vendredi 12 mars 2021

CYCLE DU BASILIC (VII) par Laurent Margantin

VII

CHINOIS

 

Quittée l'Allemagne bruyante et guerrière, la rage au cœur,

méprisant les vérités de la foule, il note pour lui-même

cette sentence prophétique :

 

Encore un siècle de journalisme et les mots pueront

 

- et s'il se retourne encore trop souvent à son goût vers le pays

abandonné, à présent son esprit baigne dans la calme clarté de Gênes,

rêvant d'une pensée et d'une vie enracinées dans la beauté de la terre,

d'une sagesse orientale qui le débarrasserait du fardeau platoni­cien.

 

Il y a beaucoup d'aubes qui n'ont pas encore lui, peut-on lire dans le Rig-Veda.

 

Perdu dans la simple lumière des choses,

son écriture insouciante crée une harmonie :

 

Notre pensée doit embaumer comme un champ de blé

un soir d'été

 

Somnolent et content comme le soleil dans les ruelles

d'une petite ville un jour férié

 

Devenons ce que nous ne sommes pas encore,

de bons voisins des choses les plus proches

 

Qui peut peindre un arbre

sans devenir lui-même un arbre ?

 

Le dernier homme : une espèce de Chinois.

 

Nietzsche, Fragments posthumes

Laurent Margantin vit à la Réunion,
il écrit & traduit quotidiennement sur les blogs suivants :
www.laurentmargantin.com
www.oeuvresouvertes.net
et
www.journalkafka.com

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posted by Lucien Suel at 07:09