traditionnellement poésie ?

D'une manière générale, j'ai justement tendance à identifier poésie et travail. Et quand je dis que je suis un poète ordinaire, c'est à la fois parce que je travaille de manière ordinaire avec des objets ordinaires, mais c'est aussi parce que je mets de l'ordre ou tout au moins, j'essaie d'ordonner les choses, de lutter contre l'entropie. La poésie, c'est aussi un état d'esprit, une façon d'observer le monde. Le poème est de l'ordre de la prophétie, souvent, indépendamment du poète.
Mon écriture est précise, ordonnée, justifiée. Mes collages, ma poésie élémentaire ont au contraire un aspect chaotique et désordonné, mais c'est aussi une façon de réarranger (réenchanter ?) le monde.
Je me souviens que j'avais, en 1989, répondu aux deux questions : "Qui êtes-vous ? " et "A quoi pensez-vous ? ". Mes réponses avaient encadré mes Morceaux Choisis parus en 1990, dans la collection des Contemporains Favoris (Didier Moulinier éd.), y servant à la fois d'exergue et de conclusion. J'écrivais à l'époque :
"Quand je ne pense ni à la mort, ni à la stupidité du monde, ni aux pluies acides, je passe un doigt mouillé sur les filles de papier. Je suis un humaniste...
Maintenant, je suis devenu un peu trop gros pour faire du strip-tease. Et ça n'intéresserait plus grand monde. Je préfère manger des frites de ducasse et avaler de la bière en canettes de 25 cl. Les filles de papier sont plus fidèles que les filles électroniques. Je suis un passéiste."
Douze ans plus tard, l'état du monde ne s'est guère amélioré. De ce point de vue, il est bien évident que je peux continuer à affirmer que je suis un passéiste (Les progressistes sont un peu rances !). Je ne passe plus de doigt mouillé sur les filles de papier. Je n'achète plus ni magazines, ni journaux. Je n'ai même plus de récepteur de télévision. Je jette un regard mouillé sur les silhouettes dénudées des arbres, bouleaux, saules, peupliers, se détachant sur l'horizon gris, bleu ou rose. Je regarde le ciel, la ligne des Collines d'Artois ou celle des Monts de Flandre. Je préfère ça à n'importe quelle visite d'exposition artistique.
Comme disait d.a. levy, j'essaie simplement de rester un être humain malgré la technologie. Il m'est difficile de préciser à quoi je pense, je peux seulement dire que ma pensée est un flux. J'essaie de garder le contrôle au présent, entre passé et futur, entre espace et temps, entre forme et contenu, entre poire et fromage. Pour ce qui est de la bière, j'ai considérablement agrandi mon champ gustatif et je lève mon verre de Westmalle à la santé des amies et amis, lectrices et lecteurs.
Mémoire, résistance, vision, humour, voilà mes quatre vérités.

8.
Merzbow "#1, 21.42
Masami Akita, j'ai reçu ses premières cassettes en 1981, Lowest Music & Arts. Il était très engagé dans le mail art network. Il fait preuve d'une belle constance puisque 20 ans après il continue de fabriquer ces musiques concrètes. Un fan de Schwitters comme moi ne peut qu'apprécier et le nom (Merzbau, c'était le nom de la maison qu'il avait bâtie à Hanovre) et la démarche.

Tu récupères beaucoup de déchets...
T'intéresses-tu aux musiques qui se servent de la récupération pour créer de nouveaux environnements sonores ? (noise, techno, musiques électroniques actuelles ?)


C'est notre société qui produit beaucoup de déchets. J'ose dire qu'elle ne produit pratiquement que des déchets. Il y a peu de choses vraiment utiles dans les supermarchés ou les pages des catalogues (et internet, quel fantastique réservoir de déchets !). A la limite, beaucoup de nouveaux produits sont fabriqués directement pour la poubelle. C'est tout naturellement que je recycle ce que je trouve. C'est un principe naturel, lié au jardinage (l'idée de compost culture). Les déchets de toutes sortes et notamment pour ce qui me concerne, dans le domaine du papier imprimé, textes ou images ont tellement proliféré ces dernières années qu'ils deviennent eux-mêmes source de matière première (même dans l'industrie). Pour paraphraser Genesis P. Orridge, on ne dira plus Industrial Music for Industrial People mais "poésie de déchets pour un monde de déchets". Ce qui est vrai pour l'écrit et le visuel l'est aussi pour la matière sonore. Je n'ai pas trop le temps de m'y mettre ou d'en écouter, mais le sampling est pour moi analogue au poème express, au cut-up. Ce n'est pas un hasard si Burroughs a été souvent sollicité par des musiciens travaillant dans ce domaine.

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vendredi 5 novembre 2010

Habiter poétiquement le monde


« Habiter poétiquement le monde » est une expression du poète Hölderlin, qui donne son nom à l'exposition présentée au LaM à l’occasion de la réouverture du Musée après travaux et transformations. C’est aussi le titre du livre-catalogue édité à cette occasion.
Ma participation à l’ouvrage "Habiter poétiquement le monde" consiste en un long poème-manifeste de 115 versets comportant chacun 23 mots.
Quelques extraits ci-dessous :


Devenir le poème

[...]

Tu comptes vingt-trois mots dans chaque paragraphe, le code 23, Enigma, les chromosomes, un siècle à la fois, Yield To Total Elation.
Tu progresses, tu t’assois entre deux chaises, entre deux âges, teenager ou senior, l’entre-deux pour modifier l’emploi du temps.
Tu conjugues le passé perdu et le présent souffrant, entre la cellule monacale et le désert rouge ou blanc, entre chien et loup.

