samedi 24 août 2019

The Star Screwer n° 1 (1972) pages 5-9 Pélieu sur Leary





Ce long plaidoyer de Claude Pélieu en faveur de Timothy Leary a été réédité dans "Et vous aurez raison d'avoir tort !", aux éditions de la Station Underground d'Emerveillement Littéraire en 1996.
Ouvrage malheureusement épuisé.
Pour une lecture plus confortable, voir ci-dessous :

DOCTOR LEARY, WHAT THE FUCK AM I DOIN' WITH GOD'S COUNTRY PIE ?


JELLY BOMBS FRAGMENTATION NAZI ELECTRONIC GOOD AMERICAN MONSTER PHOENIX ASSASSINATION CENTRAL DOPE INTELLIGENCE NEW CONDITIONS

Les robots l'ont eu. Il est entre les mains du FBI. Il est de nouveau emprisonné en Californie. La lumière ne réplique pas, elle s'évanouit au passage. L'air du temps laboure chaque nuit. Tim Leary est entre les mains des robots.
Une rose survivante et des figures fraîches.
Hier, les chats n'ont pas perdu leur temps, une lune d'eau épelait 'liberté'.
Défonce-clou de girofle. Une fleur insensée sur le pare-chocs. Un lieu-dit qui inspire --- un doigt dans le trou béant de l'Histoire --- la guerre psychédélique, totale, religieuse, raciale --- les poèmes s'étirent sous le choc, les chansons y laissent quelques plumes, et moi je pense à autre chose.
Un langage tourné vers l'éblouissement, le message Sexy est enterré dans un sourire-gingembre.
Paysages, fissures, fleurs, échafauds, averses, crevasses, uniformes, éclairages, rock 'n' roll, strobpoets, silences, obstacles, Mafia, US gvt, Narcotics Bureau --- une phrase malade grince des dents, nuages de peau, robes poussiéreuses, le vent emmène les vieilles habitudes, tickets-caramels dans la poche du rire, conscience touchant le fond du visible, jusqu'aux étoiles de l'aurore --- les doigts noueux du langage transmettent les hallucinations des robots aux paranoïas nationales --- petite musique pour autre chose. Le vide siffle les sanglots, sculpte les bouches obscènes, les dolmens se couchent sur l'herbe rase, les chardons mangent à leur faim, et moi je pense à Leary, derrière les brumes de la résurrection.
Rock n' roll, 'Junkie Blues', larmes jointes, images rouillées, odeurs cascadantes, une aile d'aigle se décompose sous la lampe --- ténèbres-mosaïques --- Dieu n'a plus d'ennemis.
Répression & Prohibition que vous feignez d'ignorer. Foule-dentelle où commence la nuit, des fleurs boivent, et moi, à genoux dans le vent, remuant les graines de Marie Jane Florabelle, je sais que personne n'est entre mes mains --- il fait beau ce matin --- silence interminable --- encore une cigarette, la pluie nue me guette.
Depuis 1960, nous sommes dans un état de tension tonitruant qui rend tout possible, et comme tout est fiction, il faut bien vous situer quelque part.
Le jour-abîme ridé par le plomb, l'autoroute griffée par un flot de lumière, fumée emprisonnant les écrans de quartz, le supermarché est fermé --- jungles roses blanchies par la nuit --- les fleurs sauvages ne cèderont pas aux cris muets.
Le dormeur est un roc, ses lourdes paupières bruissent, et l'ombre d'un arbre gémit au bord du chemin. TV-pain beurré, café, noix, claquement de mots, vertiges de l'information, mort mort MORT --- le MOT est MORT --- la guerre est finie --- nous n'avons pas fini de grimacer, une flamme ondule et avale le cerf-volant de nylon. Les enfants disparaissent en criant dans un nuage crépuscule.
Entre mes bras la foudre.
La peur d'un regard me fait rire.
Le rire sonde le quotidien.
Un rayon de lune entre deux nuages --- le cri d'une chouette --- un frisson autour des lèvres, et puis plus rien, murmure-érection, communiqués laconiques --- tout est blanc dans la forêt.
La chair a crié.
Une fleur foudroyée. Des fraises sauvages. Le néon embrasse la nature. Le Tribunal De La Pluie a une optique différente --- je dois traverser une rue enracinée dans le temps présent --- J'ai écrit cela très vite, assis dans l'herbe, adossé au tronc d'un arbre, malgré le froid, désert lumineux & ciel argenté --- quelques larmes roulent sur une pierre.
Paysages délabrés dans le rétroviseur. J'ai écrit cela vite en vrac ici sans me soucier du froid du chaud.
Je vais d'ombre en ombre, d'écran en écran, planant de jardin en jardin, à travers ces déchirures, ces échancrures-flashes --- Une TV géante entre deux haies de fleurs, et les mots incertains détruisant le temps, les images de tous les jours pleurent et éjaculent, les vagues sont brodées d'épaves --- Land's End, Mosaïques De Rêves.
Fleurs métalliques dans un ciel vide.
Le hasard s'accorde à la durée --- tout est à vendre --- même Tim Leary --- images-embuscades que le silence prend à bras le corps.
Le bruit exprime sur le bout de la langue, le distributeur automatique manque de vocabulaire, les photocopieurs vitriolent nos bulles de savon --- le coeur percé meurt sous vos yeux, l'évènement ampute notre vision --- Nous avons créé un décalage, nous avons traversé ce que nous n'avons pas écrit, et la faim des couleurs pétrit les vieux journaux.
Un feu dévorant que la parole porte, Dieu hausse les épaules, Il s'est assis sur le siège des chiottes, Il esquisse un geste, nettoie le brouillard et regarde le temps passer --- les dolmens se tiennent par la main --- la musique circule et éclate dans les 5 dimensions.
TURN ON ! TUNE IN ! DROP OUT ! PLUS QUE JAMAIS --- le mystère reste voilé, la Terre médite, Torpeur, Douleur, qui a inventé la vie ? Qui a inventé la Mort ? (personne n'a le droit d'ouvrir une parenthèse) --- la lumière ne réplique pas, elle s'évanouit, comme l'herbe au passage.
Tout terriblement rapide. Les couleurs n'ont pas appris à compter. L'ombre hurle de douleur. Le téléphone ne cesse de sonner. La guerre nous entraîne, LE GÉNOCIDE PSYCHÉDÉLIQUE DONT PERSONNE NE PARLE (sinon les premiers terroristes de la Mafia-Pentagone-Kremlin) --- le dernier monde met l'incolore en berne, le rouge jaillit, embarquant le noir vers de nouvelles galaxies, avec les faux mouvements de l'Univers.


