lundi 9 janvier 2023

 GHOST FUCKER – STAR PHANTOM – INTOXICATIONS pirate issue hors-série janvier 1981


 

Sans autres nouvelles de la récidive « STARSCREWER INTERNATIONAL DEMONIUM », deux ans après la parution du dernier numéro (12) de « StarScrewer », avec les matériaux encore disponibles, je décide de publier un numéro pirate de ma propre revue. Intitulé « GHOST FUCKER – STAR PHANTOM – INTOXICATIONS  pirate issue », ce n° hors-série paraît en janvier 1981. Format A4, imprimé en offset, dos carré collé, couverture de couleur jaune. La couverture délicatement thrash, recto et verso, est de SFB AMOK KOMA (a.k.a Walter Hartmann). 40 pages. Dépôt légal 1er trimestre 1981. Prix 15 FF.

Tirage de 350 exemplaires dont 20 exemplaires de queue numérotés de 331 à 350. Il est accompagné d’une LETTRE / KALEENDOSCOPE de l’éditeur présentée dans un folio A5 illustré en sérigraphie. Cette lettre rassemble des notes à propos des auteurs publiés dans ce n° pirate, une seconde partie analyse des revues, livres, disques reçus ou achetés depuis 1979.

Au sommaire de ce numéro pirate

2ème de couverture par Opal Louis Nations avec Drawing Breath, poème non traduit et Tender Juicy Pork Chops Assorted, collage et dessin (1980)

page 3 Sommaire

pages 4 à 8 J’ai passé par là pour venir ici, texte inédit de Claude P. Washburn (1977)

page 9 The Cord of Life & Death, dessin d’Opal Louis Nations (1980)

pages 10 à 15 La Tournée des grands libraires, poème d’Alban Michel (1980)

pages 16 à 19 Dossier Père Ubu (et David Thomas) par Henry Meyer avec une discographie et les traductions en français de 18 chansons : Tous les chiens aboient - Codex – Battre le fer – Voyage sentimental – Vagues de rues – A la surface – 49 guitares et une fille – Terrassier – Un petit nuage noir – Court était rapide – Moi attendra – Cœur des ténèbres – Fais-moi rire – La Soirée dansante d’Ubu – La Voix du sable.

pages 20-21 Thierry Tillier : Ce bon vieux Tao (collage), Haïr le vide et après… (Poème) « 

Pages 22-23 râ/ c. llys dana Deux poèmes-collages

Pages 24-25 Père Ubu “The Art of Walking” Rough Trade Records, 1980. Quatre chansons de David Thomas traduites par Henry Meyer : Petits oiseaux, Rhapsodie en rose, Avance, Les Agneaux sacrifiés et une de Mayo Thompson, Boucle

Pages 26 à 31 « L’Embusqué du temps sans marques », une histoire d’Henry « Meyer » Le-Welche, avec quatre collages

pages 32-33 « Les 7 gisants de Patagonie » par Pociao (traduit de l’anglais par Henry Meyer) avec un portrait aux étoiles

pages 34 à 38 « Heart of Texas Blues » non traduit, un poème sonore de Ray Bremser (février 1962) dédié à Bob & Nancy Ellison

3ème de couverture : Grand Con cours S. U. E. L. Acrostiches d’Henry Meyer, Râ et Opal Louis Nations

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jeudi 4 février 2016

Sans espoir de retour du courrier 5/5

« Sans espoir de retour du courrier », cette correspondance entre Alban Michel et Lucien Suel a été publiée en 1986 (30 ans déjà!) dans le n° 4 de la revue Après la plage.
Nous le faisons paraître ici en 5 épisodes. Il est question de plage, de jazz, de roman noir et d'Audrey Hepburn.

