L’Opium
1
Suçant de leurs lèvres brûlantes de fièvre la maquerelle de Peoria
Des barmen en fauteuil lavaient mes mains de cadavre béant.
Bart allait de l’un à l’autre.
Des augures volèrent au ciel blanc où les patients se laissaient couler en spirales sonores
Dans les battements d’ailes des engoulevents exsangues.
Et mon corps astral frappait du talon.
En mes nerfs un frémissement de guitariste ajoutait à l’envie de vomir rien qu’à les voir.
J’entrai dans une morgue immense.
Tous les vieux pareils à ma seule vue, tête repliée et les bras croisés.
Le beau thanatopracteur tendait le mollet droit.
On entendait gargouiller le liquide pendant qu’il mitonnait les poitrines.
Un travailleur du menton.
Tu connais les vieux : « Ils ont le ventre clapoteux et le peu de peau intacte qui leur reste sur les os se dissout. Tu t’attends à voir de grosses éponges là où ce sont des cervelles. »
Le contenu de la seringue retombait en pluie sur les morts glacés.
Comme du gras, pensai-je avec philosophie, l’eau des étangs se fige sur les dalles.
Je reprends le métro vers le centre.
On gazait des vitrines vers Sheridan Square.
Lucien Suel
(cut-up réalisé à partir d'extraits
du Festin mémorial de William Jarry
et de Minutes de sable nu d'Alfred Burroughs)
Libellés : Alfred Jarry, Cut-up, Lucien Suel, William Burroughs
3 Comments:
'Pata-Beat generation ! Reste à écrire Ubu sur la route.
Excellente idée. Au travail ! Et après "Ubu sur la route", on continue avec "Visions de Gidouille"
Merci de votre visite.
"Vie Générale" vaut aussi la visite.
De par ma chandelle verte, j'ai bien hâte de voir le résultat !
Votre visite m'honore, d'autant que c'est un blog encore bien jeune.
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