Tu avances dans le Temple, dans les architectures immémoriales, ton panthéon personnel, reliques de l’amour, chaque salle dédiée à un artiste brut.
Tu te déplaces en observant la disposition de tes pieds sur le carrelage bleu. Tu fais attention de ne pas toucher les joints.
Tu places chaque pied dessinant un angle droit avec le précédent, la marque de ton pas inscrite dans la diagonale du carré a√2.

Tu nommes dans la forêt, chaque arbre, et dans le ciel, chaque étoile... La Nouvelle Pléiade resplendit jour et nuit sur la réalité.
Tu dialogues avec les vivants et les morts. Tu dessines un autre Yggdrasil. Tu produis jusqu’à la totale exaltation, la joie pure.
Tu n’as pas lu tous les livres et tu n’es pas triste car tu obéis au principe de la nécessité intérieure.

Griffonnages médiumniques, phrases spiralées, cercles de craie, machines sidérales, montages proliférants, assemblages encombrants, tes archives, tes tas de tas, tout est à toi.
Tout est de toi, tout est par toi, en tout et partout. Tu considères les mots comme des épingles, des cutters, des matérioutils.
Le mot mescaline devient la messe câline, le mot mot se ruait vers Laure, la dame bleue en vêtements de travail Pigeon Voyageur.

[...]

Artiste de proximité, médium de nécessité, facteur de poésie élémentaire, poézi prolétèr, il approuve Michaux qui dit : « Si tu écris, tu sais dessiner. »

Il fusionne en son alambic éléments plastiques et langue écrite. Éventuellement, il pourra ajouter quelques broutilles magnétiques ou numériques dans la patmo bouillonnante...

La cuisson terminée, il étalera le résultat en mode infra-mince, sur la table de la cuisine ou le mur de l’atelier.

Il inclut tout naturellement dans sa méthode de travail les quatre forces fondamentales de la physique moderne : gravitation, électromagnétisme, interaction forte, interaction faible.

A Near Death Experience révèle le chamanisme latent. On invoque les quatre éléments, les quatre directions, parfois grâce à des abstractions mathématiques modernes.

Dans le bleu adorable, transmutation et permutation, on performe et on transmet, on permet et on transforme. Ainsi, des artistes soignent ou enseignent.

Joseph par le feutre et la graisse, Robert par le bien fait mal fait pas fait et Ian par le cercle de craie.

Des hommes écrivent sur le sable sous la dictée des esprits, créant des principes de croyance, des légendes cosmiques. Ils réenchantent le monde.

Ils transforment des objets (câbles, casseroles, ampoules, boulons) en dispositifs de performance, médias magiques ajoutant une valeur spirituelle à la valeur d’usage.

Ils élèvent des tours, bâtissent des palais, créent des girouettes, font pousser des volatiles végétaux, inventent des labyrinthes, sculptent le bord de mer...

Voici venir la cohorte des constructeurs de l’imaginaire, les bâtisseurs chimériques naïfs bruts, les inspirés, les artistes singuliers, outsiders de l’art...

Ces travailleurs paysagistes font du gros œuvre un chef d’œuvre, font l’œuvre de leur vie, font de leur vie une œuvre.

Comme la moule l’huître le bigorneau la tortue l’escargot, ils portent et sécrètent leur maison, ils l’habitent pour la vie.

[...]

Lucien Suel

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jeudi 1 octobre 2009

Oraison au marteau

"Oraison au marteau" est un poème d'Alfonsina Vandenbeulque, "Celle-Qui-Met-Ses-Pieds-Sur-Les-Semelles-D'Arthur-Rimbaud".

Oraison au marteau,
Quelle lame est sans défauts ?

Oraison au marteau,

J'ai commis le tragique péché
Du maçon, qui gâche son mortier.

Qu'il crève, chaque fois
Que glougloute le dindon-roi
A la caroncule enflée.

Ô raisin, ô jardin,
Quel âne est sans défauts ?

Que celui qui n'a jamais bêché
Creuse le premier trou,
Ouvre la première bière !

Que comprendre au pétrole ?
Il faut qu'il fuie, qu'il coule, qu'il décolle !

Ô maisons, ô bateaux !
Alfonsina Vandenbeulque

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jeudi 14 mai 2009

Marcel Dujardin


Fashion Gardener

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lundi 12 janvier 2009

Le Mastaba d'Augustin Lesage (14)

"Mathématiques sévères"...
Le texte suivant figure dans l'édition originale du Mastaba d'Augustin Lesage. C'est le dernier de la série et le seul à n'avoir pas été composé en vers justifiés.
Je le propose aux lectrices et lecteurs de Silo. Jusqu'à présent, personne ne m'a donné la solution. Que la meilleure ou le meilleur gagne ! (donner votre réponse en commentaire)


Problème

(Annales du Certificat d'Etudes, année 1929, canton de Norrent-Fontes)Pour sa confection, un tableau a nécessité l'utilisation d'une toile rectangulaire de 1,40m de long et 1,10m de large, vendue au prix de 14,50F le m².
Ce tableau commencé le 14 février 1928 a été achevé le 2 mars de la même année.
L'artiste y a travaillé pendant 4 heures chaque jour, sauf le dimanche.
La toile achevée a été entourée d'une moulure, valant 0,41F le m.
La dépense en peinture et en vernis s'est élevée à 11,17F.
Sachant que le peintre, ancien ouvrier-mineur, évalue son travail artistique au tarif horaire d'un mineur, soit 1,37F de l'heure, sachant également que le 31 décembre 1927 était un samedi, quel est le prix de ce tableau ?

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mercredi 7 janvier 2009

Le Mastaba d'Augustin Lesage (13)

L'Oeil d'Horus erre sur la tapisserie
de la chambre. Il me regarde parmi le
lacis des buissons de fleurs peintes,
se fige entre deux ornementations des
bordures, puis glisse vers le plafond
dont les écailles soulevées dessinent
l'ombre fantastique du reptile divin.


