lundi 7 août 2023

Eszalo - Les saules - Los sauses - De knotwilgen

Mon poème Eszalo (Les Saules) a été publié par Ivar Ch'Vavar en mars 1998 dans "le jardin ouvrier" n° 16. C'est mon deuxième poème écrit en langue picarde, après Duki son chévio (Où ont les veaux ?)

Il existe à ce jour trois autres versions de ce poème : en français, en néerlandais et tout récemment une version en occitan, traduction de Bruno Peyras qui a également traduit Patismit dans sa langue occitane pour la revue "OC". Nous avons lu ces deux poèmes, en picard et en occitan, pour le public présent à Sète à l'occasion du festival Voix Vives 2023.

Voici donc les quatre versions du poème avec une photo de Josiane Suel

los sauses

son los arbres que m’agradan mai los ai totjorn agachats

plan tendrament e mai quand èri jove

èron de bon escalabrar e sovent

de passerats pichons i nisavan pels traucs

ara es pas parièr soi pas mai pro sople

per escalabrar los arbres e mai de sauses e quant als passerats

los daissi en patz dins son nis mas demòra quicòm

ambe’ls sauses soi totjorn plan content quand

ne vesi un aquò’s pas talament las fuèlhas es segur que

son polidetas semblan lo peis que se ditz espinagueta

e i a tanben aquela bona nolença quand se passa dejós

mas cresi que se los aimi tant es perqué tenon

pas una fòrma naturala es l’òme que los cepa

segur qu’es el es l’òme que lor dona un

cap una cabassa plena de bòças e mai ieu

ne cepèri de sauzes los plantèri aicí al cap de mon

òrt ja fa qualquas annadas veses te cal préner

una branqueta jove de sauze la cal enfonsar dins la tèrra

aquò farà totjorn de fuèlhas e de raices puèi ba copas

e torna far de brancas a la cima l’annada d’apuèi e ben

las tornas copar, fas atal cada an ba fas metam

pendent cinc sièis ans a fòrça lo cap se fòrma

puèi ba cal pas copar tan sovent ba daissas venir gròs

ambe’ls sauzes se degalha pas res se poiriá dire

que lo sauze es lo porcèl de l’òrt tot i es bon

ambe las fuèlhas se fa de fems, s’utiliza los ramèls

per paisselar los plants de peses cal préner las brancas mai longas

pels favòls a ramas quand son bravament gròssas

se’n pòt servir de lenha e quand lo sauze ven

vièlh qu’es a mitat poirit se càmbia en terranha

ne metes dins los geraniums mas çò que i a de pus bèl

ambe’ls sauzes es qu’an lo cap a la meteissa nautura

que tu e ieu quand soi a costat d’un alavetz

me pòdi pas empachar d’i passar tot doçament

la man pel cap li careçi son capàs.

Adaptacion a l’occitan Bruno Peiràs
(ajudat per Josiana Ubaud pel vocabulari bontanic)

 

 

eszalo

chészap ekjalpuker jesza toudi ravizé
aveukgramin dtindrech memkankjétojonn
izétott facilagrimpé é yavokor souvin
déjonnmuchlo kiféjott leuni dinchétro
asteur chépuparel jénsumipu acésuptil
poumontéaszap mem edszalo épichémonio
jlélechtrankil dinleuni méyacorkitkos
ackeszalo echsu toudi finbénach kanké
jninvouin chépontanchéfeul chéssurkal
sonbélott aszarsonn adé tiott zépinok
épiya chbonsintimin kankonpassindzeur
méchkrouksi keusza ker chetakos kizon
pon ennformnaturel chéchlomm kiléform
ché sur chéli chéchlomm kileudonn enn
tett enn gross tett plennedboch mimem
jennafé dzalo eszaplanté ichioboudmin
gardin yadja kikzané tévou ifo printt
enn jonnbrankdalo ifolintiké dinlterr
chafétoudidéfeul édérachenn épitélkop
éyarfé débrank totin o lanédapré ébin
tzarkop téfékomchatouszan telfé méton
pindinchenksizan aforch eltett asform
aprételkoppu sisouvin tel lechgrochir
ackeszalo tenn gaspilpon mirin tédiro
klalo chélpourcho dechgardin touyébon
chéfeul chédufi-in chétitt zéramur in
léprin pouchétiopo é chélonkbrank ché
pouszarikoaram kankinna dévrémingross
téléprin poutkofé épikankchlalo i vi-
in viu kiéamitanpouri chafédutéro tel
médinché jéraniom mécor chakia dpubio
ackeszalo chékizonleutett almem oteur
kti é mi kankechsuakoté denn alo jenn
peuponfer otremin kedpassé touduchmin
em-min sustett jli karess esgrosstett
Lucien Suel

