jeudi 4 juillet 2024

Rivière - réédition 2024

 En librairie le 4 juin 2024

Réédition en poche

aux éditions de La Contre Allée, collection La Sente :

                                                        "Rivière", roman

Format 11,5 cm x 17,5 cm, 168 pages, 9,50 €

Chronique récente : 
par Evlyne-Leraut sur le blog "L'élégance des livres"
« Rivière », vibrant et émouvant, dans cette ampleur littéraire essentialiste. Le grondement de la vie-même, un torrent qui dévale des vallées éphémérides.
L’horizon sans fin, les méandres frappent les pierres gorgées d’eau. Ce texte de Lucien Suel, puissamment fluvial, rassemble l’étymologie de ce mot : rivière [...]


Lire les chroniques de la première édition (2022)

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mardi 7 décembre 2021

Terrils tout partout, un livre de Fanny Chiarello

La lecture de ce livre m'a fait un bien fou pour plusieurs raisons. Autrefois, c’est-à-dire avant le covidisme, j'ai écrit un long texte sur ce sujet, "Les Terrils, ombre et clarté" et aussi un poème intitulé "Tout partout" à la glorification du Pas-de-Calais. Mais l’écriture de Fanny Chiarello et celle de Laïka Spoutnik, son alter ego dans l’ouvrage -je me souviens d'elle, j'avais 9 ans quand elle est morte dans le ciel- m'ont touché au cœur. Tout ce que contient ce livre est bon à lire et à méditer, tous les sujets abordés, débordés : les saletés et la beauté, les dérives dans la nature polluée, les rappels historiques et humanistes, présent et passé, ciel et terre, l'arrière-monde des terrils.

Voici une belle idée, l'arrière-monde, elle m'a fait penser à l'expression de Bernanos, poilu de 14, quand il nomme "Ceux du derrière", les politiciens qui envoient les jeunes au casse-pipe tandis qu'ils se goinfrent loin du front, loin de la boue et du sang, comme dans « La Chanson de Craonne » de mon grand-père... Les terrils ne sont pas des monuments funéraires à la gloire des mineurs. Ce « patrimoine de l’humanité » n’a jamais été entretenu comme le sont les cimetières militaires. Les mineurs morts au service de la « révolution » industrielle et de la modernisation de la société seraient bien étonnés d’entendre les nouveaux mots d’ordre : transition énergétique, révolution numérique, objets connectés, et par-dessus tout : dé-car-bo-na-tion !

Fanny Chiarello décrit l’effarement qui l’a saisie, écrivant son texte et le vivant au cœur du pandémonium mondialisé, de l’hystérie hygiéniste et de la corruption accélérée du langage à coups de gestes-barrières, de comorbidités, de distanciation sociale ou de cours en présentiel ou en visio…On pense au 1984 de Georges Orwell ou à L’Obsolescence de l’homme de Gunther Anders. 

« Terrils tout partout » culmine dans la description de ces phénomènes tandis que Laïka court haletante autour des monticules abandonnés, un décor décrit avec une sorte de tendresse rageuse. Sous nos yeux, défile un mélange de nature et d’ordure. C'est à la fois dense et danse car les mots se bousculent en rythme. Laïka danse sur les terrils et sur la fin de l'humanité asphyxiée, silicosée par les tromperies de la « com » ; c’est une mise à jour, une dissection conduite sur un tas de poussière grise avec ici et là des lianes vertes, des tendres bouleaux, des lièvres et des chevreuils. La vie rêvée des terrils continue. Les feuilles tombent sous la pluie. Le soleil réchauffe les graines que les merles ont laissées dans le compost et dans ce monde cyclique, dans le cœur régénéré de Laïka, on ne sait pour combien de temps, mais c'est le paradis qui a le dernier mot, le paradis tout partout.

