The Star Screwer n° 1 (1972) pages 5-9 Pélieu sur Leary
Ce long plaidoyer de Claude Pélieu en faveur de Timothy Leary a été réédité dans "Et vous aurez raison d'avoir tort !", aux éditions de la Station Underground d'Emerveillement Littéraire en 1996.
Ouvrage malheureusement épuisé.
Pour une lecture plus confortable, voir ci-dessous :
DOCTOR
LEARY, WHAT THE FUCK AM I DOIN' WITH GOD'S COUNTRY PIE ?
JELLY
BOMBS FRAGMENTATION NAZI ELECTRONIC GOOD AMERICAN MONSTER PHOENIX
ASSASSINATION CENTRAL DOPE INTELLIGENCE NEW CONDITIONS
Les
robots l'ont eu. Il est entre les mains du FBI. Il est de nouveau
emprisonné en Californie. La lumière ne réplique pas, elle
s'évanouit au passage. L'air du temps laboure chaque nuit. Tim Leary
est entre les mains des robots.
Une
rose survivante et des figures fraîches.
Hier,
les chats n'ont pas perdu leur temps, une lune d'eau épelait
'liberté'.
Défonce-clou
de girofle. Une fleur insensée sur le pare-chocs. Un lieu-dit qui
inspire --- un doigt dans le trou béant de l'Histoire --- la guerre
psychédélique, totale, religieuse, raciale --- les poèmes
s'étirent sous le choc, les chansons y laissent quelques plumes, et
moi je pense à autre chose.
Un
langage tourné vers l'éblouissement, le message Sexy est enterré
dans un sourire-gingembre.
Paysages,
fissures, fleurs, échafauds, averses, crevasses, uniformes,
éclairages, rock 'n' roll, strobpoets, silences, obstacles, Mafia,
US gvt, Narcotics Bureau --- une phrase malade grince des dents,
nuages de peau, robes poussiéreuses, le vent emmène les vieilles
habitudes, tickets-caramels dans la poche du rire, conscience
touchant le fond du visible, jusqu'aux étoiles de l'aurore --- les
doigts noueux du langage transmettent les hallucinations des robots
aux paranoïas nationales --- petite musique pour autre chose. Le
vide siffle les sanglots, sculpte les bouches obscènes, les dolmens
se couchent sur l'herbe rase, les chardons mangent à leur faim, et
moi je pense à Leary, derrière les brumes de la résurrection.
Rock
n' roll, 'Junkie Blues', larmes jointes, images rouillées, odeurs
cascadantes, une aile d'aigle se décompose sous la lampe ---
ténèbres-mosaïques --- Dieu n'a plus d'ennemis.
Répression
& Prohibition que vous feignez d'ignorer. Foule-dentelle où
commence la nuit, des fleurs boivent, et moi, à genoux dans le vent,
remuant les graines de Marie Jane Florabelle, je sais que personne
n'est entre mes mains --- il fait beau ce matin --- silence
interminable --- encore une cigarette, la pluie nue me guette.
Depuis
1960, nous sommes dans un état de tension tonitruant qui rend tout
possible, et comme tout est fiction, il faut bien vous situer quelque
part.
Le
jour-abîme ridé par le plomb, l'autoroute griffée par un flot de
lumière, fumée emprisonnant les écrans de quartz, le supermarché
est fermé --- jungles roses blanchies par la nuit --- les fleurs
sauvages ne cèderont pas aux cris muets.
Le
dormeur est un roc, ses lourdes paupières bruissent, et l'ombre d'un
arbre gémit au bord du chemin. TV-pain beurré, café, noix,
claquement de mots, vertiges de l'information, mort mort MORT --- le
MOT est MORT --- la guerre est finie --- nous n'avons pas fini de
grimacer, une flamme ondule et avale le cerf-volant de nylon. Les
enfants disparaissent en criant dans un nuage crépuscule.
Entre
mes bras la foudre.
La
peur d'un regard me fait rire.
Le
rire sonde le quotidien.
Un
rayon de lune entre deux nuages --- le cri d'une chouette --- un
frisson autour des lèvres, et puis plus rien, murmure-érection,
communiqués laconiques --- tout est blanc dans la forêt.
La
chair a crié.
Une
fleur foudroyée. Des fraises sauvages. Le néon embrasse la nature.
Le Tribunal De La Pluie a une optique différente --- je dois
traverser une rue enracinée dans le temps présent --- J'ai écrit
cela très vite, assis dans l'herbe, adossé au tronc d'un arbre,
malgré le froid, désert lumineux & ciel argenté --- quelques
larmes roulent sur une pierre.
Paysages
délabrés dans le rétroviseur. J'ai écrit cela vite en vrac ici
sans me soucier du froid du chaud.
