Ivar Ch'Vavar : Hypnos mal au centre (fin)
L’image
dans
le téléviseur est une poignée bleutée d’os
et de carti
lages
qui bougent lentement, pris dans une sorte de brou
et
/ Un nuage de mites est venu pendre sur notre village ;
la
rouille gagne les planètes et un vieux belphégor va
de
porte en porte pour mendier. Loin sur la gauche, un
gros
aboiement, comme un paquet posé à terre, paquet
lourd
de glaire ou de viande en gelée : c’est l’impression
qu’il
donne et il se mettrait à sauter tout seul, retombant lourdement,
sautant encore, retombant. Oui, les lampes
crépitent
au-dessus des portes, mais qu’on se rapproche,
c’est
plutôt un marmonnement. Les cultivatrices s’agi
tent
dans la lumière en cube des maisons. On les croirait
montées
sur des roulettes, car on ne voit pas leurs pieds.
Leurs
gros derrières passent et repassent avec autorité.
Leurs
mains remuent la monnaie dans les tiroirs ; elles trempent leurs
doigts dans la menouille, les picaillons et
elles
les enfoncent jusqu’au fond ; elles secouent le tiroir
tout
cliquaillant puis le repoussent d’un brusque geste et
elles
croisent les bras, se coinçant fermement les pouces
sous
les aisselles. La nuit ne songe qu’à noircir, les bruits
se
rangent sagement ; les lumières, une à une, les écrans
des
téléviseurs sont soufflés. Gare, demoiselles vous qui ne
seriez
pas encore rentrées du lait ou des cabinets. Les gros
hiboux
ont pris leur vol, déjà ils roulent les épaules, ils sont
à
peaufiner leur ricanée. — À l’angle des granges, ou bien
au
coin d’une haie, ils se jettent devant vous tout à coup ils
écartent
les ailes dans un froufrou. Ils ne vous feraient pas
de
mal, non, rien à craindre de tel. Mais vous ne pourriez
plus
chasser de votre esprit l’image de leurs parties géni
tales
si étonnamment semblables à celles des garçons.
à suivre...
Pages écrites courant 2003.
Revues en mai 2016 et en avril 2019
Libellés : Ivar Ch'Vavar, Poésie
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