 Lucien Suel,
La Tiremande, décembre 2021

« Terrils tout partout » par Fanny Chiarello,
collection La Vie rêvée des choses
aux éditions Cours toujours

Format : 13 x 18 cm
96 pages
avec un carnet de photos de l’autrice
14 €

 

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lundi 12 novembre 2018

Liste des morts célèbres (ou inconnus) et de leurs offrandes - RDO 62


Récupération des données ordinaires
dans
Six extraits du roman « Mort d'un jardinier »

puis un mouvement se dessine, tu reconnais Christophe Tarkos en compagnie d’un petit blond, ils s’avancent vers l’homme allongé, l’enfant sort de sa poche une grosse fleur en papier blanc et la dépose près du jardinier, puis les deux reprennent leur place autour du carré, viennent ensuite Francis et Francis qui placent sur un rondin trois petits tubes de gouache rouge jaune et bleue, Parrain Fleury et Fleury apportent un jeu de cartes, Mémère Rachel et Rachel une tirelire en bois verni, Jack London et James Oliver Curwood sont là aussi avec leur enfance, ils traversent le jardin avec leurs chiens et offrent une boule de neige fraîche et une peau de renard, le petit Vincent s’approche avec un morceau de fusain et dessine un cœur sur le manche d’outil couché dans les cailloux, une religieuse enveloppée dans une cape blanche et noire s’agenouille près de toi pendant quelques secondes, elle est suivie par un groupe inattendu, un trio de jeunes femmes séduisantes Gina Sophia et Claudia qui t’envoient des baisers en soufflant sur leurs doigts aux ongles peints, Mathilde et Mathilde t’ont cousu un pantin de chiffon et Gaston et Gaston n’ont pas oublié les petits souliers, il y a aussi le couple Mezz et Mezzrow avec un album vinyle noir, d’autres ont eu la même idée, les chanteuses Jeanne Lee Kathleen Ferrier Billie Holiday Colette Magny et les trompettistes Louis Armstrong Don Cherry Miles Davis Dizzy Gillespie, il y a maintenant neuf disques noirs autour du jardinier allongé, si tu ne les écoutes pas tu pourras toujours les suspendre dans les branches des arbres fruitiers pour effrayer les pigeons ; la procession des offrandes continue, les donateurs sont toujours accompagnés de leurs doubles innocents, voici Neal Cassady avec un stick d’herbe, Joris-Karl Huysmans avec un chapelet de nacre, Samuel Beckett avec une branche de bruyère, Léon Bloy avec une bouteille de vin et Charles Bukowski avec un pack de bière, Georges Bernanos avec un carnet à spirale, Jack Kerouac avec un bouquet de cœurs de Marie, Isidore Ducasse avec un flacon de marie-rose, William Burroughs avec un couteau de chasse, Germain Nouveau avec une médaille de Benoît-Joseph Labre, Sun Ra avec un sachet de graines de tournesol, Évelyne avec une photo de ses enfants, Arthur Rimbaud avec un appareil-photo, Bang avec une maquette de bateau, Paul Verlaine avec une image pieuse, Christophe avec une auto miniature, Claude Pélieu avec un exemplaire dédicacé de Bulletin From Nothing, Albert Ayler avec un disque de John Coltrane, John Coltrane avec un disque d’Albert Ayler, Paul Delvaux avec une locomotive modèle réduit, Philip K. Dick avec un petit buvard et un sachet de pommes, Johnny Cash avec une Bible, Joseph Delteil avec un cep de vigne à repiquer, James Joyce avec un verre de Guinness, Flannery O’Connor avec un petit manuel consacré à l’élevage de la basse-cour, Robert Mitchum avec une paire de gants de boxe et un bâton de dynamite ; tu remarques aussi beaucoup d’anonymes, tu es heureux qu’ils soient venus visiter ton jardin accompagnés par leur enfance,

Dernière liste dans "Mort d'un jardinier"
Ainsi s'achève la série "Récupération des Données Ordinaires" au Silo. Merci pour vos lectures et commentaires.