Je frotte mon nez aux brins de paille
du matelas rayé. L'odeur de poussière
traverse la toile. Le drap est lourd.
Les pieds sont brûlants. Je transpire
sous la couverture. Je serre les yeux
et les poings. L'Oeil d'Horus monte à
l'échelle du grenier. Le bois grince.


Devant la voiture noire, les enfants,
la croix et les chevaux se balancent.
Sur un coussin jaune, brille un cadre
de marbre noir. À genoux, je fixe les
fils d'or qui s'entrecroisent dans le
dos de la chasuble violette et noire.


Je sais que mes reins sont comme ceux
d'un lapin dépiauté, qu'il y a toutes
les canalisations, tous les tuyaux de
pipi et de sang de chaque côté. C'est
un grand tableau sur le mur. Je vois.

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lundi 5 janvier 2009

Le Mastaba d'Augsutin Lesage (12)


Décore les veines noires de la terre,
cueillant les feuilles de pierre dure
où saignèrent les fougères comprimées
par le temps et la lourdeur dernière.


Décore l'herbe mouillée et glissante,
rinçant le silex abrasif dans le seau
où fermenta la douceur très visqueuse
de la peau de chamois, purificatoire.


Décore le vent à travers les hublots,
pleurnichant sur les mausolées ruinés
où voltigèrent les horoscopes périmés
des actrices poitrinaires, exotiques.


Décore le ciel béant, dans le fleuve,
miroitant de damiers hippopotamesques
où s'épanouit la béatitude détergente
dans le bassin d'émail blanc, minier.


Décore l'horrible marchandise larvée,
transhumant d'une cervelle bourgeoise
où s'atrophia l'art, pourrit au coeur
l'ombellifère infuse de l'imaginaire.

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vendredi 2 janvier 2009

Le Mastaba d'Augustin Lesage (11)


un
coup
pourri
pour oui
un coup de
reins pour y
frapper le oui
un coup pour oui
deux coups pour le
nom ouï Marie guérie
deux coups pour don du
ciel Marie Marius frappe
un coup pour oui deux fous
pour noms de Tyane le crayon
voyage dans l'espace blanc oui
non oui non système binaire béni
d'une informatique funèbre oui oui



au
pied
véreux
d'un lit
séraphique
l'enfant des
anges à genoux
fermant les yeux
laisse glisser son
doigt sur le lainage
beurré par les pétales
de fleurs un reposoir où
s'écrit joliment le prénom
de la petite fille morte qui
sourit dans la taie d'oreiller
où ses cheveux s'éparpillent une
étincelle dans le grisou des cieux



je
sais
guérir
posément
la maladie
soudaine par
l'ombrage doux
de mes mains sur
la tête dénudée de
la fille aux boutons
mais les enfants sales
qui jouent aux mappes au
bord du trottoir courent à
toutes jambes quand je passe
la porte de la maison et toute
leur frayeur se coagule dans les
billes qui roulent dans la bordure

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mardi 30 décembre 2008

Le Mastaba d'Augustin Lesage (10)


O
+
AHA
+++
TI.IT
+++++
MOT.TOM
+++++++
MOMI.IMOM
+++++++++
VOUTA.ATUOV
+++++++++++
AMOUVI.IVUOMA
+++++++++++++
AUTOMAT.TAMOTUA
+++++++++++++++
TUA.MOI...IOM.AUT
+++++++++++++++++
AOUT.MOU.A.UOM.TUOA
+++++++++++++++++++
AMI.VU.MOUTUOM.UV.IMA
+++++++++++++++++++++
VOIX.AUX.TO.OT.XUA.XIOV
+++++++++++++++++++++++
TAUX.MAI.HIM.MIH.IAM.XUAT
+++++++++++++++++++++++++
MATOU.MUTA.MA.AM.ATUM.UOTAM
+++++++++++++++++++++++++++
TAXI.MOXA.TAXA.AXAT.AXOM.IXAT
+++++++++++++++++++++++++++++
OTA.TUTU.TOUTOU.UOTUOT.UTUT.ATO
+++++++++++++++++++++++++++++++
AUTO.VOTA.MOUMOUTUOMUOM.ATOV.OTUA
+++++++++++++++++++++++++++++++++
WHAM.AXA.MIXAIT.WOW.TIAXIM.AXA.MAHW
+++++++++++++++++++++++++++++++++++
MAMA.TATA.VIT.VU.TUT.UV.TIV.ATAT.AMAM
+++++++++++++++++++++++++++++++++++++
HAMMAM.MITA.TUTUT.OMO.TUTUT.ATIM.MAMMAH
+++++++++++++++++++++++++++++++++++++++
HUAIT.MUAIT.TUAIT.VIVIV.TIAUT.TIAUM.TIAUH
+++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++
MAUX.MOTO.MATH.AXIOM.W.MOIXA.HTAM.OTOM.XUAM
+++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++
AU.U.TI..VOMIT.MA.VOIX.XIOV.AM.TIMOV..IT.U.UA
+++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++
+++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++
+++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++

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vendredi 26 décembre 2008

Le Mastaba d'Augustin Lesage (9)

Un jour, tu seras peintre. Je suis le
mineur qui cherche le filon spirituel
nouveau. Retour de la gare de Lillers
avec la toile de 3 m sur l'épaule, et
les voisins : Ah ! Le voilà, le fou !

Tu dois faire ce que ta main ne sait.

Ma symétrie est là un élément d'ordre
ELU PAR CETTE CRAPULE et inversement,
ETNA, LAVE DEVALANTE, et inversement.