Photo Josiane Suel

les saules

ce sont mes arbres préférés je les ai toujours regardés
avec beaucoup de tendresse même dans ma jeunesse
on pouvait y grimper aisément et souvent
de jeunes moineaux y faisaient leur nid dans les trous
maintenant les choses ont changé je ne suis plus assez souple
pour grimper dans les arbres même les saules quant aux moineaux
je les laisse en paix dans leur nid mais il reste quelque chose
avec les saules je suis toujours content quand
j’en aperçois un ça n’est point tant à cause des feuilles c’est sûr qu’elles
sont jolies on dirait des petites épinoches
et il y a aussi cette bonne odeur lorsqu’on passe en dessous
mais je crois que si j’aime tant les saules c’est parce qu’ils n’ont
pas une forme naturelle c’est l’homme qui les forme
c’est sûr c’est lui c’est l’homme qui leur donne une
tête une grosse tête pleine de bosses j’ai moi-même
formé des saules je les ai plantés ici au bout de mon
jardin voilà déjà quelques années vois-tu il te faut prendre
une jeune branche de saule il faut l’enfoncer dans la terre
ça fera toujours des feuilles et des racines ensuite tu coupes
et d’autres branches repoussent au sommet l’année suivante eh bien
tu les coupes encore tu procèdes ainsi tous les ans tu fais ça disons
pendant cinq ou six ans à la fin la tête se forme
ensuite il ne faut plus couper aussi souvent tu laisses grossir
avec les saules on ne gaspille rien on pourrait dire
que le saule c’est le cochon du jardin tout est bon chez lui
on composte les feuilles on utilise les rameaux
pour tuteurer les plants de petits pois on prend les plus longues branches
pour les haricots à rames quand elles sont vraiment grosses
on peut s’en servir pour le chauffage et quand le saule
vieillit qu’il est à moitié pourri il se transforme en terreau
tu en mets dans les géraniums mais ce qu’il y a de vraiment bien
avec les saules c’est qu’ils ont leur tête à la même hauteur
que toi et pour ma part quand je suis à côté d’un saule je ne
peux pas m’empêcher de passer tout doucement
ma main sur sa tête je lui caresse sa grosse tête
Lucien Suel
(traduit du picard par l’auteur)
 
De knotwilgen betrekken de wacht langs de westgrens van de tuin. Het mooie jaargetijde zal ze weer hun zilvergroene camouflage geven. Ze hebben geen natuurlijke vorm. De mens vormt ze, het is de mens die ze een kop geeft, een dikke kop vol bulten. Aanvankelijk waren ze in de grond niet meer dan een simpele spriet, een fijne twijg, een tak die jaarlijks wordt bijgeknipt. De wonden helen en de wilg groeit koppig weer aan. Hij krijgt karakter. Dan draagt de opzwellende kop met trots een kroonluchter van bladeren in de vroege zomerlucht. Niets is verkeerd aan hem. De wilg, het varken van de tuin. Bladeren voor op de composthoop. Stokken voor de bonen en rijshout voor de erwten. Teelaarde geworden oude wilg voedt geraniums. Maar fier staat manshoog de volwassen wilg. De tuinman aait heel zachtjes over z’n dikke kop. De wilg leeft. De wilg houdt stand. Zijn blaadjes lichten op als stekelbaarsjes tussen de sterren. 
Texte néerlandais par Johan Everaers

