CYCLE DU BASILIC (VI) par Laurent Margantin
VI
BASILIC
En une nuit les crocus sont sortis de terre, quant au basilic, campé sur sa branche au milieu des plantes exubérantes du jardin botanique, son regard n'est pas de feu et il semble ne fixer personne, et personne ne lui tendrait de miroir pour qu'il périsse
il représenterait le pouvoir royal qui foudroie ceux
qui lui manquent d'égards ; la femme débauchée qui corrompt
ceux qui ne la reconnaissent pas ; les dangers mortels de l'existence
ses yeux sont perdus dans une espèce de demi-sommeil,
de bien-être inconnu des curieux qui l'observent
sa taille est d'un demi-pied, son corps porte des taches
blanches, et il a une crête semblable à celle d'un coq
comme ceux des fontaines de Bâle, dressés sur un œuf éclos,
les ailes ouvertes et crachant le venin
la syphilis en expansion
en Allemagne au XV siècle se laissait appeler Basilikengift,
le « poison du basilic »
son nom provenant de basilae qui signifie roi,
roi des serpents, maintenant monarque d'un monde étranger au monde,
vivant dans un silence et une distance surprenants, peau verte et bleue,
à l'écart de la foule et plus proche du végétal que de la vie
animale agitée, inquiète et souvent venimeuse,
quant aux jonquilles, de petites pointes jaunes sortent des herbes,
immobiles dans le vent froid, attendant le premier soleil de Pâques.
Libellés : Cycle du Basilic, Invité du Silo, Laurent Margantin, Poésie
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