Je possède mes propres lettres et mes
chiffres 8 et 0. Je mets aussi infini
dans ma poche, 8 couché. Et mon clair
diplôme s'écrit AHIMOTUVWX. C'est mon
alphabet TUVAHIMOWX. Je l'écris ainsi
MOUTIHAVWX. J'étends mes membres dans
la synopsie. Mon oreille se colore et
mes doigts écoutent. Mon eidétisme de
jeunesse perce les tourbillons blancs
de l'Histoire. L'énigme des siècles a
des couleurs. Le blizzard temporel se
frotte à ses joues. L'esprit typteur,
le porion du guéridon lui donne toute
sa foi. J'obéis aux voix et à l'oeil.


Maman se tait. Une végétation noire a
cerné sa bouche. Ses lèvres se figent
dans la peinture. Un cancer spirituel
ronge mon coeur. La cage du puits pue
la mort. Elle descend aux enfers pour
y cracher la jeunesse dans le wagon à
charbon, le wagon à Caron. Je remonte
au jour, aux cieux, au troisième jour
dans le soleil, dans le mandala jaune
du carrelage de la cuisine. Je trempe
ma tartine dans le noir, dans le ciel
bleu, dans la terre grise. Je ne suis
pas dans le bol. Je suis dans le bol.



C'est tellement bien ici. La lumière,
la verdure, le bruit des eaux, la vie
transfigurée, je me couche sous l'arc
cotonneux entre les prophètes ombrés.

Les protozoaires à noyaux oscillent à
l'abri de mes paupières. Les poissons
-oiseaux ébrouent leurs nageoires, la
larve de piéride gonfle son ventre et
je déchire sa peau tendue. Les amibes
flagellent ma salive. Sur les marches
de l'escalier, l'oiseau-poisson couve
un plat de lentilles. À Saint-Venant,
l'anguille mange le morceau : Sainte,
Folle, Sainteté de la Folie, Folie de
la Sainteté. Je photographie le front
bombé des Iconoclastes. Je peins dans
la sacristie de Saint-Augustin, parmi
les trophées, têtes de lions gardiens
rugissants des temples. Mes frères me
regardent, défenseurs immatérialistes
bruts : Adolf Wölfli, Joseph Moindre,
Victor Simon, Raphaël Lonné et Joseph
Crépin. Mes soeurs me bercent, douces
artistes : Laure Pigeon et Mauricette
Beaussart. Mon oeil droit caresse mon
oeil gauche. C'est le début de la vie
ectoplasmique. Au sommet du triangle,
au sommet des pyramides, au sommet du
terril, mon oeil gauche brille grave.

La vive coruscation de cette mandorle
couchée dans la poussière illumine le
plafond lacté. La couleur vraie tombe
du ciel, muette et poudreuse, larmes,
flocons, calices, ostensoirs, rosaces
et ciboires. Le minium argenté perle.

Le drap noir du cénotaphe se givre de
coulures neigeuses. Agenouillé sur la
descente de lit, je mange des yeux le
motif aviforme qui orne les rideaux à
franges du tabernacle. Du plus savant
au plus idiot, tous les artistes font
signe de la main. Le signe de la mine
vient du plus lointain passé et signe
sur la mine par le plomb du caractère
religieux. Je suis le Frère, le banal
médium planétaire. Je suis l'Auguste.

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mardi 23 décembre 2008

Le Mastaba d'Augustin Lesage (8)

"Je pense bien souvent, oui, un mineur est ici à la Sorbonne, au milieu de toutes ces célébrités scientifiques du monde entier."
Augustin Lesage à Vaucouleurs
Oreille gauche
initiale du noir et du blanc du noir d'y voir du blanc et dans
un développement que seul l'artiste peut apprécier qu'on troue
CELUI QUI N'A JAMAIS VU L'ÉGYPTE N'A RIEN VU encadrer en dépit
du deçà JE RESPIRAIS DANS CE TOMBEAU UN AIR PUR pastel noir et
ne tient-elle pas à travers le rectangle ocre du centre induit
et fendu comme il est un MON FILS VIENT DE SE DÉSINCARNER sans
le trait des virtualités de champ noir que pose le trait c'est
JE FAIS MA CORRESPONDANCE TOUS LES JOURS JUSQUE DIX HEURES qui
tient toute entière cette toile encadre toute extension partie
possible dans le blanc du champ de couleur ocre qu'elle saisit
comme une flèche chair qu'elle définit comme pris à sa douleur
problématique problématique que l'on retrouve en chacune toute
peinture si la toile est une autre état de la toile elle pense
se TOILE PEINTE PENDANT L'OCCUPATION SOUS LE BRUIT DES MOTEURS
en scène du déplacement des couleurs le champ le plus étroit à
se tracer dans le blanc JE N'ATTENDS RIEN DES HUMAINS AVANT LE
DÉPART ET LE GRAND VOYAGE
étoiles et de ce que le noir la dure
question du noir reste JE ME REPOSE DANS MON HUMBLE DEMEURE AU
MILIEU D'UN GRAND PASSÉ
pâleur bleue on peut ici constater les
faits que le trait de la définition du blanc au noir délivre à
JE NE SUIS QUE LA MAIN QUI EXÉCUTE ET NON L'ESPRIT QUI CONÇOIT
l'ouverture ocre du blanc manifeste l'expansion du bleu donc y
laissant inconsciemment sur ce trait qui fait ouverture une de
ces suggestions LES GRANDES OEUVRES NE S'ÉLABORENT QUE DANS LE
RECUEILLEMENT ET LE SILENCE
de la toile participent à la toile
l'artiste accrochait le problème de la figure et de la forme à
voir comme si du noir au blanc un effet d'annulation autorisée
permettait cette expansion ocre alors que de l'ocre au blanc à
la couleur l'ouverture pour ne pas faire dessin devrait mourir
de la couleur dans la couleur bleue dont la perception exigera
une non-identification de l'objet que le bleu est justement là