Biscarosse, le 4 août
Mon vieux Lucien,
Figure-toi que "Lulu" un opéra d'Alban Berg fut interdit en France en 1958. J'ai bien peur que cette lettre ne t'arrive jamais. Pourvu qu'il ne te soit rien arrivé. Ils connaissent les filles qui nous unissent. Je te tape vite fait ce que je sais. Ils m'ont retrouvé. J'espère que la dernière levée n'aura jamais lieu. Surtout ne te réfugie pas dans une salle obscure. Ils sont tous dans le coup. Le projectionniste, les spectateurs, la caissière, les ouvreuses. Ils contrôlent tout. Tu es entouré de dingues. Je sais ce que je tape, j'ai vécu dans un blockhaus de vingt-deux étages. Je ne te raconte pas ce qu'ils incinéraient dans le vide-ordures.
La fille aveugle bosse à la poste. Jusqu'à présent elle s'est contentée de transmettre les doubles de nos lettres à Dan Parker. Surtout ne t'enfuis pas dans un cinéma. Ça se termine presque toujours en incendie. Je m'en veux de t'avoir entraîné dans ce snuff-movie. J'avais besoin de blé et je ne salope jamais mes contrats. Tu me connais, je m'enflamme facilement lorsqu'on me promet l'éternité sur pellicule. J'ai signé. Pour éloigner le mal, pour pouvoir taper comme un dératé dans un clandé pour écrivains. Au mieux et en comptant les ratures j'ai réussi à leur taper dix pages.
Je dois un scénario de film porno à Robert Baker, et un article tout ce qu'il y a de plus élogieux sur les bonnes œuvres du Clan Murphy. Les sbires de Thomas F. Little campent en bas de l'hôtel sur la plage. Ils vont me tanner, sûr qu'ils font partie de la famille des cuivres. J'ai promis à leur monsignore un poème d'amour par jour qu'il signe et expédie à sa petite amie. Chiappe est de tous le plus coriace. Il m'a commandé une monumentale histoire de sa vie. Il confond nombril et sexe.
J'ignorais qu'ils travaillaient tous pour Dan Parker. C'est fichu pour ta ballade. Je suis sec. J'ai le bourbon. C'est pas le moment de laisser nos empreintes sur le sable. Maquillage de guerre. Mercredi des Cendres de mai à décembre. Tire-toi au plus vite de Stella-Plage. Parker tient tous les cinémas, les hôtels, les clandés, les écrivains et les garages de la côte. C'est grâce à lui que la fille de la réception porte des lunettes. Elle est heureuse de s'en tirer à si bon compte. Adieu. Je ne t'écrirai plus. Je t'enverrai des cartes postales.
Alban

Sans espoir de retour du courrier : Lettre 1
Sans espoir de retour du courrier : Lettre 2
Sans espoir de retour du courrier : Lettre 3
Sans espoir de retour du courrier : Lettre 4

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jeudi 28 janvier 2016

Sans espoir de retour du courrier 4/5


« Sans espoir de retour du courrier », cette correspondance entre Alban Michel et Lucien Suel a été publiée en 1986 (30 ans déjà!) dans le n° 4 de la revue Après la plage.
Nous le faisons paraître ici en 5 épisodes. Il est question de plage, de jazz, de roman noir et d'Audrey Hepburn.

Stella-Plage, le 23 juillet
Cher Alban,
J’ai bien pensé un moment écrire à Elmore James. Cela aurait été l'occasion rêvée de vérifier la bonne marche du "Return to Sender". Le grain de sable retourne à la plage. Après le pèlerinage, ce sera le Mercredi des Cendres. J’ai vu des photos de ces filles arrivées par la poste et qui se tordaient dans les flammes de l'incinérateur de jardin. Un spectacle pour solitaire ; on ne peut pas tenir bien longtemps dans les blockhaus désaffectés. L'odeur te prend à la gorge et tu dois vite rechausser tes "semelles de vent". Il souffle dans les saxophones désinfectés. Oui, écris-moi donc les paroles d'une ballade qui respire à travers le nylon rosé. Plusieurs fois, j'ai serré des poupées sur mon cœur, des poupées enduites de poudre de riz et leurs joues de celluloïd se collaient à ma peau brûlée. Entre la pourriture et le dessèchement, il faut choisir ou naviguer. Les écrivains ont des ratés. Il y des métaphores qui filent comme les bas. Je répands ma semence sur la plage blanche devant une fille aveugle en shetland rosé. J'ai mis mon maquillage de guerre : cendre, sable et semence. Il ne me reste plus qu'à m'enfermer dans une salle obscure. J'attends le début de la projection. Envoie une nouvelle bobine pour crucifier le vieux jazzman.
Lucien
P.S. Pas question que je brûle tes lettres. Il fait trop chaud
Sans espoir de retour du courrier : Lettre 1
Sans espoir de retour du courrier : Lettre 2
Sans espoir de retour du courrier : Lettre 3
 

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jeudi 21 janvier 2016

Sans espoir de retour du courrier 3/5


« Sans espoir de retour du courrier », cette correspondance entre Alban Michel et Lucien Suel a été publiée en 1986 (30 ans déjà!) dans le n° 4 de la revue Après la plage.