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mardi 6 novembre 2018

Mort d'un jardinier 2008-2018

Ce roman publié aux éditions de La Table Ronde est sorti en librairie le 6 novembre 2008. Je l'ai écrit en septembre 2006 lors d'une résidence à la Villa Yourcenar, au Mont Noir sur la frontière belge. Le manuscrit a été envoyé en décembre 2006 aux éditions POL. Monsieur Otchakovsky-Laurens l'a apprécié, mais il souhaitait le relire avant de prendre sa décision. Pendant toute l'année 2007, je suis resté dans l'expectative et finalement, j'ai reçu en décembre 2007, une lettre de refus. J'ai envoyé mon manuscrit par la poste aux éditions de La Table Ronde en janvier 2008. Et le vendredi 13 juin 2008, Françoise de Maulde, directrice littéraire à La Table Ronde, m'appelait pour m'annoncer la bonne nouvelle...
Le livre a, de suite, reçu d'excellentes critiques et a été un succès de librairie.
Les deux éditions confondues, il s'est, en dix ans, vendu à 10 000 exemplaires.



Traduit en nynorsk par Grete Kleppen, il a été publié en Norvége par Solum
Voici l'article de Robert Solé paru dans Le Monde des Livres le 27 novembre 2008 :
"Mort d'un jardinier", de Lucien Suel : le vertige du jardinier
LE MONDE DES LIVRES | 27.11.08 | 11h53

'est un premier roman, qui avait été posté par son auteur, à tout hasard... Un roman ? Plutôt un poème de 170 pages, dans lequel un jardinier s'adresse à lui-même. "Tu t'échines tu t'esquintes tu frappes et coupes et creuses et arraches et scies et brûles et déchiquettes pendant des jours et des jours, t'écroulant sur le dos dans la terre mise au jour, la sueur ruisselle traçant des lignes noires dans la poussière qui recouvre ta poitrine, ton coeur cogne ton coeur cogne..."

L'auteur, Lucien Suel, 60 ans, vit tout près de son lieu de naissance, à Guarbecque, un village du Pas-de-Calais, où il a construit sa maison de ses propres mains. Bricoleur, jardinier, mais aussi pratiquant de l'art postal, il se déclare "poète ordinaire". C'est une façon de parler. Rien n'est moins ordinaire que ses poèmes, qu'il "chante, hurle ou murmure" en compagnie de trois musiciens. Très influencé par Jack Kerouac et d'autres auteurs de la Beat Generation, comme William Burroughs, il a expérimenté toutes sortes de formes poétiques, composant entre autres un hommage à l'abbé Lemire, fondateur des jardins ouvriers, en quarante-deux épisodes de vers justifiés (même nombre de signes par ligne).
Le jardinier interrompt brièvement son travail : "Tu te redresses pour écouter le colloque chicanier d'une bande de corbeaux dans la petite forêt, un geai intervient dans la conversation, la violente secousse d'un bang mur du son fait taire tout le monde et te rappelle que tu vis dans un monde imparfait, tu t'agenouilles dans la terre pour désherber, la main droite est ton outil de sarclage préféré, tu favorises tes protégés, tu extirpes la concurrence déloyale..."
Pas de points. Simplement des virgules et, de temps en temps, des points virgules. Le texte coule comme un torrent, avec une incroyable précision. Mais, soudain, notre jardinier est saisi d'un vertige, il plie les genoux et tombe sur le dos au milieu des bûches fendues. Il sent qu'il va mourir. Dès lors, toute sa vie et tous ses rêves vont défiler : des souvenirs d'enfance, des souvenirs de voyage, des souvenirs de musiques. Il revoit sa femme à la maternité, la naissance de sa fille : "Tu tournes en rond dans la salle d'attente, ton amour est dans la salle d'opération, le jour va se lever et tu n'as plus de cigarettes, son visage est noyé dans le grand oreiller blanc..." Il revit chacun des petits gestes de la vie quotidienne : "Le couvercle de la lessiveuse galvanisée se soulève rythmiquement comme si le linge respirait à pleins poumons dans l'eau savonneuse..."
Le lecteur est emporté dans ce tourbillon. Il a les mains pleines de terre ou de cambouis, entend le ronronnement de la cafetière et le piaillement des oiseaux, il traverse la Turquie en 2 CV, regarde les frites frissonner dans l'huile, une mouche se noyer dans une flaque de bière, il respire le parfum des fleurs ou du fumier... Lucien Suel parle admirablement des choses de la vie - de sa propre vie. C'est un autoportrait, par petites touches. Tout est vrai dans ce texte, hormis bien sûr la mort du "héros".
Maniant la pelle et la plume, Lucien Suel a toujours refusé de hiérarchiser ses différentes activités. Ecrire n'est pas mieux que jardiner. Mais, chez lui, tout se rejoint : "Tu aimes cette idée de Wittgenstein, que la solution au problème de la vie est de vivre de façon à supprimer le problème, tu crois avoir trouvé la bonne méthode en cultivant ton jardin, en mêlant le vulgaire et le sacré." Il grave dans la glaise, rédige les versets de la terre : "Tu préfères maintenant écrire des poèmes sur tes légumes, tu aimes manger les mots, les faire rouler dans ta bouche comme une fraise une cerise ou un noyau d'abricot, tu aimes aussi les découper, les charcuter et les coller ensemble."
Mais le jardinier va mourir. Des milliers de visages se pressent autour de lui, des mains le touchent, des nez le hument, il est submergé de souvenirs et de sensations. Est-ce la trompette de Louis Armstrong qui résonne, claire et haute, sous les ormes du jardin ? Ou celle de Miles Davis qui gémit, plus loin, derrière les lilas ? Le jardinier se fond dans la terre, et elle se fond en lui. "Tu es comme un bébé, abandonné au milieu des légumes entre les choux et les poireaux, tu te demandes qui t'a déposé là, tu espères encore que quelqu'un, ton amour, arrivera, te soulèvera la tête, te prendra dans ses bras..." C'est le bout du poème, l'ultime récolte, la dernière station.