Oreille droite
dans cette toile TOUT LE MONDE M'A JETÉ LA PIERRE et sépare le
blanc JE NE CHERCHE PAS LA GLOIRE EN CE MONDE du rapport de la
couleur de l'ocre jaune au blanc doit compter avec cet en plus
de l'apparaître possible et du disparaître noir compris commun
dessin ce trait aveuglerait sur l'organisation du tableau si à
se développer en plan l'ocre jaune déborde le noir et fait sur
le blanc JE RENTRE COMME DANS UNE EXTASE...TOUT EST VIBRATION,
ON DIRAIT QUE L'ON ME TRANSPORTE...
à la forme mais le rapport
mais le rapport à la forme non pas de l'ocre jaune au blanc du
fond mais à travers ce qui se propose dans la tension du blanc
de l'ocre le rapport déjà moins formé du noir au blanc du noir
d'y voir du ILS DISENT QUE J'ÉTAIS UN HINDOU de la peinture se
tient de sa référence à un état antérieur où la virtualité des
formes formelles se constituait dans une crise de couleur dans
un conflit ILS ME DISENT QUE JE SUIS UN MISSIONNAIRE QUI VIENT
DÉMONTRER QUE L'ART N'APPARTIENT PAS À CE MONDE
seule la vraie
dualité présence absence noir blanc bleu ocre couleur de terre
organise cet ensemble de toiles selon moi le noir blanc est là
vraiment QUAND ILS M'ONT PRIS DANS LES DÉBUTS, ILS M'ONT PÉTRI
LES FLUIDES
et pourtant toujours initial et l'on pourrait dire
que sans la déterminer il ouvre une chaîne analogique qui doit
aboutir MES CHERS AMIS LES INVISIBLES ocre la peinture qui lui
LA VIE EST UN REFLET DE LA MORT la première la plus ancienne à
cet artiste celle qui peut le mieux expliciter la démarche qui
l'a suivie démarche qui n'est en effet en aucune façon de sens
linéaire ce qu'il nous présente ne se développe pas en série à
J'AURAIS DES GRANDS MURS, À SAVOIR, CE QUI POURRAIT SURGIR...-
on dire de la couleur en abîme qu'on y IL FAUT QUE JE BOIVE ET
QUE JE MANGE ET QUE JE PENSE À MA FAMILLE
tel bleu à l'ocre la
toile et les couleurs se recouvrent entrent toutes tiennent de
vrai toutes JE FAIS CE QU'ON ME DIT DE FAIRE cette question-là

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samedi 20 décembre 2008

Le Mastaba d'Augustin Lesage (7)

debout devant l'amer
exercice du clerc ricaneur
je déclame la litanie de couleur
les parquets nycthéméraux gargouillent
pour Instituts Métapsychiques Internationaux
l'examinateur de l'art est recalé marteau faucille
le premier du canton décore ses roues de vélo avec les
fleurs des troènes la roue libre grésille dans la voie
descendante Norrent-Fontes Lillers Béthune une séreuse
couronne de croûte encercle ma rotule le guéris-tout a
ramolli le maculage à l'eau bouillie ça coule et c'est
bleu
ça coule
et c'est
bleu
ça coule
et c'est
bleu
mon détective décortique
les preuves des desseins
la comtesse poétesse-- --le carrelage luisant
froisse un drap noir-- --d'un Psychic College
l'admiration ahurissante
d'un président américain
la dalle du cimetière se
fend dans l'affaissement
dévalant la vallée noire
délavant l'arène minière
le carreau des reines la
vallée des rois à pleine
bouche avalant la cendre
la poussière les poumons
tapissés de poudre râpée
bouche avalant la poudre-- --poudre avalant la bouche
les poumons la poussière-- --la poussière les poumons
tapissée de cendre râpée-- --tapissés de cendre râpée
cendres lavant la bouche-- --bouche avalant la cendre
tapissée de poudre râpée-- --les poussières des tapis
les poussières le poumon-- --en poudre dans le poumon
sac d'os à l'fosse
ça bosse ça fauche
à l'fosse sac d'os
ça fauche ça bosse
je m'défausse l'os
j'désosse la veine
c'est l'manillon à
pique la manille à
coeur l'valet dans
l'fond dans l'trou
silicose ça fauche
les sous la bourse
le sang la mélasse
le grisou pour les
sous éclat dessous
je suis le fou que
je suis le fou fou
au bord du trou du
temps frère du gaz
..................
..................
..................

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posted by Lucien Suel at 18:25 3 comments

jeudi 18 décembre 2008

Le Mastaba d'Augustin Lesage (6)

TE REGARDER SURPASSAIT TOUT AU MONDE.

Pour ta tombe, Reine-Roi Hatchepsout,
mineur muni de mon pic, j'ai taillé à
travers la montagne veineuse au Nord,
pour rétablir l'harmonie de ton royal
repos. J'ai couru sur la terrasse. Je
posais ma gamelle et mon briquet sous
l'ombre des portiques à l'ouest rose.

Mon oncle et mon parrain, leurs noms,
gravés sur la colonne du Monument aux
Morts, en lettres dorées ainsi que le
filet bordant ma tasse à café. Reine.
Te regarder surpassait tout au monde.

Envisager la symétrie des colonnes me
permettait de répartir les noms bénis
de tous les Morts au fond et sur leur
champ d'honneur. À droite, je martèle
le temps. À gauche, le palindrome des
oiseaux de proie me regarde à travers
les pattes du faucon. SERRES. SERRES.

