vendredi 5 mars 2021

CYCLE DU BASILIC (VI) par Laurent Margantin

 VI

BASILIC

 

En une nuit les crocus sont sortis de terre, quant au basilic, campé sur sa branche au milieu des plantes exubérantes du jardin botanique, son regard n'est pas de feu et il semble ne fixer personne, et personne ne lui tendrait de miroir pour qu'il périsse


il représenterait le pouvoir royal qui foudroie ceux

qui lui manquent d'égards ; la femme débauchée qui corrompt

ceux qui ne la reconnaissent pas ; les dangers mortels de l'existence


ses yeux sont perdus dans une espèce de demi-sommeil,

de bien-être inconnu des curieux qui l'observent


sa taille est d'un demi-pied, son corps porte des taches

blanches, et il a une crête semblable à celle d'un coq


comme ceux des fontaines de Bâle, dressés sur un œuf éclos,

les ailes ouvertes et crachant le venin


la syphilis en expansion

en Allemagne au XV siècle se laissait appeler Basilikengift,

le « poison du basilic »


son nom provenant de basilae qui signifie roi,

roi des serpents, maintenant monarque d'un monde étranger au monde,

vivant dans un silence et une distance surprenants, peau verte et bleue,

à l'écart de la foule et plus proche du végétal que de la vie

animale agitée, inquiète et souvent venimeuse,


quant aux jonquilles, de petites pointes jaunes sortent des herbes,

immobiles dans le vent froid, attendant le premier soleil de Pâques.


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posted by Lucien Suel at 07:16