Nous le faisons paraître ici en 5 épisodes. Il est question de plage, de jazz, de roman noir et d'Audrey Hepburn.

Biscarosse, le 20 juillet
Mon vieux Lucien,
Tu te plantes avec ton jazz. Je n'y connais rien. J'ai longtemps rangé le saxophone dans la famille des cuivres. Du moment que c'est triste je suis content ; je titube sur la plage.
Mes gueules de bois ont déjà entendu meugler un sax mais elles ne savent plus dans quel bar. C'est ça, moque-toi de mes mortifications, tu me fais marrer avec tes balades solitaires sur la plage. Ne me dis pas que tu trouves ça beau une plage. West Coast mon cul.
Je vois d'ici le tableau. Il manque juste un sax, un piano, et pour me faire plaisir, une caisse claire balayée par Al Seamless. Tu veux que je t'écrive les paroles ?
Je peux juste te taper une ou deux ballades. Je suis plutôt pilleur d'épaves que marin. Dénicher une fille dans un pull en shetland rosé ça je ne sais pas faire. Trouve-toi quelqu'un d'autre à qui écrire. Tout ce que je connais du jazz c'est Elmore James.
Trouve-toi une fortification abandonnée pour y brûler à l'abri du
vent tout ce que je t'ai pillé. Fais ça devant la fille si ça peut te soulager. De l'hôtel je vois le chemin de croix des marchands de sable. Les habitués du blockhaus. « Ça serait pas merveilleux si on pouvait rester ici ? ».
Pieds nus en Rosy rosé sur le béton dur et humide. Ce film est le voyeur rêvé des pourritures.
Alban
Sans espoir de retour du courrier : Lettre 1
Sans espoir de retour du courrier : Lettre2

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jeudi 14 janvier 2016

Sans espoir de retour du courrier 2/5


« Sans espoir de retour du courrier », cette correspondance entre Alban Michel et Lucien Suel a été publiée en 1986 (30 ans déjà!) dans le n° 4 de la revue Après la plage.

Nous le faisons paraître ici en 5 épisodes. Il est question de plage, de jazz, de roman noir et d'Audrey Hepburn.

Stella-Plage, le 16 juillet
Cher Alban,
Je me sens comme un scoptophile aux yeux bandés. Et ce n'est pas du nylon rosé que j'ai sur les yeux. J'en suis bien sûr. Il y a bien des années, j'avais marché du Touquet à Merlimont, une sacrée balade, pieds nus sur le sable dur et humide - un vrai chemin de croix dans le soleil contre le vent et ses gifles de gravier - Si je le faisais maintenant encore, ça s'apparenterait sûrement à un pèlerinage avec toutes ces filles les seins à l'air. 
Al, sans doute astique le cuivre de son bois. Il ne pourra jouer que West Coast, comme moi. De toute façon, l'anathème est levé, France-Culture l'a dit, et puis, un livre a été écrit et même édité sur le sujet (West Coast Jazz de A. Tercinet). Pour revenir, c'était mieux, j'avais le vent dans le dos. Je n'étais plus dans la peau de Germain Nouveau. Du reste, je n'ai jamais aimé la mortification. Je n'ai jamais titubé sur une scène ; mes gueules de bois sont intimes. N'empêche que, parfois, j'ai les yeux qui piquent. Et ça n'est pas le genre de lettres que tu m'écris qui pourra tuer le marchand de sable. 
Ah ! A.H. : c'est incroyable, cette histoire ! Je n'ai jamais pu avoir un réfrigérateur dont la lampe intérieure tienne le coup plus d'une semaine. La nuit, quand je descends dans la cuisine pour relire les originaux de tes lettres, il me faut faire ronronner le tube au néon. Si tu vois (sic !) ce que je veux dire ! Dans ce film, d'ailleurs, elle porte un pull de shetland rose
De temps en temps, je me retournais pour regarder l'empreinte de mes pieds (égyptiens) dans le sable - prétexte pour soulager mon visage du pilonnage sableux, vent parallèle au sol. Anyway, ce n'est pas encore aujourd'hui que j'arroserai d'essence mes archives "littéraires", parce qu'il y a toujours un bidon de sable plein de mégots à côté des pompes. Funèbre, moi ? Allons donc !
Lucien.
Sans espoir de retour du courrier : Lettre 1