Hagard Au Trou Creusé Humain Enchaîné
Par Son Ordre Universelle Théogonie à
l'acrostiche d'Hatchepsout, je peinai
et peignis. Je peignais et peinais au
fond des nécropoles de poussière. Mes
doigts laissaient tomber le pic aboli
pour gratter le natron des murs, pour
lécher la sueur des minéraux morts...

Ouvrier de l'éternité au fond profond
de mon boyau, de mes boyaux, je troue
l'obscurité et la noirceur. Mon éclat
vacille dans un bol rempli d'huile où
trempe une mèche tressée. Je porte au
devant de mon front la lampe céleste,
oeil troisième de la Révélation. Dans
la vapeur noire, le rayon dessine les
duvets angéliques d'une petite Morte.

La regarder surpassait tout au monde.


À la tombée du jour, à la remontée au
jour, j'inversais le passage. Le ciel
devenu souterrain, le monde spirituel
flottait autour de moi comme une aile
de brouillard. Sur les pavés luisants
d'humidité, je claquais les dâches de
mes talons pour conjurer le maléfice.

Dans l'Ancien Empire, mon Roi Mort se
dirigeait vers le ciel, vers les lacs
d'étoiles circumpolaires. J'avais usé
des burins pour découper la pierre de
la voûte funéraire. J'avais étançonné
l'étroit et long corridor rectiligne.

Pour rejoindre ma demeure, je suivais
maintenant une voyette zigzaguant sur
le bord des fossés où vibrait une eau
puante. Le vrai Royaume des Morts est
dans la Lumière, est dans la Couleur.

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mardi 16 décembre 2008

Le Mastaba d'Augustin Lesage (5)

O
LUI
LISTE
PEINTRE
OBÉLISQUE
O LE SAGE À
LA MARCHE DES
ESPACES PRÉDITS
:::::::::::::::::
:::::::::::::::::::
:::::::::::::::::::::
:::::::::::::::::::::
:::::::::::::::::::::
SAINT-PIERRE-LÈS-AUCHEL
DUNKERQUE:::UN FER AU FEU
RIMBERT:::LE CHAT L'HORLOGE
LILLE:LE PORTE-MONNAIE VIDE
FERFAY:LA SUEUR DE GALLODROME
SIN-LE-NOBLE::PÈTE DANS LA SOIE
CAUCHY-À-LA-TOUR:::::EN PANTALONS
LILLERS:::::::::CHEZ LE PHOTOGRAPHE
BÉTHUNE:::::::::L'ANGE ET LE BOURREAU
LOZINGHEM:::::::UNE PARTIE DE MANILLE
DOUAI::::::::::LE CANAL ET LA RIVIÈRE
BURBURE::::::::::::::LES BOUTONS D'OR
PARIS:::::::::::LA SUIE DE LOCOMOTIVE
ECQUEDECQUES::::::DES PATTES DE POULE
MALO-LES-BAINS:::::UN BOURDON MOUILLÉ
RIEUX::::::::::DES FERS DANS LA NEIGE
ROUBAIX::::::::::::JE FAIS LA NAVETTE
LAPUGNOY::::::DOSSARDS DÉPART ARRIVÉE
PAVILLON-SOUS-BOIS:::::::::::STANDARD
AUMERVAL:::::::::LE DIABLE TE REGARDE
BRAY-DUNES:::LES LARMES DANS LE SABLE
ALLOUAGNE::::::LE GARDE-BOUE QUI CLIQUE
PORT-VENDRES::::::::::::LE TABLIER NOIR
ORAN::::::::::::::LA PETITE LAMPE ROUGE
TLEMCEN:::::::::::::::::JOUER DES RÔLES
MOSTAGANEM:::::::::::::QUITTE OU DOUBLE
RABAT::::::J'ESSUIE LES POMMES DE TERRE
CASABLANCA::::::UN GENIÈVRE AU COMPTOIR
ALGER::::::::::::DU COLLANT-TUE-MOUCHES
MARSEILLE:::::::::::::VIDER LES CENDRES
NICE:::::::::::L'ODEUR DE CONFESSIONNAL
MONTAUBAN::::::::::REGARDER LES COURSES
BOURECQ:::LE BRIN D'HERBE SUR LA TANCHE
BRUXELLES::::::::::LES JARDINS OUVRIERS
MARLES-LES-MINES::::::LA FANFARE DÉFILE
GENÈVE::::::::::LES URINOIRS DE L'ÉCOLE
AMETTES::::::::::::UN CAHIER À FEUILLES
FEZ::::::::::::LA DOUBLURE DE CASQUETTE
AUCHY-AU-BOIS:::::::::UN JOURNAL HUMIDE
LONDRES::::::::MAMAN LES PETITS BATEAUX
ÉDIMBOURG::L'ANGÉLUS MATIN MIDI ET SOIR
MANQUEVILLE:::::DES BOUSES SUR LA ROUTE
LE TOUQUET::::::::::::::LA LUTTE FINALE
HAM-EN-ARTOIS::::UN MÉGOT IMBIBÉ DE JUS
MALTE::::::::::LA PORCELAINE DU BOUCHON
ALEXANDRIE:::UNE ÉPINOCHE AU VENTRE MOU
LE CAIRE:::::::::À LA SORTIE DE L'ÉCOLE
LOUXOR:::::::LA LESSIVEUSE EN GALVANISÉ
EDFOU:::::::::::::::::::::ENFERME À CLÉ
ASSOUAN:::::::::::::::UN VERRE DE BIÈRE
THÈBES:::::::::::::LA HAIE DU CIMETIÈRE
GÊNES:::::::::::::MON ONCLE ET MA TANTE
CHOCQUES:::::::::::::::::BOUCHE TON NEZ
MARRAKECH::::::::LES BETTERAVES À SUCRE
AGADIR:::::::::JE REMONTE MA COUVERTURE
AUCHEL:::::::::::LA MATERNITÉ L'HÔPITAL
SAINT-RAPHAËL:::::::::::::::::ENCORE UN
MONTE-CARLO::::LE TISSU DU HAUT-PARLEUR
FOUQUEREUIL:::::::::::::::UNE MANIVELLE
ROSENDAËL:::::::::::UNE PELLE À CHARBON
BERGUETTE:::::::SUR LE PASSAGE À NIVEAU
ALBI:::::::::::::::::LA TERRE EST BASSE
AMES::::::::::::::JE LES SAIS PAR COEUR
CALONNE-RICOUART::::UN COUP DE CEINTURE
SAINT-HILAIRE-COTTES:::::::PRÊTS PARTEZ
ISBERGUES::::::::::::LE CAFÉ DES SPORTS
LIÈRES:::::::::LA NEIGE MARRON QUI FOND
BUSNES::::::::::::LE BRASSEUR EST PASSÉ
GUARBECQUE::::::::::::J'ATTENDS AU PONT
CAMBLAIN-CHATELAIN:::::::::::::::À POIL
NORRENT-FONTES:::::LES SACOCHES DE VÉLO
BURBURE::::::::::::::::::DONNER COULEUR
Poème n° 5 (Obélisque de l'Espace)

