L'Opium
2
Avec des pieds de silence, elles couraient vers le placard à balais sans souci des lois de la pesanteur.
Il y eut quelques pertes dans les parages, à l’endroit où, les unes sur les autres, elles essayaient leurs philtres de flicardes maléfiques,
Éperdues dans les escaliers glauques derrière les barreaux de la centrale de Leavenworth,
Accroupies au sous-sol du poste, outres silencieuses face à de muets rats d’eau,
Pendues en effigie jour et nuit.
Il paraît que ce fut fait avec une échelle dont le haut s’aplanissait en grinçant.
Une foule sans nombre, une foule d’élites avec assez d’aiguilles dans le corps.
Les glaçons sauvages pleuraient des larmes vertes.
Je redescendis ennuyé, effectivement pendu dans le Connecticut, embrassant les degrés de verre brisé.
Des poulets étaient tombés dans l’escalier à mes pieds au bas des marches,
Leurs cils collés et leurs lèvres bavant.
La drogue s’entoure de magie et de tabou à l’horizon éloigné.
Avec mon corps terrestre de rites, j’étais capable de dénicher un bras sans le pouvoir réchauffer.
Dans cette rue-ci, la prochaine à droite aux marches de lentille m’aveugla.
Elles étaient encore là avec leurs masques de vieilles femmes, casques sur les oreilles.
« C’est pas tout ça », écrivis-je en un mail aux veines bleu de Sèvres.
« Qu’elles se reposent », comme disait le juge de paix dans la coupe aux flots d’huile fauve.
Il faut savoir être arbitraire aux vapeurs de soufre sur l’enfant.
Derechef, je me retrouvai au self service où mon paletot volé me faisait ressembler à un corps de limace.
Lucien Suel
(cut-up réalisé à partir d'extraits
du Festin mémorial de William Jarry
et de Minutes de sable nu d'Alfred Burroughs)
Libellés : Alfred Jarry, Cut-up, Lucien Suel, William Burroughs
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