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jeudi 7 janvier 2016

Sans espoir de retour du courrier 1/5


« Sans espoir de retour du courrier », cette correspondance entre Alban Michel et Lucien Suel a été publiée en 1986 (30 ans déjà!) dans le n° 4 de la revue Après la plage.

Nous le faisons paraître ici 5 épisodes. Il est question de plage, de jazz, de roman noir et d'Audrey Hepburn.


Biscarosse, le 4 juillet
Mon vieux Lucien
L'hôtel domine la plage. Tu penses bien que je ne me suis pas installé à l'Hôtel de la Plage. C'est bon pour les vrais écrivains qui ont les moyens d'écluser les habituées du bar. Je suis juste à côté, dans un hôtel à vendre. Une grande maison biscornue bâtie sur une falaise de sable que les vents et les grandes marées éboulent de décembre à mai.
Je me suis bien planté dans le décor et tu te prêtes volontiers à cette comédie. Il te faut de grosses lettres endormies dans le nylon rosé. Gestes brusques. Taper, timbrer, poster. Voilà où nous en sommes. J'ai honte, j'ai trouvé quelqu'un à qui parler. Du vent. Des cheveux collés sur du papier. Al astique son cuivre. Je ne veux plus t'écrire.
Il faut que je te dise. Ici il vente par tous les temps. L'hôtel est désert. Je voulais me taper de la solitude c'est gagné. Je n'ose même pas taper la nuit à cause du bruit. J'ai eu l'air malin à la réception devant la fille aux lunettes. Elle se doute bien que les vrais écrivains ne montent jamais chez elle. Je te tape. Ne te laisse pas faire. Si tu savais. Je ne suis même pas fichu de me rembobiner le ruban tout seul. Devant la postière pourtant j'ai l'air honnête. Eté comme hiver je me poste devant ses jupes plissées. Bas les bottes ! C'est encore raté. Elle se tape mon courrier et j'ai honte.
Je n'ai jamais rien écrit. Une ou deux âneries en dix ans. La poésie est le judas rêvé des pourritures. Je n'ai jamais quitté mes paperasses. Il n'y a même pas une vieille dame à séduire dans cet hôtel. Chambre seize l'olivetti dort sous sa housse en nylon gris. Même un rat ne supporterait pas ma présence. Tu sais que je ne plais qu'aux dames d'un autre temps. C'est bien la seule poésie, la seule histoire vraie de ma vie.
Je t'ai tapé tellement d'âneries du temps où je carbonais les doubles de mes lettres. Quand je pense que tu as tout conservé. Du vent Je ne descends jamais sur la plage. Eté comme hiver les femmes sont belles. Faut que je te raconte. Je te tape « Mon Vieux Lucien » et mon ruban ne fait qu'un tour. Tu t'es fait avoir. J'ai acheté la machine seulement pour t'écrire. Il n'y a pas de poésies complètes cachées sous la housse de l'olivetti. Demande, ou mieux écris, à la fille aux lunettes. Elle te dira que je ne quitte jamais la chambre et que le vent a bon dos de m'empêcher d'écrire à cause du bruit. Brûle tout. Ne me réponds plus. Fais quelque chose de ta vie. Trouve-toi une fille qui t'embobine. Roule. Rôde. Fais toutes les bibliothèques. Fais des fiches sur elle. Couche ses photos dans de grands cahiers amoureusement reliés. Va voir tous les films d'Audrey H. Touche les spectres.
Alban

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