MORT D'UN JARDINIER de Lucien Suel. La Table ronde, 170 p., 17 €.

Robert Solé
Article paru dans l'édition du 28.11.08


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lundi 5 novembre 2018

Liste de courts extraits de mes livres préférés - RDO - 61


Récupération des données ordinaires
dans
Six extraits du roman « Mort d'un jardinier »

ça a débuté comme ça, quelque part sur le chemin tu savais qu’il y aurait des filles des visions, tout quoi, quelque part sur le chemin on te tendrait la perle rare, peut-être que le K-Priss tout comme le D-Liss est une drogue prohibée, dans la brume électrique avec les morts confédérés, le magasin de vins et spiritueux était situé à l’extrémité d’un long ruban de néons, tu as vu pendant toute ta vie sans en excepter un seul les hommes aux épaules étroites faire des actes stupides et nombreux, et déjà tu t’imaginais la nuit, enveloppant ta fille dans un manteau et partant avec elle pour de nouvelles aventures, dussent blanchir tes os jusques en ton cœur, le vent pénètre ton corps, ta colère n’est que l’effervescence de ta pitié, tu n’es pas né dans la chambre de ta mère tu es né sur la table de la cuisine, qu’est-ce que cela fait ? tout est grâce, tu crois que tu es mort presque aussitôt, à travers la barrière entre les vrilles des plantes, tu pouvais les voir frapper, étant enfant quand as-tu entendu parler pour la première fois de la pêche à la truite en Amérique ? tes yeux immenses, ton regard doux et patient où brûle ce feu qui te consume, tout cela est si lent si lourd si triste bientôt tu seras vieux, c’était pendant la première semaine de novembre la semaine où se célèbre l’octave des morts, avec tes yeux de Ma Rainey mourant dans une ambulance, tu avais conscience de l’obscurité et du silence qui régnaient dans le corridor, continue tes promenades et nourris en toi l’amour de la nature c’est la meilleure manière d’apprendre tout ce qu’il faut savoir de l’essence de l’art, quand tu écrivis les pages suivantes tu vivais seul dans les bois en une maison que tu avais bâtie toi-même au bord de l’étang,

PS : "Mort d'un jardinier" publié aux éditions de La Table Ronde, est sorti en librairie, il y a dix ans, le 6 novembre 2008.
Considérons le texte-collage ci-dessus comme un jeu. A vous, lectrices et lecteurs du Silo, d'ajouter dans les commentaires, les titres des livres cités ici.