Je
vais d'ombre en ombre, d'écran en écran, planant de jardin en
jardin, à travers ces déchirures, ces échancrures-flashes --- Une
TV géante entre deux haies de fleurs, et les mots incertains
détruisant le temps, les images de tous les jours pleurent et
éjaculent, les vagues sont brodées d'épaves --- Land's End,
Mosaïques De Rêves.
Fleurs
métalliques dans un ciel vide.
Le
hasard s'accorde à la durée --- tout est à vendre --- même Tim
Leary --- images-embuscades que le silence prend à bras le corps.
Le
bruit exprime sur le bout de la langue, le distributeur automatique
manque de vocabulaire, les photocopieurs vitriolent nos bulles de
savon --- le coeur percé meurt sous vos yeux, l'évènement ampute
notre vision --- Nous avons créé un décalage, nous avons traversé
ce que nous n'avons pas écrit, et la faim des couleurs pétrit les
vieux journaux.
Un
feu dévorant que la parole porte, Dieu hausse les épaules, Il s'est
assis sur le siège des chiottes, Il esquisse un geste, nettoie le
brouillard et regarde le temps passer --- les dolmens se tiennent par
la main --- la musique circule et éclate dans les 5 dimensions.
TURN
ON ! TUNE IN ! DROP OUT ! PLUS QUE JAMAIS --- le mystère reste
voilé, la Terre médite, Torpeur, Douleur, qui a inventé la vie ?
Qui a inventé la Mort ? (personne n'a le droit d'ouvrir une
parenthèse) --- la lumière ne réplique pas, elle s'évanouit,
comme l'herbe au passage.
Tout
terriblement rapide. Les couleurs n'ont pas appris à compter.
L'ombre hurle de douleur. Le téléphone ne cesse de sonner. La
guerre nous entraîne, LE GÉNOCIDE PSYCHÉDÉLIQUE DONT PERSONNE NE
PARLE (sinon les premiers terroristes de la Mafia-Pentagone-Kremlin)
--- le dernier monde met l'incolore en berne, le rouge jaillit,
embarquant le noir vers de nouvelles galaxies, avec les faux
mouvements de l'Univers.
Lait
caillé à la surface de l'étang.
La
résine grille dans le fourneau de la pipe.
Le
hasard déborde de plus en plus.
Dieu,
dans ma foulée --- je m'allonge sur un lit d'orties blanches.
(Les
robots aux cheveux courts ont parlé de la peur, chef d'oeuvre du
dernier quart d'heure pris en sandwich). Prélude au calme. Le vent
s'échappe. Détente désespérée. Les éclairs chuchotent.
Giboulées de perles. Les ipomées prennent le maquis. Il n'y a plus
rien dans l'armoire aux souvenirs, sinon ce grand souffle qui bat
dans le coeur.
Un
signe imperceptible allume quelque chose aux quatre points cardinaux.
Nous
habitons pourtant le même monde.
Le
rire électrifié meurt au fond d'une allée vide.
Sur
l'autoroute, néons mêlés. Je fume --- la solitude plie bagage ---
quelques violettes dans la boîte à gants.
Qui
veut revenir sur les pas de quelqu'un d'autre ?
En
direct, branché sur le robot, sur le méga-con, ignorant ce
battement d'ailes --- l'ennui ne recule pas, la haine pleure à
genoux --- les ministres de la Ku Klux Kulture et les spécialistes
allument leurs lanternes. « On vous avait tout permis », nous
disent-ils sans rire --- nous n'avons pas à justifier notre choix
--- la contre-culture s'est mis un doigt sur les lèvres. L'oeil
froid de la morale bourgeoise, d'est en ouest et vice-versa, remue
dans la poêle à frire, et s'agenouille pour remercier le ciel ---
laissons se couler les nuages --- en direct branché sur le
cul-cerveau, fouillant les goitres des législateurs et des
flikiatres dansant avec les chancres, remuant dans la brume qui
infecte la Vallée des Larmes, ricochant sur Fat City, avec l'herbe
qui bêle sous les arcades de viande. Porteurs de vent nous vous
attendions.
WHAT
THE FUCK AM I DOIN' WITH GOD'S COUNTRY PIE ?
Fusion
improbable de Peuple Crabe. TV-Sexe. Flash. Il n'existe pas de
langage pour définir la limonade fraîche électrifiée par l'Acide,
sinon celui des musiciens --- de la crème fouettée sur mon
blue-jean, un orgasme éternel --- Hippyland n'existe plus, tout cela
est fini, bien fini,décennies amputées par la politique & les
horribles conditions, et le Docteur Leary entre les mains de la
Gestapo-FBI --- le film encore une fois s'emballe, le décor n'a pas
changé, O COSMIC LOOSERS !