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lundi 15 décembre 2008

Le Mastaba d'Augustin Lesage (4)


au
fond
au bas
chevalet
du peintre
considérable
échelle au bas
les damnés de la
terre montent dans
le manège à chevalet
du bas de l'échelle au
pied de la pyramide dite
sociale l'offrande sera du
pain d'alouette tendu devant
le miroir d'une écolière rêvée
qui s'est abaissée pour remonter
consciencieusement ses chaussettes

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vendredi 12 décembre 2008

Le Mastaba d'Augustin Lesage (3)


le
gris
terril
incrusté
de déchets
évaporait la
sueur violente
du mineur raviné
dans la pente usée
d'un monde exténuant
les forêts de colonnes
massives frondaisons des
architraves populations de
rois et de dieux répétant le
geste sacré indéfiniment tracé
même et jamais pareil le pattern
d'écritures d'inscriptions hantées

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posted by Lucien Suel at 08:05 0 comments

mercredi 10 décembre 2008

Le Mastaba d'Augustin Lesage (2)


O
EUX
LISTE
PHARAON
OBÉLISQUE
O TOUS DANS
LA SUITE SAGE
DU TEMPS DÉFUNT
:::::::::::::::::
:::::::::::::::::::
NARMER::MA GRAND-MÈRE
DJER:::::::DU BIFTECK
AHA::::MOUCHE TON NEZ
:::::::::::::::::::::::
:::::::::::::::::::::::::
OUDIMOU::SABLES ET GRAVIERS
QA-A::::::::::VISSE TA DENT
:::::::::::::::::::::::::::::
:::::::::::::::::::::::::::::::
:::::::::::::::::::::::::::::::::
:::::::::::::::::::::::::::::::::::
HOTEPSEKHEMOUI::CACHÉ DANS L'ESCALIER
PERIBSEN:::::::::::::MAISON DE POUPÉE
KHASEKHEM::::::::::GLACE À LA VANILLE
KHASEKHEMOUI::::::::DANS LES CABINETS
DJOSER::::::::::::::::::UNE ÉLASTIQUE
SEKHEMKHET:::::::::::::POUR LES OEUFS
SNEFROU::::::::::::::::PASSE-MONTAGNE
CHEOPS::::::::::::::::::TOMBE DE HAUT
CHEPHREN:::::::::::::::::S'ARRÊTE NET
MYKERINOS::::::UN CANARD DANS LA VASE
CHEPSESKAF:::::UNE BOUTEILLE DE BIÈRE
OUSERKAF::::::::::::UN SEAU À CHARBON
SAHOURE:LA BROUETTE DANS LES HARICOTS
NEFERIRKARE::FAITES SIGNE AU CONDUCTEUR
NIOUSERRE:::::::::LES BANCS DE L'ÉGLISE
DJEDKARE::::::::::::::RAMASSE UNE BÛCHE
ISESI::::::::::::::::::::LA PETITE AUTO
OUNAS:::::::::::::LA COULE LA CHANDELLE
TETI:::::::::::LA SUCETTE DU PHARMACIEN
PEPI::::::::::::LA BAMBINETTE QUI COLLE
MERENRE::::::::::::::::SUR LE SABLE DUR
AKTOES:::::::::::::::::::DOIGTS DE PIED
ANTEF::::::::::LUBRIFIANT JAUNE ET NOIR
MENTOUHOTEP:::::::::JETTE SUR LE FUMIER
AMMENEMES::::::::::ACHÈTE DES BOULETTES
SESOSTRIS::::::::::::::DANS LE BOUILLON
KHIAN::::::::::::::LE BÂTON DE RÉGLISSE
APOPI:::::::::::::::::LE TOUTOU LE DADA
SEKENEN-RE::::::::LE HARENG LA LAITANCE
TAA:::::::::::::::::::SOULÈVE LE RIDEAU
KAMOSIS::::::::::::DERRIÉRE LE PARAVENT
AHMOSIS:::::::::::::::SOUS LE PLASTIQUE
AMENOPHIS:::::::::::::::::ITE MISSA EST
THOUTMOSIS::::::::::::::POUR LES POULES
HATCHEPSOUT::::::::LA PETITE BISTOUILLE
AKHENATON::::::::::::::PLAQUÉ D'ÉQUERRE
NEFERTITI:::::CONTRE LE MUR DE L'ÉGLISE
TOUTANKHAMON:::::LES CAGEOTS S'EMPILENT
AI::::::::::::JE NE SAIS PLUS DESCENDRE
HOREMHEB:::::::::::À L'ABRI DE LA PLUIE
RAMSÉS:::::::::::::::::UN COUP DE BALAI
SETHI::::::::::::::C'EST DONC TON FRÉRE
MERENPTAH::::::::::::::LE PÉRE LUSTUCRU
AMENMÉS::::::::LE CORBILLARD À LA PORTE
TAOUSERT::::::::::::::::CHACUN SON TOUR
SINENDÉS:::::::::::::::LE PREMIER CORON
PSOUSENNÉS:::::DES OEUFS DANS LA PAILLE
CHECKONQ::::::::::::LES CARREAUX CASSÉS
OSORKON::::::::::::LE BAL DE LA DUCASSE
TOKELOT:::::::::::::::::::JE M'ÉTRANGLE
TEFNAHKT::::::::::::::LES PIEDS TREMPÉS
BOCHORIS:::::::::SUR LES BIDETS DE BOIS
CHABAKA::::::::::::::::::AU MOIS D'AOÛT
CHATABAKA:::::::::::::::::::EN BELGIQUE
TAHARQA:::::::::::::::::OPÉRÉ DES REINS
PSAMETIQ::::::::::::::DU TROU À CANARDS
NECHAO:::::::::::LE MARTEAU DU FORGERON
APRIÉS:::::::::::::AU BANC DE COMMUNION
AMASIS:::::::::LACTOSE LORDOSE SAC D'OS
NECTANEBO:::::À VÉLO DANS LE BROUILLARD
PTOLEMÉE:::::::J'AI L'ÂGE DE FRÉQUENTER
ARSINOE::::::::::::::RECOMMENCE LA PAGE
CLÉOPÂTRE:::::::::::::LE MOUTON ENFERMÉ
Poème n° 2 (Obélisque du Temps)