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lundi 29 octobre 2018

Liste de mots de quatre lettres en anglais et de mes couteaux de poche - RDO 60


Récupération des données ordinaires
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Six extraits du roman « Mort d'un jardinier »

tu lis sur tes phalanges repliées des mots de quatre lettres love hate eden hell fuck shit dick cunt holy beat word name, tu détailles ta collection de couteaux le Victorinox suisse le Laguiole 440 l’Opinel Main couronnée le petit CRKT Columbia River Knives & Tools que tu as gagné dans un concours de dessins

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lundi 22 octobre 2018

Liste de mes chansons de jeunesse - RDO 59


Récupération des données ordinaires
dans
Six extraits du roman « Mort d'un jardinier »

tu fredonnes des centaines de chansons, hé garçon prends la barre vire au vent et largue les ris, voici le jour qui fuit de nos montagnes et l’on entend et l’on entend ce refrain doux et léger, s’il chante qu’il chante ce n’est pas pour moi mais c’est pour ma mie qui est loin de moi, aux marches du palais y a une tant belle fille elle a tant d’amoureux qu’elle ne sait lequel prendre, enfant du voyage ton lit c’est la mer ton toit des nuages été comme hiver, ô Daniéla l’amour n’est qu’un jeu pour toi, retiens la nuit pour nous deux jusqu’à la fin du monde, j’écoute en soupirant la pluie qui ruisselle frappant doucement sur les carreaux, j’entends siffler le train que c’est triste un train qui siffle dans le soir, pour une amourette qui passait par là j’ai perdu la tête et puis me voilà, tu chantes aussi dans une autre langue It is the end of the day I sit and watch the children play, play a song for me I’m not sleeping, were you there when they crucified my Lord, he doesn’t smoke the same cigarettes as me, dirty streets walked and worn by shoeless feet, as the waiter brought a tray and so it was, never reaching the end, sitting at the dock of the bay watching the tide,

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lundi 15 octobre 2018

Liste de mes voitures - RDO 58


Récupération des données ordinaires
dans
Six extraits du roman « Mort d'un jardinier »

Liste de mes voitures entre 1967 et 2014

tu conduis une Aronde bleue une 403 blanche une 2CV grise une 4L bleue une 4L beige une Solara rouge une Simca 1100 blanche une Dyane verte un J5 marron un Lite-ace métallisé une Saxo verte une Mercedes 250 grise,
ajout : une Dacia Sandero Stepway bleue

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lundi 8 octobre 2018

Liste des marques de cigarettes - RDO 57


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Six extraits du roman « Mort d'un jardinier »

Liste des marques de cigarettes que j'ai fumées

"les volutes de fumée baignent ton corps, Indien Hopi d’Occident, nuage piquant des feux de broussaille et de fanes humides, encens tourbillonnant autour des cercueils ou s’élevant en même temps que l’ostensoir doré, molécules de goudron, toutes les cigarettes consumées, P4 Parisiennes bleues Highlife Weekend Gauloises Gitanes Disque-bleu Lucky-Strike Senior-Service Saint-Michel Yaset turques ovales à bout doré Camel Players-cork-tipped Marigny Kool Boyard Dunhill Celtiques Winston Stuyvesant, montagnes de mégots écrasés dans les cendriers, noyés dans les fonds de canette ou de pinard, balancés par les fenêtres ouvertes, emportés dans les urinoirs par les flots de pisse des pensionnaires ou des appelés, mélange de crésyl d’ammoniaque de désinfectant "

NB : J'ai fumé ma dernière cigarette en décembre 1988


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lundi 1 octobre 2018

Liste des arbres - RDO 56


Récupération des données ordinaires
dans
un extrait du roman « La Patience de Mauricette »

Liste des arbres du parc de l'Établissement Public de Santé Mentale d'Armentières établie par Mauricette Beaussart

Je le prouve et j’écris le poème des arbres du parc avec mes souvenirs et le livre « Quel est cet arbre ? ». Grâce à la dame de la bibliothèque.

