"Chance Centaure", un poème d'Anne Ansquer
J’ai la chance
d’être dans ma maison,
dans mon jardin,
qui, même par temps gris et pluvieux
n’est pas triste,
j’ai la chance
c’est une prison dorée
mon taf est exciting
même si...
enfin j’me sens pas vieux
J’ai la chance de faire partie
des gens qui vont sans risque,
je mesure,
car j’ai la chance,
d’en faire partie
-j’en suis sûr-
des gens
qui font partie
Je suis privilégié
mes entrants mes entrées mes enfants
tous, viennent,
reviennent
nous avons des conversations
je suis léger,
confiniment
J’ai la chance d’avoir
j’ai la chance de le dire
j’ai la chance d’en écrire
des textos
Le matin en regardant ma face
je me trouve pas mal
dans la glace
pas trop carbonisé mais prêt,
J’ai la chance de dormir
avec quelqu’un qui dort
ça va
j’ai hâte de prendre ma retraite
je suis aspirant
à l’étranger partir, je sors du rang, nomade, ah, nul ne m’arrêtera
J’irai vivre je sais
où tout est
j’ai hâte et je suis au taquet
taquet taquetje cours, demain j’aurai le temps,
j’arrête, pas le temps, j’arrive
chez moi. et toi ?
Tu as bien de la chance, alors
d’être sans risque
et de dormir avec la même,
depuis
Si quand on aime, et qu’on n’a pas blêmi...
Moi ? mon jardin est triste
sous une belle pluie
de mer- c’est le mien,
il y pousse des herbes vulgaires
des sons de rien, des oiseaux-chats et
des poissons souris,
des giroflées
aimées
si, si
Ce jardin-là est sis en moi,
près des amis et de la solitude,
les animaux, leur gratitude
la présence
m’est le sel
absolu
Du pain du vin
le ciel peut me tomber dessus,
je lis toujours
Tintin, 1954, on a marché sur la Lune
La nuit,
multicolore
Ta souffrance indolore
elle a bien de la chance,
-Si je chancelle... ?
Oui
Pour un Centaure
qui
ne marchait,
ne respirait,
ne connaissait
ne savait ne pensait ne sentait
ne vivait pas
dans un smart-faune.
Lettre « de la tèquenaud en temps de Covid. »
Anne.Ansquer©
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