mercredi 12 novembre 2014

Tours et détours (3/3)


Les lettres sont jetées. Le stylo ira
couler jaune comme un chien mort. Les
murs de ma tête sont fissurés. Algues
molles, colonnes de sable liquide sur
les ombres glacées. Le tatou ondulait
dans l'amertume. Le chevalier manchot
glissait de sa selle. Le halo mourant
de la lune s'effilochait dans le soir
tombant. L'épine infectait le majeur.

La rétine se desséchait. La fée liait
les gerbes de blé nain, suçait avide,
les épluchures d'une orange. Qu'ai-je
donc fait ? J'ai parlé violemment par
plaisir. La douleur efficace m'a noué
les nerfs, lacé les bras. Je n'ai pas
pu traverser la manche, ni la piscine
miraculeuse. Au lieu de ça, la fée me
bourrait de crêpes au sucre. Solution
angélique de la nuit à l'hôtel. Toute
l'eau de la poche ruisselait dans les
gouttières de zinc. Pigeons griffant,
poissons soufflant, je soupirais. Mes
paupières se fermaient dans le miroir
du couloir. La moquette rasait le mur
du silence. De fait, j'étais terrifié
dans mes chaussons. Un somnambule qui
voyait tout et n'entendait rien. Voie
sans issue. Artères bouchées. Le sang
cogne. Finalement, j'ai réussi. Faire
passer le tout avec des bouteilles de
vin, des canettes de bière. Un simple
jeu d'enfants. Sauter, sourire, nier.

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posted by Lucien Suel at 07:01 0 comments

mercredi 5 novembre 2014

Tours et détours (2/3)

La morosité fond aussi. Le paradis de
l'osmose tend son voile. L'erreur est
humaine. L'horreur, de même. La tenue
est colorée, l'habit est jaune, bleu,
vert, violet, indigo, la veste rouge,
orange, mais la cendre couvre la tête
des orphelines. Mignonne, allons-voir
si la rose ne s'est pas flétrie. Soin
du visage, pansement, yeux, paupières
noires. Je ne vois rien de rien. Tout
est bien. Je me sens bien de bien. Je
peins le ciel. C'est féerique. Avide,
le chien rogne l'os odorant. Le zeste
de citron bâille au fond du sachet de
la poubelle. Les crayons s'évaporent.

Le bois m'épuise, couleur de reptile.

Ne pas bramer en ma présence, le cerf
le comprend. L'oeil violet encore, et
l'orteil atrophié, l'archiviste boude
au milieu de ses cartons. Ostéoporose
qui menace, les hanches gonflent. Ils
(les savants) enfilent les jambes des
pantalons par la tête. La vie mélange
les douleurs. Le feu étincelle. Néon,
napalm. Tout roussit et Osiris aussi.

La lune sombre dans le violet, drapée
dans un pagne synthétique. La joue du
noyé mastique l'orange. Icare se perd
dans les coussins, bat des ailes, bat
des pieds, piaille dans le soleil. Je
ne sais pas pourquoi il pleut. L'ours
des montagnes déchire les semelles de
ses baskets aux ronces du sentier. La
terre s'éboule. Le sable s'égrène. La
boue s'étale. Le goudron fond sous le
piéton. La rillette s'étale. La lutte
continue. Dans le milieu de bruyères,
le mâle s'incline, son chant sonne en
cascade métallique. Le sédatif glisse
le long des longues tresses de la fée
Viviane. Combien parmi les veilleurs,
se sont endormis dans les vignes ? Le
soufre s'infiltre dans les labours de
neige noire. L'Hadès de pérégrination
écrase les tempes. Le ministère de la
vérité sera exercé par des garçons de
cabine. Tout cloche. On va décrocher.

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posted by Lucien Suel at 08:20 2 comments

mercredi 29 octobre 2014

Tours et détours (1/3)


C'est un train à prendre. J'ai gaffé.
Sans doute. Cela ne me tourmente pas,
pas plus. Rien. Sur le pouls, le coup
de mon coeur battait la charade. Dans
les débuts, j'avais éliminé la raison
radicalement. Seule, une tarte maison
pouvait me donner un renforcement des
plus positifs. A force de faire clown
blanc, je transpire un peu. La farine
s'agglutine dans les pattes des oies.

On m'assied de force avec une semelle
de caoutchouc, comme si je pénétrais,
l'air emprunté, dans un nouveau monde
idyllique (sic). L'union syndicale du
monde piscicole rejoint la fédération
des mollusques. La démocratie avance.

Mes jambes se détachent. Ma gorge est
sèche. Le médecin est malade. Dieu va
mieux. J'ai parlé pour le plaisir. Je
n'étais pas payé pour être contrarié.

C'était avant. J'étais dans une tour.
Je filais parfois pour un autre tour,
tour de piste à l'université : poésie
très ordinaire & poèmes élémentaires.

Toujours les tours sont des trous sur
le miroir des eaux. Toujours s'oublie
tout. En quatre temps, les tétraèdres
s'ouvrent en grand pour déglutir père
Ubu, papa farfelu, celui qui se croit
au zoo. Il rue sur le char, tel l'âne
velu s'invitant à un délire illimité.

Les toussotements me font noircir. Un
os courbé se tend vers moi. L'usure a
jauni le lavabo. Le cerveau rapetisse
dans sa loge. Les oreilles se vident.

L'arc-en-ciel butine les odeurs, sans
fin. La forêt attend la tempête. Avec
moi, ou sans moi, les choses se font.

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posted by Lucien Suel at 07:14 0 comments