Généalogie des arbres et des arbustes - 

le cèdre bleu généra le palmier phénix - 
le palmier phénix généra le catalpas des haricots verts - 
le catalpas généra le cerisier automnalis qui fleurit dans l'hiver boréal - 
le cerisier généra le fusain - 
le fusain généra l'if taxol qui soigne le cancer - 
le liquidambar généra le viburnum thymus qui sent bon - 
le viburnum généra la symphorine - 
la symphorine généra le cornouiller - 
le cornouiller généra le métaséquoia pour les mâts de bateau - 
le métaséquoia généra le tulipier d'Amérique - 
le tulipier généra le noisetier d'Abyssinie - 
le noisetier généra le mûrier du ver à soie - 
le mûrier généra le cognassier - 
le cognassier généra l'arbre aux mouchoirs - 
l'arbre aux mouchoirs généra le paulownia à fleurs bleues - 
le paulownia généra le cèdre bleu - 

Fin et commencement de la généalogie des arbres et des arbustes par Mauricette Beaussart, Retraitée de la Végétation Nationale -


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jeudi 6 avril 2017

Nathanael West - Un bon million (extrait)

Nathanael West
Un bon million ! Ou le démembrement de Lemuel Pitkin (1934)
n° 415 La petite vermillon, éditions de La Table Ronde.

Extraits du chapitre XXVI (Harangue du chef indien)