Villes-hamburgers
crachant le venin-Haine. Militants crachant le venin Haine. De leur
vivant les robots s'admirent, et l'écume Virus envahit la scène
spatiale, nous survivons dans ces jungles planétaires --- WHAT THE
FUCK AM I DOIN' WITH GOD'S COUNTRY PIE ? I DUNNO --- des cendres
emperlées roulent dans la poussière.
LA
GUERRE DÉCLARÉE À LA MARIJUANA ET AU LSD EST UNE GUERRE DE
RELIGION ET DE RACISME. BD-Solitude Phosphorescente --- rues
splendides pavées de perles-chevelures --- fumées vertes &
bleues dans la version HIGH --- version fleur de soleil FULL
CONSCIOUSNESS --- BD-HIP hachée par les crans d'arrêt du vent,
hallucinations planétaires concentrées dans la grisaille du jeu
politique. Brouillard-mot habillant la planète d'atrocités,
BD-Utopie vernie par la morve d'une génération dévorée par les
microbes --- tout ça serait assez drôle (un auteur dramatique
français y trouverait son compte) sans parler des vibrations de
nulle part, mais Papa n'a pas voulu et Maman non plus --- courants
d'air bleu blanc rouge dans les oubliettes où furent enfermés les
héros & les orateurs des années 60. Confiseries Cosmiques dans
le duvet du Swami-CIA, résidant maintenant à Kansas-City ou à
Pékin, ébloui par le poulet frit, les hamburgers, et les drive-ins
--- dix siècles de défonce pour ce TRIP --- une belle déchirure
pour que le calme fasse le vide.
Les
fleurs toutes voiles dehors ont inventé toutes ces couleurs. Nous ne
pouvons pas ignorer toutes les bonnes vibrations, ni la répression,
nous ne pouvons pas ignorer le blabla des autres, ni leur baratin
clignotant à propos des drogues,
des hippies,
de ceci, de cela. L'ombre stéréo inonde le monde à la criée et
nos fantaisies deviennent les fantaisies de l'Univers, pas celles du
Pentagone, du Kremlin, de l'Europe Livide ou de Pékin --- nos
fantaisies tantriques gonflées de fleurs film avec les bons et les
méchants, avec les nains et les vilains, avec les vivants les nus et
les lumineuses --- péninsules-arc-en-ciel aux mille visages radieux.
Mais nous sommes dans le morts, avec les grands transparents et les
robots, avec les glauques et les singes travailleurs --- nous sommes
dans le film depuis le début et il n'y a pas de fin, Yoyo Cosmique
dans l'Univers FUCK YOU rugissant de néons de jukeboxes et des
sirènes de police.
Film-ricochet,
flashes, silences, derniers soubresauts, et le monde-brouillard
réduit en un petit tas de saletés calcinées, étalé sur un drap
blanc --- LE SOURIRE DU TOURNESOL MÈNE LA DANSE, LA DÉMOCRATIE
ÉLECTRONIQUE CRÉPITE DERRIÈRE VOS YEUX.
WHAT
THE FUCK AM I DOIN' WITH THE FROZEN JUG BAND ?
Derrière
les nuages, au galop les masques et les poubelles suivent les étoiles
dansantes, et le génie de la Terre bat dans le Coeur-Cerveau-Vivant
--- le Docteur Leary & des milliers de souffrants harnachés de
chaînes & de dossiers ne sont plus dans les couleurs de
l'arc-en-ciel.
Hier
c'était déjà Tim Leary, John Sinclair, John Giorno, Ken Kesey,
Pierre Clémenti, George Andrews, Jimi Hendrix, Owsley, Neal Cassady,
Carl Solomon, Bob Kaufman, Lenny Bruce, Jim Morrisson, Carol Berger,
Julian Beck, et tant d'autres, hier c'était --- il faut partout
marmonner le chant du Peyotl, chantez, rappelez-vous de ce mantra Fox
Indien Américain pour conjurer les démons, les robots, et les
hallucinations criminelles de toutes les Polices du Cerveau ---
PE
YO TA HA NO GA NE KWA KE CI MA NI TO WE HI YA NA NE HI KE KI KE TE TI
NE NO HE NE NE HI CI HAI YA NE TE NO HE HI KE KI KE TE NO NE HI KE TI
TE KI NE NO NE NE HI CI HAI YA NE NE TE NO NE KI KE TE NO
Dear
Doctor Leary God Bless our Conspiracy, Nixon & his allied Robots
are stuck in the knots of their bad Karma.
Muddles
Green over Cut City, 28-31 January, 73.
Libellés : Archives, Leary, Livre de Claude Pélieu, Pélieu, Starscrewer
1 Comments:
Amazing ! :-)
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