Charles Bukowski - Quel homme j'étais
quel homme j'étais
J'ai descendu son oreille gauche
puis celle de droite,
et puis j'ai arraché la boucle de sa ceinture
avec du plomb incandescent,
et puis
j'ai descendu tout ce qui compte
et quand il se pencha
pour relever son caleçon
et ses billes
(pauvre créature)
j'ai fait de sorte qu'il n'ait
plus jamais à se redresser.
Ho. Hum.
J'ai piqué un p'tit somme rapide
et ce type semblait
me regarder de travers,
et c'est comme ça qu'il est mort --
de travers,
me regardant
et agrippant
ses billes.
Tout ce sang me donna
faim.
J'me suis tapé un sandwich au jambon.
J'ai écouté quelques chansons sentimentales…
J'ai descendu toutes les lumières
et je me suis baladé dehors.
Il semblait y avoir personne
alors j'ai abattu mon cheval
(pauvre créature)-
Puis j'ai vu l'shériff
qui se tenait tout au bout de la rue
et il tremblait
comme s'il avait la danse de St.Guy ;
c'était un spectacle vraiment pitoyable
alors j'ai ralenti ses tremblements
de ma première balle
et miséricordieusement j'l'ai figé
de ma seconde.
Puis j'me suis couché sur le dos
et j'ai tiré les étoiles une à une
et puis
j'ai descendu la lune
et puis je me suis baladé
et j'ai tiré chaque lumière
dans la ville,
et bientôt il commença à faire noir,
vraiment noir,
comme je l'aime ;
J'peux simplement pas dormir
avec une lumière
sur mon visage.
Me suis couché et ai rêvé
que j'étais de nouveau gosse
jouant avec mon six-coups en bois
et gagnant toutes les parties de billes,
et quand je me suis réveillé
mes revolvers n'y étaient plus
et on m'avait attaché les mains et les pieds
comme si quelqu'un
avait peur de moi
et ils passaient un nœud
coulant autour de mon sale cou
comme s'ils avaient l'intention
de me pendre,
et un type
attacha un signe
vraiment joli
à ma chemise :
il y a une loi pour toi
et une loi pour moi
et une loi qui pend
du pied d'un arbre.
Charles Bukowski
traduction de Pierre Joris
Ce poème fut le deuxième poème de Charles Bukowski à paraître en France. C'était en 1973 dans le n° triple 4,5,6 de STARSCREWER édité par Bernard Froidefond.
Ci-dessous la page originale.
Libellés : Bernard Froidefond, Bukowski, Pierre Joris, Starscrewer, Traduction
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