[…] les guerriers de la tribu s'assemblèrent autour du wigwam de leur chef pour organiser un plan d'action. De la forêt monta le roulement d'un tam-tam.
Le chef s'appelait Israël Satinpenny. Il était allé à Harvard et il vouait aux hommes blancs une haine qui s'envenimait au fil des ans. Depuis de nombreuses années maintenant, il essayait de soulever les tribus indiennes pour chasser les Visages pâles vers les pays d'où ils venaient, mais jusqu'à présent, il avait eu peu de succès. Son peuple s'était amadoué et avait perdu son âme guerrière. [...]
Quand tous les guerriers furent réunis autour de sa tente, il apparut en grande tenue et se lança dans une harangue.
— Hommes rouges ! tonna-t-il, le temps est venu de protester au nom des peuples indiens contre l'abomination des abominations, le Visage pâle.
Dans le souvenir de nos pères, ce pays était beau, il faisait bon y vivre ; l'homme pouvait entendre battre son cœur sans se demander si c'était un réveil qu'il entendait ; l'homme pouvait s'y emplir le nez d'agréables parfums de fleurs sans découvrir qu'ils provenaient d'un flacon. Ai-je besoin de mentionner les sources qui n'avaient jamais connu la tyrannie des canalisations en fer ? Les cerfs qui n'avaient jamais mangé de foin ? Les canards sauvages qui n'avaient jamais été regroupés par le ministère de la Préservation de la nature ?
En échange de tout cela, nous avons accepté la civilisation de l'homme blanc, la syphilis et la radio, la tuberculose et le cinéma. Nous avons accepté sa civilisation parce qu'il y croyait lui-même. Mais maintenant qu'il commence à douter d'elle, pourquoi continuerions-nous à l'accepter ? Le don ultime qu'il nous fait est le doute, le doute qui corrompt l'esprit. Il a gâché ce pays au nom du progrès et maintenant, c'est lui-même qu'il est en train de gâcher. La puanteur de sa peur empeste les narines du grand dieu Manitou.
Dans quelle mesure l'homme blanc est-il plus sage que le rouge ? Nous vivons ici depuis des temps immémoriaux et tout y était bon et frais. Le Visage pâle est arrivé et dans sa sagesse il a rempli le ciel de fumée, et les rivières de déchets. Que faisait-il, dans sa grande sagesse ? Je vais vous le dire. Il fabriquait d'astucieux briquets pour les cigarettes. Il fabriquait de magnifiques stylos à plume. Il fabriquait des sacs en papier, des boutons de porte, des cartables en similicuir. Il utilisa toute la force de l'eau, de l'air et de la terre pour faire tourner ses roues dans des roues dans des roues dans des roues. Elles tournaient, il n'y a pas de doute, et la terre fut recouverte de papier hygiénique, de boîtes peintes pour ranger les épingles, de porte-clés, de chaînes de montres et de cartables en similicuir.
Tant que le Visage pâle contrôla les choses qu'il manufacturait, nous, Peaux-Rouges, ne pouvions que nous en émerveiller et louer son habileté à cacher sa vomissure. Mais maintenant, tous les endroits secrets de la terre sont pleins. Même une lame de rasoir ne logerait plus dans le Grand Canyon. Maintenant, ô guerriers, le barrage a cédé et il nage jusqu'au cou dans ses articles manufacturés.
Il a bousillé le continent pour de bon. Mais essaie-t-il de le dé-bousiller ? Non, tous ses efforts tendent à continuer à tout foutre en l'air. Tout ce qui le préoccupe, c'est de savoir comment il peut fabriquer toujours plus de ses petites boîtes à épingles peintes, ses chaînes de montres et ses cartables en similicuir.
Comprenez-moi bien, Indiens. Je ne suis pas un philosophe rousseauiste. Je sais que vous ne pouvez pas faire revenir l'horloge en arrière. Mais il y a une chose que vous pouvez faire. Vous pouvez arrêter cette horloge. Vous pouvez détruire cette horloge.
Le moment est venu. Émeutes et blasphèmes, pauvreté et violence sont partout. Le désordre règne sur le pays dominé par les dieux Mapeeo et Suraniou.
Le jour de la vengeance est arrivé. L'étoile du Visage pâle est en train de décliner et il le sait. Spengler l'a annoncé, Valéry l'a annoncé ; des milliers de sages blancs le proclament.
Ô frères, c'est l'heure de l'attaquer à la gorge et au point faible de son armure. Maintenant qu'il est malade et défaillant, maintenant qu'il est en train de mourir d'une indigestion de camelote.
De féroces appels à la vengeance jaillirent des gorges des guerriers. Hurlant leur nouveau cri de guerre, « Détruisez cette horloge ! », ils se maquillèrent de couleurs vives et enfourchèrent leurs poneys. Chaque brave avait à la main un tomahawk et, entre les dents, un couteau à scalper.
Avant de sauter sur son propre mustang, le Chef Satinpenny dépêcha l'un de ses lieutenants au bureau de télégraphe le plus proche. Il devait envoyer des messages codés à toutes les tri­bus indiennes des États-Unis, du Canada et du Mexique, leur donnant l'ordre de se soulever et de tuer.
Avec à leur tête Satinpenny, les guerriers partirent au galop à travers la forêt […]
Nathanael West

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vendredi 17 mars 2017

Angèle ou Le Syndrome de la wassingue

Vient de paraître

aux Editions Cours toujours

Premier volume publié dans la collection "La vie rêvée des choses" aux éditions Cours toujours, Angèle ou Le Syndrome de la wassingue est une chronique sensible et mystérieuse, bâtie autour d'Angèle, fillette de huit ans, un peu étrange, vivant dans un monde d'avant... Elle s’imprègne de son quotidien, s’imbibe du bien et du mal et se noie dans ses rêves, sans parvenir à extraire,  exprimer, essorer…
Roman sur l’enfance et l’innocence, ode à la vie et à la nature, Angèle ou Le Syndrome de la wassingue est aussi un récit d’apprentissage dont le chant monte crescendo, du murmure à l’envol lyrique, pour accompagner son merveilleux personnage sur un chemin onirique et libératoire.