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mardi 9 décembre 2008

Le Mastaba d'Augustin Lesage (1)

J'ai écrit le Mastaba d'Augustin Lesage en 1989. Ce texte a été publié pour la première fois en décembre 1989 dans le n° 6 de L'Invention de la Picardie. En 1992, un volume d'extraits fut publiés aux éditions Brandes. L'intégralité du texte a été publiée ensuite par la Station Underground d'Emerveillement Littéraire. Cette édition est aujourd'hui épuisée. Voici donc dans Silo l'ensemble des poèmes constituant Le mastaba d'Augustin Lesage.





MASTABA D'AUGUSTIN LESAGE

Façonneur d'Images
SALUT À TOI
Pylône Katabatique
SALUT À TOI
Sage de Ptah-Hotep
SALUT À TOI
Sagesse du Salarié
SALUT À TOI
Le Sage et le Béat
SALUT À TOI
Auguste Inlassable
SALUT À TOI
Médium du Maccabée
SALUT À TOI
Galibot Débonnaire
SALUT À TOI
Frère des Spirites
SALUT À TOI
Prolétaire Inspiré
SALUT À TOI
Ami de la Symétrie
SALUT À TOI
Énigmatique Mineur
SALUT À TOI
Chaman en Picardie
SALUT À TOI
Médecin de Papyrus
SALUT À TOI
Voyageur Humaniste
SALUT À TOI
Barbu Cosmogonique
SALUT À TOI
Artiste des Corons
SALUT À TOI

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mercredi 17 septembre 2008

Fleury-Joseph Crépin (fin)

o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o

Fleury-Joseph tes tableaux sont des talismans
peintre médium ton monde est illuminé coloris
scintillants dans des formes hiératiques tous
tes tableaux sont comptés par exemple je sais
que ton tableau n° 32 fut accroché à Lausanne
par les soins de Michel Thévoz dans son Musée
de l’Art Brut près de la toute première toile
d’Augustin Lesage unique maître et concitoyen

je sais encore qu’il y a deux petits tableaux
de toi envolée de papillons dans la mairie de
Montigny-en-Gohelle le village où tu vécus la
majeure partie de ton existence où tu es mort

o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o

tu es mort le 10 novembre 1948 et moi je suis
né le 17 décembre 1948 tu n’es pas le seul de
mes amis de l’ailleurs à te désincarner cette
année-là je pense à Kurt Schwitters à Georges
Bernanos à Antonin Artaud et à cet artisan de
paix comme toi le Mahatma Gandhi assassiné en
1948 Fleury Joseph Crépin 1875-1948 la vie te
quitte la veille du trentième anniversaire de
l’armistice de 1918 trois ans après la fin de
ton travail le 7 mai 1945 la veille du second
armistice il te restait à finir un tableau de
la nouvelle série des 45 tableaux merveilleux
ceux qui allaient établir une paix définitive

ce n’est vraiment pas de chance que tu n’aies
pas achevé ton oeuvre de peintre pacificateur
je n’aurais guère entendu parler de la guerre
d’Indochine de la guerre d’Algérie du conflit
israélo-arabe de la guerre du Vietnam de tous
les massacres tueries bains de sang génocides

ce n’est vraiment pas de chance que tu n’aies
pas pu peindre ton quarante-cinquième tableau
merveilleux avant que la congestion cérébrale
n’altère et tranche ton lien avec les esprits

o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o

Fleury-Joseph Crépin rhabdomancien pêcheur de
perles sacrées artisan bénévolent sourcier de
paix peintre merveilleux Fleury-Joseph Crépin
je te nomme chaman je te nomme fluidificateur
philanthropique je te nomme Chti-Qui-Peinture

o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o
Lucien Suel
Merlimont-Plage, La Tiremande
décembre 2007

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