Lait caillé à la surface de l'étang.
La résine grille dans le fourneau de la pipe.
Le hasard déborde de plus en plus.
Dieu, dans ma foulée --- je m'allonge sur un lit d'orties blanches.
(Les robots aux cheveux courts ont parlé de la peur, chef d'oeuvre du dernier quart d'heure pris en sandwich). Prélude au calme. Le vent s'échappe. Détente désespérée. Les éclairs chuchotent. Giboulées de perles. Les ipomées prennent le maquis. Il n'y a plus rien dans l'armoire aux souvenirs, sinon ce grand souffle qui bat dans le coeur.
Un signe imperceptible allume quelque chose aux quatre points cardinaux.
Nous habitons pourtant le même monde.
Le rire électrifié meurt au fond d'une allée vide.


Sur l'autoroute, néons mêlés. Je fume --- la solitude plie bagage --- quelques violettes dans la boîte à gants.
Qui veut revenir sur les pas de quelqu'un d'autre ?
En direct, branché sur le robot, sur le méga-con, ignorant ce battement d'ailes --- l'ennui ne recule pas, la haine pleure à genoux --- les ministres de la Ku Klux Kulture et les spécialistes allument leurs lanternes. « On vous avait tout permis », nous disent-ils sans rire --- nous n'avons pas à justifier notre choix --- la contre-culture s'est mis un doigt sur les lèvres. L'oeil froid de la morale bourgeoise, d'est en ouest et vice-versa, remue dans la poêle à frire, et s'agenouille pour remercier le ciel --- laissons se couler les nuages --- en direct branché sur le cul-cerveau, fouillant les goitres des législateurs et des flikiatres dansant avec les chancres, remuant dans la brume qui infecte la Vallée des Larmes, ricochant sur Fat City, avec l'herbe qui bêle sous les arcades de viande. Porteurs de vent nous vous attendions.


WHAT THE FUCK AM I DOIN' WITH GOD'S COUNTRY PIE ?
Fusion improbable de Peuple Crabe. TV-Sexe. Flash. Il n'existe pas de langage pour définir la limonade fraîche électrifiée par l'Acide, sinon celui des musiciens --- de la crème fouettée sur mon blue-jean, un orgasme éternel --- Hippyland n'existe plus, tout cela est fini, bien fini,décennies amputées par la politique & les horribles conditions, et le Docteur Leary entre les mains de la Gestapo-FBI --- le film encore une fois s'emballe, le décor n'a pas changé, O COSMIC LOOSERS !
Villes-hamburgers crachant le venin-Haine. Militants crachant le venin Haine. De leur vivant les robots s'admirent, et l'écume Virus envahit la scène spatiale, nous survivons dans ces jungles planétaires --- WHAT THE FUCK AM I DOIN' WITH GOD'S COUNTRY PIE ? I DUNNO --- des cendres emperlées roulent dans la poussière.