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mardi 17 février 2015

VISIONS D'UN JARDIN ORDINAIRE 19/19



Les petites groseilles rouges nichent sous les feuilles. La main les soulève. La pince pouce index sectionne. Petite grappe qui tombe dans la paume, glisse dans le seau en plastique. Ça grouille dedans, promis à la bassine bouillante, au pot de confiture, à la tartine rose. Dans la chaleur embrumée de juin, nous tournons, accroupis. L’arbuste encerclé perd de la couleur. Le rouge est gommé. Le vert et le noir gagnent. Les fruits ne sont pas là pour rester. Les jeunes filles qui cueillaient les groseilles, sont parties ailleurs. Elles étaleront bientôt avec le dos de la cuillère, la douce gelée translucide, sur le goûter, le pain beurré de leurs enfants. Alors, au centre du second cercle agrandi, le groseillier dépouillé continuera sans bruit sa vie. Un peu plus loin, dans la haie vive, merles, étourneaux et grives musiciennes iront grappiller dans les sorbiers orangés, tout un nouveau menu.

Photo Josiane Suel, texte Lucien Suel 
Traduction en néerlandais par Johan Everaers
De kleine rode aalbessen hangen verscholen onder de bladeren. De hand licht ze op. Tussen duim en wijsvinger worden trosjes afgeknepen, vallen in de handpalm, glijden in de plastic emmer. De bomvolle emmer wacht op de  kokende ketel, op de jampot, op de roze boterham. In de nevelige warmte van juni draaien we gehurkt om de struik. De ingesloten struik verliest kleur. Rood wordt uitgegumd. Groen en zwart winnen terrein. Het fruit is er niet om te blijven hangen. De meisjes die de bessen plukten zijn vertrokken naar elders. Over niet al te lange tijd zullen ze met de rug van een lepel de doorschijnende zoete jam uitsmeren over het vieruurtje, de boterham van hun kinderen. Dan, tussen de tweede opgroeiende kring zal de leeggeplukte bessenstruik zonder morren met zijn leven verder gaan. Een stukje verderop, is het in de haag een drukte van spreeuwen, zanglijsters en merels. In de oranje lijsterbes komen ze een geheel nieuw menu wegpikken.

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posted by Lucien Suel at 07:03 4 comments

mardi 10 février 2015

VISIONS D'UN JARDIN ORDINAIRE 18/19



Quotidiennement, longuement, souvent, le jardinier a pissé sur le compost. Pipi catalyseur des transformations, herbes pourries, bractées d’artichauts, cosses de petits pois, coquilles d’œufs, marc de café, épluchures de pommes de terre, demi-pamplemousses évidés, écorces des avocats, crottes de chien, coquilles de moules, feuilles de betteraves, salades montées en graines. L’hiver se termine. Le jardinier répand son fumier fumant sur le terrain nu, sur la terre froide. Les grosses bottes de caoutchouc vert écrasent l’amalgame poisseux. Il bêche, il enterre les vieilles échalotes, les tontes de gazon, les oignons confourés, les géraniums gelés, les tiges séchées des haricots, les feuilles tombées, les verts de carottes, les noyaux d’olives, les fleurs fanées, les pommes de terre fripées, sa salive, sa sueur. Il nourrit la terre. Il détermine la résurrection. Il lutte contre l’entropie. Il enfouit.

Photo Josiane Suel, texte Lucien Suel 
Traduction en néerlandais par Johan Everaers

Dagelijks, lang en dikwijls, heeft de tuinman op de composthoop gepist. Pis als de katalysator van de omzettingen, verrotte kruiden, schutbladen van de  artisjok, erwtenpeultjes, eierschalen, koffiedik, aardappelschillen, lege grapefruit- en avocadoschillen, hondendrollen, bietenblad, in het zaad geschoten sla. De winter loopt ten einde. De tuinman verspreidt z’n dampende mest over het kale veld, over de koude grond.  De grote rubberlaarzen pletten de plakkende mengelmoes. Hij spit de grond om en begraaft de oude sjalotjes, het gemaaide gazongras, de uitgelopen uien, de bevroren geraniums, de gedroogde boonstronken, het valblad, het peenlof, de olijfpitten, de verwelkte bloemen, de verrimpelde aardappelen, zijn speeksel, z’n zweet. Hij voedt de aarde. Hij bepaalt de wederopstanding. Hij vecht tegen de entropie. Hij spit onder.