80 pages, plus un carnet de curiosités de la wassingue avec des illustrations en couleurs, couverture à rabats. 14 €

Les premières phrases du livre  : 
L’eau du ciel dégringole sur les épaules de la gamine. Il pleut depuis qu’elle a franchi le portillon de la cour de l’école des filles. La main qui tient la poignée de son cartable est glacée. Le foulard sous lequel elle protège et dissimule ses tresses rousses est gorgé d’eau. Angèle sent un filet froid qui, goutte à goutte, serpente le long de sa colonne vertébrale. Elle marche sur le bas-côté en évitant les flaques, en préservant le cuir de ses bottines. Deux kilomètres à pied, quatre fois par jour. Pas facile d’habiter à l’écart du village.

On en parle : 
Coup de cœur d'Elisabeth Chombart au Marais du Livre Lucien Suel se met dans la peau d’une fillette de 8 ans et l’incarne d’une manière saisissante !
Sophie Les Bas Bleus sur Babelio C'est toute l'enfance qui nous revient en vagues sensorielles et craintives.
Gwenaëlle Abolivier sur son blog Il y a de l’apesanteur, mais également de la gravité teintée de nostalgie, dans l’écriture limpide et poétique de ce court récit qui puise ses racines dans la réalité à la fois cruelle et tendre de l’enfance. 

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jeudi 28 mars 2013

Un roman de Guillaume Vissac : Coup de tête



Un premier roman qui aurait pu s’appeler « Fuir est une pulsion », comme le site web de l’auteur. Histoire d’un corps adolescent. Corps mutilé parmi les autres corps de la ville. Un héros narrateur sans autre nom qu’un je, une voix qui parle d’un membre manquant, main droite cramée, explosée, raclée, perdue, main fantôme, cartilage encore palpitant, douleur de l’invisible. Un phénomène appelé « désafférentation ». 
Narrateur se raconte, raconte pour Ajay (son alter ego ?), raconte Jour J et suivants, quittant (fuyant) la maison, main gauche serrant son sac. Errance dans la ville, avec sa (propre) voix off, qui interrompt le fil de la description, voix cut up dans le crâne. « J’étais à deux doigts de tirer la languette Flanby, Ajay. À deux doigts d’ouvrir l’envers du monde, je te jure. » 
C’est une déambulation hyperréaliste sous le soleil Canicule, un déplacement entre les corps. Narrateur rencontre Nil (existe-t-il vraiment ?), Ercini-Fort (femme sensuelle) et son mec, Karl (militant), Arjeen Mangel (femme secourable), et le monstre sans nom de ses rêves d’enfant, X, l’homme aux cheveux bleus. Il ouvre les portes d’EDEN (squat artiste), tracte désabusé, suit les tags, interroge une Madame Irma électronique. « Nil dit qu’avant d’espérer pouvoir commencer à chercher, faut d’abord comprendre comment dire ce qu’on veut chercher. » 
Les J passent. À J+ ?, devenu SDF, il arpente la gare, malade, affamé, dégueu. Peut-être prend-il le train, peut-être arrive-t-il dans la montagne, à la poursuite de sa main perdue, à la poursuite de X ? Le roman se termine trois fois. À la troisième fin, la douleur est sans fin, mais Narrateur réintègre tous les corps, prend un aller simple sans grande destination, ETC… Comme sa main perdue, il souffre et sent, absent présent. « Quand on sait pas où sont les trucs qu’on a perdus, on se dit que partout peut se trouver la réponse. »
Lucien Suel

Guillaume Vissac, Coup de tête, éditions Publie.net, collection Temps Réel, roman, livre numérique, 240 pp., 4,99 €.
 NB : Très prochainement, ce roman sera disponible dans la collection Publie.Papier.

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