LA GUERRE DÉCLARÉE À LA MARIJUANA ET AU LSD EST UNE GUERRE DE RELIGION ET DE RACISME. BD-Solitude Phosphorescente --- rues splendides pavées de perles-chevelures --- fumées vertes & bleues dans la version HIGH --- version fleur de soleil FULL CONSCIOUSNESS --- BD-HIP hachée par les crans d'arrêt du vent, hallucinations planétaires concentrées dans la grisaille du jeu politique. Brouillard-mot habillant la planète d'atrocités, BD-Utopie vernie par la morve d'une génération dévorée par les microbes --- tout ça serait assez drôle (un auteur dramatique français y trouverait son compte) sans parler des vibrations de nulle part, mais Papa n'a pas voulu et Maman non plus --- courants d'air bleu blanc rouge dans les oubliettes où furent enfermés les héros & les orateurs des années 60. Confiseries Cosmiques dans le duvet du Swami-CIA, résidant maintenant à Kansas-City ou à Pékin, ébloui par le poulet frit, les hamburgers, et les drive-ins --- dix siècles de défonce pour ce TRIP --- une belle déchirure pour que le calme fasse le vide.
Les fleurs toutes voiles dehors ont inventé toutes ces couleurs. Nous ne pouvons pas ignorer toutes les bonnes vibrations, ni la répression, nous ne pouvons pas ignorer le blabla des autres, ni leur baratin clignotant à propos des drogues, des hippies, de ceci, de cela. L'ombre stéréo inonde le monde à la criée et nos fantaisies deviennent les fantaisies de l'Univers, pas celles du Pentagone, du Kremlin, de l'Europe Livide ou de Pékin --- nos fantaisies tantriques gonflées de fleurs film avec les bons et les méchants, avec les nains et les vilains, avec les vivants les nus et les lumineuses --- péninsules-arc-en-ciel aux mille visages radieux. Mais nous sommes dans le morts, avec les grands transparents et les robots, avec les glauques et les singes travailleurs --- nous sommes dans le film depuis le début et il n'y a pas de fin, Yoyo Cosmique dans l'Univers FUCK YOU rugissant de néons de jukeboxes et des sirènes de police.
Film-ricochet, flashes, silences, derniers soubresauts, et le monde-brouillard réduit en un petit tas de saletés calcinées, étalé sur un drap blanc --- LE SOURIRE DU TOURNESOL MÈNE LA DANSE, LA DÉMOCRATIE ÉLECTRONIQUE CRÉPITE DERRIÈRE VOS YEUX.
WHAT THE FUCK AM I DOIN' WITH THE FROZEN JUG BAND ?
Derrière les nuages, au galop les masques et les poubelles suivent les étoiles dansantes, et le génie de la Terre bat dans le Coeur-Cerveau-Vivant --- le Docteur Leary & des milliers de souffrants harnachés de chaînes & de dossiers ne sont plus dans les couleurs de l'arc-en-ciel.
Hier c'était déjà Tim Leary, John Sinclair, John Giorno, Ken Kesey, Pierre Clémenti, George Andrews, Jimi Hendrix, Owsley, Neal Cassady, Carl Solomon, Bob Kaufman, Lenny Bruce, Jim Morrisson, Carol Berger, Julian Beck, et tant d'autres, hier c'était --- il faut partout marmonner le chant du Peyotl, chantez, rappelez-vous de ce mantra Fox Indien Américain pour conjurer les démons, les robots, et les hallucinations criminelles de toutes les Polices du Cerveau ---
PE YO TA HA NO GA NE KWA KE CI MA NI TO WE HI YA NA NE HI KE KI KE TE TI NE NO HE NE NE HI CI HAI YA NE TE NO HE HI KE KI KE TE NO NE HI KE TI TE KI NE NO NE NE HI CI HAI YA NE NE TE NO NE KI KE TE NO

Dear Doctor Leary God Bless our Conspiracy, Nixon & his allied Robots are stuck in the knots of their bad Karma.
Muddles Green over Cut City, 28-31 January, 73.

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posted by Lucien Suel at 09:01

1 Comments:

Anonymous Dominique Hasselmann said...

Amazing ! :-)

08:58  

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