Venir au vent (XXV) par Laurent Margantin
VI
Au-delà des jardins et de leurs habitants volatiles,
j'aime suivre aussi des yeux
puis du corps tout entier
des oiseaux plus nomades
volant au-dessus de toutes les clôtures
et loin des villes
oiseaux des mers et des déserts
oiseaux longeant les fleuves vers leurs estuaires
rapaces des montagnes jouissant du vol libre
je vous suis
dans vos descentes et vos montées,
dans vos chutes
et vos tournoiements,
animaux solubles dans l'air
qui coulez avec les vents
tandis que plus bas,
beaucoup plus bas,
- car au plus haut on revit peut-être sa naissance –
dans le silence de l'hiver,
dans la terre gelée,
dorment les germes des sons oubliés,
perdus dans le froid qui dure,
un jour de février pourtant,
puis plusieurs jours au commencement de mars,
la lumière revient autrement,
l'aurore n'est plus tout à fait blanche
et marquée par l'absence des échos familiers,
le jour résonne à nouveau
les oiseaux sortent de terre
éclosent les sons toujours neufs
oubliés et qui reviennent naturellement
du plus profond de la terre
ailes fraîchement poussées
loin de la placidité taoïste du pélican
posé sur son rocher d'Acapulco
dans la lumière vive de midi,
parfaitement indifférent aux touristes
là, une fraîcheur, une poussée naturelle
vers ce ciel encore hivernal,
qui annonçaient dans le froid de Tübingen
les pistes des martinets tracés
dans le bleu clair de mai
Laurent
Margantin est un auteur et traducteur vivant à la Réunion.
Ces poèmes paraissent sous le titre Erres aux éditions Tarmac
https://www.tarmaceditions.com/erres
Libellés : Invité du Silo, Laurent Margantin, Poésie, Venir au vent
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