mardi 17 novembre 2020

"Chance Centaure", un poème d'Anne Ansquer

 

J’ai la chance

 

d’être dans ma maison,

dans mon jardin,

qui, même par temps gris et pluvieux

n’est pas triste,

j’ai la chance

c’est une prison dorée

mon taf est exciting

même si...

enfin j’me sens pas vieux

 

J’ai la chance de faire partie

des gens qui vont sans risque,

je mesure,

car j’ai la chance,

d’en faire partie

-j’en suis sûr-

des gens

qui font partie

 

Je suis privilégié

mes entrants mes entrées mes enfants

tous, viennent,

reviennent

nous avons des conversations

je suis léger,

confiniment

 

J’ai la chance d’avoir

j’ai la chance de le dire

j’ai la chance d’en écrire

des textos

 

Le matin en regardant ma face

je me trouve pas mal

dans la glace

pas trop carbonisé mais prêt,

 

J’ai la chance de dormir

avec quelqu’un qui dort

ça va

j’ai hâte de prendre ma retraite

je suis aspirant

à l’étranger partir, je sors du rang, nomade, ah, nul ne m’arrêtera

 

J’irai vivre je sais

où tout est

j’ai hâte et je suis au taquet

taquet taquetje cours, demain j’aurai le temps,

j’arrête, pas le temps, j’arrive

chez moi.                                                                               et toi ?

 

 

 

Tu as bien de la chance, alors

d’être sans risque

et de dormir avec la même,

depuis

Si quand on aime, et qu’on n’a pas blêmi...

Moi ? mon jardin est triste

sous une belle pluie

de mer- c’est le mien,

il y pousse des herbes vulgaires

des sons de rien, des oiseaux-chats et

des poissons souris,

des giroflées

aimées

si, si

 

Ce jardin-là est sis en moi,

près des amis et de la solitude,

les animaux, leur gratitude

 

                       la présence

                       m’est le sel

                          absolu

 

Du pain du vin

le ciel peut me tomber dessus,

je lis toujours

Tintin, 1954, on a marché sur la Lune

La nuit,

multicolore

 

Ta souffrance indolore

elle a bien de la chance,

 

-Si je chancelle... ?                           

Oui

Pour un Centaure

qui

ne marchait,

ne respirait,

ne connaissait

ne savait ne pensait ne sentait

 

ne vivait pas

dans un smart-faune.

 

Lettre « de la tèquenaud en temps de Covid. »

                                        Anne.Ansquer©

posted by Lucien Suel at 07:11