Ivar Ch'Vavar : Hypnos mal au centre (5)
À
la « ducasse », des torches passent dans la nuit :
la
barbapapa.
Il y a des lampions dans les marronniers.
Les
visages suent, totalement inconnus. J’ignorais qu’il
il
y eût tant d’inconnus dans mon village, en fait je
ne
reconnais personne. Un grand miroir à cadre doré
est
là, posé contre un tronc. J’arrive juste devant, et c’est
pour
y voir, alors, un garçon à la lèvre tordue, retroussée,
avec
un œil fermé ou recouvert d’une taie. Les cheveux,
noirs
je crois, avalés par la nuit. Si jamais c’est moi, non,
je
ne me reconnais pas. — Je regarde les gens : ils se
« démoulinent »
et les clapets buccaux ont l’air de fonc
tionner
rudement bien. Pourtant, je n’entends rien —
qu’une
sorte de grésillement — qui a des sautes, des fois
ça
crépite, ça claque quasi. Une libellule de grande taille
frôle
ma pommette, deux ou trois manèges continuent de tourner. — Loin
par là, il y a comme un grand flamboie
ment
sur les haies, et une rumeur. Ça n’est pas tout près,
ça
touche un autre canton. Les romanos montent et des
cendent
sans cesse le petit escalier de leurs roulottes, ils
courent
partout, ils paraissent préoccupés. Les villageois,
eux,
bien aise, font de lents allers et retours, à trois ou
quatre
de front, parfois bras dessus bras dessous devant
les
baraques, sous les lourdes guirlandes de lampions.
à suivre...
Pages écrites courant 2003.
Revues en mai 2016 et en avril 2019
Libellés : Ivar Ch'Vavar, Poésie
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