Charles Bukowski - Liberté
liberté
il but du vin toute la nuit la nuit du
28 et ne cessa de penser à elle:
sa façon de parler de marcher d'aimer
sa façon de lui raconter des choses qui semblaient vraies
mais ne l’étaient pas, et il connaissait la couleur de chacune
de ses robes
et ses chaussures -- il connaissait la taille et la courbe
de chaque talon
aussi bien que la jambe qu'ils moulaient.
et elle était de nouveau sortie quand il rentra, et
elle reviendrait de nouveau avec sur elle cette mauvaise odeur spéciale,
et c'est ce qu'elle fit
elle rentra à 2 heures du matin
crasseuse comme un cochon
et
il sortit le couteau de boucher
et elle cria
le dos contre le mur de la chambre meublée
encore jolie, d'une certaine façon
malgré la puanteur de l'amour
et il finit le verre de vin.
cette robe jaune
sa préférée
et elle cria de nouveau
et il leva le couteau
et il défit sa ceinture
et arracha ses vêtements devant elle
et coupa ses couilles
et les porta dans ses mains
comme des abricots
et les jeta dans les chiottes
et tira la chaîne
elle continua de crier
tandis que la chambre devint rouge
DiEu 0 diEu
QU’EST-Ce-QuE-TU-As_FaIT ?
et il resta là serrant trois serviettes
entre ses jambes
s'en foutant maintenant qu'elle parte ou
reste
porte du rouge ou du vert ou
n'importe quoi.
et une main serrant et une main
levant il versa un autre
verre
de
vin
Charles Bukowski
traduction de Pierre Joris
Ce poème fut le tout premier texte de Charles Bukowski à paraître en France. C'était en 1973 dans le n° triple 4,5,6 de STARSCREWER édité par Bernard Froidefond.
Ci-dessous la page originale.
Libellés : Bukowski, Starscrewer, Traduction
2 Comments:
Merci de cet accroc dans le papier peint géométrique qui tapisse les murs de notre geole.
En 1973, on était très loin de penser qu'une cinquantaine d'années plus tard, le pays ressemblerait à une geôle à ciel ouvert
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