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mardi 3 février 2015

VISIONS D'UN JARDIN ORDINAIRE 17/19



Fille du jardinier, femme du jardinier, mère du jardinier, elle se penche vers la terre. Elle récolte les haricots de l’été, a posé un carton d’emballage, un petit carton entre deux rangées. Boîte qui a voyagé dans les camions, sur les autoroutes anonymes, boîte récupérée à la sortie du supermarché. Les haricots humides de rosée mouillent le fond du carton, s’entassent petit à petit, avec un doux bruit de chute. La main véloce parcourt le rang, soulève les feuilles, écarte les prêles, arrache un laiteron. Les doigts pincent les pédoncules. Les haricots rassemblés dans l’autre main tombent en groupe dans le carton. Leur destination finale, la toile cirée sur la table de la cuisine, l’équeutage de leurs extrémités, le bain d’eau froide dans l’évier blanc émaillé, le bain de vapeur, la cuisson, le blanchissage des promis au congélateur, empaquetés dans le film plastique. La fin des haricots. 
Photo Josiane Suel, texte Lucien Suel 
Traduction en néerlandais par Johan Everaers
Dochter van de tuinman. Vrouw van de tuinman, moeder van de tuinman, ze bukt naar de grond. Ze plukt de zomerboontjes, heeft een doos neergezet, een kartonnen doos tussen twee rijen. Zo’n doos die in vrachtwagens heeft gereisd, over anonieme autowegen, bij de uitgang  van de supermarkt meegenomen doos. De rijp op de  boontjes maakt de bodem van de doos nat. Langzaam vallen ze op elkaar en vormen een bergje bonen. Een  snelle hand gaat door de rij, tilt het blad op, trekt paardestaarten uit, verwijdert een melkdistel. De vingers knijpen loze uitlopers af. De geplukte boontjes vallen met een handjevol in de doos. Hun eindbestemming, het zeiltje op de tafel in de keuken waar ze worden afgehaald, het koude bad in de wit emaillen gootsteen, het stoombad,  het koken, het onvermijdelijke wit worden in de plastic invrieszakjes. Komt loon om z’n boon?

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mardi 27 janvier 2015

VISIONS D'UN JARDIN ORDINAIRE 16/19



La route est creusée par le fer d’une arbraquette*. C’est une route droite, un chemin pour voyager dans le temps. Les bulbilles ont quitté la nursery, hiver passé hors de la terre, une somnolence à l’abri du gel qui coagule le sol en épais caillots noirs. Aujourd’hui, dans l’air du printemps, un à un, les petits éclats, ail, ail, ail, s’alignent. Cordons. Celui du jardinier, cordeau qui taille la route, et les cordons blancs, séchés, les restes de l’ascension interrompue vers le soleil de l’été dernier. Voici le moment de reprendre la route. Voici de nouveau la mise en terre pour vous arrondir, vous gonfler, petites gousses roses ou blanches. La route est longue. Les ails réfléchissent longtemps. Leur tête enfle en silence sous le ciel et sous la terre. Les élus montent, fleurs en boule, sceptre odorant. La masse des ails se nommera botte, mais ils seront tête nue, pieds déchaussés, ail, ail, ail.
 *L'arbraquette, mot picard : la binette
Photo Josiane Suel, texte Lucien Suel 
Traduction en néerlandais par Johan Everaers

Het ijzer van de korte schrepel trekt een baan. Het is een rechte baan, een weg voor een reis in de tijd. De bollen hebben de kinderkamer verlaten, buiten de tuin overwinterd, beschut tegen de vorst die de grond tot vaste zwarte kluiten klontert. Vandaag in de voorjaarslucht worden de teentjes knoflook ook, ook, ook één voor één op een rijtje in de grond gezet. Touwtjes. Dat van de tuinman,  touw dat de lengte van de weg aangeeft, en witte verdroogde touwtjes, de overblijfselen van de vorige zomer, onderbroken weg omhoog. Nu weer op weg. Nu worden jullie weer in de grond gestopt om ronder en voller  te worden, kleine roze en witte teentjes knoflook. De weg  is lang. Knoflook sluimert lang onder de grond, groeit in stilte. De eerste sprietjes ontluiken. De zorgvuldig geselecteerde plantjes groeien op, een bloeiende bol, een geurende scepter. De teentjes vormen straks een bolletje, maar blootshoofds en barrevoets is knoflook, ook, ook, ook.

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posted by Lucien Suel at 06:39 2 comments